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Les Nuits Botanique 2009 : samedi 16 mai

Même si le Cirque Royal n'affichait pas complet samedi soir pour le concert de Christophe, la salle était bien garnie ; et il suffisait de compter les photographes accrédités pour se rendre compte qu'un concert de Christophe, malgré l'âge du bonhomme, demeure un évènement populaire.

Séparés par un entracte d'une bonne demi-heure, les deux chapitres du spectacle ont montré des visages radicalement différents du personnage.

Le premier a fait la part belle aux compositions récentes, dont de nombreuses issues du dernier album, assez électronique et très surprenant. Je confesse que je n'avais pas pris le temps d'écouter cet opus avant le concert ; je l'y ai donc découvert. Je le savais fort électronique ; ce sera bien le cas en ‘live’. Pour preuve, l'Ensemble Musiques Nouvelles, venu apporter sa touche symphonique à la prestation, est souvent retourné en coulisses, le style musical adopté par le noctambule se prêtant mal à cet accompagnement. Après trois-quarts d'heure, notre hôte de la soirée nous invite à aller prendre quelque rafraîchissement et/ou fumer une cigarette, lui-même en ayant apparemment ressenti le besoin.

De retour sur le podium du Cirque, Christophe va offrir une vision diamétralement opposée de son répertoire proposé en début de parcours. Plus proche de ce qu’on attendait de lui. Alors que ses interventions, lors du premier acte, trahissaient un côté mécanique (NDR : ou automatique, si vous préférez !), c'est en manifestant davantage de spontanéité qu'il va se concentrer exclusivement sur les titres de son ancien répertoire. Au sein duquel on aura droit aux inévitables "Mots bleus" et autre "Marionnettes". Et c'est flanqué du groupe andalou Los Flamencos, qu'il nous réserve une version digne de la meilleure bodega de "Señorita". Ce morceau sera d’ailleurs été repris une seconde fois, tant cette version était émouvante. Il n’a bien sûr pas omis d’inclure "Les paradis perdus" dans son répertoire de la seconde moitié de la soirée ; et après avoir présenté ses collaborateurs au grand complet, dont la superbe Ellena Noguera, invitée à chanter le premier titre de chaque tranche du show, la soirée s’est achevée par une version d'"Aline" qui aurait arraché des larmes à un rocher, tant l'émotion dégagée par Christophe et ses musiciens était intense.

Le personnage se fait rare, les occasions de le voir sur scène également ; et même si comme votre serviteur, on n'est pas un fan absolu de Christophe et de ses chansons, le voir sur scène est un moment unique qu'il serait dommage de ne pas partager au moins une fois, dans sa vie. A bon entendeur...

Bernard Hulet

Christophe

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Pour clôturer cette édition 2009 des Nuits du Botanique, l’Orangerie accueillait Akron/Family, Sharon Von Etten, The Acorns ainsi que Great Lake Swimmers.

A 20h00, Sharon Von Etten ouvre le bal. Issue de Brooklyn, cette jeune Américaine avait déjà assuré le supporting act pour Beirut et Shearwater. On espère donc une bonne surprise, afin de commencer cette soirée en beauté. La salle est loin d’être comble. Les spectateurs préfèrent siroter leurs dernières consommations dans les jardins tout en profitant des derniers rayons de soleil. Ils ont raison. Et pour cause, la songwriter enchaîne ses chansons, en s’accompagnant à la guitare, sans grande passion. Faute de rythme et de vitalité, son set en solitaire devient rapidement ennuyeux. Elle achève sa prestation à 20h35. Bien vite Akron/Family !

L’Orangerie est à présent pleine à craquer. Le concert est même sold out ! Les musiciens d’Akron/Family débarquent sur les planches. Je me demandais quand même comment le trio américain allait se débrouiller pour reproduire la folie présente sur leurs disques, depuis le départ de Ryan Vandehoof, un des quatre membres fondateurs. En une bonne demi-heure, les gars de New-York nous invitent à voyager aux quatre coins du globe, en explorant tous les recoins du spectre musical. Leur set commence par une compo percussive. Le bassiste a délaissé sa quatre cordes pour rejoindre le drummer afin d’entretenir des rythmes afro-tribaux particulièrement excitants. Le public est à deux doigts de commencer à danser. L’expression sonore nous entraîne également sur les îles océaniennes, dans un style proche des Néo-Zélandais de Ruby Suns. Une multitude de genres sont revisités, depuis le rock progressif à la country en passant par le métal. En outre, les harmonies vocales du trio sont de toute beauté. Mission parfaitement accomplie pour Akron/Family. Un bémol ? Le manque de réaction du public.

The Acorns nous vient du Canada. La formation a joué en première partie de la dernière tournée de Bon Iver. Le line up réunit trois guitaristes, un bassiste, un percussionniste et un batteur. Le son est nickel. Les arrangements irréprochables. Les mélodies fort bien ficelées ; et le timbre vocal du chanteur rappelle un peu celui de Bruce Springsteen. Rien de bien exceptionnel, mais un set fort agréable à voir et à écouter. Sans plus. Mais il vrai qu’il n’était pas facile de succéder à Akron/Family et de précéder Great Lake Swimmers.

A 23h00, Great Lake Swimmers monte sur le podium. Très attendu, Tony Dekker est soutenu par un drummer, un guitariste ainsi que d’une claviériste/vocaliste. Après deux morceaux, ils sont rejoints par le contrebassiste. Dès les premiers mots chantés par le natif de Toronto, on est émerveillé. Le son est aussi nickel que celui de l’elpee. L’ambiance est également parfaitement retranscrite. Et c’est un fameux défi quand on sait que le combo canadien prend un malin plaisir à enregistrer dans des endroits aussi insolites que des églises ou des silos à grains.

L’atmosphère est détendue. Le temps semble s’être arrêté sur le Botanique. Great Lake Swimmers nous offre une grande leçon de simplicité. Dekker pioche dans l’ensemble de ses quatre albums. Il se réserve également l’interprétation de quelques compos en solitaire, uniquement flanqué de sa guitare. Il ne reste plus qu’un quart d’heure. Le groupe est à nouveau au complet pour attaquer « Your Rocky Spine ». Les dernières notes de guitare retentissent déjà… les spectateurs quittent peu à peu l’Orangerie. Les Nuits du Botanique se clôturent d’une bien belle manière. Vivement l’année prochaine !

Béber

Sharon Von Etten + Akron/Family + The Acorns + Great Lake Swimmers

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Dernière soirée d’un festival à la programmation respectable et dernière affiche plus qu’alléchante sous le chapiteau. Malgré un temps frais et une météo capricieuse, les marches du jardin sont bondées et l’ambiance est au beau fixe. Mais trêve de bavardage relatif à la pluie et au beau temps ; ce soir les occupants du chapiteau ne réclament qu’une seule chose, des beats, des beats et rien que des beats !

C’est donc un Thunderheist ponctuel qui ouvre la soirée. Le public s’avance timidement vers le podium sur lequel se produit le duo canadien, avant de finalement succomber aux flows énergiques de la féline Isis. Bien que leur hip-hop ‘bateau’ aux sonorités ‘dance’ laisse perplexe, on retiendra surtout le charme et le dynamisme de la emcee plutôt que le travail fictif de son acolyte, responsable d’un bidouillage circonstanciel de ses machines. On reste sur sa faim mais le public est manifestement en jambes !

Kap Bambino monte à son tour sur les planches. Son style est radicalement différent. Le duo frenchy punk trash est à la hauteur de sa réputation. Ses beats ravageurs font monter la température de quelques degrés. La rythmique tourne à plus de 140 BPM. Faut dire aussi que la chanteuse (NDR : imaginez une Els Pynoo, la vocaliste de Vive La Fête, sous ecsta) y est pour quelque chose. Les cris perçants et à la limite hystérique de la blondasse, conjugués à une mise en scène exceptionnelle, excitent tous ces mâles en manque de testostérone. Kap Bambino était bien, ce soir, un signe fort d’électro trash !

Pas le temps de s’en remettre qu’autoKratz monopolise la scène. Dans un autre état d’esprit mais en assénant des beats bien lourds et percussifs. Le set du duo anglais me laisse néanmoins un sentiment mitigé. Pourtant découvert par le label Kitsuné, autoKratz est une véritable révélation sur disque. Mais sur les planches, rejoints de temps à un autre par un chanteur à l’allure malade tripotant sa guitare, les deux ‘plantons’ restent figés derrière leurs laptops. Un seul titre parviendra réellement à faire décoller le show, celui qui les a propulsés : « Pardon Garçon ». Une déception !

