Jasper Steverlinck inspiré par Roy Orbison ?

Jasper Steverlinck vient de sortir un nouveau single. Il en parle : ‘« Nashville Tears » est l'une de ces chansons qui m'est venue à moi, instinctivement. Elle a coulé d'un seul jet, comme si la chanson s'était écrite toute seule. Elle évoque un moment très…

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Rock Werchter 2004 : jeudi 1er juillet Spécial

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Si ça continue, dans dix ans il faudra prévoir quinze jours de vacances pour aller à Werchter : depuis quelques années le festival d'Herman Schueremans pratique une surenchère qui coûte non seulement au portefeuille mais aussi à nos pauvres rotules rôties par le soleil. Quatre jours, soixante groupes, 300.000 personnes : des chiffres mirobolants qui confirment en tout cas la bonne santé du festival rock le plus important de notre plat pays. « Donnez-leur du pain et des jeux », disait César. A Werchter c'est pareil, sauf qu'on parle de musique. Qui oserait cracher dans la soupe ? Et pourtant, malgré quelques têtes d'affiche solides (The Cure, Placebo, Air, Pixies), cette nouvelle édition du festival flamand n'aura pas toujours rempli avec honneur son cahier des charges : annulation de Bowie (et, dans une moindre mesure, de Youngblood Brass Band), tarifs exorbitants (3€ pour un cornet de frites pas cuites, 15€ le camping, parfois sans commodités !), programmation parfois suffisante (Moloko, Franti, Metallica, Lamb,… Vus et re(-re)vus sur la plaine de Leuven). Il y a fort à parier qu'à moyen terme ne seront plus invités que d'énormes stars du music business, sponsorisés par ClearChannel, écrasant de leur poids médiatique les groupes indie et les songwriters qui pourtant méritent eux aussi une place sous notre soleil… Heureusement, on n'en est pas encore là, même si l'orage gronde (« Participez à la réélection de Bush : allez à Werchter », pouvait-on lire sur des affiches placardées dans les rues de Bruxelles – une manière de stigmatiser la mainmise de ClearChannel sur le réseau du booking en Belgique… Clearchannel étant la société d'affichage qui, cerise sur le gâteau, finance la campagne électorale de Bush).

Heureusement, il y aura toujours des artistes engagés qui refuseront de jouer le jeu des multinationales, en condamnant ces viles synergies politico-commerciales : ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard si Michael Franti eut l'honneur d'ouvrir les festivités, lui qui se bat chaque jour pour transmettre son message de paix, d'amour et de tolérance. Et ça n'a rien d'opportuniste, ni de chiqué : l'Américain n'a jamais cessé de combattre les injustices, à travers ses chansons d'un optimisme joyeux. Cette naïveté pourrait sembler, aux yeux de certains, d'une pitoyable niaiserie : au contraire, c'est chanté avec tellement d'allant qu'on ne peut qu'applaudir en signe d'approbation. Et danser, parce que Franti, en plus d'être un des artistes américains les plus soucieux du monde qui l'entoure, se révèle à chacun de ses concerts un « entertainer » né, qui prend le public à parti sans lui bourrer le crâne. « Rock The Nation » en ouverture, suivi de « What I Be », « Pray For Grace » ou encore « Sometimes » mettent ainsi les pendules de Werchter à l'heure… Autrement dit c'est la fête qui commence, mais ce n'est pas une raison pour oublier qu'autour de nous des cow-boys s'amusent à pourrir notre existence.

Comme le temps, d'ailleurs, en ce début de mois de juillet : pendant tout l'après-midi, de gros nuages auront failli menacer notre bonne humeur, en plus des barbecues saucisses. Chance : la pluie n'aura pas gâché notre week-end, ou presque. De toute façon, sous la pyramide où jouent The Bees, il fait chaud et sec. De quoi se délasser à l'écoute de ces comptines country-psyché-folk d'un autre âge (les sixties), jouées par six Anglais débonnaires qui jonglent avec les références (en vrac : les Beatles, The Byrds et la northern soul). « Free The Bees », leur deuxième album, vient de sortir. On pense à The Coral coincés dans une faille temporelle, qui loucheraient vers l'Amérique d'Easy Rider et de la Beat Generation : dommage que le public, venu par curiosité à défaut de connaître leur répertoire, soit resté de marbre face à ces excentriques de la cause post-hippie. On en reparlera sans doute, mais pour l'instant il est encore trop tôt…

