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Pukkelpop 2002 : samedi 24 août Spécial

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La pluie… Vers 5h00 du matin, elle se mit à tomber de manière drue, puis avec davantage de violence : très vite, le site prit l'eau, et les campings avec. Résultat : certains se réveillèrent quelques heures plus tard les pieds mouillés et la tente transformée en bouée de sauvetage. Pas gai quand il reste une journée à passer au festival, surtout quand vos vêtements ont pris l'allure ingrate de torchons pleins de boue… La boue ! Le site transformé en bourbier gigantesque, c'est la croix et la bannière pour faire deux pas sans retrouver ses chaussures englouties par un amas de glaise humide et collante. Certains trouvent ça drôle, d'autres préfèrent plier carrément bagage : les organisateurs iront d'ailleurs jusqu'à inciter les campeurs du site B (complètement sous eau) à repartir chez eux, le plan catastrophe (pompes à eau, paille sur les sentiers) ayant été déployé pour éviter tout accident.

Qu'à cela ne tienne, il reste les plus endurcis, des sacs plastique aux pieds et une bonne dose de détermination en poche, venus quand même en masse (le samedi est complet) pour applaudir les Guns et… t'Hof Van Commerce. Pratiquement inconnus de notre côté de la frontière linguistique, ces rappeurs à l'accent régional font un tabac chez nos amis flamands, notamment avec leur dernier single, « Kom Maar Ip », du hip hop rigolo pour fans des Beastie Boys. Avec Flip Kowlier en leur sein (qui, en solo, joue au ménestrel des polders, alors plus proche de Raymond Van Het Groenewoud que de Osdorp Posse), ce coin du commerce n'a rien d'un groupe de Prisunic : leurs samples arrachent et ils savent mettre l'ambiance, bien qu'on n'y comprenne rien (mais même certains Flamands n'y pigent que dalle, dialecte oblige…). Big up à 't Hof donc, qui, comme son nom l'indique, fait de la « chouette » musique.

Mais la révélation de ce festival, c'est Interpol, un groupe de New-yorkais au look new wave (costume-cravate) et à la musique tout aussi obscure et crépusculaire que leurs idoles (Joy Division, Television, The Smiths, voire The Cure). Le chanteur, au timbre assez proche de  celui de Ian Curtis, fait pourtant un peu tache au milieu de ses camarades : on le dirait sorti d'un collège suisse, avec ses cheveux blonds bien coiffés et sa mine de premier de classe. Il ne faut pourtant pas se fier aux apparences, tant sa voix rappelle les grandes heures de la cold wave et de la fin du punk. Le premier album du groupe (« Turn On The Bright Lights ») vient d'ailleurs de sortir, et c'est un grand disque… bien qu'il n'invente rien. On devrait certainement en reparler dans les mois à venir, en tout cas il est fort à parier qu'Interpol devienne énorme (toutes proportions gardées) et que leur disque se retrouve dans les classements de fin d'année.

Tout le contraire de Filter, ce groupe metal-indus qui avait pourtant décroché la timbale en 95 avec « Hey Man, Nice Shot » (et pas Short) mais qui n'a jamais su se faire aimer du public européen. Richard Patrick, chanteur et leader du groupe, ne s'en est d'ailleurs toujours pas remis : « Comment peut-on avoir tant de succès aux States et pas du tout en Europe ? », se dit-il tous les soirs avant d'aller dormir. La réponse est pourtant simple, mon vieux : les Européens ont plus de goût, c'est tout… Allez, c'est pas grave : va rejoindre Kid Rock et Dave Matthews Band et formez tous ensemble un club des « pseudo-musiciens amerloques conspués par le reste du monde » : peut-être qu'avec un peu de chance, vous pourrez aller jouer à la Maison Blanche.

