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Meril Wubslin fait ça… et dans la langue de Molière…

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Les Nuits Botanique 2017 : mardi 23 mai

Les Nuits Botanique ont refermé leurs portes dimanche dernier, mais le programme prévoit quand même un prolongement exceptionnel : un concert d'An Pierlé est organisé dans le cadre exceptionnel de l'Eglise Notre-Dame de Laeken, l'édifice néo-gothique dont la crypte abrite les tombes de la dynastie royale belge. Un an après avoir accordé un set sublime au sein de l’église des Dominicains, l'artiste gantoise est donc de retour aux Nuits ; et pour l’occasion, afin de célébrer la sortie, chez PiaS, du deuxième chapitre de son diptyque 'stellaire' : « Cluster ».

A l’instar du premier chapitre, « Arches » a été enregistré en partie dans une église et réserve une place prépondérante aux grandes orgues. C'est donc tout naturellement au sein d’édifices religieux qu'An Pierlé a choisi de faire vivre sa musique. A Laeken, étrangement, les grandes orgues ne seront pas utilisées et le podium sera installé non pas en dessous du jubé, comme d’habitude, mais sur l'hôtel. Les raisons de ce choix sont d'ordre logistique, l'entrée principale ne permettant pas l'installation de la scène à l'arrière de l’édifice. En outre, les dimensions gigantesques des orgues ne correspondent pas à l'atmosphère intimiste au sein de laquelle la musique de l’artiste baigne.

Le superbe « I Feel For The Child », issu de « Arches », ouvre le spectacle sur des claquements de doigts. Karel De Wilde, l'organiste, côtoie, une fois n'est pas coutume, les autres musiciens sur l’estrade. Et les sonorités digitales de son instrument, un Nord C2D customisé, ainsi que la voix nous transportent d'emblée au cœur d’une dimension mystique. Le break incrusté au milieu de la compo est d'une intensité et d'une puissance incroyables. ‘And you drown yourself in silence...’ Enfin, elle s’achève comme elle a commencé, en douceur, a capella…

L’auditoire, qui occupe complètement la nef centrale et les ailes, est déjà conquis. Dans la foulée, An Pierlé entame « Road To Nowhere », le premier extrait de « Cluster ». Aux côtés d'An, on reconnaît son partenaire à la scène comme à la ville, Koen Gisen (guitare, saxophone, percussions). Les harmonies vocales des deux choristes, Loesje Maieu et Kaat Hellings, sont d'une extraordinaire délicatesse, tout comme leurs interventions aux claviers et aux percussions.

Après « Vibra », An Pierlé présente son nouveau 'single', « Golden Dawn ». D’un ton humoristique, si caractéristique, elle propose à chacun d'écrire aux radios afin qu’il soit diffusé plus fréquemment ! L'interprétation est superbe. Sublime, le refrain vous saute au cou et vous enlace sans jamais plus vous lâcher : ‘The Golden Dawn is on its way. We dream... Keep dreamin' on...’ C'est lent, voluptueux, déchirant de beauté. 

« Huntifix » s’inscrit dans la même veine. Empreinte de tendresse, cette chanson d'amour est construite autour de quelques notes d'orgue et de piano, soutenues par le va-et-vient d’une maraca. Le saxophone et les notes d’ivoires apportent ça et là des couleurs plus 'free jazz'. La composition virevolte lentement, telle une danse sensuelle : ‘Do you want to undress me, Do you really want to see, Would you like to caress me, Do you want me entirely…’

Un petit bémol cependant : les choeurs féminins sont trop envahissants pendant ce morceau ; on aurait préféré être en tête-à-tête, virtuel bien sûr, avec la belle An.

S'ensuit l’épatant single « Birds Love Wires », qui figure également sur « Arches », une des plus belles compositions de ces deux dernières années. Avant d'interpréter « There Is No Time », An Pierlé invite quelques spectateurs à monter sur le podium afin de participer au tournage d'une vidéo. Sous la direction de l'artiste, et le temps d'une chanson, votre serviteur se retrouve à ramper sur le tapis du podium avec deux amies tandis que d'autres dansent et qu'une petite fille s'assied au piano à côté de l'artiste. Un moment comique, étrange et inoubliable !

La dernière partie du show se déroule dans la perspective d'une montée en puissance, alignant l'imposant « Sovereign », le sexy « Bedroom Dust » (qui rappelle Lana Del Rey, me confie judicieusement ma voisine, Charlotte) et enfin, le très sombre « Dragon JM ».

On épinglera également les superbes jeux de lumière qui exploitent à merveille l'architecture de l'église. Les faisceaux viennent jouer sur les voûtes et l'effet est féerique. Au fil des harmonies gothiques, on peut apercevoir les ombres de Lisa Gerrard et de Kate Bush qui ondulent dans les travées…

L'épique « Changing Tides » entame le rappel. Un tambour martial guide la composition dans une farandole enivrante, qui débouche sur un final époustouflant à trois voix.

Après avoir chanté une pub pour faite la promo de son nouvel album (encore un moment cocasse), An Pierlé prend enfin congé de l’auditoire sur une reprise à nouveau fabuleuse de « Such A Shame », le classique de Talk Talk. Il ne faut pas oublier que ce groupe anglais est une de ses références majeures ! L’approche est ici minimaliste : juste quelques notes de piano et les voix. Le public est crucifié de bonheur.

En conclusion : le nouvel album réussit brillamment l'épreuve du 'live', recueillant dans l'édifice gothique un superbe écho. Ce soir, nous étions invités par Notre-Dame de Pierlé... pour un joli point... d'orgues aux Nuits Botanique. (Voir aussi les photos ici)

Pour lire l'interview d'An Pierlé, c'est .
Pour écouter l'émission spéciale WAVES consacrée à « An Pierlé », c'est ici.

Setlist:

Feel for the Child
Road To Nowhere

Vibra
Golden Dawn
Huntifix
Birds Love Wires
It's Like
Monkey
We Gravitate
There Is No Time
Sovereign
Bedroom Dust
Dragon JM

Encore:

Changing Tides
Such a Shame (Talk Talk cover)

En première partie, La Jérôme, alias Christa ‘Kiù’ Jérôme, auteur/compositrice belgo-haïtienne, franco-néerlandophone et bruxelloise se produisait en duo avec son guitariste. D’une voix très jazzy, elle a proposé un répertoire 'bluesy' à la fois épuré et émouvant. (Pour les photos, c’est )

An Pierlé + La Jérôme duo

(Organisation: Botanique + Ancienne Belgique)

 

 

 

 

Les Nuits Botanique 2017 : samedi 20 mai

Le festival des Nuits Botanique touche bientôt à sa fin et se clôture en feu d'artifice. Avant la soirée des adieux, prévue au Cirque Royal, ce dimanche, la veille propose également un programme des plus alléchants : All We Are, Mountain Bike (release concert) et Warhaus au Cirque ; puis, ensuite, la nuit électro au Bota.

Quand votre serviteur débarque au Cirque Royal, All We Are termine son show. C’est même le dernier titre interprété par ce trio établi à Liverpool. Mais ce « Dreams » laisse une impression plutôt étrange. La musique est assez décousue, à la limite de la justesse, surtout dans le chef de la chanteuse. Il faut espérer que le début de set était de meilleure facture…

Enfin, après ce premier coup de pédale, place à Mountain Bike... Hum... Les jeux de mots sont faciles quand on évoque ce quatuor bruxellois. Depuis 2012, Etienne (chant, guitare), Charles-Antoine (guitare), Aurélien (batteur) et Stefano (bassiste) ont déjà publié un album éponyme sur Humpty Dumpty et aujourd'hui, c'est la soirée 'release' de la nouvelle plaque : « Too Sorry For Any Sorrow », qui sort sur le label bruxellois Humpty Dumpty et le franco-belge Teenage Penopause Records de nos amis Elzo Durt et François Abdel.

Dès les premiers titres, « Future Son » et « Absolutely », le ton est donné. Cette pop frontale, très 'british', énergique, psyché vire parfois carrément au 'post punk'. Post punk, à cause de ces sonorités de grattes légèrement désaccordées, mais bien cinglantes. On pense tour à tour aux Kinks, à Oasis, à Ty Segall, aux Stranglers ou encore aux Buzzcocks.

Déplorant que le parterre ait été disposé en mode places assises, Etienne s'empresse d'inciter l’auditoire à se lever : ‘On n'est pas là pour ramasser des champignons !’, exhorte-t-il, non sans une pointe d’humour. Le public s'exécute et l'ambiance monte tout de suite d'un cran.

La setlist privilégie les morceaux du nouvel elpee. « You'd Better Let Go » a de délicieux relents psychédéliques et « Escape Plan » est enrichi de superbes harmonies vocales. Issu du premier album, « I lost my hopes (in paradise) » n'a rien perdu de sa fougue et fait mouche comme à chaque concert du combo. Entre deux chansons, Etienne rend un hommage discret à Christophe Van Impe, le journaliste décédé il y a peu. Le set se termine en beauté dans la foulée de « Mean With You », « Torture » et « B+ B- ». Une prestation explosive et de très belle facture !

Votre serviteur n’a pas encore eu l’opportunité d’assister à un concert de Warhaus. Il est donc impatient de découvrir la suite du programme. Il faut dire que Maarten Devoldere, le 2ème chanteur de Balthazar, a fait très, très fort, en publiant « We fucked a flame into being », son premier LP solo. Pour la petite histoire, ce titre s’inspire de ‘Lady Chatterley's Lover’, le roman-brûlot de D.H. Lawrence.

Quand les musiciens montent sur le podium, on reconnaît Michiel Balcaen, qui milite également derrière les fûts, chez Balthazar, et Jasper Maekelberg, le leader de Faces On TV, à la guitare. Le couple glamour par excellence débarque enfin : Maarten Devoldere est habillé de noir, et sa longue veste lui confère un look très classieux ; et, à ses côtés, Sylvie Kreush, sa compagne à la ville comme à la scène, est particulièrement sexy dans sa tenue sombre bordée de voiles. La rythmique chaloupée de « Control » s’élève. Le chanteur se saisit de sa guitare/basse hybride et égrène les quelques notes qui sont ensuite répétées à l'infini par sa pédale 'looper'. Après quelques accords de mélodica, il commence à chanter... et… on est tout simplement subjugué. Sa voix est désinvolte et lancinante, comme celle de Nick Cave. Ou alors proche d’un Leonard Cohen, plongé au sein d’une atmosphère lynchéenne. Derrière lui, la silhouette de Sylvie Kreush ondule et fascine. La guitare essaime quelques cinglantes notes tiraillées en mode 'bend'. Un climat moite de cabaret érotique, chargé d'une sensualité à fleur de peau, baigne alors le Cirque.

Pour attaquer « Beaches », le poulain de l'écurie PiaS passe à la trompette et sample une ligne légèrement dissonante reproduisant une sirène de paquebot. Pas étonnant quand on sait qu’il a enregistré les bases de son album, sur un bateau, près de Gand. Une embarcation qui a d'ailleurs donné son nom au projet Warhaus. S’ensuit le riff quasi-funky de guitare, qui provoque une réaction enthousiaste du public. « Against The Rich » enfonce encore le clou grâce à son rythme rétro irrésistible.

