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Les Nuits Botanique 2002 : du 18 au 29 septembre Spécial

Écrit par Grégory Escouflaire et Bernard Dagnies
&

Treize jours de musique tous azimuts, pas mal de découvertes, quelques grands moments, mais aussi des déceptions : les Nuits Botanique 'cuvée 2002' n'auront pas failli à leur réputation de dernier grand festival de l'été, les oreilles bien au chaud et l'ambiance au beau fixe. Certes, le festival bruxellois n'est pas du même tonneau que ceux des plaines flamandes, en plein air et pleine campagne: ici on paie sa place pour chaque concert, dans des salles au confort acoustique indéniable, et sans bracelet camping au poignet… C'est la ville, messieurs dames, avec ses bouchons, sa pollution et ses klaxons. Au milieu de ce capharnaüm, le Botanique, oasis de fraîcheur musicale et dernière escale du festivalier en manque de décibels. Il y mangera à tous les râteliers, de l'électro-folk de Beth Orton au terrorisme bruitiste d'Alec Empire. Car c'est ça aussi, les Nuits Botanique : un éventail fabuleux d'artistes connus et moins connus, une palette incroyable de talents de tous bords, un cocktail détonant d'influences et de genres. Les Nuits Bota, c'est la nouba.

Folk et BPMs : l'amour du risque

C'est Terry Callier qui ouvre les festivités à l'Orangerie, en première partie de Beth Orton. Ses chansons langoureuses empruntent leurs couleurs jazz à Billie Holiday, leur patine folk à Nick Drake et leur sensualité à Marvin Gaye. Mélange exquis qui met notre âme à vif, la musique du vieux crooner soul se déguste comme un bon vin : savoureux et enivrant.

Beth Orton n'a d'ailleurs d'yeux que pour Callier. A la fin de son concert, elle l'invitera sur scène pour partager un duo magique en interprétant « Pass In Time ». Un grand moment d'émotions qui restera dans les annales du festival. Le concert de la belle sera d'ailleurs chargé de cette atmosphère vaporeuse qu'aura laissé le set brillant du grand maître soul : pendant 1h30, Beth Orton jouera ainsi la plupart des morceaux de son dernier album (« Daybreaker ») dans une totale déliquescence de nos sens… Comme un sort jeté à nos oreilles, ces effluves électro-folk nous emporteront dans d'étranges limbes musicales… Difficile de se réveiller une fois les derniers accords de « Concrete Sky » s'évaporant dans la lumière éblouissante de l'Orangerie : a-t-on vécu ce beau moment ou n'était-ce qu'un rêve tout à fait charmant ?

Le lendemain, à peine remis du mirage Orton (qui était cette grande fille aux mélodies douce-amères, qui racontait des blagues potaches à longueur de concert ?), nous voilà replongé dans une atmosphère embaumée… Mais d'où nous viennent ces odeurs de déjà-vu ? De Polar, ce grand Suisse qui pourrait être le frère de Beth, tant ses chansons parlent le même langage que celles de l'Anglaise : de timides BPMs, des guitares acoustiques (mais de plus en plus rebelles), une voix caressante, des choses de l'intérieur dites avec des fleurs (du Mal). Eric Linger, en tout cas, semble plus épanoui qu'il y a quelques années, quand il se baladait la rage en bandoulière avec ses histoires extraordinaires à la Poe, l'œil noir et la grise mine. Aurait-il trouvé l'amour ? (Beth ?) Pas que ses chansons respirent la joie de vivre, mais quand même : on sent une embellie des sentiments. Ses pulsions de mort à reculons et les idées noires ayant pris l'air, Eric Linger semble heureux de vivre. Le polar (et le damard) au placard, ses chansons s'habillent maintenant d'espoir. Et d'envergure : avec trois musiciens pour donner vie à ses nouvelles chansons sans démons, Eric Linger peut enfin s'exprimer pleinement, c'est-à-dire avec fougue et panache. Et quand Polar se lâche, ça donne une reprise furieuse de « Eisbär », tube électro-pop eighties du groupe suisse Grauzone (dans lequel on retrouvait Stephan Eicher). Polar en digne successeur des Young Gods ? Puisqu'on vous le dit.