Un godet pour écouler les vingt minutes d’attente et Yuksek, tête d’affiche de la soirée, fait son apparition. Nouveau chouchou et producteur en vue de la ‘French Touch 2.0’, le Français assure tout simplement ! Seul derrière ses claviers, l’électronicien vacille de droite à gauche en y ajoutant ses interventions subtiles au vocodeur. Il a à peine entamé les premiers accords de « Tonight » que le public est déjà conquis. Un light show efficace et le tour est joué. Bref, Pierre-Alexandre Busson n’a dû faire qu’acte de présence pour satisfaire son public. C’est sûrement ça ce que l’on appelle l’effet hype !

Le Chapiteau se vide progressivement de ses spectateurs. Certains d’entre eux en profitent pour passer un dernier moment dans les jardins, alors que les autres foncent vers le Recyclart ; car cette nuit, Kap Bambino donne une after party. Déchaînement garanti ! Et la nuit sera longue…

Antoine Verhoeven

Thunderheist + Kap Bambino + autoKratz + Yuksek

(Voir aussi notre section photos)

 Organisation Botanique

Les Nuits Botanique 2009 : jeudi 14 mai

Écrit par

En me rendant au Botanique ce jeudi 14 mai, j’espérais passer une autre soirée que celle –en demi-teinte– vécue lors des Nuits québécoises. La déception provoquée par la prestation de Malajube me trottant encore en tête. Mais malgré le temps exécrable, je n’ai pas regretté mon déplacement. En effet, l’affiche proposée s’est révélée plaisante, riche en découvertes et agréable en surprises.

20h30, la programmation s’ouvre par le set de A Hawk & A Hacksaw, devant une assemblée déjà bien fournie. Drivé par Jeremy Barnes, l’ex-batteur des fantastiques Neutral Milk Hotel, le groupe du Nouveau-Mexique dispense une courte prestation inspirée du folklore de l’Europe de l’Est. Le look ‘farmer’ des musiciens colle d’ailleurs parfaitement à leur musique pastorale. L’esprit de Beirut, en compagnie desquels ils ont d’ailleurs tourné, n’est jamais loin ; même si leurs influences plongent encore plus profondément dans les racines slaves. Les cinq musiciens, apparemment ravis d’être présents sur les planches, nous emmènent sur les terres chères à Kusturica, pour un dépaysement garanti. Un violon, un banjo, un cor, une trompette et un accordéon suffisent. Pas besoin d’un orchestre au grand complet pour concocter cette délicieuse musique ; mais tout simplement d’une fanfare presque balkanique, même si la trompette était, à mon goût, un peu trop mise en avant. N’empêche, on peut affirmer qu’ils ont accordé un show de toute bonne facture. Dommage que Jeremy Barnes ne chante pas plus souvent. Car il a une superbe voix. Et lorsqu’il la pose, le résultat est magnifique. Leur nouvel album, « Delivrance » est à découvrir d’urgence.   

Petite surprise de programmation ensuite. Alors que je l’imaginais en tête d’affiche, Troy Von Balthazar monte sur les planches d’une Orangerie toujours honorablement peuplée. Notre ami hawaïen est seul. Ce qui explique pourquoi, tout au long de son concert, il va tirer le maximum de ses pédales. Parfois, il s’investit tellement dans l’interprétation de ses compos (NDR : ce n’est pas inhabituel, c’est vrai, dans son chef) qu’il a tendance à en remettre une couche. Ses lyrics sont douloureux. Sa musique reflète également cette souffrance. Ce qui ne l’empêche pas, lors de ses pauses de manifester une décontraction et une bonne humeur paradoxales. Son timbre est toujours aussi expressif et torturé qu’à l’époque de Chokebore, ensemble dont il a été le leader pendant de nombreuses années. D’ailleurs au beau milieu du tracklisting, il nous réserve deux compos issues de cette époque. En fin de show, l’intensité monte encore d’un cran. Notamment, lors de l’interprétation du magnifique « Heroïn Little Sister » et d’une nouvelle chanson. Intitulée « Wings », elle accroche instantanément l’oreille. Sans cesse en équilibre instable entre le ridicule et le superbe, Troy Von Balthazar est parvenu à conquérir une grande partie de l’assistance, alors présente.

Troisième groupe au menu, les Wild Beasts sont britanniques. Honnêtement, je ne les connais que de nom. Et pourtant, ils vont constituer une autre bonne surprise de cette soirée, malgré les problèmes techniques rencontrés. Cette formation est promise à un bel avenir, tant leurs compos sont autant de tubes potentiels et irrésistibles. Ces jeunes gens sont probablement occupés de suivre la piste tracée par Vampire Weekend, l’année dernière. Et s’ils n’y parvenaient pas, ce serait une énorme injustice ! Les musiciens communiquent constamment avec le public. Le falsetto surprenant du chanteur apporte une dimension lyrique à leur musique. Il y a même quelque chose de Queen dans leur solution sonore. Leur pop mélodique est tellement convaincante, que dès lundi je me procure leur dernier elpee, « Limbo, Panto ».

Il revenait à la formation suédoise, Nervous Nellie, de clôturer cet excellent programme. Et le combo s’est mis au diapason des autres artistes. Peu connu chez nous, le groupe est drivé par les frères Johnson, deux personnages qui ont longtemps vécu aux States. Ce qui explique sans doute pourquoi leur musique s’inspire autant du rock yankee. Celui des seventies, pour être plus précis. Un style fort classique, mais qui a le bon goût de ne pas sombrer dans le revivalisme. En extrapolant, on pourrait imaginer une rencontre entre Wilco voire Uncle Tupelo et Neil Young, légèrement pimentée de punk. Bref, leur prestation a été franchement éloquente. Pourtant, la salle était à moitié déserte (NDR : ou à moitié pleine, si vous préférez) ; mais le public a beaucoup apprécié le set accordé par les frangins Johnson et de leurs acolytes. L’estimant même trop court ! Responsable d’un nouvel opus intitulé « Ego and the id », paru il y a peu, Nervous Nellie est à suivre de très près. Le combo ne manque pas de talent et mériterait de sortir de l’anonymat au sein duquel il est confiné pour l’instant.

Retour au bercail vers 1h du matin. Un peu crevé mais heureux d’avoir passé une très bonne soirée ! Vivement l’année prochaine…

A Hawk & A Hacksaw + Troy Von Balthazar + Wild Beasts + Nervous Nellie + Nervous Nellie

Organisation Botanique

 

Les Nuits Botanique 2009 : mercredi 13 mai

Un Botanique noir de monde accueillait les désormais incontournables ‘Nuits belges’ ce mercredi 13 mai. Le cru 2009 nous illustre de nouveau l’étendue et la diversité des artistes de notre plat pays. Une myriade de styles musicaux s’y confond. La salle nous offre à voir des groupes de qualité dont la notoriété ne dépasse, malheureusement, que trop peu souvent nos frontières.

L’édition 2009 présentait 12 groupes belges : Sharko – Daan – K-Branding – Les Vedettes – Jeronimo – The Experimental Tropic Blues Band – Balimurphy – The Bony King of Nowhere – Major Deluxe – Balthazar – Lionel Solveigh – Lucy Lucy (anciens Vagabonds).

Trois salles et un chapiteau aux saveurs distinctes. Le confort mélodieux du grand salon (Jeronimo, Balimurphy et Lucy Lucy), l’énergie électrique et la folie douce de l’Orangerie (The Experimental Tropic Blues Band, Les Vedettes et Balthazar), la très folk et acoustique Rotonde (Lionel Solveigh, The Bony King of Nowhere et Major Deluxe) et la sulfureuse chaleur tropicale du Chapiteau (K-Branding, Daan et Sharko).

Venus nous présenter leur premier Ovni, les extraterrestres de K-Branding envahissent le chapiteau planté dans le jardin Botanique. L’explosion sonore produite par la formation bruxelloise envahit rapidement nos oreilles et imprime notre cerveau au fer rouge. Cette expérience musicale bouscule et ne laisse pas indifférent. Indus tribale ? Noise urbaine ? Art-rock brut ? Un voyage, en tout cas, entre passé et présent, entre rock primitif et musique contemporaine (expérimentations sonores et bidouillages électroniques). Globalement, les ‘noise addict’ sortent sourire aux lèvres de cette aventure.

Après avoir touché à de nombreux styles musicaux et sorti deux albums électrotrash (« Vicory » et « The Player »), Daan change de cap et nous présente son cinquième elpee (« Manhay ») aux airs plus intimistes et chaleureux. Un son moins organique et sans machine. Il renoue avec son héritage Dead Man Ray. ‘J’aurais voulu un ton plus intimiste encore, mais il se fait que la réalisation est finalement assez habillée. Le point de départ était juste piano et voix. […] Je voulais travailler de façon inverse : mettre une bonne voix devant et puis des instruments autour. Pour cela, il me fallait des morceaux qui tiennent la route mélodiquement à l’état dépouillé, sans arrangements’.