Après un titre interprété par Sylvie Kreush, Devoldere nous réserve une version en solo de « Memory ». Quand on observe le manche sa gratte, manifestement elle a été trafiquée. La corde supérieure est prévue pour une basse et les trois supérieures, pour des cordes de guitare électrique. Ce qui permet au musicien de jouer les deux parties sur un seul instrument via deux micros/pick-ups séparés. Ingénieux !

Retour à la formation au complet pour aborder l'envoûtant « Machinery » et, surtout, le voluptueux « I'm Not Him », un slow qui évoque –et c’est à s'y méprendre– « Elle et Lui » de Max Berlin. Tout y est, même la 'cow bell', le son de clochette. Rassurez-vous, ce mimétisme est délibéré : l'artiste reconnaît vouloir adresser un clin d'oeil à ce titre légendaire.

Le concert arrive tout doucement à son terme et après la chanson 'locale', « Bruxelles », interprétée en solo, Warhaus choisit de terminer le show par une nouvelle compo, « Mad World ». La partie finale a capella est reprise en choeur par un public conquis, qui continuera à chanter, même après le départ des musiciens…

En un mot comme en cent, Warhaus est une véritable révélation. Outre les références citées, on y décèle encore d’autres influences, puisées chez Serge Gainsbourg et Lou Reed. Mais surtout une ambiance et un son qui rappelle le chef d'oeuvre « Pop Crimes », signé par le regretté Rowland S. Howard, l'ancien guitariste de Birthday Party... Seule petite déception ce soir : la stature de Devoldere. Elle est respectable en ‘live’, mais n'impose pas comme celle d'un Nick Cave. Mais peut-on vraiment lui reprocher cela? En résumé, ce soir, si Mountain Bike a confirmé tout son potentiel, on a assisté à l'éclosion, si pas d'une star, à tout le moins d'un talent avec lequel il va falloir compter... 

Philippe Blackmarquis

Warhaus + Mountain Bike + All We Are

After Party – Nuit Electro

Après l'enchantement maléfique dispensé par Warhaus, au Cirque Royal, cap vers le Botanique pour la désormais traditionnelle Nuit Electro, qui est programmée lors du dernier samedi du festival.
 

Pour débuter, dès minuit, dans la Rotonde, on va prendre une véritable claque dans la figure. Ou plutôt, on a encaissé une boule de neige lancée par Ross Tones, alias Throwing Snow. Le producteur londonien a gravé son premier album, "Embers", cette année ; et le résultat sur scène est bluffant. Sa musique électronique est puissante, pulsée et son côté 'trance', hautement hypnotique. Elle recèle aussi des touches krautrock dans les séquences à la Tangerine Dream. Les ambiances sont sombres et mélancoliques, à cause du recours aux accords mineurs. La salle n’est pas encore comble, mais les têtes dodelinent, comme emportées par l'invitation au voyage. Jolie entrée en matière !

Gay Pride oblige, l'artiste suivant est 'queer' : Zebra Katz (Ojay Morgan). A la fois rappeur, danseur et performer, cette icône du mouvement ‘Hip Hop Queer’ crée d'emblée une atmosphère toxique et moite, au sein d’une Rotonde à présent pleine. Vêtu d’une combinaison ignifugée et d’un masque noir, il intrigue. Sa musique lorgne vers un hip-hop à la limite du trip-hop, rappelant par moments Tricky. Impressionnant !

Mais il et temps de quitter la Rotonde pour rejoindre l'Orangerie, où nous attend Factory Floor. Dès 2005, date de sa naissance, la formation londonienne brouille les pistes. Techno primitive ou post-punk aux relents industriels ? La question mérite d’être posée. D’autant plus qu’un titre comme « Bipolar » lorgne vers Joy Division et The Fall. Aujourd'hui, F.F. réunit Gabriel Gurnsey (synthés, programmation, batterie) et la jolie Nik Colk (synthés, voix, effets). Un duo ! Sur le podium de l'Orangerie, Gurnsey se consacre à la batterie et Colk s’est installé en vis-à-vis, derrière une table, sur laquelle on imagine concentrés des synthés, des contrôleurs et des boîtes à rythme. En 'live', le son de F.F. est très 'techno modulaire'. Il s’agit de séquences de basses synthétiques et de beats électroniques sur lesquels Nik Colk applique des effets sonores, élabore des progressions et parfois, injecte quelques voix trafiquées. La musicienne ressemble d'ailleurs un peu à Nico, mais qui aurait teint ses cheveux en roux. Elle a enfilé un t-shirt de sport vert parfaitement kitsch. Gurnsey intervient pour soutenir les beats à l’aide de ses drums. Le public est enthousiaste mais malheureusement le set est écourté après 40 minutes, à cause des retards accumulés au fil de la soirée.

On profite de l'interruption pour se désaltérer, zappant au passage le set de l'Anglais Babyfather ; puis hop, retour à l'Orangerie pour la tête d'affiche de la Nuit : Paula Temple. La carrière de cette productrice/DJ, établie à Berlin, couvre plus de 20 ans ! Puissante et hybride, sa techno est construite à l'aide de logiciels comme Ableton et de contrôleurs qui manipulent les tracks et les samples. Elle se plante debout derrière ses machines. Et il émane d'elle une forme de mystère. Sans soute à cause de ses cheveux couleur anthracite et puis de son regard sombre. Quant au public, il est venu pour danser et Paula Temple lui fournit la bande-son idéale pour son délire nocturne. Une prestation pas très originale, certes, mais oh combien efficace.

Throwing Snow + Zebra Katz + Factory Floor + Babyfather + Paula Temple

Philippe Blackmarquis

(Organisation : Botanique)

Les Nuits Botanique 2017 : mercredi 17 mai

Ce mercredi 17 mai, le Cirque Royal sert de décor pour une soirée qui s’annonce autant variée que décalée. Et pour cause, les trois groupes programmés sont réputés pour leur ligne de conduite peu conventionnelle. Robbing Millions, BRNS et Jacques vont se succéder afin d’offrir au public des Nuits Botanique, des performances qui sortent des sentiers battus ; et en tout cas, loin du visage commercial affiché par bon nombre de spectacles, proposés une bonne partie de l’année, à Bruxelles.

Robbing Millions grimpe sur l’estrade à 19h30. C’est tôt pour un jour de semaine. Il fait plus de 30° à l’extérieur. Et on aurait préféré profiter un peu plus longtemps d’un soleil que l’on voit trop rarement. Cependant, la faute n’incombe pas au quatuor belge. Dont la pop –il ne fait aucun doute sur ce sujet– est particulièrement créative. Ainsi, chaque compo regorge de petites idées, parfois même insidieuses. C’est le point fort chez cette formation. Ce qui communique un joli relief à sa musique. En outre, la bande à Lucien Fraipont est passée maître dans l’art de torcher des refrains aussi simples qu’efficaces. Et un titre comme « In The No Air » synthétise parfaitement tout ce savoir-faire. Un superbe morceau pop, aussi délicat que solide. Un régal pour les oreilles, également. Sur les planches, Robbing Millions est aussi capable de se livrer. Son énergie est impressionnante. Le groupe sait qu’il est à un moment clé de son existence et il doit convaincre. Challenge réussi ce mercredi. Une excellente première partie qui deviendra aussi le meilleur moment de la soirée. Mais on y reviendra…

Après 30 minutes de pause, BRNS prend le relais. Un groupe qui nous a particulièrement enchantés au cours des dernières années. Première constatation, il y a un changement au sein du line up, puisqu’une demoiselle vient s’installer derrière les claviers. Le combo publiera son second elpee, ce 6 octobre prochain. L’occasion est donc belle de découvrir, ce soir, quelques nouvelles chansons mais également de redécouvrir les grands classiques du combo… Et bien non ! Le choix des Bruxellois est clair : le neuf avant tout ! Une exception qui confirme la règle, le hit « My Head Into You ». Exit donc les « Mexico » et « Our Lights », entre autres. On a quand même droit au nouveau single, dévoilé la veille du concert, « Pious Attitude ». Un morceau insipide et décevant. Parmi les nouvelles compos, quelques unes sortent du lot ; mais impossible de bien les appréhender par manque de repères. C’est là que le bât blesse. On peut comprendre l’importance de proposer des compositions inédites. Mais, à mon humble avis, c’est une erreur de ne pas revenir sur celles qui ont le plus marqué le public, surtout quand le nouvel elpee n’est pas encore sorti. De quoi être frustré, même si on sait bien qu’on laissera à  BRNS une nouvelle chance, lors de la sortie de ce « Sugar High »…

C’est finalement le DJ conceptuel Jacques qui clôture la soirée. Le Français se sert de bruits causés par des objets utilisés dans la vie quotidienne –produits par les ustensiles de cuisine ou des jouets, par exemple– pour enrichir sa musique électronique. Préenregistrés, il les insère judicieusement dans sa compo pour lui communiquer un aspect, finalement cohérent. Une technique intéressante, car elle permet de l’aborder sous un angle différent. En outre, son expression sonore est empreinte d’une certaine douceur ; ce qui permet de reprendre ses esprits après un set aussi peu accessible que celui de BRNS. Pas de grandes envolées, mais un moment qui va s’avérer agréable…

On ne peut manifestement pas décréter que cette soirée ait été la meilleure de l’année. Cependant, elle a permis de confirmer tout le bien que l’on pensait de Robbing Millions, probablement un des groupes qui devrait faire l’avenir de la pop noir-jaune-rouge, de découvrir les nouveaux titres du prochain opus de BRNS et d’assister à la prestation d’un artiste hexagonal complètement perché. Bref, finalement, ce n’était pas si mal du tout, en fait !