Tout aussi étonnant, le duo Bumcello : Cyril Atef et Vincent Ségal sont connus pour leur collaboration avec M, Bashung ou l'Orchestre National de Barbès. Cette fois, il se lance dans la house et l'asian sound : compositions à quatre mains, quatre pieds et une petite dizaine de pédales-samplers. Exemple : Ségal joue un riff, le sample, et puis le modifie selon son bon vouloir. Jeux de mains, jeux de malins : rien qu'à deux, ces Français-là sonnent comme « rinôçérôse ». Comme quoi, avec trois fois rien mais beaucoup d'imagination, il y a moyen de foutre le souk dans la Rotonde.

Le vendredi 20 septembre, c'est la soirée du label Labels. Direction le Cirque Royal pour le grand retour sur scène de Lee Hazlewood, éminence grisonnante de la folk-country la moins paillasse, à l'origine de bon nombre de carrières musicales, de Belle and Sebastian à Tindersticks. Sans parler des Nashvilliens de Lambchop, de nouveau en grande forme après leurs passages remarqués à l'AB (voir chronique) et à T/W ; et qui livreront, comme d'habitude donc, un grand concert tout en finesse. Décidément, ce Kurt Wagner est un génie, et « Is A Woman » un sacré disque. Quelques grammes de finesse dans un monde de…putes. Excusez ce langage ordurier : pas que Lee Hazlewood soit une vieille bique pleine d'arthrite musicale (ses chansons tiennent toujours la route, 30 ans après leur composition) faisant le tapin pour racler une dernière fois le fond de notre portefeuilles. Mais de là à dire qu'on fut estomaqué… Où est la légende ? Certes, le vieil homme a de la répartie, et ses tubes sixties restent de véritables perles (« These Boots Are Made For Walking »), mais quelle mouche l'a piquée lors du recrutement de ses musiciens ? High Llamas, Stereolab, d'accord… Mais pourquoi avoir décidé de remplacer les cordes, les cuivres (et l'harmonica !) par des nappes de synthé servies à la louche par un type sans doute bigleux (et sourd) ? Un massacre : imaginez de superbes chansons destinées à l'orchestration transformées en bouillie infâme par des nappes de synthé dégoulinantes. Heureusement, toutes les chansons du grand producteur ne seront pas sacrifiées sur l'autel de la facilité (un synthé, c'est moins encombrant qu'un quatuor de violoncellistes) : restent ces quelques pépites impérissables (« Dirtnap Stories », « The Girls In Paris », etc.) qui n'en finissent pas de nous parcourir l'échine tels de merveilleux frissons country-folk. L'honneur est sauf, mais à la sortie de ce Cirque se lit quand même sur bien des visages une certaine déception : ce n'était pas le concert auquel on s'attendait.

Les empêcheurs d'écouter en rond

Deux jours plus tard, autre soirée dédiée à un label, Thrill Jockey : connu pour ses tendances post-rockeuses à fort quotient intellectuel, le label de Chicago investit toutes les salles avec la plupart de ses ambassadeurs – 10 groupes gravitant autour de la nébuleuse Tortoise. Dès 17h et muni d'un pass, le festivalier pouvait ainsi se balader d'une salle à l'autre et découvrir le rock seventies de Bobby Cohn, la country féminine de Freakwater ou le post-rock grésillant de Radian. Un seul mot d'ordre au programme de tous ces groupes (la Post Rock Academy) : proposer une musique libérée de tous les carcans, revendiquer une singularité forcément salvatrice dans un paysage musical parasité par le nu-métal et la lounge à deux balles. Le meilleur : Chicago Underground Duo, du Miles Davis dégénérescent en roue libre, basé sur l'improvisation et l'explosion des cuivres et des percus. Et Tortoise, feu d'artifices électro-post-rock de cette soirée placée sous le signe de l'exigence mais pas de l'hermétisme. En véritable maître de cérémonie (John McEntire, leader du groupe, fait partie de pratiquement tous les groupes présents ce soir), Tortoise aura ébloui la foule amassée au Cirque Royal par un concert en forme de best of. Ovationné après chacun de ses morceaux épiques, John McEntire et ses comparses auront prouvé que le post-rock n'est pas mort… Même si l'on attend toujours d'eux un nouvel album depuis le décevant « Standards » sorti il y a deux ans chez Warp.