Le Daan Stuyven auteur est de retour et ressemble davantage à un film de Chabrol qu’à un Tarantino. Cette transition se ressent terriblement sur les planches. Il nous offre à entendre une setlist contrastée, brouillonne et une prestation scénique plus introvertie. ‘Le plus violent à côté du plus doux’. Un artiste en pleine mutation qui se cherche encore dans ce nouveau style proche de l’univers de Léonard Cohen, Lou Reed ou Johnny Cash.

L’ancien et le nouveau Daan s’affrontent, s’entrechoquent, alternant des morceaux pop électro puissants et des airs plus intimistes. La transition est étonnante. La bête de scène habituellement drôle et ironique s’éclipse et laisse place à un artiste plus effacé. Il s’affiche soudainement en vieux crooner blasé. Le contact avec le public s’est désormais éteint et les fans du chanteur charismatique s’en étonnent. Il reste cependant l’essentiel : sa voix. Caverneuse et chaleureuse, elle inonde le chapiteau et caresse les oreilles du spectateur.

« Radio Silence » apparaît alors telle une grenade et rompt cet aspect introspectif. Les guitares s’énervent, la voix hausse le ton et le concert monte en puissance. Douzième morceau et les musiciens disparaissent subitement. La lumière revient et met brutalement fin au concert. Aucun rappel ! Il y a des jours et des lunes. Daan Stuyven devait certainement être dans une phase lunaire ce mercredi soir à Bruxelles. Il nous avait habitués à mieux. Cette petite révolution dans le monde musical de Daan devra certainement mûrir encore pour atteindre un accord parfait avec la scène. La symbiose appartient désormais au temps.    

Les Nuits belges se clôturent par le show des talentueux Bruxellois de Sharko. Après 10 ans de carrière et 5 albums, David Bartholomé, Teuk Henri et Charly De Croix (nouveau batteur) célèbrent la bête et nous invitent à découvrir leur dernier album « Dance on the Beast ».

Sharko revisite les quatre derniers elpees (« Meeuws », « Sharko III », « Molecule » et « Dance on the beat ») et nous propose un set cohérent et dynamique. Le dernier opus s’ouvre à des sonorités electro-dance et se veut plus dansant. On ne s’ennuie jamais !

D’un air décalé, désabusé, David Bartholomé, côté jardin, montre son profil au public et  explore fixement et longuement le mur. Il ouvre lentement le concert par trois morceaux du dernier album (« Cinema Tech », « Mouse/Animal/Facebook/Danger » et « Rise Up »). Le décor est sobre et s’illumine de quelques lights rouge vif. Progressivement, l’animal qui incarne le chanteur se réveille. Il finira par faire face au public pour interpréter le merveilleux « Motels » (« Molecule »).

Le chapiteau suinte et s’électrise. La toile noire accrochée au plafond s’illumine et se couvre d’étoiles qui se fanent en fleurs et redeviennent étoiles. Sharko, sous un ciel artificiellement constellé, prend une dimension presque magique. L’introversion initiale s’estompe peu à peu. Il communique enfin et communie. La convivialité monte graduellement. Savamment crescendo. L’excellent « I Went Down » viendra porter le coup fatal. Les planches, sous nos pieds, se mettent à vibrer et c’est du pur bonheur !

Le trio bruxellois tient le public en haleine jusqu’à la fin, alternant anciennes et nouvelles compos. Deux perles pop suivront : « Yo heart » issu du dernier album et l’indémodable « Sweet protection » de « Molecule ». Sharko revient pour deux rappels. Assis à la batterie, David Bartholomé interprète « Spotlite » (« Sharko III »). Il s’empare ensuite du ukulélé pour clôturer cette Nuit belge en émotion.

Sharko a bel et bien joué avec nos cordes émotives. Talentueusement. Un grand moment de musique qui s’éteint sous le ciel étoilé du plus grand chapiteau du monde.

Eric Ferrante 

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C’est un Jeronimo simple et chaleureux qui se produisait ce soir. La fraîcheur du Grand Salon du Botanique est parvenue à nous faire oublier la lourdeur et l’humidité ambiante de ses beaux jardins. D’une entrée théâtrale, suivi d’un ‘Bonjour mesdames et messieurs !’, Jérôme Mardaga apparaît, suivi de ses musiciens. Oublions le grand spectacle où l’on en met plein la vue, car ce soir, car on aura droit à une version ‘acoustique’ de son set, ballade sur les mers paisibles de nos océans.

C’est par « Elle s’en va tuer un homme », seul, à la guitare, que Jeronimo nous embarque dans son monde d’ironie douce-amère, teintée de vérité, parfois de tristesse et d’humour. Le Grand Salon, de ses fauteuils rouges dédiés au repos intemporel est parfait ! Le groupe nous invite à partager son envie de déconnection, de ce monde extérieur, par sa simplicité communicative. A partager également ce qu’il aime. Un bien-être vient de s’installer dans l’antre de cette salle aux lumières tamisées, rougeoyantes. Nous sommes embarqués vers un voyage que nous n’avons guère envie de quitter.

Les titres, comme « L’argent c’est bien » du dernier opus et « Moi je voudrai », égayent la salle ; qui d’ailleurs, entretemps, c’est bien remplie. Même le balcon est noir de monde et danse sous le rythme de la guitare. Jérôme n’oublie pas de nous remercier chaleureusement. Le public est réceptif. Il apprécie cette session comme si nous étions des privilégiés.

Dommage que les titres s’engagent un peu trop vite, les uns après les autres. On en voudrait plus, qu’il laisse ses sens emporter ses mélodies dans le temps, sans y prêter importance. Mais comme il nous le fera remarquer, il y a un timing à respecter… ‘Money, money !’, nous balance-t-il d’un ton ironique… « Rendez-vous dans ma loge » est suivi de « La chienne de Baikonour », présentée comme la future chanson de l’Eurovision 2010. De quoi s’esclaffer en chœur ! Ce rendez-vous s’achève, malgré les problèmes techniques, par la merveilleuse mélodie d’« Irons-nous voir Ostende ». Le son lâche soudainement. Ce qui n’empêche pas Jérôme de poursuivre son set, comme si de rien n’était ; seul, avec sa guitare, sous les applaudissements du public.

Ce concert d’une douceur printanière exhalait des senteurs parfumées de textes qui nous concernent tous, traitant d’événements que l’on côtoie chaque jour. J’aurais voulu ne plus quitter mon fauteuil qui m’absorbait. Un dernier titre n’aurait pas été de trop… accompagné, pourquoi pas, d’un bon verre de blanc. A déguster avec sagesse mais sans modération.

21h10 tapante, le trio se met en scène après les derniers réglages sonores. Le changement de la salle du Grand Salon vers celle de l’Orangerie est assez brutal. Je passe du coton au béton. Pas difficile d’imaginer que le groupe va nous en mettre plein les oreilles. Et c’est bien le cas !

A peine le temps de se mettre en place, les guitares déchirent au son du rock-boogie-blues. « Disco inferno » ouvre les festivités. Les trois gaillards se lâchent d’une traite emportant tout sur leur passage. Pas le temps de prendre du repos dans cette course. Ca bouge, ça swingue comme sur de bons vieux morceaux des sixties et seventies. Pas besoin d’une machine à remonter le temps, Woodstock est devant nous ! Si vous aviez besoin de vous recharger les batteries, c’est définitivement eux qu’il fallait voir. Cocktail détonnant tant par la batterie, martelée à merveille par Devil D'Inferno, que par les deux guitaristes, Dirty Wolf et Boogie Snake. Même la basse manquante n’est pas une nécessité, tant les interprètes nous absorbent tout au long du show.

Captivé par ce trio hors norme, le public n’a guère besoin d’en redemander. Les riffs sont puissants. Ils libèrent une telle source d’ondes que l’on ne peut rester indifférent. Incroyable ! Chaque morceau a la pêche. L’opus « Hippidy hop » est une autre grenade que The Experimental Tropic Blues Band ne tardera pas à dégoupiller. L’Orangerie explose littéralement ; et il y a des dommages collatéraux. Le rock’n’roll dans tout ses états. Et je ne parle pas des fans, au passage, criant un ‘à poils’ en chœur à Dirty Wolf. Il ne lui faudra que peu de temps avant de nous accorder un strip-tease pour le bonheur de ces dames ! Il avait pourtant, dès le début du concert, prévenu qu’il en était hors de question. ‘Trop de problèmes’, avait-il justifié. Mais c’était plus fort que lui.