 Adrien Mouchet

 

Ce mercredi soir, c’est sous un grand soleil que les Nuits accueillent trois artistes américains. Et sous le Chapiteau. La soirée a été classée ‘folk à l’état sauvage’. Une formule qui définit assez bien l’état d’esprit de ces musiciens privilégiant le folk mais qui, dès qu’ils montent sur les planches, cherchent à communiquer une autre dimension à leur répertoire…  

Tim Darcy ouvre la soirée, face à un Chapiteau à moitié plein (NDR : ou vide, selon). Il s’était produit, en février dernier, à la Rotonde, en compagne de son groupe, Ought. Mais a contrario de ce set, le natif du Texas (NDR : bien qu’exilé à Montréal) monte sur le podium seul, armé de sa guitare. Il est venu présenter son excellent premier opus, « Saturday Night ». Ce qui ne va pas l’empêcher de proposer quelques nouvelles compos ; et elles sont de la même veine. Sa voix est nasillarde. Les accords de sa gratte sont particulièrement incisifs. Les spectres de Televison, Feelies et même parfois des Smiths rôdent. Malheureusement, si l’interprétation est impeccable et les morceaux solides, il faut reconnaître que trop minimalistes, ils accrochent difficilement. Manifestement, ils manquent de nuances. L’instrumentation est trop dépouillée. En outre, la voix est bien trop impérieuse. De quoi nous laisser sur notre faim…    

Vingt minutes plus tard, le Chapiteau est à présent quasi-comble pour accueillir Ryley Walker. Entre 2014 et 2016, cet Américain (NDR : il est originaire de l’Illinois) a publié 4 albums. On peut donc affirmer qu’il est prolifique. Son dernier elpee, « Golden sings that I have been sung », remonte à août de l’an dernier. La musique de cet artiste trempe dans un folk, parfois proche de feu Tim Buckley. On s’attend donc à un set essentiellement acoustique. Or, lorsqu’il grimpe sur l’estrade, il est suivi par un batteur, un bassiste et un guitariste. Conclusion, le concert est particulièrement électrique, nous entraînant alors au cœur d’un trip psychédélique. Certains titres dépassent même les 10 minutes, faisant alors la part belle au flux de cordes chargé d’intensité, mais permettant également au drummer d’étaler toute sa technique. Et paradoxalement, le songwriter, vient y poser la voix. L’auditoire semble conquis, face à ce quatuor qui prend un énorme plaisir sur les planches. Le libellé ‘folk à l’état sauvage’ a donc bien pris ici tout son sens. (Pour les photos, c'est ici)

Il est 22 heures, lorsque Angel Olsen débarque sur scène. Depuis la sortie de son premier LP, « Burn your fire for no witness », paru en 2014, le succès de la native de Saint-Louis est en courbe ascendante. Son dernier opus, intitulé « My Women », a conquis l’ensemble de la critique ; ce qui lui permet, aujourd’hui, d’enchaîner les dates de tournées et de figurer à l’affiche des plus grands festivals. Pour accomplir son dernier périple, elle a entraîné dans l’aventure, un backing group impliquant deux guitaristes, une bassiste, un batteur et une choriste. Ils sont tous vêtus de blanc. Et débarquent les premiers sur le podium. Suivis assez rapidement par la songwritrice, qui a enfilé un pull rayé aux différents coloris. Sa voix est tout bonnement merveilleuse et embrasse une large palette d’émotions. Il ne faut quand même pas oublier qu’elle a été la choriste du vénéré Will Oldham (aka Bonnie ‘Prince’ Billy). Ses musicos se contentent de l’accompagner, sans jamais sortir de leur cadre. Qui sera folk/rock. Pourtant, l’Américaine a de l’énergie à revendre. Entre chaque morceau, elle communique avec le public. Ou alors en profite pour réaccorder sa gratte. Faut dire que sous le Chapiteau, la température est particulièrement élevée. Pendant plus d’une heure, elle va enchaîner les plages de son dernier long playing et quelques uns issus de son précédent (« Unfucktheworld », « Hi-Five », …) Le public est conquis et quitte les lieux vers 23h. Soirée réussie ! (Pour les photos, c'est )

Béber

Tim Darcy + Ryley Walker + Angel Olsen

(Organisation : Botanique)

 
 
 
 

 

 

Les Nuits Botanique 2017 : mardi 16 mai

Pour cette sixième soirée des Nuits Botanique 2017, le soleil est au rendez-vous. Les jardins sont bondés. Il n’y a plus une place de libre sur les marches de l’escalier centrale et la file au bar ne désemplit pas. Il faut dire qu’outre ce temps estival, ce mardi soir, le festival accueille de grosses pointures comme Shannon Wright (Orangerie) et Sleadford Mods (Chapiteau). Votre serviteur a cependant opté pour un spectacle qui est loin d’être le plus populaire. Pourtant, les artistes qui vont se produire au Grand Salon ne sont pas nés de la dernière pluie. D’abord, Clément Noury a bossé en compagnie de Marc Ribot et puis quelques artistes ou groupes locaux tels que Nicolas Michaux et Joy As a Toy. Puis Esmerine est une formation canadienne au sein de laquelle militent la violoncelliste de Silver Mt.Zion, Rebecca Foon, et le percussionniste de Godspeed You Black Emperor !, Bruce Cawdron. Soit la crème de la scène post rock du pays à la fleur d’érable.  

Vers 20h, Clément Noury grimpe sur le podium, armé de sa guitare. Il est suivi de près par le Monolithe Noir qui s’installe derrière ses machines. Le Grand Salon est loin d’être comble ! Le Français (exilé à Bruxelles) va donc poser ses lignes de guitare sur des nappes sonores, dispensées par son acolyte d’un soir. Le premier morceau s’étale sur une bonne dizaine de minutes. Clément se réserve ensuite deux titres minimalistes en solitaire, à la gratte. Il faut attendre une petite demi-heure avant que les choses sérieuses ne commencent. Marti Melia (saxophone basse) et Louis Evrard (batterie & guitare) apportent alors leur concours. Dans le cadre des Nuits Botanique, les trois musiciens ont choisi de revisiter « Under the Reefs », un elpee paru en octobre dernier. Le concert prend alors une autre dimension et surtout affiche davantage de profondeur. Hypnotiques, les titres défilent. Le public est conquis. Jazzyfiants, les accords de grattes sont impeccablement soutenus par les interventions du saxophone basse qui parviennent à faire trembler les murs de la salle. Un peu avant 21h, ils vident les lieux, sous les applaudissements. Une belle entrée en matière…

Le temps de se réhydrater (NDR : on ne peut rien boire à l’intérieur de la salle…) et il est temps de rejoindre le Grand Salon pour accueillir Esmerine. Le band est venu défendre son dernier et excellent opus, « Lost Voice». La salle n’est toujours pas comble. On a donc tout le loisir de s’installer sur un tabouret afin de se laisser bercer par les cordes. Bruce Cawdron se plante derrière un marimba (sorte de long xylophone aux touches de bois qui se joue à l’aide de deux baguettes dans chaque main), à gauche de l’estrade. Et Rebecca Foon, armée de son violoncelle, de l’autre côté. Le duo est soutenu par un drummer (qui prêtera également main forte au marimba), un contrebassiste ainsi qu’un violoniste/trompettiste/guitariste. Ils sont installés en retrait. Est-il, par ailleurs nécessaire, de préciser qu’il s’agit tous d’excellents musiciens.

Le set s’ouvre par un morceau atmosphérique, au cours duquel les cordes mènent la danse. Instantanément, on ne peut que penser aux différents projets qui relèvent du label montréalais Constellation. Le groupe enchaîne alors plusieurs morceaux énergiques sur lesquels la batterie ainsi que la guitare ont davantage d’emprise. Epaulé par le drummer, Crawdon nous réserve une belle démonstration de virtuosité au marimba. Et exotiques, ces sonorités se marient parfaitement à celles, mélancoliques, du violoncelle. Ce combo canadien est passé maître dans l’art du crescendo. On se laisse transporter par ce post rock à la fois intimiste et chatoyant. Et surtout on prend le temps de l’apprécier…   

Finalement, en optant pour ce spectacle, les mélomanes n’avaient pas le droit d’être déçus. Clément Noury et Esmerine sont parfaitement parvenus à reconstruire leur univers musical, pourtant si particulier. Et ce au sein d’un vase clos, celui du Grand Salon, bien loin de toute agitation extérieure…

Clément Noury-Esmerine + Esmerine

Béber

 

 

Soirée particulièrement éclectique, ce soir, au Cirque Royal. Trois artistes à l’affiche. Tout d’abord, ShitKid, une Suédoise considérée comme une anti-pop star ou une icône de la subversion. Puis Halehan, un grand blond (sans chaussures noires), dont la voix puissante est bien mise en exergue par son habileté instrumentale. Sa technique est d’ailleurs vraiment impressionnante. Et enfin, la nouvelle sensation islandaise : Asgeir. Bref une soirée qui s’annonce ‘XXL’, au vu des artistes proposés…   

Il fait chaud au sein de l’hémicycle. Le poulailler a été condamné par un immense rideau rouge. ShitKid, aka Åsa Söderqvist, serait donc une anti-pop star, une icône de la subversion. Enfin c’est ce que racontent certains médias. Allégation fausse, respiration ou plutôt un autre moyen de rappeler que le rock était loin d’être une affaire sérieuse à ses origines ? La question mérite d’être posée. Issue de Gothenburg, cette jeune fille (NDR : elle n’a que 23 printemps) à la chevelure de jais, n’a pas froid aux yeux. Ni aux guiboles. Et pour cause, ce petit bout de femme monte sur l’estrade, vêtue d’une robe extra mini. Elle s’installe derrière ses claviers. Et entame son set par « Whyte ». Le synthé alimente une ligne de basse redondante, des percus insidieuses et des sonorités de gratte légèrement désaccordées. La voix est lancinante. Cette gonzesse est vraiment intrigante. Elle abandonne ses claviers et empoigne une guitare électrique pour interpréter le très punk/garage « 666 », un extrait de son Ep. Les cordes sont incisives. La voix semble hantée par Siouxsie Sioux. Une autre fille, mais aux cheveux blonds –très jolie par ailleurs– vient se planter derrière les claviers. Elle va également se charger des backing vocaux. Nonobstant ses accords de gratte lo fi, « Poo Brain » est un titre manifestement électro-pop. Les claviers dominent également « Oh Please Be A Cocky Cool Kid ». La voix est traitée au vocodeur. Et la rythmique synthétique est vraiment percutante. Véhiculant des accents 80’s, « I Wanna Go To L.A. » incite à esquisser un pas de danse. La voix évoque Blondie. Et la compo s’emballe en fin de parcours. Accrocheur, langoureux, son timbre colle parfaitement à « Alright », un autre morceau de rock/garage. « Sugartown » baigne au sein d’un climat hawaïen. A cause de la six cordes (NDR : Moutain Bike devrait apprécier…) Åsa dépose sa gratte sur le sol et commence à lui taper dessus. Elle (NDR : la gratte !) agonise. Après un signe de la main, les nanas s’éclipsent…(Pour les photos, c'est ici)

Halehan est également blond (NDR : et ne porte pas, non plus, de chaussures noires, mais blanches). Il est belge, mais paradoxalement, s’exprime dans la langue de Shakespeare. Hormis ses pompes, il est quand même vêtu de noir. Ce n’est pas Pierre Richard. De son véritable nom Alexandre Lambrecht, il est issu de Linkebeek, une ville flamande coincée quelque part entre Bruxelles et Waterloo. Il vient de publier « Temple Of Maia », un Ep 5 titres, en février dernier. Ses influences sont multiples et oscillent de la world à la folk (tant insulaire que yankee), en passant par la bossa nova, la pop, le psychédélisme, l’électro, le rap (Romeo Elvis ?) et le jazz. Dans son expression sonore on retrouve la mélancolie de Norah Jones voire de Chet Baker, la spontanéité de Mac deMarco et un songwriting digne de Ryan Adams.