Maximilian Hecker, lui, n'a pas la grosse tête : normal, il a commencé sa carrière en faisant la manche dans les rues allemandes et en reprenant à la guitare des chansons… d'Oasis. Mal parti donc, il s'est pourtant bien rattrapé : signé chez le label électro Kitty-Yo, il a sorti il y a quelques mois un premier album, « Infinite Love Songs », au charme acoustique toujours pas dissipé. Venu seul avec sa guitare et son clavier, il enchaînera ainsi les perles de son répertoire, d'un air timide et - parfois - renfrogné. Il est certain qu'un batteur aurait été le bienvenu pour donner plus de vie et d'envergure à ses ballades majestueuses… Dommage, surtout quand, dans un excès de maniérisme, il rate son morceau de sortie, « Cold Wind Blowing », et s'en va tout penaud. Comme dit le fameux dicton, « A trop avoir chanté du Oasis, on finit par ressembler aux frères Gallagher ». Et ce n'est pas un compliment.

Les plus malins de la journée sont certainement les pensionnaires de la Boiler Room : les pieds et la tête au sec, ils peuvent en effet danser sans craindre la pluie, et ce sans interruption, puisque les DJ's s'enchaînent mais ne se ressemblent pas. Au programme notamment : Simian, dont on ne connaissait pas les talents de DJ's. Assez proches des 2 Many DJ's (présents le jeudi, mais à l'origine d'un set pompier assez peu « bootleg », pourtant leur marque de fabrique), ils auront bien déchaîné la foule, comme quoi le recyclage est toujours une bonne affaire.

Un peu plus tard dans la journée, c'est Tom Barman que l'on retrouvera derrière les platines (pour un set électro éclectique), sans oublier Darren Emerson, ex-Underworld et dieu du pitch.

Pour en revenir au rock, sachez qu'Enon, composé notamment d'un Brainiac au chant (John Schmersal) et d'une ex-Blonde Redhaed à la basse (Toko Yasuda), n'aura pas rempli son contrat à la lettre : on pensait assister à un concert déjanté, « entre Beck, Eels et Nirvana » (dixit le « Humo ABC »), c'était aller un peu vite en besogne. Plus proche de Pavement et, justement, de Blonde Redhead, Enon office dans la cour des groupes lo-fi qui érigent le bordel et l'approximation en credo musical… Le résultat n'étant malheureusement pas toujours à la hauteur de nos espérances, nous resterons dubitatifs et leur laissons une seconde chance. Autrement dit, ce n'est que partie remise.

Plus costauds et moins décevants, les Texans de Sparta, dont nous avons déjà dit beaucoup de bien lors de leur passage au Club de l'AB. Emmené par Jim Ward et d'autres ex-At The Drive-In, ce combo qui allie rage cyclothymique, passages à tabac des mélodies et superbes accalmies n'aura pas déçu : il y a donc une vie après At-The Drive-In. Fan transi de Mike Watt, on reverra Jim dans la soirée lors du « Tribute to The Stooges », chantant « No Fun » avec joie et enthousiasme, sous l'œil paternel de sa vieille idole punk des Minutemen… La descendance est en tout cas assurée.

Après une telle claque, les 16 Horsepower ne pouvaient qu'apparaître un peu falots, d'autant plus que leur rock country et ses ambiances intimistes se savourent difficilement dans un si grand festival… David Eugene Edwards est en tout cas toujours aussi habité, peut-être trop : les contacts avec le public sont rares, et les blancs entre les morceaux trop longs. On pourra mieux juger de leur prestation lors de leur passage au Cirque Royal, dans le cadre des Nuits Botanique.

Pour oublier ce concert un peu morne, rien de tel qu'une bonne cure de Royksopp : leur électro maligne et champêtre aura mis le feu au Dance Hall, surtout qu'après des mois de tournée, le duo norvégien manie les beats et les instruments comme personne. Le public ne s'y trompera d'ailleurs pas, leur réservant un triomphe pour « Remind Me » et « Eple ». Dire qu'il y a un an, peu de festivaliers s'étaient déplacés pour venir les applaudir (il faut dire un peu tôt dans la journée)… Royksopp tient donc ici sa revanche. Après l'Europe, le monde ?

Le monde, Stereo Mc's l'a eu entre ses mains il y a presque 10 ans avec son méga-tube planétaire, « Connected », un morceau qui, à l'entendre encore une fois, n'a décidément pas vieilli (c'est ça, un tube). Et le reste n'est pas mal non plus, comme ce « Deep Down and Dirty » du dernier album, et bien d'autres morceaux, qui, en plus de donner des fourmis dans les jambes, ont apporté le soleil sur Kiewit. On a même vu des fans des Guns remuer de la tête : un exploit quand on sait l'étroitesse d'esprit de ce genre de fanatiques, et de hard rock en plus.

