Ce n’est pas la fin pour Caesaria…

Thomas, Louis et Théo ont tissé leurs liens dès l'enfance, autant sur la pelouse du club de foot qu’autour du son. C’est la scène qui devient leur terrain de jeu favori, et ça se voit : leurs ‘live’ électrisent les corps et marquent les cerveaux au fer rouge.…

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Rock Werchter 2005 : samedi 2 juillet Spécial

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La journée débute sur les chapeaux de roues. Et un effroyable dilemme nous attend sur le site: les vétérans vitaminés de Therapy ? ou la nébuleuse rock And You Will Know Us By The Trail Of Dead ? Notre choix se tourne vers ces derniers. Trail Of Dead, pour les intimes, tape un sacré tintamarre sous les voûtes de la Pyramid Marquee. Devant un parterre dégarni, les Texans se montrent inspirés. Les musiciens pratiquent une sorte de chaise musicale grandeur nature. Chez eux, tout le monde tourne et tricote un nouvel instrument. Une guitare troquée contre une batterie par ici, une basse échangée contre une guitare par là et un micro terrorisé par des chanteurs intérimaires finissent par convaincre de l'originalité de la formation. L'acte se conclu par "Ounce Of Prevention" dans une tourmente de riffs virevoltants et diablement efficaces.

La suite de nos péripéties est moins drôle. Le charme annoncé de Rilo Kiley laisse franchement à désirer. C'est doux et gentil. Mais la pop a déjà connu escapade plus folle…

L'entreprise dégénère rapidement et l'exode vers la Main Stage de Daan devient inexorable. Quel beau crooner que ce Daan ! Costume blanc, lunettes noires, l'homme est raffiné et ça se sent. On ne peut pas en dire autant de ses sbires. Aux claviers, une sorte de mascotte Haribo (c'est beau la vie?) modelée pour l'Eurovision balance sa frange peroxydée comme une langouste exotique. Ce garçon n'a aucune classe, c'est une parodie incarnée. Derrière lui, deux potiches: une bombe sexuelle à la batterie et une jolie créature à la basse. Pour ouvrir la danse, Daan dispose de "Housewife", tube infaillible. Le public à majorité néerlandophone en redemande. Daan l'entend et adresse "Eternity" pour assouvir la pulsion populaire qui envahit peu à peu la plaine de Werchter. L'élégant monsieur ne se pose pas de question: il fume, il boit, s'assied et se couche en coquet de bon aloi. A ses côtés, la troupe de variété qui lui fait office de groupe a pauvre allure. On a beau apprécier les performances de Daan sur disques, il faut bien admettre que le visuel scénique suscite l'incompréhension. La vue d'ensemble reste inconsistante et pas bien méchante. Daan ne montre jamais les dents et même "Victory", son hit, s'encroûte précipitamment dans une gestuelle ringarde digne du 'bébête show'.

Sur ce, on s'éloigne du naufrage et on rejoint les rives de la Pyramid Marquee où Murray Lightburn et les siens dispensent le romantisme exacerbé de The Dears. Chaleureux et réconfortants sur disque, sur scène, les Canadiens chavirent dans une démesure émotionnelle. C'est pompier et larmoyant. Et même le fulgurant "Lost In The Plot" ne modifie guère l'attitude outrancière de ce tragique épisode. Ne reste plus qu'à patienter avant l'avènement pressenti des Londoniens de Bloc Party. 17h20: l'agonie surfaite de The Dears touche à sa fin. Il est temps de se positionner pour assister au concert tendance de la journée.

La silhouette athlétique de Kele Okereke surgit et ses compagnons d'aventure le suivent de près. Du post-punk ? De la cold-wave ? Peu importe, Bloc Party détache les étiquettes et déracine la hache de guerre. "Like Eating Glass" entame la croisade sensible de nos gays lurons. Foudroyant et radical, le message de Bloc Party est belliqueux. Et la bataille ne fait que commencer. Tout sourire, Okereke repart à la charge et expulse "Positive Tension" de l'amplificateur. Une hystérie générale s'empare du parterre public dès les premières notes de "Banquet". Les Anglais assurent le spectacle. Plus rudes et déchirées que sur les enregistrements de Paul Epworth (The Rakes, The Futurheads), les chansons du groupe passent comme une lettre au déchiqueteur électrique. Les pogos sont de plus en plus violents, les titres de Bloc Party de plus en plus incendiaires. Ces garçons se dégourdissent à tout va. Kele torture sa Telecaster. Sans relâche, il empoigne son manche et griffe ses cordes. Le concert s'apaise dans la fournaise de "This Modern Love". Shoegazer invétéré, Russel Lissack, le deuxième guitariste, n'abandonne pas une seconde ses chaussures du regard. Elles doivent beaucoup lui plaire car il assure parfaitement la rythmique du groupe. Bloc Party dispose indéniablement d'une nouvelle notoriété. La formation a grandi et l'image restrictive du groupe hype à la mode n'est plus tendance. Bloc Party a défini son identité. Ne lui reste plus qu'à forcer le respect !