Il grimpe d’abord seul sur l’estrade, armé de sa gratte semi-acoustique. Particulière, hantée, sa voix possède un grain qui évoque Alex Colombie (Oscar & The Wolf). A l’issue du premier morceau, il reçoit le concours d’un backing group, réunissant deux choristes, un gratteur, un bassiste et un drummer. Ils sont tous habillés de noir (NDR : décidément !) Le set va nous réserver de larges extraits de son Ep. Les choristes soutiennent parfaitement le vocal d’Alexandre. Et s’il est doué en mode guitare/voix, il faut reconnaître qu’épaulé par son team, les morceaux prennent une autre dimension. Conquis, le public applaudit chaleureusement sa prestation…(Pour les photos, c'est )

Asgeir assure donc la tête d’affiche. Agé de 21 ans, cet Islandais bénéficie du concours de son paternel, âgé de 74 balais, pour écrire les textes. Devenu incontournable, son premier elpee, « In The Silence », avait d’abord été interprété dans la langue natale, avant d’être réédité, dans celle de Shakespeare. C’est la troisième fois qu’il se produit dans le cadre des Nuits Botanique. L’artiste est venu défendre son second opus, « Afterglow », un disque qui a nécessité 3 longues années de gestation. Et qui recèle de nombreuses perles de culture. A l’instar de « Afterglow » et « Unbound », devenus de véritables hits.

L’artiste est également épaulé par un backing group ; en l’occurrence trois guitaristes/claviéristes (machines et synthés y compris) et un bassiste. Asgeir chante et se consacre à la gratte électrique. Aux machines également. Le light show est composé d’une multitude (NDR : et le mot est faible) de lampes led dont l’intensité est modulée par les percus. Magique ! Morceau de folk dépouillé, « Hærra » ouvre le concert. Il est interprété dans l’idiome local. Ce qui n’empêche pas percus et ivoires d’enrichir l’expression sonore. Une très belle pièce d’orfèvrerie ! Pendant « Here Comes The Wave In », la voix d’Asgeir monte très haut dans les aigus, alors qu’il bidouille ses machines. Le jeu de lumières devient carrément aveuglant. Et la musique est aussi jouissive que viscérale. Caractérisé par ses beats irrésistibles, les deux hits, « Afterglow » et « Unbound », vont bien sûr mettre le feu au dancefloor. Réservé, voire timoré, l’artiste parle peu entre les chansons. Il remercie parfois l’auditoire d’un timide ‘Thank You’. Pourtant, son périple électro/folk est exécuté sur des pentes accidentées, volcaniques, qui n’attendent que l’éruption finale. Précis mais puissant, son set est construit en crescendo. Et sa voix est très susceptible de faire fondre les glaciers ainsi que de réveiller les cratères. Un seul rappel. Mais quelle belle soirée ! La meilleure depuis le début de cette année pour votre serviteur… (Pour les photos, c'est ici)

Didider Deroissart

Asgeir + Halehan + ShitKid

(Organisation : Botanique)

 

 

 

Les Nuits Botanique 2017 : lundi 15 mai

Pour la cinquième Nuit Botanique, l’affiche au sein du chapiteau, est à nouveau diversifiée. Elle propose d’ailleurs Whispering Sons, Agar Agar et Magnus. On ne le répètera jamais assez, ce sont ces associations originales de styles qui créent l'attrait de ce festival. Quand on achète un ticket pour un projet connu, pour le même prix, on à l’opportunité d’en découvrir deux autres.

Malheureusement, il n’y a guère de monde, à 19h30, pour accueillir Whispering Sons. Le sacro-saint couvre-feu décrété à 22h30 provoque, pour triste effet, un 'schedule' qui commence très tôt, beaucoup trop tôt ! Vainqueur de l’édition 2016 du Humo Rock Rally, Whispering Sons mérite pourtant une attention particulière. Cette formation de post-punk est en effet en pleine ascension. Issue de Houthalen-Helchteren, dans le Limbourg, elle s’est établie depuis peu à Bruxelles, où les musiciens poursuivent pour la plupart leurs études. Sa musique s’inspire des pionniers du rock 'dark' : Sisters of Mercy, Bauhaus, Siouxsie et Chameleons, mais également d’un projet plus contemporain comme The Soft Moon, un des fers de lance du renouveau 'wave'. Sur le podium, pas de séquenceurs ou de backing tracks : ils y a cinq musicos, et c'est du 100% live ! De gauche à droite, on reconnaît Kobe à la guitare, Sander aux claviers, l'autre Sander aux 'drums pads' et à droite, le nouveau bassiste, Tur. Au devant de la scène, focalisant tous les regards, Fenne fascine par sa voix grave, sépulcrale, comme une version féminine d’Andrew Eldritch. Le visage auréolé de sa chevelure blonde, elle ondule comme une prêtresse hantée par les mélodies sombres et les musiques caverneuses. Parfois, elle éructe et entame une danse macabre, comme pour exorciser ses démons.

Dans la setlist, le combo limbourgeois privilégie les nouveaux morceaux : il y en a pas moins de quatre sur huit : « Alone », « Skin », « Hollow » et « White Noise » (NDR : merci Fenne pour cette information). Ce dernier fait très forte impression auprès des aficionados. « Performance », « Strange Identities » et surtout « Wall », probablement le titre le plus emblématique, tout comme « Insights », le titre final qui clôture le show en force sont, par contre, mieux connus. Une formation à suivre, pour celles et ceux qui ignoreraient encore, son existence… (Pour les photos, c'est ici)

En ce qui concerne Agar Agar, c'est plutôt votre serviteur qui est dans l'ignorance. En consultant le programme, on apprend qu'il s'agit d'un duo français impliquant Clara, au chant, ainsi qu’Armand aux claviers et boîtes à rythmes. Même si cette musique n'est pas ma tasse de thé, il faut reconnaître que la prestation est excellente. Le style ? De l'électro-pop aux sonorités rave issues des années '90, enrichies par des touches 'synthwave' typiquement années 80. Le recours au célèbre MS-20 de Korg et au synthé Roland explique, sans doute, cette impression. En outre, acides, les lignes de basse adoptent un son ‘early warp’. Bref, l’expression sonore lorgne manifestement vers Daniel Maloso, Black Devil Disco Club voire Ariel Pink. Encore qu’à l’écoute de « Prettiest Virgin », on ne peut s’empêcher de penser à Everything But The Girl. La voix de Clara est superbe, claire et chargée d'émotion. Sa spontanéité et son énergie font mouche. Vêtue d’une chemise large de type bûcheron et d’un jean bleu savamment déchiré, son look est plutôt relax. Le public a maintenant presque investi complètement le chapiteau. Il est sous le charme et réagit très positivement, surtout lors du final électro qu’on pourrait qualifier d’endiablé. Cette musique ne laisse pas 'hagard'... Hum... Jolie découverte, en tout cas ! (Pour les photos, c'est )

Après une dégustation de cidre, il est temps de revenir sous la tente, pour assister au concert de Magnus, la tête d'affiche. Début du millénaire, Tom Barman avait mis son dEUS, entre parenthèses pour fonder Magnus en compagnie du DJ anglais Christian Jay Bolland (CJ Bolland). Le projet compte deux elpees ainsi qu’une flopée de singles et d’Eps dans sa discographie. On apprendra lors du concert, qu’un nouveau disque est en cours de production et devrait voir le jour en septembre.

En attendant, on peut raisonnablement affirmer que Magnus a parfaitement rempli son contrat aux Nuits Botanique. Un Tom Barman, très en forme, très efficace au chant et virevoltant sur le podium, a convaincu un public enthousiaste. La musique proposée est issue du fruit d’un 'crossover', assez original, entre électro, funk, synthpop et wave, autorisant même quelques incursions dans le métal. Sur les planches, le duo est soutenu par Tim Vanhamel (guitare, chant), Joris Caluwaerts (claviers) et Christophe Claeys (batterie). 

Dans la setlist, comparable à celle réservée au concert accordé dans le cadre de l’édition 2016 du Pukkelpop, figurent « Regulate », « Catlike », « Soft Foot Shuffle », « Puppy » et bien sûr, « Singing Man ». Sur ce dernier morceau, une 'backing track' remplace malheureusement Tom Smith. Il est bien évident que la présence du chanteur des Editors aurait apporté une autre dimension à la compo ; mais en son absence, l'utilisation d'une bande-son ne peut que semer le doute : où est le live et où est le play-back ? D’ailleurs, au cours du set, le recours à d’autres bandes laisse perplexe. Une erreur, de casting, à mon humble avis.

Mais en ‘live’, la force de Magnus repose sur la gestion, magistrale, de la dynamique. Tant Barman que Bolland sont des DJ orientés electro ; donc ils sont rompus aux progressions ainsi qu’aux variations de volume et de son. Chaque titre est traduit en remix et les arrangements sont impressionnants. Parfois, le Nine Inch Nails live de la période « With Teeth » me traverse l’esprit. L'énergie et la gestuelle de Barman ne sont d'ailleurs pas sans rappeler celle de Trent Reznor.

Bref, nonobstant les réserves émises pour le recours aux supports magnétiques, cette prestation s’est révélée hypnotique, passionnante et de stature internationale. Tout en libérant un 'groove' irrésistible ! Magnus, c'est tout simplement... grand.(Pour les photos, c'est ici)

Philippe Blackmarquis

Magnus + Agar Agar + Whispering Sons


Pas de nuit belge cette année. Cependant, sur les 11 artistes ou groupes programmés ce soir, 7 sont issus du pays. Ils vont se partager les podiums des Nuits, au Botanique. Le chapiteau fait le plein. Normal, Agar Agar et Magnus sont à l’affiche. Et les autres salles seront également quasi-combles. L’Orangerie accueille Aliocha, Barbagallo, Pale Grey et Noa Moon. Une soirée qui va embrasser différents styles : la pop, le rock, le folk et l’électo. Compte rendu.

Pas grand monde pour applaudir Aliocha Schneider, un jeune auteur/compositeur/interprète (NDR : il est également comédien) né à Paris et établi au Canada. Il publiera son premier elpee, « Eleven songs », en juin prochain.

