Après une première journée sans répit, on reprend nos esprits. Mais à voir ce qui nous attend, on n'est pas encore sorti de l'auberge... (R.S.)
A peine endormi qu'il faut y retourner. Pas de temps à perdre. Archie Bronson Outfit ouvre le bal à 11h30. Ouf ! Le ciel est toujours aussi clément que la veille. On court donc vers la Marquee en maudissant le mec de la tente de droite et ses ronflements incessants. Sans oublier les deux pipelettes de celle de gauche (mais non, Max et Nico, je ne parle pas de vous. Quoique…) Archie Bronson Outfit ou le repas le plus important de la journée. Une bonne dose de « Cherry Lips », un délicieux bol de « Dead Funny » et quelques gouttes de « Dart For My Sweetheart ». Vous reprendrez bien du « Derdang Derdang » ? Pour notre part, ce ne serait pas de refus.
Requinqués, un large sourire aux lèvres, on attend impatiemment l'arrivée au Club de Psapp. Avez-vous déjà vu un chat attraper une pelote de laine, se mettre à tricoter des pulls et des chaussettes ? Faites donc écouter « The Only Thing I Ever Wanted » à votre petit chaton, vous allez halluciner... Grands gamins dans l'âme, Galia Durant et Carim Classmann s'amusent à faire de la musique amusante à l'aide d'instruments amusants. Là, je viens de griller l'intro de l'interview à paraître sur Musiczine ! (NDR : évidemment, ceci n'est pas de l'autopromo...) La scène prend des allures de cours de récré : dans un joyeux bordel organisé, la formation présente quelques titres de ses deux albums. Malheureusement, le temps est compté. Et 35 minutes plus tard Psapp et leurs 'sock pupetts' se retirent sur un chat-leureux « Everybody Wants To Be a Cat », tiré d'un film de Disney dont vous devinerez assez facilement le titre…
Toujours sous Club démarre quelques instants plus tard le show très attendu des anachronismes ambulants, The Pipettes. Gwyneth, Biquette et Roquette... euh... Gweno, Becky et Rose sont trois charmantes demoiselles se prenant pour les Chordettes ou les Ronettes. Ou presque. Leur accoutrement et leurs pas de danse se mariant parfaitement à la saveur désuète de leurs compositions, on ne peut s'empêcher de sourire et de danser comme des tapettes sur « Your Kisses Are Wasted On Me » ou « Pull Shapes ». Comme dirait l'idole des jeune(tte)s, 'on a tous quelque chose en nous de sixties' (ou un truc du genre)... On peut le dire : les Pipettes, c'est chouette (ça, c'est de la rime, dit-il, presque fier de lui) !
Chers lecteurs, si l'un d'entre-vous peut entrer en contact avec l'un ou l'autre membre de White Rose Movement, auriez-vous l'obligeance de lui ordonner de ramener illico les fesses de sa troupe dans notre petite contrée ? Comprenez : un aller-retour au camping peut être fatal. Vous vous dites d'abord que vous allez simplement chercher rapidement telle ou telle babiole sous la tente. Mais vous finissez par vous installer pour manger un bout, sans prendre garde au temps. Et là, c'est la catastrophe. Aucun You Say Party ! We Say Die ! ne pourra vous venir en aide... Vous avez bel et bien manqué un concert que vous vouliez absolument voir… Dammit !
On vous le disait déjà dans la review du jeudi, la moustache, c'est vachement hype. Si, en plus, vous faites de l'electro qui déchire, là, vous êtes indéniablement une icône. Ce n'est pas Jesse Keefe qui dira le contraire. Après avoir mis la clef sous la porte de Death from Above 1979 (le con), l'homme se consacre aujourd'hui entièrement à son projet MSTRKRFT (répétez après moi : Maaaaasteeeeer Kraaaaaft). Et il n'a pas tort, le salopiaud, parce que c'est tout aussi bon. En DJ set sous la Dance Hall, le duo a entremêlé sans relâche pendant deux heures les tueries remixées de Daft Punk, Annie et autres Juan McLean. C'était tellement bon que certains ont fini par ignorer la prestation de Carl Barat et ses potes. Oui, à ce point ! On en bave encore.
Ta-Dah ! Finalement Jake Shears a tout faux lorsqu'il chante « I Don't Feel Like Dancin' ». On pensait lui donner raison vu la programmation du show des Scissor Sisters sur la Main Stage. Même pas ! Que ce soit sur une petite ou une grande scène, le groupe parvient à foutre le feu. Sans faire le moindre effort. Il faut dire qu'avec des scuds comme « Filthy/Gorgeous », « Take Your Mama », « Comfortably Numb » ou les extraits du prochain album, ils n'ont aucun souci à se faire. Who said party ?