Question timing, The Rapture arrivent par contre à temps, voire un peu tard : leur tube disco-punk « House Of Jealous Lovers » tourne en boucle sur nos platines depuis déjà deux ans. Pour leur quatrième passage sur nos plates bandes (après le Culture Club, le Bota et le Pukkelpop), ces Américains avaient donc intérêt à prouver une fois pour toutes qu'ils sont bien les dignes descendants de Liquid Liquid et A Certain Ratio, bref d'une certaine idée du punk revu à la sauce dance. Las : malgré un début fracassant (« Out Of The Races And Onto The Tracks »), le groupe aura eu bien de la peine à convaincre. A part lors du triptyque « Olio-The Coming of Spring-Echoes », où enfin l'on vit le public se réveiller et danser les bras levés, Luke Jenner et ses potes n'auront pas réussi à retourner la tente à l'aide de leur punk-funk pourtant diablement jouissif. En cause l'insupportable « Open Up Your Heart » en plein milieu du set, un slow visqueux et geignard qui eut pour fâcheuse conséquence d'endormir tous nos nerfs. Même leur tube gigantesque (« House Of… », donc) en final aura laissé un goût de trop peu : noyé dans les reverbs, il perdit toute sa vigueur et sa force de frappe. Résultat : alors qu'on attendait ce moment avec une impatience non feinte, on resta sur notre faim. Ce concert aurait dû être un grand moment. Ce fût juste un bon moment. La nuance fait mal quand on se rend compte combien de délires on s'est pris en dansant sur The Rapture en club et ailleurs…

On en regretterait presque d'avoir raté Sean Paul affichant ses airs de faux Jamaïcain boosté par MTV. Et on aurait peut-être bien ri. On aurait dansé sur « Gimme The Light », « Baby Boy » (sans Beyonce), « Get Busy » et « Like Glue » en remuant du bassin  comme ses danseuses en tenue légère. On aurait peut-être eu une érection en matant leur derrière. On aurait même chanté, voire fumé un gros spliff (quoique, celui-là on le réserve pour le concert de Cypress Hill). On n'aurait pas acheté l'album (faut pas déconner non plus), mais on se serait bien amusé.

Idem pour Pink, sauf que là on l'a vue (de loin quand même). Pour certains, Pink est un peu l'anti-Britney Spears (elle n'est pas mince, pas jolie, pas Lolita, pas si bête, pas si pop bubblegum) : à la limite, dire qu'on aime Pink, ce n'est même pas une honte. Ses tubes faussement rebelles, faussement rock, s'avèrent efficaces en plein zapping : ça ne mange pas de pain, même s'il faut bien admettre que « God Is A DJ » (rien à voir avec Faithless), par exemple, est une chanson très conne. Quoi d'autre à signaler ? Une cover de « What's Up » des Four Non Blondes (Linda Perry a produit le dernier album de Pink), et les tubes, « Trouble », « Just Like A Pill », « Let's Get This Party Started »… Les venues de Sean Paul et de Pink à Werchter annoncent quand même des lendemains festivaliers qui déchantent : certes Werchter se veut de plus en plus le festival de tous les publics, capable de répondre aux desiderata de la masse sans cesse grandissante (record cette année : complet en trois semaines !), mais de là à se fourvoyer dans la programmation de stars FM… Si ça continue, dans deux ans les NKOTB reformés se disputeront la tête d'affiche avec Ricky Martin (vision d'horreur, mais qui sait ? Avril Lavigne est bien persuadée de jouer du rock'n'roll…).

