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Rock Werchter 2003 : samedi 28 juin Spécial

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Samedi, journée du rock costaud. Les hostilités démarrent en trombe par les jeunes Hollandais de Krezip, peu connus de ce côté-ci de la frontière linguistique, mais de véritables stars en Flandres. Le public, déjà bien présent malgré l'heure matinale, leur réserve un bel accueil. Pourtant, rien de neuf sous le soleil du rock le plus mainstream : des morceaux gentiment heavy cèdent la place à des ballades, et ainsi de suite. Sur « I Would Stay », tube flamand d'il y a trois ans, les jeunes fans des premiers rangs reprennent les paroles en chœur : émouvant. A noter : la chanteuse s'appelle Jacqueline. Pas super glamour, mais comme elle a des gros seins, ça compense.

Festival flamand oblige, Werchter invite toujours les gloires provinciales du Limbourg et d'ailleurs. On a beau ne rien comprendre à l'accent West-Vlaams des rappeurs de 'T Hof van Commerce, il n'empêche qu'ils mettent un beau souk à chacune de leur apparition sur scène. Buzze, Flip Kowlier et DJ 4T4 n'auront donc eu aucun mal à faire bouger la plaine, à coup de « Kom Mor Ip » et de « Dikkenekke » festifs et malins. 4T4 balançant la sauce en mixant vieux hits de Dre et galettes persos, c'est toute la communauté néerlandophone qui était à la fête. « Buzze Buzze… Zonder Totetrekkerie, yo ! ».

Comprendra qui pourra, mais tant qu'à faire, mieux vaut ça que le vilain metal de Stone Sour, le groupe de Corey Taylor, chanteur des Slipknot. « I just woke up, I'm still drunk but I'm ready to have a really good time », grogne-t-il dans son micro : pas nous, plutôt dégoûtés par ses sales manières et sa gueule de serial killer. Il aurait mieux fait de garder son masque.

De l'autre côté, il y avait Janez Detd, sympathique quatuor de punk-rock du nord de la Flandre (encore). « Vier simpele jongens uit vier simpele dorpjes », mais dont la sympathie et l'humilité ont touché le public, qui leur a réservé un formidable accueil. Sans doute que Janez Detd n'en attendait pas tant, et nous non plus : on venait là en dilettante, on est parti enchantés, sûr d'avoir assisté là à l'un des concerts les plus chouettes de tout le festival. En même pas une heure, Janez Detd aura retourné la pyramide comme une crêpe avec ses mini-bombes à la Blink 182, « Raise Your Fist », « Anti-Anthem », « Beaver Fever », « Classe of 92 ». Quelle ambiance, mes amis ! Pendant tout le week-end, ce sera d'ailleurs sous la tente que se dérouleront les concerts les plus chauds et acclamés. Et celui-ci, assurément, en aura fait partie, à la grande satisfaction de Nikolas et de ses potes, qui, selon leurs propres dires, ont joué « le concert de leur vie ». Après deux années de galère (problèmes de cœur, de groupe, de matos, de maisons de disques), Janez Detd aura prouvé qu'il ne sert à rien de baisser les bras, mais au contraire de « lever le poing » et de continuer coûte que coûte. Une belle leçon de vie, traduite ici avec maestria par des riffs canons et des reprises furibardes (« Mala Vida », « Who's the King », « Take on Me », « Walk This Way » : la fête). A la fin, l'adrénaline au bord de l'explosion, Nikolas fera un bond de trois mètres ( !) de la scène jusqu'au public : un miracle qu'il ne s'écrase sur les barrières. Comme quoi, le bonheur donne des ailes. Impressionnant !

Succéder à telle claque ne devait pas être une mince affaire… C'était sans compter sur le talent des Saïan Supa Crew, cinq rappeurs de Paris qui manient la langue de Voltaire comme les Samurais leur épée – la référence au Wu Tang n'est pas tout à fait fortuite. Sans matos sur scène, juste leur micro et une bonne dose d'humour et d'énergie, les Saïan ont réussi à charmer un public pourtant majoritairement flamand, grâce à ces bons vieux « Everybody screaaaams ! » et « Raise your hands in the air ! », deux jaugeurs d'ambiance plutôt faciles mais toujours efficaces. Ca bouge, ça groove, SSC est dans la place : cinq voix, cinq flows, cinq fois plus de plaisir. Leurs textes, débités à la vitesse vv', parlent de ségrégation, de faits de société, mais aussi des filles, du rap et d'autres choses moins clichés. Le moment fort du concert : lorsqu'un des cinq rappeurs, seul sur scène, aura décliné ses talents de human box pendant 10 minutes, jusqu'à reprendre « Voodoo Chile » rien qu'avec la langue et par quelques contorsions buccales. Big up !