The Spinto Band (ou The Spino Ban pour les intimes) se présentent telle une bande de joyeux drilles. Egalement une des (nombreuses) bonnes surprises de ce festival, malgré un problème technique privant momentanément le Club de son. Mais rien de grave : la formation improvise quelques petites danses. Histoire de distraire son public avant que le jus inonde à nouveau les câbles d'alimentation. D'une présence scénique impressionnante, les six rejetons ont fait valoir leur dextérité, démontrant qu'ils sont loin d'être une bande d'amateurs. Puis, nous sommes privé de Blur et de Pulp depuis tellement longtemps… Et comme Weezer est mort, on ne leur dira qu'une chose : Nice and nicely done !
Faut pas se leurrer. Si Jack White ne faisait pas partie de The Raconteurs, le groupe n'aurait jamais intégré la programmation sur la Main Stage. Au Club, tout au plus. Cette reconnaissance est néanmoins méritée car, sans Brendan Benson et les ex-Greenhornes, Jake White, en solo, n'aurait peut-être pas obtenu sa place sur le grand podium. Au Marquee, tout au plus. Ce sont donc des entités complémentaires et de sacrés musiciens qui se sont produit devant un public emballé, reprenant en chœur « Steady As She Goes ». Rien d'exceptionnel mais un show assez entraînant.
Ah Ah Ah, la bonne blague ! Paraît que les mecs de Keane ont reporté leur tournée américaine. Prétexte : Tom Chaplin, le leader de la formation, doit entrer en cure de désintox vu son léger penchant pour les drogues et l'alcool. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux têtes d'innocents. Sans vouloir être mesquin, à voir leur show laborieux, on le comprend. Faut bien un petit remontant de temps en temps pour assurer comme il le fait, sans avoir les paupières lourdes. Il a donc du mérite, le petit gars.
'Que tous ceux qui ont affirmé que TV On The Radio n'était pas leur tasse de thé ferment leur grande gueule', dit-il en se faisant tout petit. La baffe. Que dis-je ? Le poing dans la tronche ! Cheminement mental d'un festivalier peu convaincu par TV On The Radio (version courte) :
1/ Il se dit 'Putain, c'est nul'.
2/ Au bout de trois chansons, il s'emporte : 'Bon, j'me casse, vais voir Ministry'.
3/ Un confrère mieux avisé (merci à lui), lui ordonne de rester. Comme il n'est pas trop difficile, le garçon, il obéit.
4/ Quatrième morceau : la révélation.
5/ Plus tard, pendant l'orgasmique « Staring At The Sun », il se souvient : 'Quelle honte, j'ai failli partir !' et remet véritablement en question ses goûts musicaux.
Maintenant, en voilà un qui réfléchira à deux fois avant de dire des conneries.
Bizarrement, après le set splendide de TV On The Radio, plus rien n'a de goût. Devant Massive Attack, on s'emmerde ferme. Devant Dave Clarke, on se fait chier grave. Devant Roni Size, on s'endort carrément (après avoir tenté de danser un chouïa... Quand même !). Conclusion : retour au camping pour une nuit de sommeil bien méritée. Et si le mec d'à côté ronfle encore, ce sera sa dernière nuit sur terre.
R.S.
Pour la deuxième journée les choix alternatifs se sont, davantage encore, révélés cornéliens ; car se n'est pas en deux qu'il aurait fallu se couper, mais en quatre… (B.D.)
Fondé en 1995, The Dears ne compte plus en son sein qu'un seul membre originel : Murray Lightburn. Normal, puisqu'il compose, chante et joue de la guitare. On devrait même dire des guitares, puisqu'il en change à chaque morceau. Quoique noir de peau, Murray possède une voix dont le timbre nonchalant évoque tantôt Morrissey, Damon Albarn ou encore David Bowie. Il interprète des chansons mélancoliques dans un style presque britrock. Etonnant pour un groupe canadien dont le line up implique également une excellente section rythmique, mais souffre du concours d'un deuxième guitariste plutôt limité (NDR : c'est le pote à Murray !) et de deux claviéristes/choristes en guise de tapisserie. En particulier la très jolie et sexy Valerie Jodoin-Keaton. Elle participe généreusement aux harmonies vocales, certes ; mais on se demande quand même si son clavier est branché. Par contre, Natalia Yanchak est un peu moins effacée. Elle partage même un duo pour « The death of all romance », en compagnie de Murray et s'investit davantage dans les chœurs. Elle assure le minimum syndical. Mais pas de stress pour elle cependant. En effet, dans le civil, elle est également l'épouse du leader. Le plus étonnant, c'est que ces Dears soient parvenus à accorder un set d'honnête facture. Et dans ces conditions, c'est une performance !