Finalement, j’ai éprouvé un grand plaisir à partager ce délirium espace temps. Un groupe qui mérite d’être entendu de par le monde, par son originalité, par son culot et son rock complètement déjanté. Un melting pot d’influence de plusieurs décennies de rock-boogie-blues. The Experimental Tropic Blues Band vous laisse des stigmates à vie… 

Patrizia Firrera

Les Nuits belges : Sharko + Daan + K-Branding + Les Vedettes + Jeronimo + The Experimental Tropic Blues Band + Balimurphy + The Bony King of Nowhere + Major Deluxe + Balthazar + Lionel Solveigh + Lucy Lucy

(Voir également notre section photos)

 

 

Les Nuits Botanique 2009 : mardi 12 mai

La soirée commence mal. Englué dans les bouchons pendant presque deux heures, je débarque au Botanique vers 21h00. De quoi entretenir la mauvaise humeur. Je fonce vers la Rotonde pour assister à ce qui devait rester de la prestation de Karkwa. Malheureusement leur show est déjà terminé. La découverte de ce groupe, pourtant acclamé par la critique, est donc postposée. Dehors, le temps est maussade et le crachin n’incite pas à mettre le nez dehors ; afin de prendre une consommation dans le parc, par exemple, comme le veut la tradition des Nuits…

Heureusement, la suite de la programmation est alléchante. Ce qui me rend quelque peu le moral. Tombé sous le charme de leur album « Trompe l’œil », un opus sculpté dans une pop originale, ce concert de Malajube devait donc sauver ma soirée. Le quatuor monte sur les planches en toute discrétion. Le set s’ouvre par quelques chansons extraites de leur dernier opus « Labyrinthes », paru il y a quelques semaines. Le son est puissant et se révèle de bonne qualité. Mais les balances sont mal réglées. Difficile de saisir les paroles de Julien Mineau. Et on n’entend pratiquement pas les interventions aux claviers de Thomas Augustin. Sous cette forme, les morceaux ne parviennent pas à fédérer. Et c’est une petite déception. Caractérisé par son crescendo irrésistible, « Etienne d’Août » reprend du poil de la bête ; mais décidemment, la guitare et la batterie jouent tellement fort, qu’ils étouffent l’aspect pop et frais de leur musique. Or, ce sont ces singularités qui font le charme de leur solution sonore. Et le show va souffrir de ce déséquilibre tout au long de la soirée, malgré les plus réussis « La Monogamie », le single imparable « Montréal -40° » ou encore un morceau plus récent comme « Porté disparu ». Ce qui devrait m’inciter à écouter leur nouvel opus d’une manière plus approfondie. En privilégiant la puissance, Malajube devient un groupe de rock comme il en existe des milliers d’autres. Heureusement, sur disque, le combo est toujours capable de montrer un tout autre visage. Bien plus savoureux. C’est suffisamment rare pour ne pas le souligner. D’ailleurs on ne peut pas dire que leur présence scénique soit enthousiasmante. Bref, j’avais peut-être placé trop d’espoir dans ce concert, finalement assez anecdotique. Une grosse déception pour ce que je considère pourtant comme une des révélations discographiques de 2007.

Duchess Says est un combo relativement inconnu en Europe. Il lui incombait de clôturer la soirée. Fondé à Montréal, en 2003, il a sorti son premier album, « Anthologie des 3 perchoirs », l’année dernière. Bienvenue donc dans leur univers déjanté. La présence scénique d’Annie-Claude Deschênes y est quand même pour quelque chose. Ses performances vocales sont plutôt limitées, mais ses pas de danse sont uniques en leur genre. L’énergie est omniprésente. La folie communicative. Malheureusement, l’assistance est clairsemée. Motif : les fans de Malajube et Karkwa ont déjà déserté les lieux. Le début de leur set est tout à fait convaincant, la formation profitant au maximum du confort sonore de la Rotonde. Malheureusement, sur la longueur, il devient irritant. A cause des cris d’Annie-Claude. Noyé sous ses vociférations, il devient de plus en plus difficile de distinguer les morceaux. D’autant plus que la méconnaissance de leur répertoire ne facilite pas la tâche. Les fans d’électro punk semblent quand même avoir pris leur pied et s’être même amusés. Faut dire que le groupe communique et ne se prend pas trop au sérieux.

Des Nuits québécoises un peu décevantes, donc. Tout d’abord, parce que j’ai raté la prestation de Karkwa, assisté à un show brouillon de Malajube et n’ai dû me contenter que d’un set qui a surtout valu pour son originalité, en fin de soirée. C’est déjà ça !

Taï

Nuit Québec : Malajube + Karkwa + Dutchess Says

Organisation Botanique


Soirée placée sous le signe de l’electro-pop ce mardi 12 mai aux Nuits Botanique. Le chapiteau accueillait une valeur sûre du genre, Metronomy, ainsi que deux nouveaux espoirs : les Français de Naïve New Beaters et les Canadiens de We Are Wolves (NDR : cette review ne concerne que sur ces deux derniers).

Aussi bien habillés et coiffés que des stars du hard rock circa années ’80, les Français de Naïve New Beaters sont apparus sur la blogosphère il y a près d’un an en commettant leur tube « Bang Bang ». Depuis, ils errent sur les scènes d’Europe en quête d’attention. Ils sont, en tout cas, parvenus à conquérir celle des Belges, grâce à leur mélange de nu-rave, de pop électronique syncopée, d’un peu de rap et d’humour implacable. D’ailleurs, pour amuser la galerie, David Boring, l’interprète de la bande, effectue quelques pas de danse qui ne sont pas sans rappeler ceux de Lovefoxxx (CSS). Le dénommé EuroBelix, chargé de la table de mixage, délaisse très vite son ‘instrument’ pour aller rejoindre à son camarade. Le public ne le verra toucher à sa console qu’une toute petite vingtaine de fois, pour des réglages très mineurs. Pratique, la bande son ! Apparemment conquis, l’assistance réclame un rappel, obtenu au bout de quelques secondes. Le temps d’un dernier morceau extrait de leur premier opus, « Wallace », le trio s’emballe en se lance dans une nouvelle chorégraphie ridicule mais hilarante.

C’est ensuite au tour des Canadiens de We Are Wolves de monter sur scène. Le trio porte une sorte de panneau étrange au-dessus de la tête. Imaginez une tête de mort de couleur noire décorée de petits triangles (NDR : jaunes !) Un visuel intriguant. Et leur musique l’est tout autant. We Are Wolves pratique un post-punk aux accents electro, survolé d’un rien de noise. Que l’on y adhère ou pas, le moins que l’on puisse dire est que le combo ne manque pas d’énergie et de puissance. La même que l’on retrouve sur leurs elpees « Non-Stop Je Te Plie En Deux » et « Total Magique ». Le set, agrémenté d’un petit cours d’expressions québécoises, s’achève d’ailleurs sur leur single en français dans le texte, « Magique ». Sympa, sans plus.

Redouane Sbaï

We Are Wolves + Naïve New Beaters

Organisation : Botanique.

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Originellement programmé ce mardi 12 mai à la Rotonde, le phénomène francophone du moment, Cœur de Pirate, pousse les portes de l’Orangerie dans une salle comble et surchauffée.

Fille de la cyber-génération, Béatrice Martin fait partie de ces artistes qui ont bénéficié de l’explosion de la bulle internet. Les pionniers du genre étaient Arcade Fire et Clap Your Hands Say Yeah, faut-il vous le rappeler.

Phénomène hype/internet ou véritable artiste ? Il reste au « Jack Sparrow » du Saint-Laurent à démontrer son savoir-faire sur les planches. Qu’elle nous convie enfin à l’oubli salutaire de ce clonage inévitable de chanteuses québécoises gueulardes (Dion, Boulay, Lemay…) qui envahissent nos ondes et notre espace cathodique depuis trop longtemps.

A priori, le produit marketing tient la route. Un nom de scène ingénu, des textes (faussement) naïfs, une voix d’enfant, un visage d’ange. Des airs guillerets, libres et légers. Bienvenue dans le monde de Casimir !!! Cœur de Pirate véhicule désormais une image.

Etrangement, ce concept ingénieusement fleur-bleue fonctionne et touche le cœur des hommes et des femmes de 8 à 88 ans. Un vrai carton dès son arrivé dans l’Hexagone !!! Après un énorme buzz sur MySpace et une première partie de Benjamin Biolay aux Francofolies de Montréal, la jeune Canadienne de 19 ans signe sur le label indépendant québécois Grosse Boîte. Ensuite, très rapidement, chez Barclay/Universal Music France.  

Internet propulse souvent trop rapidement les jeunes artistes sur le devant de la scène. L’expérience se révèle parfois douloureuse. Rappelons-nous les New-yorkais de Clap Your Hands Say Yeah qui, après avoir sorti une galette de qualité, nous livraient des prestations scéniques vides d’expérience et assez médiocres. Cœur de Pirate passe l’épreuve avec brio.