Après tant de « jolies choses » (dixit Raphy), pourquoi ne pas se faire un peu violence avec un bon p'tit live d'Alec Empire ? De quoi se décrasser les oreilles une bonne fois pour toutes, sortir toute cette haine que l'on garde en soi et qui nous empêche d'être nous-mêmes. Pris en otages par le Teuton hardcore et ses sbires aux mines patibulaires, nous voilà réduits au rôle ingrat de victimes abasourdies, maltraitées par ces beats déchaînés et ces cris inhumains. « Quel masochisme auditif ! », diront les mauvaises langues. Mais n'est-ce pas justement dans le mal que l'on trouve le plus de plaisir ? N'aime-t-on pas se faire peur ? Alec Empire cristallise à merveille notre colère et notre désespoir, et c'est pour ça qu'on l'aime (sauf quand il se jette sur nous après s'être tailladé les avant-bras avec un tesson de bouteille…). Vive Alec, avec ou sans boules quiès !

Tant qu'à parler de ces artistes qui conspuent le capitalisme sauvage de notre société, n'oublions pas Mobiil, sorte de Programme moins revendicateur (et sans l'accent toulousain) qui aura davantage surpris par ses installations visuelles et ses happenings (un fonctionnaire à mallette sort de l'écran pour venir nous interpeller) que par sa musique, plutôt ennuyeuse (mais sans doute était-ce partie intégrante de leur message). Mouais.

Ceci n'est pas du rap (ni du rock, ni de la BO)

Sans aucun doute la tête d'affiche rock de ces Nuits Bota, Badly Drawn Boy aura livré un concert en demi-teinte, un peu trop long et décousu. Son nouvel album, « Have You Fed The Fish ? », sort fin octobre, quelques mois seulement après la BO d'« About A Boy », déjà une belle réussite alors qu'on n'en attendait pas tant du Mancunien aux gros bonnets. Les grands moments : l'aérien « Silent Sigh », le splendide « Pissing In The Wind » (sans doute son meilleur morceau), et quelques nouveautés qui laissent augurer du meilleur. Mais décidément, ce Cirque Royal en configuration assise n'est vraiment pas une bonne idée : l'ambiance s'en ressent à chaque concert, comme si le fait d'être calé dans un fauteuil avait des incidences sur le moral du public. Sûr qu'en étant affalé sur un siège, difficile de ne pas piquer du nez à un moment ou à un autre. A revoir pour l'édition prochaine (un retour au bercail avec le chapiteau devant les serres ?)

Après le rock, le post-rock, l'électro, le hardcore, etc. : le rap. Avec TTC à la Rotonde le vendredi 27 septembre, c'était bien la fête de la Communauté française, tant ces rappers manient la langue de Molière avec brio et légèreté. Calembours, cadavres exquis, écriture automatique, jeux de mots surréalistes (hommage à nos compatriotes Matisse, Topor et consorts ?), les Parisiens de TTC ont prouvé qu'il existe une alternative au rap de plus en plus aseptisé qui courent les ondes de l'Hexagone et de Belgique. De « Leguman » à « De Pauvres Riches », Teki Latex, Tido et Cuizinier malaxent la culture pop à coups de plume forts en gueule et de samples Géo Trouve-tout. Jubilatoire !

Tout comme The Raptures, nouveau groupe new-yorkais à la mode qui fait se croiser rock, funk et new wave dans un délire kaléidoscopique total. Chez ces jeunes surdoués, on croise The Clash, The Specials, Gang of Four, PIL et The Stooges, tous invités à jammer les yeux bandés au milieu d'une grande chaise musicale. Produits par le nouveau messie du rock James Murphy (LCD Soundsystem), à la tête du label DFA (pour beaucoup le futur du rock), ces Raptures devraient devenir énormes. C'est en tout cas ce qu'on leur souhaite.

