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Dour Festival 2005 : vendredi 15 juillet Spécial

Écrit par Sébastien Leclercq et Bernard Dagnies
&

On ne peut pas vraiment dire que les tronches du trio Experimental Tropic Blues Band (NDR : tant qu'ils y étaient, ils auraient pu trouver nom encore plus long !) soient à l'image de leur musique. Il est même assez incroyable que des aussi jeunes gars (NDR : les filles ajouteraient certainement et beaux) pratiquent une musique aussi 'fieftiesante'. Et avec autant d'aplomb. Leur psycho boogie naturellement inspiré du Blues Explosion et des Cramps est, à l'instar du titre de leur dernier EP, de la dynamite. Sur les planches, Psycho Tiger, Boogie Snake et Devil Inferno alignent leur compos à une cadence infernale. Et le public flambe ! Psycho Tiger s'autorise même une séance de stage diving sur le ventre au milieu de la foule (NDR : bravo pour le roadie qui est parvenu à dérouler le fil du micro) alors que Boogie Snake est parvenu à cadencer le morceau final du set à l'aide de la fiche de sa guitare.

La longue tournée opérée par Frédéric Sioen passait donc par Dour. Pour la circonstance, le jeune Gantois a embarqué un backing group constitué d'un guitariste, d'un bassiste, d'un drummer et d'un violoniste. Frédéric se réservant les parties vocales et le piano ; piano qu'il délaisse parfois pour se consacrer exclusivement au chant. Et de son son timbre légèrement rocailleux, il parvient à faire passer des émotions très fortes. Le set va aligner compos issues de ses deux albums, à travers une musique qui mêle allègrement pop, rock, classique, jazz, prog et parfois même flamenco ou funk blanc. Etonnant qu'un garçon aussi talentueux passe si peu sur les ondes francophones.

Comme le déclarait Fabrice, Austin Lace gagne deux heures chaque année. Peut-être que d'ici deux ans, la formation nivelloise sera la tête d'affiche. C'est tout le mal qu'on lui souhaite. Son sens inné de la mélodie contagieuse et le soin tout particulier apporté aux harmonies vocales sont leurs principaux atouts. Des harmonies vocales purifiées par le falsetto suave de Fabrice. Il leur reste sans doute à trouver une image ; quelque chose qui leur permette de passer à l'échelon supérieur. Car comme d'habitude, leurs chansons ensoleillées font mouche. Enzo, le claviériste, va même rejoindre épisodiquement les autres musiciens, au devant de la scène, pour y jouer de la guitare sèche. Une version plus alanguie et davantage élaborée de « Wax » et un « Kill the bee » explosif seront les points culminants d'une prestation très appréciée. Et en particulier par la cohorte de fans que la formation avait déplacée. En finale, Fabrice va même inviter une vingtaine de filles (NDR : que des filles, insistera Fabrice) pour improviser quelques pas de danse et faire la fête sur « Say goodbye ».

Devendra Banhart, c'est l'artiste qui monte. Gradué de l'institut des Arts de San Francisco, ce Californien est aussi doué en peinture, en poésie qu'en musique. Découvert par Michael Gira (NDR : ex Swans et fondateur du label Young Gods), Banhart compte déjà 3 albums à son actif. Mais c'est surtout sur les planches qu'il défraie la chronique. Capable du pire (NDR : sa prestation imbibée d'alcool, accordée au Grand Mix de Tourcoing), mais le plus souvent du meilleur, il affiche un look de hippie circa 1968 (NDR : Grégory pensait même qu'il était la réincarnation du Christ). Et les 3 autres gratteurs qui l'accompagnent auraient pu également naître à la même époque, l'un d'entre eux portant même une superbe tunique indienne. Ce quartet de barbus vient s'asseoir sur le devant de la scène, passant allègrement de la guitare acoustique à l'électrique. Ils chantent aussi tous les quatre, même si le plus souvent Devendra assure le lead vocal. Une superbe voix dont les inflexions me rappellent parfois Jeff Buckley. Derrière le drummer a mis une barbe postiche bleue et porte des lunettes orange. Histoire de rester dans le ton. Tout au long de ce set, le groupe va interpréter un répertoire taillé dans le folk légèrement teinté de psychédélisme. Quittant leur siège au beau milieu de la prestation. C'est le moment que va choisir Devendra pour se consacrer exclusivement au chant. Torse nu, pantalon de velours mauve, il arpente la scène sur toute la largeur. Puis vers la fin du set, invite un artiste en herbe à venir chanter sa propre création. Lui permettant même d'emprunter la guitare d'un des membres du groupe. Et le garçon qui s'y risque s'en tire même plutôt bien. A brûle pourpoint, il ne fallait pas avoir froid aux yeux. Et avant de prendre congé de l'audience, Devendra accordera la plus belle citation du festival : « Merci, chevaliers du soleil »… Un grand moment !