21h00 pétantes, le cœur de Béatrice Martin s’ouvre sur le long du large dans une Orangerie pleine à craquer. Accompagnée du guitariste/violoniste Manu Ethier, elle nous offre 13 fleurs sonores dont deux nouvelles compos (« Place de la République » et « Loin d’ici »). Une heure de concert pour exposer son talent d’auteur-compositeur et de pianiste.

Grâce à ses chansons à fleur de peau qui pleurent en émotions et à un sentimentalisme habilement simpliste, Béatrice Martin parvient à transmettre à la perfection ce spleen doux-amer de l’adolescence qui habite chacun de nous. Une ivresse contagieuse de folie et de légèreté qui nous parle au corps. L’espace d’un instant, elle entrouvre à nouveau l’âge ambigu de l’entre-deux où s’entremêlent et se succèdent, parfois sans transition, des abîmes d’angoisse et cette peur de soi, des autres et du vide si caractéristique. Puis cette insoutenable légèreté de l’être, cette spontanéité irrésistible de l’enfance. Et ça fait mouche ! Redoutable profondeur de la frivolité ! 

Le concert est parsemé de longs intermèdes musicaux au cours de laquelle elle s’amuse à dialoguer avec le public. Sereine, elle se livre à un show interactif qui déride rapidement l’audience bruxelloise. Béatrice s’amuse sur un ton folâtre et espiègle à raconter le fil de sa vie sentimentale d’adolescente. Croquignolet mais, somme toute, fort peu passionnant. Elle donne davantage l’impression de meubler pour faire oublier son pauvre répertoire. Elle avouera d’ailleurs lors des rappels, avec beaucoup d’autodérision, qu’elle se trouve à court de morceaux. Le public surchauffé de l’Orangerie pressera le valeureux petit pirate qui avait prévu un seul rappel à braver la foule. Elle poussera maladroitement la chansonnette pour 3 reprises (« Umbrella » de Rihanna, « Les bords de mer » de Julien Doré et « I kissed the girl » de Katty Perry).

Après un gros buzz MySpace et un passage sur l’émission de Frédéric Taddeï (‘Ce soir ou jamais’ sur France 3), Loane se fait connaître du grand public et rentre très rapidement dans la grande famille des nouvelles chanteuses françaises (Pauline Croze, Ariane Moffatt, Camille, Karen Ann…) La jeune Parisienne sera ensuite signée sur EMI France.

La première partie s’ouvre sur un décor sobre au fond de scène drapé d’un tissu rouge face à une Orangerie bien garnie et réceptive. Loane, accompagnée du guitariste Philippe Bégin, nous livre une poésie touchante. Textes glamour et sulfureux. Néanmoins, une certaine redondance rend l’ensemble langoureusement ennuyeux. Il y manquait un petit supplément d’âme.

Eric Ferrante

Cœur de Pirate + Loane

Organisation Botanique



Franchement, à 20h20, je me demandais si je n’allais pas rebrousser chemin. A l’instar de Taï, votre serviteur était donc également englué dans ces fameux embouteillages. En fait, il s’agit surtout d’un manque de jugeote des responsables de l’infrastructure autoroutière flandrienne, puisque l’autoroute A8, dans le sens Tournai-Bruxelles, avait été purement et simplement fermée juste avant Bierghes ; et les véhicules étaient invités à prendre la sortie pour emprunter la nationale avant de remonter sur la voie rapide à hauteur de Halle (NDR : un bon conseil, si vous devez emprunter cet itinéraire, renseignez-vous !) Jusque là pas de quoi polémiquer. Par contre, il n’y avait pas le moindre panneau de signalisation pour prévenir cette situation. Pourquoi ne pas avoir pensé à les inviter, par exemple, à sortir plus tôt de cette autoroute. Sabotage ? Résultat des milliers de voitures et de camions se sont retrouvés agglutinés dans des kilomètres de bouchon (NDR : vitesse calculée 3km/heure). On se serait cru à hauteur de Vienne ou d’Orange en pleine période estivale, sur l’autoroute du Soleil, en France…

Finalement, la raison l’a emporté. La qualité et l’originalité du spectacle ont également poussé notre obstination ; et malgré le retard enregistré, nous ne l’avons pas regretté. Arrivée donc au Cirque Royal vers 20h55, pour assister à la seconde édition du ‘Babel Live : Music Unlimited’, un projet musical dépassant les catégories et mettant en musique tous espaces géographiques et toutes périodes confondues en une perspective originale et séduisante (NDR : c’est dans la bio !)

On débarque donc alors que les dix-neuf chanteurs du groupe vocal montois Les Rolandins interprètent une œuvre de Roland Lassus. On retient son souffle face à ces polyphonies, même la quarantaine de musiciens issus de territoires musicaux aux antipodes les uns des autres. Veence Hanao vient alors déclamer son slam intimiste, mais aussi réaliste que douloureux, sur le Quintette à deux violoncelles de Franz Schubert. Place ensuite au tango argentin d'Astor Piazzolla, voyage musical sensuel et chorégraphique opéré dans l'Argentine des années vingt, interprété par Delphine Gardin, la vocaliste de Moonson. C’est alors que va se produire un des moments les plus forts de la soirée. Le groupe britannique Tindersticks investit les lieux. Et la rencontre entre le baryton profond de Stuart Staples et l’orchestre symphonique, enrichi pour la circonstance d’un trompettiste qui se mue ensuite en saxophoniste, fait absolument merveille. Gustavo Beytelmann improvise au piano et soutient de nombreux artistes dont la chanteuse d'origine berbère et touareg Hindi Zahra. Sa voix chaude et orientale, métissée de jazz et de folk est soutenue par les accords en picking de son guitariste. Pour lier la sauce, le compositeur et interprète mexicain de musique électronique Murcof balance ses intermèdes atmosphériques. Et puis entre les deux plateaux, quatre musiciens –un guitariste, un accordéoniste et surtout deux percussionnistes, dont un xylophoniste– participent, suivant l’orientation de l’expression sonore, à la fête. Ce sont d’ailleurs ces deux derniers qui vont déclencher l’hilarité de la salle en nous accordant un combat de percus particulièrement original et explosif. Juste avant que l’on entre dans la phase la plus classique du concert. Sous la houlette de Jean-Paul Dessy, l’orchestre va se lancer dans une interprétation du Concerto Brandebourgeois n°5, Premier mouvement de Jean-Sébastien Bach, absolument vertigineuse. Au beau milieu, la claveciniste japonaise Momoyo Kokubu, va nous donner un aperçu de son talent, avant de rejoindre l’Ensemble Musiques Nouvelles pour participer à ce final grandiose, en y apportant son concours sur un clavier aux sonorités insolites. Standing ovation ! Et franchement, c’est amplement mérité.

Un regret, n’avoir pu assister à l’ensemble de ce concert. La prochaine fois, on prendra le train. Si la SNCB n’est pas en grève…

Flashback : en 1998, Daniel Schell avait déjà mis sur pied un spectacle destiné à supprimer les barrières entre les différents styles musicaux : le ‘Clic music festival’. Sous une forme plus minimaliste, c’est vrai ; plus proche de la musique de chambre, de la world et du jazz, il faut le reconnaitre. D’accord, à cette époque, il y avait plus de monde sur les planches que dans la salle ; mais l’expérience tentée méritait d’être rappelée. Et quelque part ce ‘Babel Live : Music Unlimited’ en est un prolongement idéologique. Seule différence, mais elle est de taille, la formule fonctionne. A cet égard, on ne peut que féliciter tous les acteurs de ce projet qui a dû exiger un travail colossal pour aboutir à un tel résultat. Proficiat !

Babel Live : Music Unlimited

Bernard Dagnies

Org : une coproduction de l'Ensemble Musiques Nouvelles, de Musiq'3 et du Botanique.

(Voir également notre section photos)

 

 

Les Nuits Botanique 2009 : dimanche 10 mai

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Deux formations à la hype grandissante se succédaient ce 10 mai à la Rotonde du Botanique. Au menu : Telepathe et Rainbow Arabia. Le public en mal de découverte semblait, à première vue, bien servi… A première vue seulement.

Rainbow Arabia est responsable d’une alliance atypique entre musique orientale et electro. La formule, dispensée sur leur premier Ep, « The Basta », passe plus ou moins bien la rampe. Tandis que la salle se remplit peu à peu, quelques courageux s’aventurent devant le podium pour y effectuer quelques mouvements timides. La voix particulière de Tiffany Preston, à la Siouxsie, plane sur les samples et bidouillages d’un Danny Preston accoutré comme un inspecteur Clouzeau. Pas le moindre sourire mais leur musique fait le travail à leur place. Charmant, sans plus.     