Aliocha est accompagné, en ‘live’, de son frère, Volodia, aux drums, de Christian Sean (guitare, claviers, glockenspiel) et de Tom Tartarin (basse). L’artiste puise ses racines dans le folk, l’americana et le rock (NDR : parfois même le grunge). Sa musique évoque tour à tour Bob Dylan (surtout), Elliott Smith, Nick Drake ou Scott Matthews. « Ping Pong Club » traverse les plaines du Far West. « Virtue » n’est pas une chanson d’amour. Suivant l’artiste, elle est destinée à Donald. Pas celui de Walt Disney, mais au nouveau président des Etats-Unis, le méchant Trump. Titre radiophonique, rythmé, voire dansant, « Sorry Eyes » lorgne carrément vers Beck. De délicates sonorités de glockenpiel amorcent « Crystal Plane », un morceau de folk atmosphérique qui navigue quelque part entre l’univers de Simon and Garfunkel et d’Iron & Wine. Meilleur moment du set, « Flash In The Pan » est attaqué en picking. Folk vaporeux, « Jamie » est une chanson émouvante écrite pour un ami qui traverse une mauvaise passe. Et paradoxalement, « The Start » clôt le show. Un langoureux récit électrifié du désir de liberté d’un homme, face à celle, parfaite, d’une femme émancipée…(Pour les photos, c'est ici)

De 2008 à 2012, Julien Barbagallo a assuré les drums chez Tahiti 80. Depuis, il a rejoint le groupe australien, Tame Impala. Ce Toulousain est revenu en France, le temps d’enregistrer son premier album solo, « Grand chien ». Et puis il est parti en tournée pour le défendre. L’artiste propose des ballades solitaires, dans la langue de Molière… ce qui m’incite à rejoindre la taverne, pour y déguster une bonne bière (ça rime !)… 

Pale Grey s’est largement converti à l’électro. Il vient de publier « Ghosts », un Ep 4 titres qui précède la sortie d’un futur elpee. Vu le style proposé, votre serviteur ne parvient pas à accrocher et décide de retourner au bar, en attendant le set de Noa Moon…

Il y a 3 ans, presque jour pour jour, Noa Moon foulait les planches de l’Orangerie. Pendant toute cette période, Manon a pris le temps de se consacrer à l’écriture de son second LP, « Azurite ». Dont elle va nous réserver de larges extraits, ce soir. Un album introspectif qui a reçu le concours de Daniel Offermann (Girls in Hawaii) à la mise en forme. Récemment, l’artiste aux yeux bleus avait occupé une résidence de 3 jours, au Salon de Silly. Depuis la sortie du premier album, « Let Them Talk », gravé en 2013, il ne reste plus que le drummer Fabio Zamagni au sein du line up de son backing group. Qui implique aujourd’hui, les claviéristes Laetitia Collet (NDR : elle milite également chez Dan San) et Aurélie Muller (NDR : également préposée à la basse et à la clarinette). En outre, elles assurent les chœurs.  

Armée de sa gratte semi-acoustique, Manon est habillée d’un pantalon et d’une veste de couleur noire. Son sourire est radieux. Comme le soleil qui brille tout au long de « Let It Shine », une compo pop sucrée et sautillante, dynamisée par des percus africaines.   

Retour en Baie de Somme pour « The sea ». Le sable est chaud. On s’allonge sur la plage. A l’écoute du bruit des vagues. Les embruns marins vous titillent les narines. Sur son nouvel elpee, Manon aborde régulièrement le thème de l’eau. La sirène est recouverte d’écailles et plonge au cœur de l’« Ocean ». Elle s’y berce langoureusement, alors que les harmonies vocales éthérées, conjuguées à trois voix, vous envoûtent. « Call My Name », c’est un cri du cœur. Le « Paradise » est-il à Kingston ? Imprimé sur un mid tempo, la version est plus lente que l’originale, mais elle est parfaitement reconnaissable. Pour « Azurite », Manon délaisse sa gratte. Ballade teintée de pop et de soul, « Kaleidoscope » est manifestement un hit potentiel. Electro, « Alive » est un titre plus dansant. Le public frappe dans les mains. La reprise du « Lean On » de Major Lazer aurait pu naître d’une rencontre entre Nicki Minaj et MØ. Manon s’attaque au blues à travers « Nightwalk », un morceau (NDR : dévoré par les alligators ?) qui nous entraîne dans le Delta. Place ensuite au single « Sparks », un autre titre dansant. Le concert s’achève par le plus paisible « Just A Song ». Fabio abandonne ses fûts et se consacre aux synthés, alors qu’Aurélie a opté pour la clarinette.

En rappel, « My City » est interprété comme une chorale. Les musicos de Pale Grey s’installent à droite et toutes les filles, à gauche. Et le résultat est magistral.

En se produisant dans le cadre des Nuits Botanique, Noa Moon en a profité pour célébrer la ‘release party’ de son nouvel album, « Azurite ».

Didier Deroissart

Noa Moon + Pale Grey + Barbagallo + Aliocha

Organisation : Botanique

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Les Nuits Botanique 2017 : dimanche 14 mai

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En débarquant sur le site du jardin du Botanique, on est toujours autant assourdi par les infra-basses qui se propagent depuis le chapiteau. Même que les structures métalliques des verrières se mettent à trembler. Direction la Rotonde pour assister, sans doute, à la soirée la plus barrée des Nuits. Gruppo Di Pawlowski a désormais pris congé de dEUS et a recommencé son aventure en solo. Et il vient de publier un nouvel elpee complètement déjanté…

Cocaine Piss devait assurer le supporting act, mais suite à des problèmes de santé rencontrés par un des musicos, il a dû déclarer forfait. Et c’est un combo tournaisien, Sects Tape, qui le remplace au pied levé… Il prétend appartenir à une secte religieuse. Hormis le chanteur, dont le masque est plutôt démoniaque, les autres membres portent des capirotes (NDR : ces fameux chapeaux en forme conique !), comme les disciples du Ku Klux Klan ; mais ces déguisements sont de couleur rose.

Le band a signé sur le label Rockerill qui héberge notamment La Jungle, Miss Tetanos et Petula Clarck. Et la liste est loin d’être exhaustive. Le line up réunit un chanteur (The Guru), un bassiste (The Hairy), un drummer (The Tall) ainsi que deux gratteurs (The Fat et The Skinny). A son actif, un premier elpee. Baptisé « We’re all pink inside » il est paru en février dernier et fait suite à deux Eps.

Une bande préenregistrée précède la montée sur les planches de ce clan. Et on est directement plongé dans une ambiance chamanique. Les membres de la caste sont à la fois statiques et dynamiques. Derrière ses fûts, le drummer se démène comme un beau diable. Et les cordistes s’affrontent régulièrement en duel, manche contre manche. Des percus tribales et sauvages amorcent « Commitment », alors que torturées, les cordes alimentent un climat noisy. Elles sont même carrément ravagées tout au long de « Cursed ». Un peu de temps est nécessaire, avant d’entrer dans l’univers du band. Le son est excellent. Brèves, les compos sont excitantes. On ne comprend rien ce que le chamane raconte, mais on s’en balance (NDR : KDB aurait eu une réflexion plus grivoise). Ce gourou (?) s’autorise un bain de foule et salue d’un signe de la tête la plupart des spectateurs. Assisterait-on à la réincarnation d’un dieu ? Ces frères de sang s’embrassent sur la bouche. Un grand gang bang serait-il en préparation ? Une ligne de basse ronflante écorche « Blessed », mais ce sont toujours les grattes guerrières qui ont le dernier mot. « Virgin Iceland » dérive dans le délire punk. Et les compos deviennent de plus en plus frénétiques. Les musicos quittent chacun leur tour le podium, les cordistes après avoir abandonné leur instrument sur le sol. Puis les lumières s’éteignent. Un set déroutant !(POur les photos, c'est ici)

Et la suite le sera tout autant. Bienvenue dans le monde merveilleusement décalé de Mauro Pawlowski. On ne compte plus les projets auxquels il a participé ou participe encore : depuis dEUS à Evil Superstars, en passant par Maurits Pauwels, The Groomset et Gruppo di Pawlowski, probablement le plus déjanté du lot. A ce jour, il a publié « Neutral Village », en 2014, et tout récemment, « In inhuman hands ».

Mauro grimpe sur l’estrade. Seul. D’un air ahuri, il marmonne quelques mots dans son micro. Il le jette violement au sol. Danse comme un sorcier indien. Il chante, vagit et invective la foule. Il agite une maraca. Il déambule sur les planches comme s’il entrait dans une transe chamanique (NDR : encore !) On se demande d’ailleurs ce qu’il fabrique. Mais c’est lui le catalyseur du show. En fait, il s’agit d’une mise en scène minutieusement préparée. Qui va durer plus ou moins cinq minutes. Ses musiciens le rejoignent alors sur la scène. Et immédiatement saturées, bruitistes, stridulantes les grattes entrent en distorsion. La section rythmique est particulièrement syncopée. La basse ronfle, un peu dans l’esprit des groupes de metal, alors que le drumming s’emballe. Et le tout est saupoudré d’effets électroniques aventureux, parfois envahissants. Le light show est aveuglant. La voix de Mauro devient parfois hantée, surnaturelle. Il s’éclipse régulièrement derrière le rideau sis à droite avant de réapparaître. Il se jette alors sur le sol en prononçant, à nouveau, des mots abscons.

Pendant une bonne heure, Gruppo di Pawlowski a proposé un set énigmatique, diabolique, jouissif, explosif, expérimental, chaotique, déroutant, inhabituel et donc underground. Et s’il s’est affalé –volontairement– sur les planches, il est parvenu à emprunter ces chemins de traverse, sans se casser la figure. Et c’est un fameux exploit ! (Pour les photos, c'est )

Gruppo Di Pawlowski + Sects Tape

(Organisation : Botanique)

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Les Nuits Botanique 2017 : vendredi 12 mai

Dans le cadre des Nuits Botanique 2017, Camille est venue présenter son nouvel album au Cirque Royal. Son titre ?  « Ouï ». Un mélange tonitruant. Décodage d’une partition bien ciselée.

Camille rime avec poésie. Sa force ? Des rythmes endiablés. Sa prouesse ? Tenir sur le fil la voix, le corps et les enchaînements percussifs. L’art de jouer ou de déjouer les rythmes corporels provient, sans doute, de son éducation musicale initiée très tôt par son père musicien. La percussion est inscrite à l’encre rouge sur sa peau. Omniprésente, elle ne laisse aucun répit. D’ailleurs, elle s’invite dès le premier acte.

Sur les planches, des draps recouvrent les musiciens. Le regard est aussitôt attiré par une couleur adoptée par les trois choristes, le claviériste, les deux percussionnistes et la chanteuse. Le bleu indigo inonde la scène du Cirque Royal. Selon la psychologie des couleurs, le bleu symbolise la relaxation, la détente physique et mentale. Elle procure un sentiment de sécurité et de confiance. Dans l’hindouisme, le bleu est la couleur de Krishna qui incarne l’amour et la joie divine. Sûre d’elle, Camille ose reprendre le « Blue » de Joni Mitchell. Sa voix transperce l’arène.

Peu à peu, à mesure que les morceaux s’enchaînent, les draps indigo disparaissent pour laisser la place aux musiciens. Les titres issus de son nouvel opus alimentent la première partie de son set : « Sous le sable », « Fontaine de lait », « Twix », « Nuit debout », « Je ne mâche pas mes mots » et « Langue ». Camille peut tout faire avec sa voix. Elle a l’art de transporter les mélomanes dans un autre univers. Son univers. Depuis sa plus tendre enfance, la musique a toujours été présente. Pour elle, chanter est naturel. Elle a hérité du talent de son père, lui-même chanteur. Son plaisir ? Transformer une soirée pour qu’elle devienne magique. A cappella ou à la guitare. Cette énergie, il l’a transmise à sa fille. On comprend, sans doute, l’engouement pour cette artiste hors norme. L’auditoire est conquis après chaque prestation.

