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Rock Werchter 2003 : jeudi 26 juin Spécial

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4 jours, 53 groupes : pour sa trentième édition, on peut dire que le festival de Werchter a su mettre les petits plats dans les grands. A un tel point que le Beach Rock a même dû annuler son édition, faute de têtes d'affiche… toutes présentes sur le terrain gazonné d'Herman Schueremans, devenu imbattable en organisation de concerts. Cette surenchère pourrait à terme éclipser toute concurrence, et faire de plus en plus mal au portefeuille. Le prix du combi-ticket-4 jours à 108 euros, sans compter le camping (14 euros !), n'a pourtant pas freiné les amateurs de rock, puisque Werchter était déjà complet un mois avant son coup d'envoi… Avec ses 280.000 spectateurs et son affiche maousse costo, Werchter s'impose donc une fois pour toutes comme l'événement rock qu'il ne fallait pas rater. On y était, on a vu, on l'a vécu. Résumé de quatre jours de folie musicale, avec nos tops et nos flops.

21h45 : tandis que des milliers de festivaliers sont encore coincés dans les embouteillages ou agglutinés tel du bétail devant les portes étroites de l'entrée principale, les premières notes de « Hunter » retentissent sur la Main Stage, devant un parterre de fans attentifs. Affublée d'une paire de lauriers verts qui lui donnent l'air d'une femme-nénuphar, Björk fait déjà mouche. Suivent « Pagan Poetry » et « Joga », alors que des feux d'artifice déchirent le ciel et provoquent les premiers frissons. Voilà qui commence bien ! Malheureusement le plaisir fût de courte durée, et ces feux de Bengale fendant les nuages, devinrent rapidement … des pétards mouillés. En cause : ces morceaux de « Vespertine » sans rythme ni fantaisie, qui s'enlisent dans un magma de bleeps agaçants et de loops somnifères. A force de trop vouloir prendre le taureau pop par les cornes, l'Islandaise oublie l'élément essentiel qui faisait tout le charme de ses précédents albums : ce mariage détonant entre mélodies sucrées et avant-garde précieuse, refrains fédérateurs et souci de l'expérience. Ici, la recherche a trop pris le pas sur l'évidence : ne reste plus que la réflexion, rarement synonyme d'exaltation. « Cocoon », « Heirloom », « An Echo, A Stain » : du vent, qui fait tourner sa couronne de nénuphar, mais pas notre tête… Quant aux trois nouveaux morceaux divulgués presque avec gêne tant ils manquent de consistance, ils n'augurent pas du meilleur… A la fin, Björk reprendra quand même ses esprits, le temps d'un mini-best of bien trop court pour lui pardonner ses errements du côté obscur de l'electronica la plus chiante. « Hyperballad » (feux d'artifices), « Bachelorette », « Pluto » et « Human Behaviour » (feux d'artifice) : c'est peu quand on connaît le répertoire de la dame. Et puis tous ces pétards qui cassaient nos oreilles durant les seuls moments où ce concert valait la peine : c'est bien joli, mais on n'est pas à Disneyland.