Xzibit en congé de l'Eminem Family, le voilà à nouveau sur nos terres venu botter le cul (« kick some ass ») des petites pépettes et des b-boys qui rêvent d'Amérique. « X to the mothafuckin' Z » ne fait pas dans la dentelle : son rap West Coast se la joue gros bras, même si ses histoires de fric, de drogue et de « drive boy shooting », ça n'impressionne personne. Pour lui faire plaisir, on fera donc semblant d'être apeuré par ses manières de gangster… Et on hochera la tête sur « Front 2 Back », « DNA », « Spit Shine » (de la BO de « 8 Mile »), « Bitch Please » et « Multiply ». Tous ces potes, 50 Cent, D12, Obie Trice, Dr Dre, bref le posse au blanc-bec Mathers : qu'ils viennent, on leur déroulera le tapis rouge. Qu'ils pensent seulement qu'ils sont les plus forts, en baise, en a-fonds (« Alkoholic »), en hip hop, en muscu, en gueule. Ca ne nous empêchera pas de croire que derrière un bar, à Bruxelles, n'importe quel mec les enterrerait après trois bières… Ouais ! ! ! Et on croise nos avant-bras sur « X », en pensant à la biture que se prendrait ce fier-à-bras s'il savait ce que « boire » veut dire. Va prendre tes pilules et parader dans tes clips de gros branleur : tu ne perds rien pour attendre.

« Wok'n'woll ! », dirait Sean Bateman (voir « The Rules of Attraction ») s'il voyait The Datsuns : quatre Néo-Zélandais qui singent AC/DC, The Stooges, Thin Lizzy et Motörhead avec une belle morgue, comme s'ils étaient tombés dans la marmite seventies quand ils étaient petits. Si Christian et Phil Datsun passeront en revue toutes les poses ridicules de l'histoire du hard rock (ne manquait plus que le solo de l'un sur les épaules de l'autre, façon Angus Young), Dolf, lui, gueulait comme un Richie Blackmore en pleine mue… « Like A Motherfucker From Hell ! ! ! » : yeah, « wok'n'woll ! ». Une heure de pure magie rock, blues, heavy : les Datsuns sont jeunes, et pourtant ils sonnent comme un bon vieux disque de Deep Purple. Le public était chaud, répondant au quart de tour à ces riffs sexy et ces appels à la luxure : « Lady », « Harmonic Generator », « What Would I Know », « In Love »,… En final, un « Freeze Sucker » d'anthologie, pendant lequel on pouvait voir sur scène les fantômes de Bon Scott et de Dave Alexander taper le bœuf à côté d'un Dolf survolté, qui finira par tout casser. The Datsuns ont beau être des anachronismes vivants, coincés dans une faille spatio-temporelle qui les fait croire qu'il n'y a plus eu de nouvelle (et meilleure) musique depuis « Back In Black », il faut dire qu'ils assurent. N'empêche, mieux vaut ne pas abuser de ce genre de spectacle un peu rétrograde : on finirait par se laisser pousser la moustache.

Les Queens of The Stone Age aiment Werchter, et ils nous le rendent bien : l'année dernière, Josh Homme et ses amis stoners avaient laissé bouche-bée la plupart des festivaliers, grâce à de nouveaux titres poids lourd, une technicité renversante, et surtout à la poigne monstrueuse de Dave Grohl, invité-surprise d'un concert aujourd'hui inscrit à tout jamais dans les annales du festival. Pour leur troisième passage à Werchter, les QOTSA n'avaient donc qu'à balancer leur rock costaud (mais finaud) sans faire de chichis : on serait là pour les applaudir, et lever du poing en remuant la tête – voilà du vrai « wok'n'woll », puissance mille. Malheureusement, il arrive parfois aux « meilleurs groupes rock live du monde » d'être fatigués, de céder à la routine, de se reposer sur leurs lauriers. C'était le sentiment qui planait lors de ce concert, même si un QOTSA en roue libre vaut toujours mieux que 10 Good Charlotte qui pètent la forme… Le public non plus n'était pas des plus réceptifs : en cause sans doute le soleil et le sommeil, et ce mix approximatif qui bourdonnait à nos oreilles. Mais on reste quand même subjugué par la voix terrible de Mark Lanegan (Aaaah, l'hénaurme « Song for the Dead »), et cette rythmique implacable qui fait toujours des étincelles : à la fin, un excellent « Regular John » revisité (de leur premier album) et un medley « No One Knows/Feel Good Hit of the Summer » finiront par réveiller la foule tétanisée. Un peu tard quand même pour pardonner, à la fois au groupe et au public, son manque d'enthousiasme…

Mais ce bon vieil Arno allait leur montrer ce que « réveiller les morts » veut dire, à tous ces jeunes ! Introduit sur scène par Lux Jansen (Studio Brussel) comme le « vrai Roi des Belges » (Le Prince Laurent était présent dans les backstages), Arno aura livré, comme d'habitude, un set habité et concis, privilégiant les ambiances éthyliques et électriques aux ballades romantiques (exception faite du très beau « Les Yeux de ma Mère »). Au démarrage assez bordélique, l'Ostendais se rattrapera joliment en enfilant tube sur tube, par un final grandiose (« Les Filles du Bord de Mer », « O La La La » et « Putain, Putain ») qui fera se déhancher toute la plaine. « Dank u Godverdomme » : au contraire des QOTSA, Arno n'aura pas failli à sa réputation d'entertainer bourru mais tellement sincère. Putain, putain, c'était vachement bien !

