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Pukkelpop 2004 : vendredi 20 août Spécial

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Elle est belle, Tali, et en plus elle chante bien : cette Néo-zélandaise signée sur le label Full Cycle apporte un peu de glamour à un genre par trop machiste : la jungle/drum'n'bass. Mâtinés de r'n'b doux comme une caresse, les breakbeats pour une fois ne font plus peur à nos béquilles : quand la femme prend le pouvoir, c'est souvent pour la bonne cause (ici : l'enchantement des sens). « Lyrics On My Lips », susurre-t-elle en compagnie de ses deux choristes : on veut bien les lui voler, d'un baiser, tout en dansant le pas de deux.

Suite à la défection de Jet, l'horaire est décalé sur la Main Stage : tant mieux pour nous, c'est l'occasion d'aller voir le techno-ragga-hardcore de The Bug, alias Kevin Martin de Techno Animal. Ambiance pesante dans le petit Château, sans doute la scène à la programmation la plus alternative… Le cas Jet pose en tout cas le problème épineux des annulations, en grand nombre cette année : Electrelane, Liars, Goldfrapp, Tiga, Snow Patrol, The Icarus Line, Ralph Myerz, Soundtrack of Our Lives, TV On The Radio, Automato, The Veils, My Morning Jacket, Boom Bip, Oi Va Voi, Pink Grease,… C'est énorme ! On se rassurera en pensant aux choix cornéliens que nous aura fait éviter leur absence (déjà que sans eux c'est pénible…). En espérant quand même que ce genre de contretemps ne devienne pas une habitude.

Tube de l'été, troisième, pour Mylo : « Destroy Rock'n'Roll », le premier album de cet Anglais déjà béni par la presse d'outre-Manche, rappelle Royksopp et Daft Punk. Autant dire qu'il s'agit d'électro populaire, proche en cela du big beat, parce qu'au croisement du rock, de la pop et de la dance. La chanson-titre énumère ainsi le nom des vieilles gloires de la pop eighties, comme pour se dédouaner de ses propres tics hyper référencés. Mais Mylo, c'est avant tout « Drop The Pressure » : triste comme la tendance est aujourd'hui de résumer un artiste à son seul tube. C'est la dictature du marketing et des charts, la culture du kleenex : qui, dans un an, se souviendra du bonhomme ? Sans doute dansera-t-on sur autre chose ? Mais l'effervescence ponctuelle d'un tube n'est-elle pas au cœur même de sa définition, de son essence ? C'est la cristallisation d'un instant (un été, un festival, un flirt), rien de plus… Mais en un sens c'est essentiel à l'évolution et à la bonne marche de la musique, quelle qu'elle soit. « Drop The Pressure » donc (le délire habituel sous la tente), et qui vivra verra.

On a vu les Bloodhound Gang, et bien sûr musicalement c'est sans intérêt : de la panade hard-rock FM sur fond de hip hop blanc-bec, jouée par cinq crétins coincés au stade anal. Mais on ne regarde pas un concert des Bloodhound Gang pour la musique : juste pour voir ce que Jimmy Pop Ali et ses potes déjantés vont bien pouvoir faire comme conneries. Cette fois, donc : du lancer de T-shirts à la fronde, un cul sec vodka à l'entonnoir, d'autres culs (des vrais) face caméra, une reprise du « Hey Ya » d'Outkast pour la seule moitié droite du public (scène hilarante, enceintes gauches éteintes, et groupe tournant le dos aux spectateurs de ce côté-là). C'est drôle, et ça s'arrête là : voilà le tour de passe-passe des Bloodhound Gang – faire les idiots (« Jackass », un de leurs titres) pour masquer leur incapacité à écrire une bonne chanson. Le pire, c'est qu'à chaque fois on se laisse entuber, pour leur plus grand plaisir. En fin de compte, ces types sont peut-être moins cons qu'ils en ont l'air. Ou peut-être pas.

LA révélation de ce Pukkelpop 2004 s'appelait Devendra Banhart, un jeune songwriter découvert l'année dernière avec « Oh Me Oh My… », mais dont la carrière décolle seulement maintenant grâce à « Rejoicing The Hands », deuxième LP d'une beauté époustouflante, aux chansons hantées et magiques. Doté d'une voix exceptionnelle, Devendra Banhart s'en sert comme d'un instrument à part entière : du murmure à l’ululement de soufi, cet Américain utilise ses cordes vocales de manière à transmettre l'émotion la plus juste. Un excentrique, diront certains… Mais c'est justement parce que Banhart possède un univers personnel si fort qu'il tranche avec la plupart de ses contemporains. Et touche en plein mille. Seul à la guitare, il aura pourtant dû faire face aux bruits des scènes avoisinantes : les hurlements d'Auf Der Maur d'un côté, les beats eighties de Dr. Lektroluv de l'autre. Dans un tel capharnaüm, difficile de se faire entendre, surtout quand on joue du folk intimiste à faible volume… Faudrait-il revoir la disposition des scènes, ou éviter la superposition de concerts qui ne font pas bon ménage question ambiance ? Toujours est-il qu'après 25 minutes, Banhart aura quitté la scène, s'excusant de ne pouvoir se concentrer dans de telles conditions… Pour revenir 10 minutes plus tard, et continuer à jouer tant bien que mal. Cette situation rocambolesque aura quelque part rendu ce concert encore plus émouvant et prenant : au milieu du bordel ambiant un ange sera passé, très vite mais de manière marquante. Un moment hors du temps, comme seul le Pukkelpop peut parfois nous en offrir.