Après l'invasion britannique, on retrouve le Blanc Bleu Belge. Rien à dire, les nationaux de Millionaire sont devenus de sacré poids lourds dans notre paysage musical. La bande de Tim Vanhamel ouvre le "Champagne" en début de prestation. C'est pétillant, mature et intense. Dès l'instant d'après, Millionaire débouche "Love Is A Sickness", titre issu de sa cuvée "Paradisiac". Les petits Belges déboulent et sortent le gros son. Plus tard, "Come With You" produit son effet et Tim se tortille comme un poisson hors de l'eau. La formation a gagné en puissance ce qu'elle a perdu de son funk original. Qui s'en plaindra ?

Après un deuxième album particulièrement réussi, Interpol était considéré par de nombreux observateurs comme une des principales têtes d'affiche de cette édition 2005. Les New-Yorkais étaient attendus au tournant. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe a fait sensation. Le regard défiant un ennemi imaginaire, Paul Banks affronte d'emblée son auditoire. D'une voix grave et sombre, il psalmodie les premiers mots de "Next Exit". L'entame du concert fait du bien là où ça fait mal. Interpol discerne le point sensible de la nature humaine, touche l'auditeur au plus profond de sa grâce. Aristocrates mélancoliques d'un rock ténébreux, les quatre musiciens enfoncent directement le clou en cognant un mirifique "Slow Hands" dans la tronche épatée de milliers de fans transis. Banks allume une cigarette, brave la foule d'une œillade démoniaque et étale son indiscutable charisme au grand jour. "Say Hello To The Angels", chante-t-il entre deux bouffées de tabac. La suite était écrite: "Evil" rencontre une ferveur populaire énorme, incommensurable. A quelques mètres du chanteur, un type récite religieusement les mots professés par l'homme en noir. L'hystérie collective revêt le costume d'Interpol. Le concert approche le paroxysme, monte vers les étoiles et soudain, c'est l'accident. D'irrémédiables problèmes sonores viennent gâcher l'instant. La basse de Carlos D. se retire en coulisse et s'efforce de maintenir ses lignes inquiétantes. Mais l'inquiétude se mue en un accablant constat d'impuissance et le concert s'achève prématurément. L'épilogue nous laisse un goût indéfinissable en travers de la gorge, étrange mélange d'excitation, de surprise et de tristesse.

Mais c'est connu un bon festivalier ne baisse jamais les bras (et dispose généralement de bonnes jambes)! Une course olympique nous conduit ainsi aux alentours de la Main Stage où Nine Inch Nails s'acharne sur la fin de "Closer". La puissance vocale de Trent Reznor est bouleversante. On se met à regretter le doublon entre Interpol et Nine Inch Nails. Et comme pour renforcer cette optique, le bon vieux Trent nous agresse d'un "Hurt" d'une rare violence. Le concert s'achève en force par "Head Like a Hole".

Pour nous, la journée pouvait s'arrêter là, mais pas pour Rammstein. Les Allemands constituent la tête d'affiche proclamée du Rock Werchter 2005. Les t-shirts tamponnés à l'effigie du groupe post-industriel s'amoncellent en nombre aux abords de la Main Stage: ça va péter! Et de fait, les pensionnaires de Berlin-Est boutent les feux d'artifices à la moindre incartade. L'artillerie lourde est en train de chauffer la plaine comme une colonie de Panzers décampant sous les bombardements alliés. Et pourtant rien à faire, la musique de Rammstein est stéréotypée à mort. Les protagonistes de ce grand cirque jouent d'ailleurs sur un physique martial à en perdre les pédales. Et nous, pauvres belettes paranoïaques, on s'interroge sur l'engouement général qui tourne autours de ces zozos. Ces gars véhiculent une imagerie ultra nationaliste et totalitaire. On a beau savoir que c'est du pipeau, ça fout quand même les boules. Quand est-ce qu'on rentre au camping ?

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2005-07-02
  • Festival Name: Werchter
  • Festival City: Werchter
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