La suite alterne anciennes compos (« Ilo Veyou », « Paris ») et nouvelles (« Les loups », « Fille à papa) ». Le rythme ne faiblit jamais. Les roulements de tambour invitent l’auteur-compositeur à interpréter l’un des derniers titres de son nouvel opus. « Seeds » est un hymne contre la morosité, le désespoir. Il faut continuer à lutter et semer l’espoir. Pour rappel, certains morceaux ont été écrits pendant la période des attentats de Paris.

Pour clôturer cette soirée, Camille et ses acolytes descendent dans la fosse pour une ronde, tambours battants et sous les applaudissements du public. Par cette démarche, elle s’affranchit des barrières qui cloisonnent les artistes et les mélomanes. Généreuse, elle reprend son célèbre titre « Ta douleur » et invite quelques passionnés à monter sur l’estrade, afin de chanter avec elle. Trois femmes, trois hommes. Une petite fille est hissée sur le podium par son père. Une des choristes la prend sous son aile.  L’ambiance est bon enfant. La foule est conquise.  Avant de tirer sa révérence, Camille entame une déclaration d’amour à Bruxelles, son cirque et son public ‘Bruxelles, ma belle, [..], I love you, I love you et c’est toujours royal de chanter dans ton cirque…’

La richesse des compositions de Camille l’a rendue atypique. Sa large tessiture et sa maîtrise du rythme lui permettent de s’aventurer dans des sphères harmoniques que peu d’artistes osent emprunter. Cependant, les percussions sont quelquefois envahissantes et gagneraient à être plus discrètes, si ce n’est pas encore le cas.

Le nouvel opus paraîtra ce 2 juin 2017.

Ngu Chan Tung

Camille

 

 

Deuxième jour des vingt-quatrièmes Nuits Botanique. En débarquant, il semble y avoir moins de monde que les années précédentes. De désagréables et redondantes infra basses font trembler les structures vitrées de l’institution. Direction bibliothèque pour retirer son sésame. Ce soir, à la Rotonde, Jesca Hoop (une Américaine !) assure le supporting act de The Big Moon (des Insulaires !)

Votre serviteur avait croisé Jesca en septembre dernier, lors d’un set au cours duquel elle se produisait en compagnie de Sam Beam (Iron & Wine). Le tandem avait enregistré un album intitulé « Love Letter Fire », en 2016. Même si elle s’est installée en Grande-Bretagne, Jesca Hoop fait partie des ‘New Weird Americans’. Tout comme Devendra Banhart. Un mouvement folk atypique apparu dans les années 2000 qui entend repousser le format étriqué du folk pour en enrichir la palette sonore. Une chose est sûre, que ce soit au sein d’un répertoire acoustique ou électrique, la voix particulière de Jesca met tout le monde d’accord.

Pendant les 40 minutes qui lui sont imparties, elle va nous présenter des extraits de « Memories Are Now », son sixième opus solo. Le début du set accuse un retard de quelques minutes. Elle est soutenue par un drummer, partagé entre percus organiques et électroniques, un claviériste/bassiste et un guitariste. Jesca se consacre également à la gratte et bien sûr au chant. Son déguisement bouffant de couleur noire me fait penser à une geisha.

Le concert s’ouvre par le très atmosphérique « Song Of Old ». Jesca se la joue en solo. Et « Animal Kingdom Chaotic » est tout aussi vaporeux. Manifestement, le répertoire de Jesca n’est pas destiné aux adeptes du dancefloor. « Peacemaker » nous raconte une histoire de coeur. Jesca Hoop et son guitariste interprètent « Tulip », à deux voix. Et en couches, les harmonies vocales sont superbes. Les musicos se retirent pour laisser Jesca seule sur l’estrade pour chanter « Pegasi », uniquement armée de sa gratte. Au beau milieu de la chanson, elle s’interrompt, se rendant compte, qu’elle a perdu son oreillette droite. « The Coming » est un morceau empreint de douceur. Nouvelle interruption. Pourquoi tu tousses Jesca ? Jesca raccorde sa gratte et meuble le temps en bavardant en compagnie des spectateurs. Ce qui déclenche des rires dans l’auditoire. « Memeries Are Now » clôt cette prestation qui prend enfin son envol. Un peu d’énergie au cours de ce show un peu morne. Le folk peut être génial, pourvu qu’il passionne...

The Big Moon est un ‘girl band’ qui affole les charts insulaires depuis plus d’un an. Excitant, énergique, son rock garage, contaminé par le grunge et le punk, évoque tour à tour Blondie, Girlschool, Runaways, les Ramones ou les Bangles. Ce quatuor britannique réunit la chanteuse/guitariste Juliette Jackson, la seconde gratteuse Sophie Nathann, la bassiste Celia Archer et la drummeuse/claviériste Fern Ford. A son actif, un premier Ep intitulé « The Road », gravé en 2016, et un elpee, baptisé « Love In The 4th Dimension », publié en avril dernier. Paradoxalement, le combo n’a pas encore de label. Juliette, la chanteuse/guitariste, constitue la colonne vertébrale du combo.

Dès les premiers accords du très vivifiant « Silent Movie Susie », la fosse entre en ébullition. Le climat est d’ailleurs rapidement torride. Les morceaux sont courts et hyper vitaminés. Titre étonnant pour l’époque, « Happy New Year » nous réserve une superbe harmonie à trois voix mise au service d’une très jolie mélodie.

Les gonzesses carburent à la ‘duvel’ ! Les claviers envahissent « The Road ». Pendant « Cupid », Juliette et Célia s’affrontent en duel manche contre manche et face à face. « Love In The 4th Dimension » monte dans les tours. Les sonorités de grattes saturent. Plus surprenant encore, la cover basique, voire punk, du « Beautiful Stranger » de Madonna...

Ballade, « The End » marque une pause. Un type apparemment bien imbibé dans la foule, demande le numéro de GSM à Juliette. De quoi déclencher l’hilarité chez les filles. Un peu de douceur berce « Pull The Other One » et « Something Beautiful ». « Bonfire » reprend son envol. Dans un style bien rock garage. Les filles viennent au contact du public. Et le set de s’achever par un « Sucker » chargé de testostérone. Il s’agissait de la dernière date de la tournée ; et il faut l’avouer, les nanas ont donné tout ce qu’elles avaient dans le ventre. Pour le plus grand plaisir du public...

Didier Deroissart

The Big Moon + Jesca Hoop

(Organisation : Botanique)

Les Nuits Botanique 2017 : jeudi 11 mai

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La première journée qui marque l’ouverture de l’édition 2017 des Nuits Botanique est déjà bien chargée. Ainsi DAAN remplit bien le chapiteau situé en plein cœur du parc, tandis que la nouvelle dream-pop du duo parisien Isaac Delusion fait vibrer l’Orangerie.
Mais de notre côté, nous optons pour l’intimité du Grand Salon. Si le lieu semblait propice à la chanson française intimiste d’Albin de la Simone, nous déchantons toutefois rapidement.
Arrivés il est vrai quelques minutes en retard, nous devons, comme beaucoup d’autres spectateurs, attendre quelques minutes supplémentaires à l’extérieur de la salle. Les exigences des artistes français nous surprennent souvent. Dans ce cas-ci, il était imposé de ne pénétrer dans la salle qu’à la fin de chaque titre. Pourtant une imposante porte, puis un rideau, puis encore une paroi nous séparent de l’auditoire concentré en masse devant la petite scène.
La chaleur est étouffante, et le public un peu trop massé (accroupi ou assis) devant l’artiste. (NDR : ce qui rend d’ailleurs l’exercice de notre photographe très périlleux).

Albin de la Simone est resté une bonne dizaine d’années dans l’ombre comme musicien ou parolier (pour des artistes de prestiges comme Vanessa Paradis ou Miossec). Avant de publier quatre albums studio entre 2003 et 2013. Et de revenir en 2017 pour un opus rafraîchissant baptisé « L’un de nous », décrivant de nombreuses scènes d’amour et de la vie de tous les jours.

Sur l’estrade, ce soir, l’instrumentation est assez dépouillée. Notre chanteur reste assis derrière son clavier, et ne se lève que pour se détendre les jambes (NDR : comme il ironise). Anne Millioud-Gouverneur l’accompagne au violon et parfois au chant, pendant qu’une autre souriante jeune femme, Maëva le Berre, se concentre sur son violoncelle. Sur la gauche, un percussionniste –aux interventions très minimalistes– switche parfois vers la guitare.

Plutôt discrète, la première partie du set est résolument acoustique et propose des titres comme « Mes épaules », « Il pleut dans ma bouche » ou « L’un de nous ».

Il faut attendre « La fleur de l’âge » pour que notre frontman se livre un peu plus à son auditoire. Lui expliquant comment il a été amené à écrire ce titre, après qu’une ophtalmologue lui ait signifié qu’après 45 ans, il y avait une dégringolade.

La seconde partie du set (étouffée par deux rappels) est, elle, bien plus légère voir loufoque. Les protagonistes se rapprochent de la foule, se lancent dans des compos et chorégraphies plus déjantées. En terminant même par un poème émaillé de quelques touches paillardes.

Un show bobo, agréable malgré tout, mais destiné à un public proche de celui de Vincent Delerm. De quoi, sans doute, apporter certain vent de fraîcheur à la chanson française… (Voir notre section photos ici)

Albin de la Simone 

(Organisation : Botanique)

Roots & Roses 2017 : lundi 1er mai

Le temps est resté menaçant toute la journée du 1er mai, à Lessines, mais pratiquement pas une goutte de pluie n’est tombée. La foule n’y est pas venue cueillir du muguet, mais écouter du blues, du bluegrass, du punk, du punkabilly, du roots, du garage et des dérivés de ces styles. Une bonne nouvelle en appelle une autre, puisque la huitième édition du festival a accueilli 3 700 personnes, soit presque un bon millier de plus que l’an dernier. Faut dire que l’affiche, cette année, propose des artistes qui attirent le peuple, comme les Fuzztones, The Sonics et surtout Pokey Lafarge, particulièrement populaire au Nord du pays.

Il est à peine 11h00 et les régionaux de l’étape, Power Skake, entament les hostilités. Le line up réunit d’excellents musiciens ; en l’occurrence le chanteur/harmoniciste Fred Janus, le contrebassiste Jonathan Blondel, le drummer Antoine Olivier et le guitariste Jérôme Rasson. Ces deux derniers militent également chez Rockin’ and Drinkin’ Guys, un combo qui s’est déjà produit dans le cadre de ce festival. Power Skake pratique un excellent roots/blues/rock, parfois teinté de punk. Le chanteur se démène et occupe tout l’espace scénique. Mais on se demande ce que fabrique le responsable derrière les manettes. Il chipote constamment les paramètres de ses ordinateurs et ne parvient pas à trouver les bonnes balances. Conclusion : le son est exécrable. Pas vraiment sympa pour les musiciens. Aussi, je quitte le chapiteau, après deux morceaux.