Les choses rentrent dans l'ordre à 22h20 lors de l'entrée sur scène de Robert Smith et de ses sbires vêtus de noir. Tandis que retentissent sur la plaine les notes réfrigérées de « Plainsong », la silhouette pâteuse du leader de The Cure se faufile tel un fantôme sous l'écran qui la domine, son visage strié de fulgurances phosphorescentes à mesure que les fans du premier rang le mitraillent de leur flash. Pas de doute : c'est bel et bien Robert, ses vieilles baskets pourries, ses trois couches de Rimmel, son sourire figé, ses gestes lents, sa voix spectrale. Simon Gallup est couché sur sa basse, lui soutirant de longues plaintes électriques de ses bras ballants. Roger O'Donnell reste statique derrière ses synthés, le sourire en coin, tel une figure de cire de chez Mme Tussaud. Perry Bamonte est en retrait, concentré. Jason Cooper martèle ses fûts avec bonne grâce. A cinq, ils ont plutôt la classe. D'autant qu'aujourd'hui ils sont cités comme influence par The Rapture (la voix), Hot Hot Heat, Interpol, Mogwai,… Alors qu'il y a cinq ans encore on ne donnait pas cher de leur peau (fort abîmée par l'abus de talc et de maquillage gothique). Avec un nouvel album sous les bras (sobrement baptisée « The Cure », comme un nouveau départ), The Cure est de retour. Et sonne plus incisif que jamais. En outre, son nouvel album a été produit par Ross Robinson (Korn, Limp Bizkit, At The Drive-In, Slipknot). Pendant l'heure et demie de concert, cinq nouveaux titres seront interprétés : « Before Three » (sans doute le morceau le plus faible de l'album, et le plus pop), le single « The End Of The World », le furieux « Alt.end », et en toute fin « The Promise » (et sa montée de sève pesante et puissante) ainsi que « Going Nowhere » (calme, donc peu propice comme rappel). Sinon, pas moins de six titres de « Disintegration » (« Plainsong », « Fascination Street », « Pictures of You », « Lullaby », « Lovesong » et « Disintegration »), et ces autres classiques que sont « A Night Like This », « In Between Days » (ici dans une version des plus kitsch, la faute à Roger et à ses synthés Bontempi), « Just Like Heaven », l'énorme « From The Edge Of The Deep Green Sea » ou encore « One Hundred Years » (terrible) et « Strange Day » de « Pornography ». Il semble que depuis la tournée « Trilogy », The Cure privilégie lors de ses concerts les ambiances noirâtres et dépressives, à l'embonpoint mélancolique parfois pelant, mais en fin de compte d'une belle cohérence chromatique. Pour ce concert Robert Smith aura même surpris le blasé par son étonnante rage, et ses quatre compères par leur violence de jeu. Oui, The Cure est de retour, et ça va faire mal.

Assister à un concert de Cypress Hill, ça peut aussi faire mal. Aux sinus et à la gorge, à force d'inhaler de la fumée qui fait rire. D'autant que d'entrée de jeu, les rois de la fumette attaquent par « Insane In The Brain » : « Are you feeling insane over here ? », vilipendent B-Real et Sen Dog sous une pyramide pleine comme un œuf et chaude comme la braise. Le beat est costaud, l'ambiance est survoltée. Déjà l'année passée, Cypress Hill avait mis le feu à Werchter, juste avant les fils à papa de Coldplay. Avec leur mélange de hip hop corsé comme un blunt, de rock primaire et de rythmes mexicanos, Cypress Hill est sans doute le groupe de rap le plus apprécié par les rockeurs (l'énorme « Rock Superstar » en final)… et par les fumeurs de ganja. Parce que Cypress Hill, c'est d'abord ça : un trip de b-boys stoned 24h/24, une ode à « Marie Jeanne », un cours en accéléré du parfait petit planteur d'herbe (« Dr. Greenthumb »). B-Real paradait d'ailleurs avec un fameux joint lors des tubes pro-fumette « I Wanna Get High » et « Hit From The Bong » : 30 cm de long au bas mot, et pas rempli de salsepareille. A chaque tirée, le rappeur en perdait presque sa voix (comme s'il avait sniffé de l'hélium) : mais comment font-ils pour passer les frontières ? « I Like to smoke weed », ironise-t-il en tenant son calumet au-dessus du public : c'est très bien, mais faut-il pour autant en faire son fond de commerce ?

De l'autre côté, Basement Jaxx évite toute prise de tête en balançant hargneusement sa house explosive : en ouverture, Lisa Kekaula des Bellrays déploie ses talents monstrueux de vocaliste sur « Good Luck », puis c'est « Right Here's The Spot », « Red Alert », « Romeo »… Que des tubes festifs à se faire péter les guiboles, ponctués en finale par l'excellent « Jump & Shout » et son refrain ragga bien boombastic : Basement Jaxx, c'est de la bombe, bébé ! (et il était temps qu'on se trémousse un peu – l'électro pourrait d'ailleurs être la grande perdante de l'affiche de cette année : peu de BPMs au programme, et c'est bien dommage).

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2004-07-01
  • Festival Name: Werchter
  • Festival City: Werchter
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