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Pukkelpop 2003 : vendredi 29 août Spécial

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Malgré la pluie qui s'abattit sur le site toute la nuit, on échappa au déluge boueux de l'année dernière… Cette journée fût clairement placée sous le signe du rock, avec une affiche sans faute au Marquee, d'abord avec les Soledad Brothers : trois mecs de Detroit qui connaissent la discographie des Stones sur le bout des doigts, mais qui sont encore jeunes et ne s'habillent pas en collant de fitness. Très chouette, même s'il est clair qu'ils n'ont pas inventé l'eau chaude.

Ensuite, dans une veine plus blues, The Black Keys : un chanteur-guitariste et un batteur… Tiens, ça ne vous dit pas quelque chose ? Ben tiens ! Signés sur l'excellent label de (néo-) blues Fat Possum (RL Burnside), ces deux jeunots sonnent comme un bon vieux disque de Robert Johnson, sauf qu'ils sont blancs et qu'il leur arrive aussi de péter un câble façon Black Sabbath. De sacrés musiciens, en tout cas, à ne pas rater lors de leur prochain passage chez nous, à l'Ancienne Belgique.

Les gars de Cave In nous ont quant à eux laissé plus de marbre : il faut dire que leur dernier album, " Antenna ", nous a laissé comme un sale goût, celui de la trahison. Sorti chez une major et tristement limé aux entournures, " Antenna " n'a pas la rage de ses prédécesseurs, bien plus hardcore et sans concessions. Maintenant, c'est de la power pop à la Foo Fighters (" Antenna " a été produit par… Dave Grohl), bref c'est un peu lisse. D'où ce drôle de concert, alternant nouvelles compos pour midinettes et machins trash d'une autre époque, comme si sur scène se tenait devant nous un groupe complètement schizophrène. Bizarre.

Mais pas plus que Hot Hot Heat, qui finalement nous pompe un peu l'air (voir chronique du concert au Bota) : à force de singer Robert Smith tout en prenant des poses springsteeniennes, la chanteur de ce combo canadien finit par agacer. Ce côté " Eye of the Tiger " version pop-cold wave a certes ses bons côtés (" Bandages ", " Get In or Get Out "), mais pas non plus de quoi crier au génie. Dans un an, on n'en parle plus.

Tout comme The Raveonettes, d'ailleurs : la bassiste Sharin Foo est charmante, c'est vrai… Mais quelle monotonie ! Forcément, quand on compose seulement avec trois accords, toujours en " si " bémol majeur et sans cymbales, ça restreint le champ d'attaque. Le public ne s'y est pas trompé, boudant les Danois, que l'on aurait de toute façon mieux vus au Marquee… Seuls " Attack of the Ghost Riders " et " Beat City " (en final), bref leurs titres les plus corsés, nous auront fait tapé du pied.

Le vrai pied, justement, c'est avec The Kills qu'on l'a pris : exécutant leurs chansons à la structure rythmique squelettique (une boîte à rythmes, une/deux guitares) et leur morgue splendide, VV et Hotel incarnent le rock à l'état pur. Entre eux, le courant passe, électrique, extatique : rarement aura-t-on vu un couple aussi soudé par l'amour et la musique, aussi tendu vers le même objectif – celui de vivre, tels Bonnie and Clyde, en brûlant la vie par les deux bouts. " Fuck The People " est une de leurs magnifiques rengaines : cette " fuck attitude " est d'une beauté troublante, surtout quand il n'y a plus de pudeur, juste de la colère, des nerfs à fleur de peau. VV et Hotel sont beaux, et leur musique est l'une des seules aujourd'hui qui prend ainsi aux tripes.

Si le rock est partout en cette journée maussade, c'est aussi parce qu'il y a des changements d'horaire qui nous ont fait rater pas mal d'autres trucs : Danger Mouse & Jemini par exemple, qu'on a juste vu 5 minutes parce qu'ils n'ont pas joué à l'heure indiquée… Pas cool : ces Américains ont sorti un des meilleurs albums de l'année.

Tout comme The Majesticons, même si ce qu'on en a vu n'était pas vraiment à la hauteur… Après l'électro d'hier, c'était donc au tour du rap d'envahir le Château (exception faite du Youngblood Brass Band, une fanfare concédant devant plus à Frank Zappa qu'au tonton de Marcinelle jouant du trombone à l'Amicale des Zèbres). Demain, le punk funk.

Entre-temps, The Polyphonic Spree semait sa bonne parole (" Smile ! ! ! ") au Marquee, et Gus Gus, en retard, balançait son trip-hop fade à un public qui de toute façon n'en avait rien à foutre.

Parce qu'à côté, à la Boiler Room, il y a avait LFO, mythique groupe de techno du début des années 90, aujourd'hui réduit au seul Mark Bell, plus connu pour son travail récent de producteur chez Björk et Depeche Mode. Une chose est sûre : LFO n'a rien perdu de sa force de frappe, malgré les années (sept ans qu'on attend un nouvel album ! Il arrive fin septembre). L'ambiance est torride, le son est bien corsé, les BPMs martelés. Du délire !