Il est 23h30, et la plaine est bondée : l'ambiance commence à surchauffer. Le problème, quand on commence directement avec une tête d'affiche, c'est le temps d'acclimatation : quasi nul. Voilà sans doute l'une des raisons de la distraction du public lors du concert de Björk, sans compter que ses morceaux casse-tête se digèrent mal en apéro. Avec Radiohead, les choses prendront une toute autre tournure. Attendus à chaque apparition comme les messies depuis le raz-de-marée OK Computer, les cinq d'Oxford n'auront pas failli à leur réputation de groupe rock le plus important de ces dix dernières années. Avec un nouvel album en poche, le très beau « Hail To The Thief », Thom Yorke et sa bande n'avaient qu'à se baisser pour ramasser les louanges d'un public depuis longtemps acquis à sa cause. Il est presque minuit, le groupe arrive sur scène. Les deux guitaristes Jonny Greenwood et Ed O'Brien entament un combat de tambours hypnotiques, les faisant résonner dans toute la plaine devant 70.000 personnes silencieuses. C'est « There There », premier single de « Hail To The Thief ». Le son est limpide. Thom Yorke s'installe devant son micro, concentré. C'est parti pour 1h30 d'un concert grandiose, sans temps morts, parfait de bout en bout. « 2+2=5 » voit les Anglais revenir à un son plus brut, comme à l'époque de « The Bends », toutes guitares dehors, avec un Thom possédé qui hurle à la lune. Puis c'est la première accalmie : « Morning Bell » de « Kid A », et le bluesy « Talk Show Host », que l'on retrouve sur la BO de « Romeo + Juliet »… Après seulement quatre chansons, l'impression générale est déjà plus que positive : Radiohead maîtrise à la perfection son répertoire, en s'autorisant quelques dérapages et variantes qui prouvent son ouverture et sa volonté de prendre des risques. Peu de groupes pop-rock ont cette stature. Cette envie de ruer dans les brancards tout en restant fidèles à cette idée de la chanson pop. Björk, es-tu là ? Et puis Thom Yorke sourit ! Rarement l'a-t-on vu si content d'être là : il paraît que le groupe a lui-même demandé à Schueremans de pouvoir jouer à Werchter… « Lucky » confirme notre bonheur, et le leur, puis c'est « Kid A » et l'agité « National Anthem », avant un cataclysmique « The Gloaming », dont les bleeps énervés marqueront la fin d'une première partie irréprochable. Parce qu'ensuite ça se calme, avec les superbes « Sail to the Moon » et «  Where I End and You Begin ». Derrière son piano, Thom, comme un poisson dans l'eau, donne quelques directives à ses quatre compères : on voit qui est le chef, même si Radiohead semble être l'un des (trop) rares groupes à fonctionner vraiment en démocratie. Accroché à sa guitare tel un marin à son mât en pleine tempête, Ed O'Brien tisse le squelette rythmique du morceau, aidé par la frappe subtile de Phil Selway et la basse ronronnante de Colin Greenwood, toujours en retrait (34 ans ce jour-là !). Quant à Jonny Greenwood, s'il ne tricote pas son manche, c'est qu'il triture ses Ondes Martenot, ses vieux transistors et son laptop, en bonne cheville ouvrière du groupe, spécialiste des tâches ardues et des bruits en tous genres. L'ambiance, quasi-religieuse pendant ces deux slows radioactifs d'une beauté imparable, s'embrase avec les classiques « Fake Plastic Trees » et « Just », puis se détend lors d'un « Go To Sleep » raisonnable et d'un « I Might Be Wrong » routinier. « Paranoid Android » remet le feu aux poudres : voilà une chanson incroyable, aux tiroirs dans lesquels on pioche sans cesse, sûr d'y découvrir encore de nouvelles merveilles. L'atmosphère, électrique et survoltée, prend à la gorge. Radiohead n'a jamais si bien joué, et Thom n'a jamais autant souri… « Idiotheque », « Everything in it's Right Place » : que ceux qui faisaient la moue à l'écoute de « Kid A » et d'« Amnesiac » fassent leur mea culpa ! Un concert d'une qualité pareille oblige les indécis à revoir leur copie : va falloir se faire une raison ! Et ce n'est pas « Exit Music (For a Film) » qui nous fera dire le contraire : quelle claque ! En rappel, les lancinants « Sit Down, Stand Up » et « Pyramid Song » prolongeront notre plaisir, avant l'apothéose « Karma Police » et son refrain repris en cœur par 70.000 fans, seuls avec Thom Yorke, exultant comme un gamin. « For a minute there, I lost myself ». Le temps, suspendu pendant 1h30, reprend peu à peu ses droits, et nous notre esprit. On n'est que jeudi, et déjà on est sûr d'une chose : la prestation brillante de Radiohead restera dans les annales du festival ; et on voit mal qui pourrait les détrôner durant ces quatre jours.

Pas Underworld en tout cas, qu'on a connu plus convaincants: il y a dix mois au Pukkelpop, Karl Hyde et Rick Smith avaient mis le feu à Kiewit. Ici, ce n'était pas la forme olympique, même s'il faut avouer qu'Underworld en festival, cela reste l'occasion rêvée de jumper les bras en l'air. Le set débuta en douceur par « Rez », « Cowgirl » et « Pearls Girl », puis le duo accéléra la cadence (« Two Months Off », « Dinosaur Adventure 3D »), avant le climax « King Of Snake » et bien sûr « Born Slippy », l'un des rares classiques électro à mettre tout le monde d'accord, rockeurs et clubbers, fans de boum-boum et fidèles de James Hetfield. Karl Hyde bondit toujours sur scène comme un faux djeune qui boit du jus de tomates, et Smith s'affaire toujours à la besogne informatique (surtout depuis le départ de Darren Emerson), mais à part ça, pointaient chez les deux compères une certaine fatigue. Ce n'est pas sérieux quand on a 40 ans... Un peu mou donc, même lors de l'explosif « Moaner », leur morceau pourtant le plus éprouvant pour les guiboles. Sur la fin, on est donc parti dormir, tandis que retentissaient en rappel les premières notes du relaxant « Jumbo », comme si Underworld avait compris que seuls nous importaient maintenant la douceur des bras de Morphée. Zzzz (et ce n'est que le début).

Informations supplémentaires

  • Date: 2003-06-26
  • Festival Name: Werchter
  • Festival City: Werchter
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