On ne peut pas en dire autant de The Streets, alias Mike Skinner, dont le premier album, « Originate Pirate Material », révèle pourtant un talent hors du commun pour mettre en son l'Angleterre fish and chips. Comme à l'ABBOX en novembre dernier, Skinner aura déçu par sa nonchalance : se baladant sur scène comme s'il était à Knokke-le-Zoute (ce short de touriste !), le rappeur n'aura donné de lui-même (et de ses chansons) que le minimum syndical, accompagné d'un copain qui s'occupait des refrains mais dont la voix manquait de justesse. Sur « Geezers Need Excitement », cette association de malfaiteurs ressemblait presque à du Starsky et Hutch : un peu mous du genou, les deux compères roulaient des mécaniques mais en restaient aux préliminaires, laissant le batteur et le sampler faire tout le boulot, tandis qu'eux buvaient leur bière. « I can do more than Xzibit », se vantera Skinner pendant « Too Much Brandy » : d'accord, mais est-ce si difficile (relire plus haut) ? Heureusement, « Let's Push Things Forward » suivi de « It's Too Late » remettront les pendules à l'heure, prouvant à l'arraché que Skinner est moins plouc qu'il n'en a l'air (sur scène, tout au moins).

Le problème, quand on joue en même temps qu'une grosse tête d'affiche, est qu'au fur et à mesure de votre concert, tout le monde se barre : en plus d'être un peu mou, le concert de The Streets aura eu l'autre malchance de rivaliser avec celui de Metallica, dont c'est le grand retour après (plus ou moins) cinq ans d'absence. « Today is a great day to be alive », grogne James Hetfield en début de concert, avant de balancer un « Battery » d'une brutalité à faire peur : oui, Metallica is back, et ça va faire mal ! Un nouveau bassiste (le balèze Robert Trujillo, vu et entendu chez Suicidal Tendencies, puis chez Ozzy), un nouvel album (« St Anger », trash mais longuet), une nouvelle jeunesse : autant d'éléments qui augurait d'un concert solide, qu'on soit fan ou pas de ce metal carnassier qui vous prend aux tripes. Les quatre chevaliers de l'Apocalypse étaient très en forme : pas une minute de temps mort, sauf bien sûr sur « Nothing Else Matters », repris en cœur par des milliers de fans exultant (certains faisaient le pied de grue tout devant depuis 11h00 du matin !). Interprétant seulement deux nouveaux morceaux (« Frantic » et « St Anger »), Metallica préféra livrer un set best of, loin de toute contingence promotionnelle. Sans doute pour remercier les fans, toujours aussi fidèles et nombreux malgré le départ de Newsted et le bide de « Load » et « Reload ». Au programme, que des classiques, donc : « Master of Puppets », « Harvester of Sorrow », « Sanitarium », « From Whom the Bells Tolls », « Sad But True », « No Remorse », « Ride the Lightning », « Creeping Death », et en rappel « One » et « Enter Sandman » sur fond pyrotechnique, bref que du trash haute tenue, celui d'avant la période creuse (après le Black Album). Contents du formidable accueil de leurs fans belges, Hetfield, Hammett, Ulrich et Trujillo iront même saluer les premiers rangs après l'apothéose finale, de tapes amicales en distribution d'onglets pour les collectionneurs.

Pendant ce temps, le duo norvégien Royksopp terminait péniblement sa besogne, après une heure d'un set sans grande innovation (si ce n'est la reprise élégante du « Clocks » de Coldplay, chantée par une belle inconnue) : on avait déjà vu les deux amis plus inspirés, et surtout plus dansants. Il est temps pour eux de s'atteler à la suite de leur excellent « Melody AM », faute de quoi on se lassera vite de leurs apparitions multiples. Il est tard, et demain nous attend la dernière ligne droite. Alors que quelques traînards scandent le « One Nation Army » des White Stripes devenus en trois jours l'hymne du festival, nous rentrons au camping pour un gros dodo, qu'on espère bien réparateur.

Informations supplémentaires

  • Date: 2003-06-28
  • Festival Name: Werchter
  • Festival City: Werchter
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