Moins délirant : la nouvelle coupe de cheveux de Beck, sorte de permanente à la David Hasselhof qui ferait presque passer le petit génie de la pop pour le sosie " djeune " d'Helmut Lotti. Dans ces conditions, dur dur de rester objectif : la moumoute était telle qu'on ne voyait plus que ça, et la musique de paraître bien fade face à ce système pileux sponsorisé par Loréal. Mais qui est responsable de ce relookage façon Tom Jones ? Résultat : " Mixed Bizness ", " The New Pollution ", " Loser " et " Devil's Haircut " auront eu du mal à nous convaincre une fois chantés par un type arborant une coupe de tarlouze ignoble… comme si les cheveux du songwriter le plus accompli de sa génération nous empêchaient d'émettre le moindre avis distancié. Que les choses soient claires : les trois morceaux de " Sea Change " étaient magnifiques, tout comme ce " Nobody's Fault But My Own " fragile et bancal… Même le reste, interprété plus " à la coule " qu'auparavant, n'était pas mal non plus. Mais Beck a vieilli, et ses goûts capillaires avec. Et ça, c'est pas cool.

Après telle surprise (surtout visuelle), Alison Goldfrapp se devait de nous remonter le moral : y a-t-il une vie après la permanente ? Attifée telle une diva gothique, jouant avec son theremin comme avec son clitoris (véridique), la Goldfrapp nous aura mené par le bout du nez, jusqu'à nous faire oublier tous nos problèmes d'apprentis coiffeurs. Le dernier album de Goldfrapp, " Black Cherry ", profite du revival eighties avec sans doute trop d'arrivisme… Mais pourquoi bouder notre plaisir face à ces tubes en chaîne (" Train ", " Twist ", " Tiptoe ",…), mélanges coquins d'électro rétro et de parfait glamour ? Alison, quand tu nous tiens !

Décidément, Suede n'a pas de bol : après avoir joué la " première partie " des Guns 'n' Roses l'année dernière, voilà que le groupe de Brett Anderson se retrouve à nouveau en seconde tête d'affiche, devant des milliers de fans de Foo Fighters qui n'attendent plus que Dave Grohl. Brett a beau se démener comme un beau diable, balancer son micro et haranguer la foule, rien n'y fait : la britpop, dont Suede était l'un des plus fiers étendards, n'intéresse plus personne. Un best of sort bientôt. S'agit-il d'un signe avant-coureur de séparation ou de remise en question ? A voir la réaction du public, mieux vaut pour Anderson qu'il s'intéresse à cette question, et fasse le bon choix. Parce que dans l'optique actuelle, Suede ne passionne plus que les fans purs et durs. Et ils sont de moins en moins nombreux.

Avec " Sumday ", les modestes skateurs de Grandaddy n'ont certes pas réitéré l'exploit de " Sophtware Slump " (mais comment auraient-ils pu ?)… Toujours est-il qu'en concert ils restent une valeur sûre : le show est bien rôdé, les morceaux s'enchaînent avec naturel, Jason Lytle est bien sympathique (et remercie le public pour son accueil formidable). Un bon concert, équilibré, où il y a autant de chouettes trucs à voir (l'écran) qu'à écouter (les hits)…

Mais les plus attendus de cette journée, c'était bien sûr les Foo Fighters, numéros 1 en Flandre, grands gagnants du référendum (tout le monde pouvait envoyer, via le site, un top 5 des artistes qu'il souhaitait voir à l'affiche), bref des gars qui cartonnent, mais restent étonnamment humbles et sympas. Autre fait remarquable : Dave Grohl a chanté. Pour de vrai ! Parce que d'habitude, il gueule comme un taré, à se demander si finalement c'est vraiment lui qui enregistre les parties vocales sur chaque album du groupe (le fameux syndrome " Milli Vanilli "). Ca commence fort par un " All My Life " dantesque, malgré la pluie qui tombe maintenant depuis une bonne demi-heure. Les hits s'enchaînent : " The One ", " Times Like These ", " My Hero ", " For All The Cows ", " Learn To Fly ", " Low ", " Everlong ", " Tired of You " (un slow ?), " Breakout " (repris en cœur par des milliers de fans),… Incroyable comme ces types-là ont composé des hits : à la pelle. En final, l'excellent " Monkey Wrench ", ponctué de deux/trois bons " Oh Yeah ! ! ! " dont seul Dave Grohl a le secret… La pluie tombe de plus belle, mais qu'à cela ne tienne, il y a Richie Hawtin à la Boiler Room, et comme d'hab', ça déchire (un album de Plastikman est prévu pour octobre). Aaargh, cette pluie ! Demain, c'est le rhume assuré.

Informations supplémentaires

  • Date: 2003-08-29
  • Festival Name: Pukkelpop
  • Festival Place: Kiewit
  • Festival City: Hasselt
  • Rating: 0
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