Comment tuer un buzz dans l’œuf ? Les deux filles de Telepathe auront probablement la réponse à cette question au terme de la promo de leur premier essai. Ouvrant son set par « Chrome’s On It », le premier ‘tube’ de leur opus « Dance Mother », le duo originaire de Brooklyn s’élance dans une succession de morceaux sans relief. La sauce ne prend à aucun moment et les filles semblent tellement concentrées sur leurs instruments qu’elles ont l’air d’oublier la présence des spectateurs. Busy Gangnes n’a pourtant pas l’air de faire grand-chose sur sa console. Sa tentative de rapprocher le public assis en fin de set se soldera sur un échec retentissant. A la sortie, les commentaires négatifs vont bon train, tous sur une variante du terme ‘nullissime’… David Sitek (TV On The Radio) s’était complètement planté, en bossant sur le dernier album de Scarlett Johansson. Il perd à nouveau un point.

Telepathe + Rainbow Arabia

Organisation : Botanique       

Les Nuits Botanique 2009 : samedi 9 mai

Ce samedi soir, la Rotonde invite trois groupes de nationalité différente (Italie, France, Angleterre), mais aux influences sensiblement communes.

Jennifer Gentle est le premier groupe italien signé sur le célèbre label de Seattle, Sub-Pop. Le trio italien ouvre timidement les hostilités. Faut dire que le public est amorphe. Quoiqu’ouvertement inspiré par Syd Barrett, leur folk psychédélique ne brille pas par son originalité. Résultat des courses : le concert ne décolle jamais et passe plutôt inaperçu.

John & Jehn fait son cinéma, et ça marche ! Les french-lovers dandys exilés à Londres nous immergent subrepticement au sein d’un univers sombre. Atmosphère éclipsée par des stroboscopes aveuglants qui plongent le spectateur dans les eaux troubles et glauques d’un bon film noir et blanc. Comme le décor granuleux d’un film de Cassavetes, l’image s’imprime sur la scène de la Rotonde.

Elle, Camille Berthomier, clavier, voix, basse. Lui, Nicolas Congé, chant, guitare, basse. Le couple, à la ville comme à la scène, affiche une attitude sombre, stylisée et sensuelle. A l’image de The Kills, le couple s’harmonise ; le son et les voix s’épousent, s’entrelacent, fusionnent en pop.

On notera cependant quelques imperfections sonores (voix parfois décalées…) Une maladresse savamment concertée (‘Une façon de faire sans calculer’) héritée de Lou Reed et du Velvet Underground. Les longs intervalles silencieux entre les morceaux trahissent une certaine désinvolture et témoignent d’un manque d’expérience. ‘On a tout composé vite, on s’en souvient même plus’ et… ça s’entend !

Malgré les influences évidentes du Velvet Underground et de Joy Division, John & Jehn parviennent à créer leur propre monde musical. Minimaliste et puissant. Une musique magnétique et sensuelle affichant un romantisme désabusé. Un rock garage crasseux aux riffs qui montent en colère pour atteindre le larsen et parfois effleurer la noisy. Intelligente fusion soutenue par une boîte à rythmes omniprésente et efficace.

Hormis quelques imperfections de jeunesse, John & Jehn est indéniablement un groupe en devenir.

Anciens membres du groupe Bikini Atoll, le duo londonien Joe Gideon & The Shark est remarqué en 2002 par l’ancien membre de Cocteau Twins, Simon Raymonde. Ce groupe est partagé entre le chanteur/guitariste Joe Gideon et sa sœur Viva, multi-instrumentiste jouant parfois de 2 ou 3 instruments en même temps.

Sobrement et intimement installés sur le podium, lui, côté jardin, légèrement en retrait ; elle, côté cour, en lisière de scène, les acteurs nous offrent une stupéfiante tranche d’introspection. Des mélodies belles et évanescentes. Joe Gideon parle voyage et nous raconte de sa voix chaude et grave quelques éclats de vie, avec une langueur hypnotique. Au même titre que ses légendaires prédécesseurs, Lou Reed et Jonathan Richman, Joe Gideon s’élève en narrateur et en songwriter efficace.

La matière musicale nous offre un post-rock brouillonnant et subtil. Une musique incontestablement héritée de Nick Cave mais aux arrangements originaux  souvent produits par Viva qui communique une saveur indescriptible à la formation.

Sans éclipser les talents d’auteur-compositeur de Joe, l’originalité du groupe procède principalement de la présence de Viva (The Shark). Une véritable femme-panthère orchestre au charisme impressionnant. Main droite sur le clavier, main gauche fouettant la caisse claire, elle clôture le set par « Anything you love that much you will see again ».

Deux rappels percutants pour un final aux guitares saturées et aux percussions explosives qui sillonnent encore les murs de la Rotonde.

Joe Gideon & The Shark, une expérience musicale à vivre.

Joe Gideon & The Shark + John & Jehn + Jennifer Gentle – Rotonde (Botanique)

(Voir photos dans la rubrique ad hoc)

Eric Ferrante

Organisation Botanique

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Ce 9 mai, les Nuits proposaient, au cœur du Cirque Royal, une soirée aux accents 100% ‘folk’. Au programme, un menu très équilibré. D’abord Laura Marling, une entrée découverte pour ouvrir l’appétit. Ensuite Phosphorescent, un plat principal placé sous le signe de la révélation. Et enfin, Andrew Bird. Une valeur sûre à dévorer comme plat de résistance.

La salle est honnêtement investie lorsque Laura Marling monte sur scène. La blonde est accompagnée d’une violoncelliste. Ensemble, elles retournent le folk dans tous les sens, passant de compos alt-country au fameux anti-folk, sans la moindre transition. En interprétant une de ses compos, Marling est au bord de l’étouffement ; mais heureusement, il reprend rapidement ses esprits (NDR : et son souffle), en affichant un grand sourire, comme si de rien n’était. Un 10/10 pour l’effort mais ses chansonnettes un peu trop conventionnelles n’emballent pas complètement.

Pas beaucoup plus de monde pour Matthew Houck, alias Phosphorescent. Après deux prestations inoubliables à l’ABClub, le gentil barbu revient à Bruxelles flanqué de trois musiciens. Et c’est ici que le bât blesse. Ses prestations en solo sont de celles qui vous prennent aux tripes. Quelle déception, donc, de voir un Phosphorescent un peu détaché et essayant tant bien que mal de paraître à l’aise dans une salle d’une telle envergure. Quant à la dimension minimaliste de sa discographie, elle est tout simplement anéantie par ses trois camarades. Phosphorescent était le projet d’un seul homme et aurait manifestement dû le rester.

Une petite demi-heure plus tard, Andrew Bird monte sur les planches et tente de sauver les meubles. L’homme retire ses chaussures et démarre son show seul, entouré de machines à loops. Une première partie de set impeccablement ficelée. Rejoint ensuite par ses musiciens, le Chicagolais parcourt tranquillement sa discographie, le dernier « Noble Beast » en tête. « Why ? », « Fake Palindromes » et autres « Laura » porteront le coup de grâce à un set riche et captivant. Andrew Bird saved the day…

Andrew Bird + Laura Marling + Andrew Bird – Cirque Royal

Redouane Sbaï

(Voir également notre section photos)

Organisation : Botanique

Les Nuits Botanique 2009 : vendredi 8 mai

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Ce vendredi 8 mai, les Nuits Botanique réitéraient l’expérience du ticket unique donnant accès à toutes les salles. Au programme : Das Pop, Metric, Art Brut, Austin Lace, Get Well Soon et 8 autres formations. Une soirée sympathique placée sous le signe de la découverte.

A 20h, le coup d’envoi de la soirée est envoyé à la Rotonde par The Phantom Band, quintet écossais pratiquant un indie rock trippant. Deux pelés et trois tondus assistent au début d’un concert qui, après quelques minutes, s’avère un peu plat. Peut-être la formation n’était-elle pas satisfaite de se produire devant un public aussi peu nombreux ?

Dans l’Orangerie, les Sud-Africains de Dear Reader réussissent un peu mieux leur passage sur scène. La pop doucereuse du trio est enrichie par les interventions au violon de Verena Gropper, la violoniste de Get Well Soon, l’espace de quelques chansons. Le résultat est plutôt gentillet, mais le public semble suivre inconditionnellement.