Heureusement, ils n'auront pas trop gâché la fête, sauf lors du concert de Suede, un peu chahuté. Dommage, car Brett Anderson aura fait de son mieux pour rallier la foule à sa pop maniérée et délicate, jouant la carte du best of plutôt que celle de la présentation live de son nouvel album (on notera que l'ego d'Anderson se porte bien, merci pour lui). De « Electricity » à « Animal Nitrate », « Trash » et « Beautiful Ones », tout le répertoire de son groupe sera revisité, pour la plus grande joie des fans (pas ceux arborant un T-shirt d'Axl Rose qui tiraient la langue au premier rang, mais les autres). Quand même : pour se faire une meilleure idée du Suede nouvelle cuvée, mieux vaudra revenir les voir à l'AB en octobre : là, c'est sûr, les fans d'Axl seront loin, très loin…

Après la star en déclin (mais pas son ego), le retour des morts-vivants : Ron et Scott Asheton, respectivement guitariste et batteur des Stooges, accompagné de Mike Watt (Minutement, fIREHOSE) au chant et à la basse et de Jay Mascis (Dinosaur Jr) à la seconde guitare, pour un « Tribute » à leur groupe (mais sans Iggy). A part Scott qui a du mal à voir le bout de ses baguettes, Ron est toujours aussi balaise. Quant à Mike Watt, s'il n'a jamais été un grand chanteur, il aura fait son boulot comme toujours : avec hargne et possession. Jay Mascis, lui, aurait pu jouer moins fort : ces riffs bruyants auront parfois noyé le reste… Mais bon, vous vouliez du rock'n'roll, du vrai, vous en aurez eu pour vos frais : à écouter et voir ces papys reprendre « No Fun » et « I Wanna Be Your Dog » avec une joie non feinte, on se dit en tout cas que tous les autres groupes de rock ici présents pouvaient retourner dans leurs loges tête basse. Oubliez le reste, les amis : c'est ici qu'était le rock, point barre.

Eh oui, Axl, tu as beau avoir donné un tout bon concert, enchaînant classique sur classique (tout « Appetite For Destruction, le meilleur album des Guns n'Roses), tu n'en restes pas moins une star bornée et pas très respectueuse envers tes fans (et les autres). Une heure et sept minutes de retard : beaucoup seraient partis si tu n'avais pas disparu publiquement depuis dix ans, de manière à entretenir ton mythe de légende vivante du rock, antipathique, capricieuse et, certes,  géniale. Car tout le monde voulait te revoir sur scène, l'arpentant en courant de droite à gauche, crier comme un chat enragé, enfourcher ton piano pour nous jouer « November Rain ». Sans Slash ni les autres, tout le monde avait pourtant les chocottes : est-ce tu étais encore à la hauteur, et quels étaient les musiciens qui pourraient les remplacer (s'il en existe) ? Quelle aubaine : tu n'as pas vieilli, tes nouveaux musiciens (dont le fameux Buckethead, de Primus) sont à la hauteur, tes rengaines hardeuses restent de grandes rengaines hardeuses. Mais quand même : qu'apportes-tu encore au monde du rock ? Tes nouveaux morceaux ne sont pas terribles, avoue-le, et puis on l'attend toujours, ce « Chinese Democracy »… Enfin, on ne l’attend plus vraiment : on n'a d'autres chats à fouetter, si tu veux tout savoir. OK, c'était dément, on en a eu pour notre argent, mais tout ceci n'est-il pas un peu décadent ? Et dire que Radiohead (rumeur) était prêt à jouer si tu annulais… (Soupir). « Paradise City » en apothéose de ton fabuleux concert de retrouvailles, on se félicite d'avoir quand même patienté pendant une heure (et sept minutes) : ça en valait la peine. Il paraît qu'à Leeds, ils ont eu  moins de chance : tu n'as joué que trois-quarts d'heure. On peut dire qu'on l'a échappé belle.

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2002-08-24
  • Festival Name: Pukkelpop
  • Festival Place: Kiewit
  • Festival City: Hasselt
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