Après cette excellente surprise, redescendre sur terre. Mission impossible pour les Anglais d'Elbow et leur rock ambient-progressif en apesanteur. Après leur magnifique concert à l'AB il y a quelques mois, Guy Garvey et sa bande remettaient les couverts au Marquee, devant un public attentif bien que clairsemé. Derrière eux, une bannière indiquait leur engagement en faveur du déminage : « We still believe in love », comme nous. Et on croit aussi dur comme fer qu'Elbow est l'un des meilleurs groupes anglais de ces dernières années, unique en son genre et d'une intégrité sans failles. Les points forts : « Fallen Angel » (renforcé par des choristes) et « Newborn », classique de leurs concerts, tout en montée psychédélique. Un beau concert, émouvant et puissant…

Tout le contraire de celui de Mike Skinner, alias The Streets, qui décidément n'est pas fait pour la scène. Autant ses deux albums (surtout le premier) sont des réussites totales, à mi-chemin entre rap, électro et ragga, autant notre « lad » préféré d'Angleterre nous ennuie ferme en live. D'une nonchalance rare, Mike Skinner rappe les mains dans les poches comme s'il pensait à autre chose : à sa bière qu'il a oubliée backstage, au score du dernier match de Birmingham, à sa copine restée à la maison ? L'air fatigué et de s'en foutre, Skinner balance mollement ses tubes (« Turn The Page », « Has It Come To This ? », « Let's Push Things Forward », « Geezers Need Excitement », « It's Too Late »), et le public de rester interdit devant lui. Seuls ses deux nouveaux singles, « Fit But You Know It » (très « Parklife ») et « Dry Your Eyes » (le slow de l'été), donneront aux spectateurs un peu de baume au cœur, et à Skinner du cœur à l'ouvrage. Sans doute que l'Anglais n'aime pas trop se produire en concert : il se sent mieux chez lui, dans son home studio, loin de toute cette agitation médiatique. Allez : tant qu'il continuera à sortir de bons disques, on lui pardonnera son je-m'en-foutisme scénique. La prochaine fois, on prendra juste notre oreiller.

Le Pukkelpop, c'est aussi le festival des grands groupes en devenir : on se rappelle notamment d'un concert de Coldplay au club à 14h, il y a quatre ans… Cette année, c'est Bloc Party qui pourrait bien rafler la mise : la classe de Franz Ferdinand, la noirceur de Joy Division, les mélodies des Buzzcocks, la candeur vocale des premiers Cure, l'élasticité de Gang of Four, la nervosité pulsative de Devo,… Responsable d'un premier EP irréprochable et d'un tube en or (« Banquet »), ces quatre Anglais sont la nouvelle coqueluche du post punk revival. En live c'est encore plus rentre dedans que sur disque : une demi-heure de refrains barrés et de rythmes syncopés, qui laissent les nerfs en pelote. Beaucoup de nouveaux titres, certains plus reposés, qui augurent d'un album en tous points excellent (prévu pour début 2005). Face à tant de maîtrise instrumentale, on reste coi. A revoir au festival des Inrockuptibles en novembre prochain.

Choisir entre Mark Lanegan, Blonde Redhead et Dizzee Rascal ne fût pas une mince affaire : en espérant que le premier revienne chez nous bientôt et parce qu'on a vu (et interviewé) Blonde Redhead aux dernières Nuits Botanique, c'est au Dance Hall que nos pieds nous portèrent. Une grossière erreur : après 15 minutes d'un DJ set hip hop qui n'était vraiment pas nécessaire enfin se pointa sur scène le jeune roi de l'eskibeat, Dizzee Rascal… Qui balança 5-6 chansons avant de se barrer, l'air de rien. « I Luv U », « Fix Up, Look Sharp » et « Jus A Rascal » : des tueries, certes, mais ici trop vite emballées par un Rascal qui porte bien son nom. L'anti-show par excellence, alors qu'on espérait être soufflé par le bonhomme. Pour l'instant, le hip hop au Pukkelpop, c'est pas trop notre pote (cfr The Streets).