Direction le musée, rebaptisé ‘grand salon’ à l’occasion des Nuits. A juste titre. La salle est méconnaissable et surtout très confortable. Des tapis jonchent le sol et les jolis cadres de l’installation d’Ez3kiel enjolivent les murs. Au milieu de la salle, Broacast 2000 poursuit tranquillement son show, encerclé par un public lové dans les fauteuils mis à sa disposition. Très cosy. Les ritournelles acoustiques de la formation menée par Joe Steer se prêtent à merveille à l’atmosphère des lieux. Le quatuor, seul à jouer dans le salon ce soir, se permet un set d’une petite heure. Steer parcourt son « Building Blocks » et ses nouvelles compos sans se presser. Il a la bonne idée de rejouer, pour les retardataires, deux morceaux interprétés en début de concert devant un auditoire plus restreint. Quelques fausses notes perturbent le spectacle mais le jeune homme et ses comparses ne se laissent pas démonter, enchaînant la suite très dignement. En fin de parcours, Broadcast 2000 ne se fait pas prier et se réinvite pour un petit rappel constitué d’une reprise inattendue du « Like I Love You » de Justin Timberlake. Carrément mieux que l’original ! Une des meilleures découvertes de cette soirée.

La mauvaise idée de la soirée : programmer Art Brut dans l’Orangerie. Surtout lorsque les obscurs Official Secrets Act n’attirent pas les foules sous le Chapiteau, au même moment. Les Londoniens menés par un Thomas Burke au teint livide et à la voix aiguë ne semblent en effet pas faire l’unanimité. Le public présent aurait facilement pu tenir dans la Rotonde qui, elle, est pleine à craquer pendant la prestation d’Austin Lace.

Idem à l’Orangerie donc, où Art Brut présente un show costaud, aux limites du punk. Le son aussi est punk… La voix d’Eddie Argos est tout simplement noyée sous les riffs des deux guitaristes. Ce qui gâche un peu la performance.

Pas de problème de son par contre pour Austin Lace qui, en fin de parcours enchaîne ses singles. L’ambiance, déridée par la présence de l’amusant clown dansant au masque rouge, est la plus décontractée de la soirée. Le public a la banane tandis que la formation s’essaie à la reprise du « Over & Over » de Hot Chip.

Les fantaisies de Metric contrastent avec la douceur de Get Well Soon. Ces derniers prennent possession de l’Orangerie pour un show limpide et alcyonien.

Une belle tranche de ballades pop à laquelle Emily Haines ne peut se mesurer. Vêtue d’une petite robe à paillette, la chanteuse de Metric sautille dans tous les sens et danse comme une gourde. Un petit light-show stroboscopique plus tard, la formation entame « Help I’m Alive », son dernier single. Ce à quoi on lui répond gentiment, ‘Help, I’m Bored’…

Das Pop + Metric + Official Secrets Act. + Baddies + The Asteroids Galaxy Tour + Get Well Soon + Art Brut + Dear Reader + Au + Brakes + Austin Lace + The Phantom Band + Broadcast 2000

Organisation : Botanique.

Les Nuits Botanique 2009 : jeudi 7 mai

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Deux formations américaines se produisaient le deuxième jour, dans le cadre de l’édition 2009 des Nuits Botanique : Grails et Woven Hand. Pas au Bota, mais au Cirque Royal. Un fameux changement de style par rapport à celui que Beirut avait entretenu la veille, en ouvrant le festival. Après le folk réputé pour ses vertus slaves, tsiganes et mariachis de la bande à Zach Condon, Grails et surtout Wovenhand promettaient un climat plus sombre.

A 20h00 pile, le quatuor de Portland monte les planches. Il est venu présenter son dernier album « Doomsdayer’s Holiday ». En tournée, leur line up est complété par un drummer/percussionniste et un claviériste. Ces deux membres subsidiaires rejoignent rapidement le bassiste et les trois gratteurs (NDR : deux électriques et une acoustique). Instrumentale, leur solution sonore trempe dans le post-métal ambiant. A charge pour le claviériste de nous aider à pénétrer dans leur univers, de ses nappes atmosphériques. Car au bout de trois morceaux, le multi-instrumentiste, Emil Amos, passe derrière les fûts. Et il frappe dur. Impressionnant ! Une puissance qui va atteindre son paroxysme lors des trois compos issues de leur dernier elpee. Après un détour par la soul et le rock progressif, le set s’achève dans un climat davantage percussif. Et pour cause, Emil a repris les sticks. 45 minutes pus tard, les Grails peuvent se retirer. Leur prestation a été convaincant ; même si une partie du public ne semblait pas partager mon point de vue. Une chose est sûre, leur spectacle n’a pas laissé indifférent…        

On a à peine le temps de prendre l’air ou/et de se désaltérer que David Eugene Edwards fait son apparition. Sous les acclamations de la foule, il faut le souligner. Chaussé de santiags, il est vêtu d’un jeans et d’une chemise de bûcheron. Il a accroché ses cheveux à l’aide d’un foulard. Ce personnage charismatique s’installe au beau milieu de la scène, sur une chaise. Il n’en décollera, de la soirée, que pour changer de guitare et en fin de parcours, saluer l’audience. Il est soutenu par Pascal Hubert à la basse et Orry Harrison à la batterie. Dès les premières notes du set, on est plongé dans le Sud profond. La voix si caractéristique de l’ex-leader du défunt 16 Horsepower communique déjà le frisson. Elle suscite même parfois une forme d’angoisse. La réverb produite par un de ses micros apporte de la profondeur aux compos. Il chante ses lyrics comme si sa vie en dépendait. Il gesticule tout en demeurant sur son siège, et mimant ce qu’il veut faire ressentir. Les sonorités de sa guitare sont grasses et malsaines. Ce qui n’empêche pas le groupe d’enchaîner les morceaux un à un avec une élégance impressionnante.

Lors de ce concert, Wovenhand a privilégié les compos issues de ses anciens albums, ne réservant finalement que trois titres de « Ten Stones », dont l’excellent « Not one stone ». Après une bonne demi-heure, Hubert et Harrison se retirent en coulisses. Le temps de permettre à Eugene d’attaquer en solitaire, un morceau au banjo ; instrument qu’il reprendra un peu plus tard, mais flanqué de ses deux comparses. Au bout d’une heure de spectacle, le trio vide les lieux ; mais en prenant soin de laisser courir un sample réminiscent de chants indiens d’Amérique (NDLR : des Sioux ?), dont les esprits rôdaient peut-être autour de nous…

De retour assez rapidement, Wovenhand ne va consacrer qu’une seule chanson au rappel. Applaudissements nourris et mérités. Un bémol ? Le volume excessif diffusé par les hauts parleurs. Difficile de bien discerner toutes les subtilités de leur musique, lorsqu’on est noyé sous les décibels ; mais également de savourer pleinement la superbe voix du natif d’Englewood (NDR : c’est dans le Colorado !)…

Grails + Woven Hand

(Organisation Botanique)

Polsslag 2009 : samedi 2 mai

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Polsslag, 2e édition, 1re visite. Depuis l’an dernier les organisateurs du Pukkelpop se sont mis en tête de mettre sur pied un festival d’une journée qui serait, en quelque sorte, un avant-goût de la version estivale de l’événement. A quelques jours des Nuits Botanique, le Polsslag est l’occasion rêvée de se remettre dans le bain, mode festival.

Voyager avec la SNCB est toujours un vrai plaisir. Concédant une vingtaine de minutes de retard au démarrage, le train arrive à destination, tout naturellement, après l’heure prévue. Quelque peu déçu de n’avoir pu assister au concert de Buck 65, qui ouvrait les hostilités, je me laisse porter par une navette spécialement affrétée par les organisateurs pour amener la petite bande de jeunes surexcités vers le Grenslandhallen.

Le site est réparti en quatre salles (Marquee, Club, Dance Hall & Boiler Room) et une zone ‘chill-out’. Après un tour d’horizon rapide, histoire de repérer l’entrée de chaque enceinte, je passe au côté pratique : vestiaires et tickets boissons. Super, les organisateurs n’ont pas oublié l’aspect ‘festival’ de leurs tarifs ! Il en coûtera donc au public 5€ pour se débarrasser d’un vêtement, aussi petit soit-il ; et 2,25€ pour se désaltérer…

Place ensuite aux choses sérieuses. Un son familier s’échappe du Marquee. Bloc Party fait une apparition surprise ? Pas vraiment. Il s’agit plutôt de la relève : Delphic, formation mancunienne ayant justement accompagné la bande à Kele Okereke durant leur tournée européenne. Le concert semble toucher à sa fin mais le combo n’a pas l’air très enthousiaste.

Une bonne raison pour aller voir se qui se trame du côté du Club. Les Australiens de The Temper Trap prennent d’assaut la petite salle située juste en face de l’entrée principale. Amorcée par des sonorités tribales prometteuses, la solution sonore tombe assez rapidement dans une soupe pop punk inintéressante.

Un petit détour par l’énorme Dance Hall achève la ronde des prestations moyennes. Stijn est parvenu à rameuter du monde ; mais les gambettes du public ne commencent à trembler que quelques instants plus tard, moment choisi par The Juan MacLean pour prendre possession des lieux.

