Fondé en 1994 par le chanteur guitariste Hans Klerken, le BBM est né dans la cité batave de Wageningen. Si cet ex Hip Shakin' Mama est inspiré par les grands de Chicago (Muddy Waters, Willie Dixon et Sonny Boy Williamson, entre autres), il est surtout influencé par des maîtres électriques tels que Walter Trout, Coco Montoya, Smokin' Joe Kubek et j'en passe... Mark Spronk (claviers), Chris Janssen (basse) et Harry Steverink (drums) complètent le line up de la formation.
" Blue tattoo " constitue leur troisième album. Il fait suite à "Hatched!", paru en 97, et "Buckle-up!", en 2000. Comme les musiciens se partagent toutes les compositions, on soupçonne fort que leur démarche soit originale.
"Who's fooling" ouvre l'opus. Invité, Ben Bouman se réserve l'harmonica tout au long de ce shuffle échafaudé sur un riff solide. Il s'acquitte d'un bon solo avant de laisser Klerken s'éclater sur sa Stratocaster. Le rythme s'élève pour "To tame a wild horse". Section de cuivres du label Cool Buzz, les Hectic Horns font leur entrée. Ils libèrent beaucoup d'énergie et de puissance pour appuyer la voix de fausset bien contrôlée de Klerken. L'harmo de Bouman se manifeste sur "Just take care". Pour ce shuffle à la texane, la guitare accélère, bavarde, mais dans un style bien personnel. Tout au long de la plage funky "I can't quit you baby", l'orgue exhale un parfum très fin des 60s. Des percussions réminiscentes de Santana introduisent "John's barn beer". Une ode à la bière, au cours de laquelle Klaus van Boekel (NDR : un autre invité) accorde une superbe intervention au djembe. Basé sur un riff de guitare qui aurait pu naître des doigts de Mike Morgan en personne, "Don't look back" est un rockin' blues texan. Sans aucun douté inspiré du "Red House" de Jimi Hendrix, "Change your ways" est un long slow blues. Blues rythmé, mené à la manière de B.B King, "Simple life" bénéficie du concours des Hectic Horns. Hans Klerken s'évade dans un long solo d'excellente facture, toujours concocté dans l'esprit de BB! Boogie classique, "Boogieman" met en exergue l'orgue de Spronk et l'harmo jazzy de Bouman. Plage assez longue, très atmosphérique dans la démarche, "Laid back" s'ébroue de manière assez dépouillée. Le climat tout à fait laidback permet un dialogue entre le djembe de van Boekel, le piano, et la guitare métallique très Delta. Et puis, progressivement, la guitare se fait aventureuse. Elle ponctue ainsi des micro climats très attrayants, mais qui relèvent davantage de la musique rock. La sonorité du piano électrique me rappelle ainsi, quelque part, Ray Manzarek. D'ailleurs ce type d'écriture correspond plutôt à celle des Doors, époque "L.A woman" ; même dans la façon de déclamer empruntée par Klerken. Très réussi ! Une rythmique funky, exacerbée par la slappin' basse de Chris Janssen, balise "Born with the blues". Fluidifié par l'orgue, ce R&B me rappelle furieusement le Steppenwolf des 60s, époque "Sookie sookie". Quoiqu’ancrée dans le monde du passé, cette façon de jouer me paraît toujours aussi intéressante. Je ne suis donc pas surpris par la nature de "Pay it back", une longue finale hantée par des vocaux proches de John Kay, et qui s'égrène dans le même esprit. Evoluant largement en dehors des sentiers battus, et en particulier ceux qui sont tracés aujourd'hui, cet album curieux, étonnant, mérite le détour.