Et la qualité sonore n’est toujours pas au rendez-vous pour le set de The Scrap Dealers, une formation liégeoise qui pratique une forme de psyché/noisy/garage inspirée par Spiritualized. Ici, c’est le volume sonore qui est excessif. Les infra-basses vous arrachent les tympans. C’est intenable ! Et puis, franchement, ce style de musique n’est pas adapté à ce type de rendez-vous. Pourtant, il y a certainement du potentiel chez cette formation ; aussi j’espère la revoir dans d’autres conditions. Et comme pour Id!ots, le confort d’écoute est toujours aussi déplorable, votre serviteur prend un bon bol d’air frais.

Il y a quelques années, Jon Spencer avait emporté, dans ses valises, le trio danois PowerSolo, pour assurer le supporting act de sa tournée. Son style ? Du rock’n’roll contaminé à la fois par la noisy et le rockabilly. A l’extérieur du chapiteau, le son est potable. Mais c’est toujours le même type qui est chargé de la console. Donc…

Désespéré, je me rends sous l’autre tente, où la bande à Woody Pines –qui nous vient de Nashville, dans le Tennessee– opère son soundcheck. Et ce jugband va nous livrer une forme d’americana qui se nourrit à la fois de country, blues, hokum et hillbilly. Une expression sonore qui sent bon les grandes plaines parcourues par les cow-boys. Non seulement Woody joue de la sèche, du dobro et imprime le tempo à l’aide d’un tombass, mais il souffle superbement dans un harmo. Il est soutenu par un contrebassiste et un gratteur, également préposé au banjo et à la pedal steel. C’est la première fois que le combo met les pieds sur le sol européen et ce ne sera que du bonheur. Il y a du monde devant le podium. Le son est enfin au point. Et vu le style musical proposé, votre serviteur prend son pied. En attendant impatiemment le set de Pokey Lafarge… (D.D.)

Sur le site, un ring a été installé Et tout au long de la journée, il sera le théâtre de combats de catch. Amusant, mais parfois aussi effrayant ; surtout quand on voit une masse musculaire s’abattre sur un concurrent pour l’aplatir, malgré ce plancher, finalement plutôt caoutchouteux.

Place aux Pine Box Boys, une formation drivée par le chanteur/compositeur/guitariste Lester T. Raw, dont la barbe est impressionnante. Tout comme celle du drummer, d’ailleurs. Le line up implique également un banjoïste (NDR : il joue en picking), un contrebassiste, et sans doute pour la tournée, un cinquième larron qui se charge de la trompette ou du dobro. La musique de cette bande de joyeux lurons (NDR : tout le reste de la journée, ils vont danser le rock’n’roll, dans la fosse, avec leurs copines) oscille du bluegrass à l’americana, en passant par le gothique, alors que les textes, chantés d’un timbre graveleux (NDR : sur son micro, figure un drapeau de l’Arkansas, en miniature), un peu à la manière de Garth Brooks, racontent des histoires de mort, de meurtres et de misère. Un show, fort sympa auquel il ne manquait, finalement, que la participation d’un violoniste. De quoi rendre l’ambiance encore plus festive. Un coup de cœur, quand même, une compo plus pop, intitulée « Dog named death », digne de REM…

C’est en 2005 que votre serviteur avait eu l’opportunité de rencontrer le leader des Fuzztones, Rudi Protrudi (voir ici). Depuis, le band continue de rouler sa bosse, mais plus tout à fait sous le même line up. Aujourd’hui, y figurent deux musiciens italiens. Le premier, Marco Rivagli se charge des fûts. Et le second, Nicoló Secondini, remplace Lana Loveland, l’épouse de Rudi (NDR : qui vient d’accoucher), aux claviers. Le line up est complété par un bassiste et un second gratteur. Les deux guitaristes se servent toujours d’une Vox Phantom qu’ils vont croiser, à la fin du set, comme sur la pochette de l’album « Lysergic legacy ». En 12 ans, Rudi Protudi a bien évidemment changé. Il semble avoir plus de mal à bouger son immense carcasse, et son visage est bien buriné. Il monte sur les planches à partir du deuxième morceau, « 1-2-5 », une cover de The Haunted, au cours de laquelle il souffle dans son harmo, des sonorités écorchées. Lunettes noires, il saisit le micro d'une main et le pied de micro dans l'autre afin de poser le baryton profond de sa voix. Au bout du quatrième titre, il ôte ses lunettes et le suivant, empoigne donc sa gratte pour attaquer « Ward 81 ». Le claviériste nappe les compos de tonalités bien rognées. Parfois trempés dans le feedback, les guitares crépitent et nous entraînent dans un véritable tourbillon de psyché/garage croustillant, rafraîchissant. Un bémol quand même, le son est beaucoup trop fort, et on perd inévitablement les nuances. Plus amusant, c’est le comportement du drummer, torse nu après deux titres, qui focalise les regards. Il ne tient jamais en place, monte sur sa grosse caisse, s’assied de travers ou joue de l’autre côté de ses fûts, parfois couché (?!?!?). Du set on retiendra quand même les inévitables « She’s wicked » et puis la cover de « Strychnine » des Sonics. D’ailleurs, les musiciens sont absolument ravis d’avoir croisé leurs idoles, qui joueront en fin de soirée…

Les membres de The Experimental Tropic Blues Band sont contents de retrouver la scène. Faut dire que ces derniers temps, ils ont été très occupés par la confection de la B.O. du film, « Spit’n’Split », qui va inévitablement alimenter le set (NDR : réalisée avant le spectacle, une interview du groupe vous sera proposée prochainement). Dont en seront extraits « The power of the fist », titre balancé en forme de coup de poing et « Baby bamboo », un morceau davantage à connotation sexuelle. Le trio adapte l’hymne du ‘Roots & Roses’, à la sauce shoegazing. Etonnant ! Mais le plus intéressant procède d’une autre reprise, celle du « Ghost rider » de Suicide. Jeremy harangue la foule. Il invite son luthier sur les planches pour le remercier du travail exécuté sur sa guitare flambant neuve. Et puis, bien dans l’esprit du Jon Spencer, les compos défilent sur un tempo métronomique imprimé par Devil d’Inferno. Jean-François (NDR : qui se sert régulièrement d’un bottleneck) sort ponctuellement son harmo de sa poche, pour déchirer le climat des compos. En final, il va même se laisser porter par la foule, tout en en jouant ou en éructant des vocaux spasmodiques, alors que Jérémy, qui a balancé sa gratte, joue des boutons et des pédales, sur le sol, avant que les deux ne décident de se lancer dans un exercice de hip hop. Un concert rentre-dedans, à la limite de la saturation sonore, qui manque encore de l’une ou l’autre variation pour vraiment plaire au plus grand nombre. Mais est-ce vraiment leur objectif ?

Tout comme The Sonics, Pokey Lafarge s’était déjà produit aux Roots & Roses, en 2014. Et apparemment, il a changé de line up. Il est soutenu par un batteur, un contrebassiste, un trompettiste, un guitariste (électrique) un saxophoniste et un multi-instrumentiste (harmonica, percus, banjo, sèche, etc.), coiffé d’un superbe chapeau de paille. Pokey joue de la semi-acoustique. Au bout de quelques morceaux, il laisse tomber la chemise, pour laisser apparaître un maillot de football américain floqué du n° 83. Vintage, la musique est le fruit d’un mélange de western swing, de folk, de country, de jump blues, de be-bop et de dixieland. Pokey possède une très belle voix, légèrement chevrotante, versatile, un peu comme Jeff Buckley, mais sans en avoir l’amplitude. Et celle du multi-instrumentiste est presque une copie conforme. D’ailleurs, le résultat est plutôt étonnant quand ils les conjuguent. Ce dernier utilise également des percus en os ; et franchement sa dextérité est impressionnante. Bref, ce show particulièrement agréable à écouter, a enchanté un auditoire, certainement conquis, enthousiaste et qui a même obtenu un rappel !

En 2014, le concert des Sonics s’était révélé de bonne facture, mais un peu mou du genou. De quoi laisser dubitatif, quant à une performance de choix, trois ans plus tard. Et pourtant… Du line up initial, il ne reste plus que le saxophoniste (parfois harmoniciste), Rob Lind. Qui affiche quand même plus de 70 balais. Les deux autres membres, Gerry Roslie et Larry Parypa ont cédé leur place au guitariste Evan Foster et au claviériste Jake Cavaliere (The Lords of Altamont). Enfin, en tournée, car les autres fondateurs du band continuent de participer aux sessions d’enregistrement. Et finalement, ce renouvellement a donné un fameux coup de boost à la prestation ‘live’. Le gratteur est d’ailleurs littéralement déchaîné ; mais également talentueux. Et puis, le chanteur/bassiste, Freddie Dennis ainsi que le drummer Dusty Watson, ne sont pas en reste. Ecorchée vive, la voix de Dennis transperce littéralement les hymnes qu’il interprète. Et celle de Cavaliere passe également bien la rampe. Rob bavarde énormément entre les morceaux, incite le public à crier, parle du dernier album (« This is The Sonics », dont la reproduction de la pochette est projetée en arrière-plan), paru l’an dernier, et invite les spectateurs à l’acheter ou alors les t-shirts à l’effigie du groupe. Freddie et Evan osent quelques pas de canard à la Chuck Berry. Les reprises son légion : le « Louie Louie » de Richard Berry, le « Black Betty » de Huddie ‘Lead Belly’ Ledbetter, traduit en hit par Ram Jam en 1977, le célèbre « Lucille » de Little Richard, le « Sugaree » de Grateful Dead, le « Have love will travel » de Richard Berry et celle du « Money (That's What I Want) » des Beatles ; mais aussi les classiques, comme « Boss Hog » (NDR : qui a inspiré le patronyme d’un projet de Jon Spencer) et l’inévitable « Strychnine ». Sans oublier les compos issues du dernier elpee. Une véritable déferlante ! Aux premiers rangs, la foule se lance dans du crowdsurfing. Et puis, le public réclame un rappel. Trois morceaux, au cours duquel la formation légendaire va oser une cover vitaminée du fameux « I don’t need no doctor » de Ray Charles, popularisée par Humble Pie en 1971. Une claque !

Le festival se clôture par les Paladins, un trio roots-rock-rockabilly issu de San Diego, drivé par le guitariste Dave Gonzalez. Sur les planches, il est soutenu par un drummer et un contrebassiste. Le premier titre est instrumental, et après la reprise du « Memphis, Tennessee » de Chuck Berry, nous tirons notre révérence, tout en prenant bien soin de réserver à ce groupe Californien, quelques clichés… (B.D.)