Le grand retour de dEUS : Tom Barman sans CJ Bolland, c'est mieux. « Theme From Turnpike » en ouverture. Cinq nouveaux morceaux, dont le single « If You Don't Get What You Want » en clôture : du rock conventionnel, racé mais en régression par rapport à « The Ideal Crash ». Puis les tubes. Un nouveau batteur. Une foule en communion. « Het is faan om terug te zaan ». Barman sous cocaïne? Année sabbatique, « Anyway The Wind Blows ». Retour aux affaires. dEUS, bon concert. Comme d'hab'.

A quelques mètres de là, sur l'autre scène en plein air, les malades de Dillinger Escape Plan : « C'est quoi la merde qu'on entend, là ? », s'exclame le chanteur, un type qui comme ça n'en a pas l'air, mais gueule comme un porc qu'on égorge. Idem pour ses potes. Une heure de metal-grind-hardcore sans compromis (ni mélodies), tout en ruptures de rythmes et déflagrations bruitistes. Le public pogote, poings en avant, gueulant les paroles des titres de leur premier album, « Calculating Infinity ». « Miss Machine », son successeur, vient de sortir : nouveau chanteur, mais pas petite bite. Ca tronçonne, ça gicle, ça tabasse : violence salvatrice, décharge haineuse, défouloir sentimental. Merci, ça fait du bien ! « We are the storm, we are the panasonic youth »…

La jeunesse est belle : au concert des Kings of Leon, elle s'envoie aussi en l'air, sans doute échauffée par les concerts qui viennent de se terminer. Caleb Followill, le chanteur, s'est rasé la moustache : ça fait moins cow-boy, moins « Strokes sudiste ». Trois frères, plus le neveu : à quatre, ils font du country-garage, The Band vs. The Stooges. « Happy Alone », « Trani », « Red Morning Light » : la jeunesse (pana)sonique s'en donne à cœur joie. C'est la fête. Pourtant, les Kings of Leon n'ont pas l'air d'avoir la grande pêche : ils jouent mollement du rock plutôt nerveux (et pas le contraire), comme si c'était là leur signature, leur singularité. Sûr que shootés au Red Bull, ces Américains d'à peine vingt ans foutraient un sacré bordel : pour voir du vrai spectacle, rien de tel, finalement, qu'un concert de My Morning Jacket…

Ou des Chemical Brothers. Habitués des festivals, Ed Simons et Tom Rowlands n'ont jamais eu de problèmes pour mettre le public belge à leurs pieds : des tubes à la pelle (« Hey Boy Hey Girl » marqua le début des festivités), une science du mix qui fait qu'un concert live des frères chimiques n'est jamais pareil, un show visuel sophistiqué et classieux,… Encore une fois donc, les Chemical Brothers auront fait mouche, surtout dans la première moitié de leur set. Les nouveaux morceaux joués pour l'occasion augurent en tout cas d'un nouvel album plus électro et binaire (= club), bref moins crossover (= rock). Du bon boulot, même si le public, fatigué par deux jours de bourlingue musicale et le ventre affamé, avait du mal à suivre…

Dans de telles conditions, mieux vaut terminer la journée en douceur, en compagnie de Greg Dulli et ses Twilight Singers. A la rentrée le groupe à l'ex-Afghan Whigs sort un album de reprises (« She Loves You »), d'où ces covers en nombre : « Hyper-Ballad » de Björk, « (Don't Fear) The Reaper » de Blue Oyster Cult, « All You Need Is Love » des Beatles, jouées en intégralité ou par bribes… On retiendra comme point fort ce duo avec Mark Lanegan sur « I Want You (She's So Heavy) » (des Beatles, encore). Greg Dulli, on le sait, a la classe. En jouant « Faded » (de « Black Love ») ou encore « If I Were Going » (de « Gentlemen ») et « Uptown Again » (de « 1965 »), il aura aussi rappelé à notre bon souvenir qu'Afghan Whigs était un grand groupe… De ces volutes électriques on retiendra surtout l'élégance et la force : un parfait mélange pour sauter pieds joints dans les bras de Morphée, jusqu'à demain… Dernière ligne droite.

 

On les a ratés (et c'est bien dommage) : De Portables, Her Space Holiday, Mauro Pawlowski and the Grooms, Joanna Newsom, The Dirtbombs, Christian Kleine, Ricardo Villalobos, Mondo Generator, Stijn, Funkstörung, Mark Lanegan, Blonde Redhead, Kid 606, I Am Kloot, Mono, Roni Size.

Informations supplémentaires

  • Date: 2004-08-20
  • Festival Name: Pukkelpop
  • Festival Place: Kiewit
  • Festival City: Hasselt
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