Les Baby Shambles ayant fait faux bond pour la énième fois, les aficionados des défunts Libertines attendaient les Dirty Pretty Things avec une impatience décuplée. Le concert des Dears n'était pas encore terminé que ces fanatiques commençaient déjà à bousculer les spectateurs des premiers rangs pour se réserver une place de choix au pied du podium. Cinquante minutes avant le début des hostilités ! N'importe quoi... Surtout que la bande à Barât était complètement pétée. Pas à la dope, mais à l'alcool. Imaginez donc un groupe qui d'ordinaire pratique une musique parfaitement crade, au son sale, déglingué et vintage, soit dans un état plus qu'imparfait. Je vous laisse le soin d'en tirer les conclusions. Parce qu'après trois morceaux, on ne se faisait plus d'illusions, on s'est tiré, sans attendre les conclusions…
A force d'entendre dire du bien des Dresden Dolls, il semblait judicieux d'aller voir leur spectacle. Il sont deux : la chanteuse/pianiste, Amanda Palmer, et le drummer - circonstanciellement guitariste et vocaliste - Brian Viglione. Issus de Boston, ils pratiquent une sorte de cabaret punk brechtien. Ceci expliquant leur look. Elle, culotte en dentelles, porte-jarretelles et bas rayés. Lui, chapeau melon et figure peinte en blanc. En montant sur les planches, ils jettent des fleurs au public. Et puis se lancent dans un répertoire oscillant entre ballades fiévreuses et rock gothique. Lui joue de la batterie à la manière de Bill Ward du mythique Black Sabbath. Elle, ne tient pas en place derrière son clavier. Assise sur un banc souple, qu'elle enjambe régulièrement, elle caresse un instant ses ivoires avant de les marteler comme une possédée. En chantant d'une voix dont le timbre oscille entre Marlen Dietrich, Lene Lovitch et Siouxsie Sioux. L'énergie dispensée par les Dresden Dolls est inouïe. Au beau milieu de leur show, Brian - armé d'une sèche - et Amanda - rien qu'au micro - interprètent leur incontournable reprise d'« Amsterdam » de Brel. Si sur disque, et en particulier sur leur dernier album, « Yes, Virginia », leur musique manque de punch ; en 'live', le duo est franchement impressionnant. Un grand moment du festival !
En 1995, les Frames s'étaient produits au festival Cactus de Bruges. Et il faut reconnaître que leur prestation n'avait guère convaincu. Depuis, la formation irlandaise semble avoir mieux équilibré sa setlist. On entend le violoniste. Excellent par ailleurs. Les mélodies sont contagieuses. Le public reprend très souvent les refrains en choeur. Et Glen Hansard, le chanteur compositeur, semble d'excellente humeur, plaisantant même régulièrement avec son public. Chassez le naturel, il revient au galop : en fin de parcours, les Frames sont retombés dans leurs travers, diluant les morceaux dans une monotonie suscitant rapidement l'ennui. Une fin en queue de poisson (NDR : évidemment pour des Irlandais !)
Afghan Whigs n'est plus, vive Twilight Singers. Cependant, il n'y a guère de différence entre les deux formations, puisque c'est toujours Greg Dulli qui s'y réserve le chant, la guitare, épisodiquement le piano et, surtout, la composition. Mais si la voix râpeuse, écorchée, dramatique de Greg continue d'abraser ses chansons rock-rythm'n blues-soul, son répertoire actuel n'a plus l'intensité d'un « Fountain And Fairfax » de « When We Two Parted » ou encore d'un « Gentlemen », issus de l'album du même nom. Sans oublier « Going To Town », voire « I'm Your Slave ». Sauf lors de ses reprises, exercice de style au cours duquel il continue d'exceller. Les premiers titres du set sont plutôt inconsistants. En outre, le guitariste finit par agacer, empruntant systématiquement les riffs cosmiques immortalisés par David Gilmour dans « Echoes ». Et puis soudain, Mark Lanegan débarque. Le temps de deux morceaux, la magie commence à opérer ses charmes. Grâce, entre autres, à son baryton profond et charismatique, capable d'envoûter une foule entière. Et lorsqu'il se retire, le public continue de suivre le show des Twilight Singers, espérant secrètement qu'il revienne. Mais il n'est jamais réapparu… Au fait, le prochain concert de Lanegan, c'est pour quand ?
Quelques mots quand même de la scène Wablief ? réservée aux formations du nord du pays sur laquelle se produisait la formation la plus sous-estimée de Flandre : Perverted. A l'origine baptisée Perverted by Desire, elle a réduit son patronyme, lorsque deux des membres fondateurs ont abandonné le projet. Depuis, le groupe continue son petit bonhomme de chemin. Aujourd'hui, on peut d'ailleurs parler davantage d'un projet que d'un groupe, puisque lors de l'enregistrement de son dernier album « Rope skipping for flies », Genius U, chanteur, guitariste et compositeur, a fait appel à une multitude de collaborateurs pour aboutir à un opus âpre, complexe, éclectique. Valsant du post industriel au funk blanc, en passant par la world, le reggae ou le psychédélisme. Sur scène la solution sonore est aussi expérimentale. Pour la circonstance, il a même invité quelques vocalistes, dont une chanteuse, qui, tour à tour, viennent donner de la voix…
Ministry ? Ben, on n'a vu que la fin. Pour les mêmes raisons invoquées quelques lignes plus haut par Redouane. Les dix dernières minutes. Après la claque que nous avait assénée TV On The Radio. Avant de reprendre la route. Juste pour nous convaincre d'avoir fait le bon choix. Et manifestement, c'était un bon choix.
B.D.