Voir notre section photos, ici

(Organisation : Roots & Roses)

 

 

Wolfrock 2017 : samedi 22 avril

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Déjà dix longues années que le courageux Fabien Dieu, cheville ouvrière hennuyère, œuvre au service de la musique. Et la meilleure !
En outre, ce sont les locaux du Centre culturel de Dour qui hébergent, une nouvelle fois, le Wolfrock.
On se souviendra que pour des raisons obscures, l’édition 2015, qui aurait dû accueillir Jeronimo, avait été annulée.
Drôle d’idée de s’entêter à occuper cet endroit, alors que la Ville, fief du plus grand festival d’Europe, dispose de locaux autrement adéquats !
Dans le public, on remarque la présence de Marc Pinella. Entendez par là, le beau gosse de The Voice Belgique et leader de Suarez ! Inutile de dire que le pauvre a été assailli de demande de selfies par une gente féminine particulièrement excitée à l’idée de poser auprès d’un tel bellâtre !
Antoine Hénaut, artiste belge originaire de Honnelles, avait aussi rehaussé de sa présence cette sympathique manifestation. Curieusement, il n’est pas parvenu à s’attirer la moindre demande de photo. Même constatation pour Joe Salamone (Acta) !
Pourtant, même s’ils sont moins connus que leur comparse, ils se sont forgés une certaine notoriété dans le milieu.
Point positif à épingler, la qualité sonore ! Si dans le passé, l’acoustique était proche de la catastrophe industrielle, malgré les efforts surhumains des gars flanqués à la technique, cette édition a manifestement appris des erreurs du passé !
La salle est étonnamment clairsemée ! Comme les cheveux sur la tête d’un quinqua ! Faut dire que dans cette partie de la région, proche du Borinage, les gens sont davantage biberonnés à la Cara Pils et aux émissions télévisuelles proches de la débilité.
Supputons que les absents soient restés prostrés devant leur TV aujourd’hui, préférant user leur fond de pantalon dans le sofa en grignotant des chips, plutôt que de s’intéresser à un événement culturel, pourtant rendu fort accessible au vu du prix affiché ! Tant pis pour eux, car des découvertes, il y en avait de belles !

A commencer par Wicked Expectation. A peine sortis de l’adolescence, ces quatre gars au visage de poupon grimpent donc sur l’estrade ! Ce sera une des plus belles surprises lors du 10ème anniversaire de cette édition !

Originaire de Turin, le groupe s’est formé en 2012. Ces jeunes gens n’ont pas tardé à se tailler une place de choix dans la jungle musicale. Seulement trois années ont suffi pour sortir un premier elpee prometteur, « Visions », qui leur permet d’ailleurs de tourner en Italie et en Suisse.

Ce soir, ils sont venus présenter leur nouveau né, « Folding Parasite », dont le style oscille entre électronique et pop/rock, tout en revisitant agréablement les poncifs du genre.

Si les sons synthétiques s’avèrent fort contemporains, ils sont soulignés intelligemment par des instruments plus conventionnels. Les guitares électriques renforcent le caractère graveleux des compos et la batterie acoustique permet de syncoper les morceaux en leur communiquant du relief.

C’est surtout en live qu’ils parviennent à étaler toute l’amplitude de leur talent, sans pour autant sacrifier les caractéristiques typiques du shoegaze.

Leur univers pourrait se résumer à la relation triangulaire entre l'homme, les instruments et la technologie, une coexistence souvent houleuse, mais qui dans le cas d’espèce se solde par une complète réussite en générant des innovations incroyables.

Un band dont on entendra encore parler prochainement !

Quelques minutes plus tard, Return From Helsinki est invité à fouler les planches.

Là aussi, ce sont des gamins ! La vingtaine à tout casser ! De l’aveu même du leader, il s’agit de leur tout premier concert. En tout cas, sous cette forme !

Parce qu’à y regarder de plus près, certains d’entre eux ne sont pas des inconnus ! Buzz (ex-The Tangerines ; qui s’était produit ici même il y a quelques années) et John (ex-Larko) font partie de l’équipe !

Le fer de lance de ce combo belge est l’électro. D’ailleurs, l’instrumentation est purement issue de machines électroniques et de synthétiseurs. Plus contemporaine et noisy aussi !

A tour de rôle, chacun distille un savant mélange de rythmes sauvages digne d’un western spaghetti sauce aigre douce voire piquante !

Une dualité constituée de sonorités éthyliques qui créent une atmosphère sous tension, partagée lors d’un show rudement gonflé et à la limite de la transe.

Ils sont bien habités ceux-là ! Un peu trop même ! Les yeux révulsés, le leader mine des gestes orgasmiques à faire frémir ! Que fait-il dans avec sa main dans le pantalon ? La question reste ouverte…

Une (fausse) première particulièrement réussie !

Si le chapitre 4 du livre de la Genèse raconte le fratricide d'Abel commis par son frère Caïn, soit le premier meurtre relaté par la Bible, le duo formé par les frères Greg et Micka Chainis est lui bien vivant !

Après avoir accompagné durant 15 ans une kyrielle de musicos de tous styles, de Ntoumos en passant par Superamazoo, Monsieur Dupont, Acta, Lady Cover et bien d’autres, les jumeaux multi-instrumentistes lancent leur propre projet en 2013 sous le patronyme d’Abel Caine.

Drivé vocalement par Milann Lafontaine (le fils de « Cœur de Loup »), « Miracles », le premier opus du combo, a bénéficié du concours de deux drummers : Pierrick Destrebecq (pierre angulaire du band à ses débuts) et Santo Scinta (qui accompagne Alice on the Roof en tournée).

Après avoir réalisé un check son qui a un peu traîné en longueur, la troupe arrive le sourire aux lèvres et le pas décidé !

Greg se consacre à la basse, Micka à la guitare et au pad électronique, Gorgo aux synthétiseurs et machines et enfin, le fils à papa, au chant et à la guitare.

D’une voix de ténor légère, largement chaude et subrepticement éraillée, les intonations du singer rappellent immédiatement celles d’un certain… James Blunt. Même si les styles sont diamétralement opposés, la mimique vocale est troublante !

La ligne mélodique du set mélange adroitement pop, soul et funky, tout en invitant quelques touches electro.

Il existe une réelle recherche dans les sonorités qui créent un univers particulier. Les amateurs de Two Door Cinema Club, Metronomy, Phoenix et Foster The People s’y reconnaîtront

Les chansons sont accrocheuses et immédiates ! Le public y prend manifestement beaucoup de plaisir. Ca virevolte, sautille, sent la fraîcheur de l’été et l’insouciance des grands soirs !

Les titres s’enchaînent à une cadence métronomique. Les gaillards sont manifestement rompus au ‘live’ !

Les compos sont essentiellement puisées au sein du dernier LP ! Le set est maîtrisé et quasi sans surprise ! C’est propre et lisse ! Un peu trop même…

Soudain, tout explose lorsque « Electric Purple », titre phare matraqué sur les ondes radiophoniques belges, est attaqué !

Les filles remuent leur popotin dans une hystérie frénétique ! « East West », qui les a révélés au grand public, prend le pas ! Aucun temps mort ! La chaleur d’un cran, la température devient difficile à supporter tant l’exaltation est à son comble !

Gorgo sort soudainement de la pénombre, casquette vissée sur la tête. Il s’installe devant l’estrade pour se livrer à une séance de beatbox impressionnante ! Plus qu’un gadget, les sons saccadés produits par sa seule bouche entretiennent une atmosphère légère, proche du hip hop.

En tout, plus de quarante-cinq minutes d’une musique bien construite. A l’instar de la gémellité, résultante d’une ambivalence et de confrontation, à laquelle on aura du mal à trouver de réels défauts !

Milk est très attendu par une large frange du public qui frémit d’impatience.

Fondé en 2004, d’un duo, il est passé à un quatuor ! Les influences majeures remontent jusqu’aux eighties : The Cure, Sneaker Pimps, Fischerspooner, I Am X, mais aussi The Kills.

Après les préparatifs d’usage, une bande son diffuse ‘Faisons l’amour avant de nous dire adieu’. En voilà une bonne idée ! Mais qui tombe mal à propos !

Aline Renard, la préposée au chant, monte sur les praticables ! Que les festivités commencent !

Ce qui aurait dû être un mets à la curiosité insoupçonnée devient vite indigeste dans l'acception ; à cause d’une connotation éventuellement un peu simpliste ou au contraire, un rien précieuse.

Bref, difficile d’accrocher ! Les morceaux cultivent souvent une ambiance sombre comme on en rencontre dans l'électro gothique.

Mais, pas que ! C’est morne et sans relief ! Il y a quelque chose d’inachevé ! Peut-être, votre serviteur est-il trop subjectif ! Quoiqu’il en soit, c’est répétitif à souhait ! Sans oublier le côté très (trop) facile de l’approche artistique ! Ici, on se complaît clairement dans la facilité et la mièvrerie !

Quel dommage ! Parce qu’il faut quand même avouer que chacun essaie d’en faire un max pour mettre le feu (au sens figuré, évidemment) !

A commencer par le drummer qui, dès qu’il le peut, vient rejoindre sa comparse et entame une danse de sioux à s’en faire déplacer les vertèbres !

Lorsque ses gestes ne sont pas à la limite d’un érotisme torride ! Il se touche ainsi le torse en se trémoussant ! Une fille s’approche, le caresse doucement et finit par lui mettre la main au paquet ! Un scénario qui se déroule sous les cris hilares de la quasi-majorité du parterre ! L’épilogue ne nous dira pas comment et avec qui il a fini sa soirée…

Après quinze minutes de ce spectacle navrant, direction le bar ! Là au moins, on est certain de ne pas être déçu !

Enfin, c’est en accusant un peu de retard (il doit être aux alentours de minuit) que The Von Dead a l’honneur de mettre un point final de ce qui restera l’une des meilleures éditions du Wolfrock.

Autant dire que les paupières commencent doucement à devenir lourdes !

Les minois font figure de déjà vu ! En effet, Elliott Charlier (chant) et Nicolas Scamardi (drums) sont les anciens membres de Von Durden. Pour monter ce nouveau projet, ils se sont entourés de Max Tedaldi (Mums and Clowns), Ludwig Pinchart (The Banging Souls) et Leila Alev (The Smock).

Tous ont donc déjà milité au sein d'autres combos et connaissent parfaitement les codes du genre ; ce qui leur permet d’afficher une assurance à toute épreuve.

Fort intéressant, son premier Ep, « Dog Souls Fight », reflètera parfaitement le concert de ce soir !

Un set particulièrement dynamique ! Un rock/noise rock, aux accents stoner, qui sent la transpi, le torse nu et l’arrogance dans l’énergie et l’intention.

Entre guitares dégoulinantes de fuzz, velléités psyché et petites touches féminines judicieusement enrobées de new wave, l’expression sonore trahit un véritable amour de la musique...

Du son bien crasseux et des décibels à n’en plus finir pour terminer en beauté !

Détail croustillant, le bassiste arbore un cache oreille bien étrange. Est-ce pour tenter de dissimuler un crâne dégarni ou pour se protéger les tympans ? Mystère…

Parfois bruitiste, ce show parvient difficilement, et malheureusement, à retenir une frange du public qui s’éloigne peu à peu. Si les uns se dirigent vers le bar, histoire de s’hydrater, les autres jettent l’éponge et regagnent leur véhicule.

Quoiqu’il en soit, le Wolfrock aura tenu ses promesses ! Rendez-vous dans 10 ans ?

 

 

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