N’est pas James Murphy qui veut, mais John MacLean parviendrait presque à nous en donner l’illusion. Comme en recrutant Nancy Whang, membre de LCD Soundsystem, pour pousser la chansonnette sur plusieurs morceaux de son dernier recueil, « The Future Will Come ». La prestation s’ouvre d’ailleurs par l’excellent « No Time », extrait de la nouvelle plaque. Les images diffusées sur l’écran géant disposé à l’arrière du podium sont carrément tripantes et se marient à la perfection aux tubes « Give Me Every Little Thing », « One Day » ou encore « Tito’s Way ».

Une petite demi-heure peu plus tard, les quatre Dj’s de Birdy Nam Nam leur succèdent au même endroit. On ne m’avait dit que du bien du quatuor ; mais, au vu d’un début de parcours assez plat, on finit par se demander s’il n’aurait pas été préférable d’assister à un des shows de la formation, à ses débuts. Les extraits de leur nouveau bébé, « Manual For A Successful Rioting », pourtant pas entièrement médiocres, se suivent et se ressemblent presque.

Une belle déception relevée par le splendide set de Shearwater. Relégué sur la petite scène du bruyant Club, les Texans ont délivré un set impeccable en tous points. La voix puissante et parfois bouleversante de Jonathan Meiburg et les mélodies aussi sublimes que mélancoliques sont responsables de cette jolie surprise.   

Au top des 21h, il y a à boire et à manger sur les différentes scènes du Polsslag. Sous le Marquee, The Von Bondies est venu présenter son excellent nouveau disque, « Love, Hate, And Then There’s You ». Une excellence que le combo n’arrive pas à reproduire aussi bien sur les planches. Il faut avouer que le son, plutôt moyen, ne jouait pas vraiment en leur faveur.

Le contraire est en train de se produire du côté du Dance Hall. Dizzee Rascal et son crew font tout péter. Le rappeur entame son show par une version explosive de « That’s Not My Name » des Ting Tings avant de parcourir de la même manière ses tubes de « I Luv U » à « Dance Wiz Me » en passant par le sautillant « Stand Up Tall ».

Changement radical d’ambiance au Club. Plongé dans l’obscurité, Fever Ray envoûte la masse sur les extraits du recueil éponyme. Karin Dreijer Andersson et son backing band sont affublés de costumes bizarroïdes, à l’image des vidéos de la formation. Les versions live de « If I Had A Heart », « Keep The Streets Empty For Me », « Triangle Walks » ou « When I Grow Up » font véritablement froid dans le dos. Mission accomplie, donc.

Vers 22h30, une inquiétude commence à se lire sur les visages des spectateurs, dispersés au sein du Marquee. Peter Doherty aurait dû être sur scène depuis 5 minutes. Viendra, viendra pas ? Un présentateur débarque sur scène et empoigne le micro pour tenter de rassurer la foule. En fait, Peter Doherty n’est pas encore arrivé. La bonne blague… Ce sont donc les Yeah Yeah Yeahs, programmés en clôture sur cette même scène, qui se produiront à sa place vers 23h. Le gentil monsieur rassure néanmoins les fans du bad boy en leur promettant qu’il se produira bien vers 1h. Karin O et ses compagnons débarquent donc quelques minutes plus tard pour y présenter « It’s Blitz ». Le show est très sage et la demoiselle enchaîne les morceaux sans trop se fatiguer. Les versions live de « Heads Will Roll », « Skeletons » ou « Zero », entrecoupées de vieux morceaux comme « Maps », « Gold Lion », Pin et Dance With The Night, sont fidèles à celles du recueil. Pas transcendant pour un sou. Ce qui n’empêche pas le public de passer tout de même un bon moment.

Le duo Fischerspooner ne m’avait pas laissé un très bon souvenir lors de sa visite à Dour il y a quelques années. Prétentieux et hautain, Casey Spooner avait réussi à saboter sa propre prestation, faisant fuir une bonne partie de l’assistance. Il change la donne cette fois en offrant un show digne de ce nom au public du Polsslag. Accompagnée de trois danseuses et d’un danseur aux tenues ridicules, la formation a réussi à marquer un point grâce à une véritable performance mêlant les beats de « Danse En France », « Just Let Go », « The Best Revenge » ou « A Kick In The Teeth » à un spectacle visuel parfaitement coordonné. Pas le temps d’attendre « Emerge », le suspense me rend trop nerveux. Verra-t-on vraiment la poule aux œufs d’or des tabloïds anglais ce soir ?

Surprise, Peter Doherty monte sur les planches à 1h pile comme annoncé un peu plus tôt. L’homme se lance seul dans un set acoustique plutôt agréable. Durant quelques morceaux il sera même entouré de deux danseuses vêtues de tutus à l’effigie du drapeau britannique. Doherty parcourt son premier disque solo, « Last Of The English Roses » en tête. Il fait également plaisir aux fans de la première heure en offrant un morceau inattendu, tiré de la très courte discographie des Libertines, « What A Waster ». Le concert tient la route ; et on pardonnerait presque au bonhomme son manque de ponctualité.

Au Dance Hall, les prestations de Booka Shade et Tiga s’enchaînent. La seconde plus tapageuse que la première. Mais elles paraissent bien pâles en comparaison de celle accordée par Crookers, dans la Boiler Room. Le nom de la salle, remplie à craquer, prend tout son sens. A peine y pénètre-t-on que l’on est soufflé par la température ambiante. Il doit faire au moins trente degrés. Centigrades, of course. Et on se les prend en pleine poire. Le sauna inopiné doit son climat tropical aux mouvements frénétiques provoqués par le set volcanique du duo qui enchaîne les rythmes rugissants et putassiers à une allure folle. Leur collaboration au « Day’n’Nite » de Kid Cudi, le tube « Knobbers » ou les terribles « MadKidz » et « Sveglia » constituent quelques uns des moments forts d’un show qui aura fait trembler le bâtiment.

La soirée touche presque à sa fin mais il est temps de mettre les voiles. L’édition 2009 du Polsslag, sans être exceptionnelle, aura donc compté quelques bonnes surprises que l’on espère bien revoir lors de la prochaine édition du Pukkelpop.

Domino 2009 : mardi 13 avril

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Le projet Domino invite, chaque année, des artistes atypiques et innovateurs sur la scène de l’Ancienne Belgique. Ce festival a notamment programmé les premiers concerts indoor de groupes comme The Mars Volta, Battles, Sigur Rós, Múm… Il a également contribué à la consécration d'artistes comme Joanna Newsom, Soko, LCD Soundsystem, Jamie Lidell, Emiliana Torrini ou encore CocoRosie. Pour sa 13ème édition, le festival marque un grand coup en invitant les inclassables Allemands de Notwist venus présenter leur dernier opus.       

Grâce à ce sixième album « The Devil, you+me », Notwist nous démontre qu’il compte, incontestablement, parmi les groupes les plus expérimentaux et créatifs de la scène Indie Pop du XXIème siècle. Sombrement lyrique, somptueusement hypnotique, le quatuor bavarois nous offre une pop qui frissonne encore d’ondes électroniques. Jonglant sans cesse avec les sonorités les plus diverses (pop, rock, électro, jazz…), les auteurs effacent avec une habileté surprenante les lignes de clivage des influences musicales. La collision des sons est jugulée, la substance sonore distillée savamment, le diamant et l’or blanc, l’améthyste et l’argent se cisèlent d’eux-mêmes, s’éclairent et s’harmonisent.

Six ans après le cultissime « Neon Golden » et une prestation scénique restée dans les mémoires, le groupe allemand irradie de nouveau les planches de l’Ancienne Belgique.

21h20, Notwist ouvre délicatement son écrin pop par le mélodieux « Boneless », le narcotique « Where in this world » et le magnifique « Gloomy Planets ». Vient ensuite une séquence électro en bourrasque qui nous dévoile l’étendue du talent de compositeur de Martin Gretschmann (Aka Console). « Neon Golden » et « Gravity » entrent alors par effraction dans la salle de l’AB et effacent délicatement les guitares. Le voyage électronique commence et nous plonge dans un univers de sons d’une pureté enivrante.

La gifle électro-pop s’élève à un degré de saturation parfaitement contrôlé et justement dosé. Cette playlist savamment orchestrée se referme en douceur sur l’excellent « Good Lies ». La fièvre retombée, les frères Archer nous livrent un copieux double rappel plus mélodique qui s’éteint sur le merveilleux « Consequence », laissant ainsi le public émerger peu à peu dans la réalité et repartir les nerfs à fleur de pop.

Inutile de préciser que le défi studio/scène relevé par les frères Archer du très expérimental « The devil, you+me » a été magistralement réussi. Soufflant !

The Notwist à l’Ancienne Belgique restera vraisemblablement l’un des meilleurs concerts de l’année 2009.

The Notwist

Organisation Ancienne Belgique

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