Et ce ne sont pas les McLusky, avec leur rock tendu entre Pixies et Nirvana (voir chronique Pukkelpop), qui viendront calmer le jeu : les Nuits Bota se terminent sous forte influence rock'n'roll, à l'image d'une année 2002 qui met les bouchées doubles pour redonner du lustre à ce genre que l'on donne mort tous les six mois. Mais qu'importe le genre, pourvu qu'on ait l'ivresse. Cela, les Nuits Bota l'ont toujours bien compris.

G.E.

Une histoire de chaises…

Le 25 septembre, Pierre Surquin ouvrait donc le concert de Dominique A, au 'Musée'. Devant un peu plus de 300 personnes… assises. Drôle d'idée d'installer des chaises ! Encore que le premier album de Pierre, qui vient juste de sortir, s'intitule « Une affaire d'état » ; et qu'une partie du public, y tenait à sa chaise… Bref, le Tournaisien s'est plutôt bien débrouillé dans un style que je ne lui connaissais plus. Très électrique, comme à ses débuts. Mais dans la langue de Molière. Faut dire que ses musiciens allient sobriété et efficacité ; encore que son drummer soit plus efficace aux percus qu'aux drums. Le temps de rôder la balance (NDR : Pierre, arrête de vouloir manger le micro, il n'est pas comestible…), et la machine a carburé au quart de tour. Oscillant entre atmosphère  'eitzeilienne', 'kozelekienne' (NDR : pour votre info, sachez que Mark Eitzel était le leader du défunt American Music club et que Mark Kozelek est toujours à la tête du trop méconnu Red House Painters), folk pop, psychédélisme, lo fi et rumba (« Et ça en est là » est digne d'un Bernard Lavilliers !), ses compositions au lyrisme et aux lyrics baroques troublent, déconcertent, mais finissent toujours par séduire. Une prestation que le public a beaucoup appréciée. Pour preuve les applaudissements nourris auxquels Pierre a été très sensible. Comme quoi, le travail finit toujours par payer.

Dominique A, franchement je n'ai jamais trop aimé sur disque. J'ai donc eu le tort de manquer les premiers instants du spectacle. Sorry, il faisait soif. Et puis lorsqu'on met des chaises, on pense aussi à la sonnette, comme au théâtre. Aussi, en rentrant dans la salle, il faisait noir comme à l'intérieur d'un lieu que la décence m'interdit de décrire. L'artiste avait sans doute prévu de piéger les retardataires… A l'issue d'un poème récité sur fond sonore post industriel, la lumière (et l'artiste) apparaît (apparaissent). Il est seul. Enfin, seul au milieu d'une multitude de pédales, dont il se sert avec brio. Un véritable homme orchestre ! Il crée même ses propres boucles, bondissant d'une pédale à l'autre avec une dextérité pas possible. Son concert oscille de l'acoustique à l'électrique, du tendre au ténébreux, variations qu'il agrémente d'humour (NDR : Dominique, peux-tu virer les chaises. Bisous !), de lo fi, de flamenco, de rockabilly (en anglais), d'un pastiche des Smiths (toujours dans la langue de Shakespeare), et qu'il ponctue en finale d'un très beau « Je sais que tu ne viendras jamais », et en rappel, d'une formidable reprise de Barbara (« J'ai tué l'amour ») ainsi que d'un paso doble particulièrement impressionnant. Le tout canalisé par une superbe voix qui me fait penser de plus en plus à celle de Léo Ferré. Dominique A : le Léo Ferré des temps modernes… à méditer !

B.D.

Informations supplémentaires

  • Date: 2002-09-29
  • Festival Name: Les Nuits Botanique
  • Festival Place: Botanique
  • Festival City: Bruxelles
  • Rating: 0
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