Ayant sévi ou sévissant encore chez Faith No More, Mr. Bungle, Tomahawk, Dillinger Escape Pla, X-Ecutioners, et j'en passe, Mike Patton drive une des formations les plus énigmatiques de la scène underground : Fantômas. Avant que le groupe ne monte sur scène, on assiste à l'érection d'une véritable cage en acier destinée à monter la batterie et ses accessoires. Impressionnant ! Trois grosses caisses, une multitude de toms, une trentaine de cymbales de tout calibre et des percussions en tous genres y entreront. Et en live, le drummer s'y réfugie. Comme dans une cage. Ne laissant apparaître ses mains que pour tourner les pages de sa partition. Bref, un spectacle à lui tout seul ! Et pourtant, il paraît qu'il s'agit d'un remplaçant. Adossés à leurs amplis, le guitariste Buzz Osborne (NDR : imaginez la tête de Robert Smith dans dix ans) et le bassiste Trevor Dunn sculptent les sonorités de leurs décharges électriques. Et puis il y a, bien sûr, Patton. Des yeux perçants, effrayants, fantomatiques. Un claviériste, bidouilleur et surtout un chanteur capable d'inflexions de fou furieux. Mais il est surtout le chef d'orchestre. Canalisant les élucubrations sonores les plus démentielles. Ses sources d'inspiration ? Multiples ! Au hasard, je citerai Pierre Henry, Wagner, Boris Karl-Off, John Zorn, Slayer, Sinatra (NDR : et je vous invite à compléter la liste). En outre, il utilise tout ce qui lui tombe sous la main pour le mettre au service de son esprit créatif : l'orgue de Barbarie et la sirène d'alarme, par exemple. Quelque part, il me fait penser à feu Frank Zappa. Alors, Fantômas serait-il les Mothers Of Inventions du XXIème siècle ? Je suis incapable de répondre à cette question ? Ni même de dire si j'ai apprécié ou non le set. Une chose est sûre, il m'a déboussolé.

B.D.

 

Sébastien a pris le relais en soirée :

Le soleil ne désemplit pas et la foule non plus ! Pour la première fois dans l'histoire du festival, le 'sold out' est décrété en cours de journée ; et il n'est plus possible de se procurer de  ticket combi 4 jours. Hormis les fans de métal/hardcore qui pouvaient se contenter de rester devant la Last Arena, il faudra à nouveau surfer d'une scène à l'autre pour être dans les bons coups. Dommage de manquer Lofofora, Tahiti 80, Austin Lace, Walls of Jericho, Cult of Luna ou plus tard en soirée Fantômas, mais il faut bien faire des choix.

Et le premier de la soirée allait s'avérer gagnant : quoi de mieux qu'un bon groupe de folk dans le Dance Hall pour se remettre en jambes ? Le Bucovina Club Orkestar est annoncé comme un des groupes montants de la world music. Difficile d'étiqueter le mix énergétique livré par les protagonistes sur scène : imaginez une rencontre au sommet balkanique au cours de laquelle des fanfares yougoslaves, ukrainiennes et roumaines se réuniraient. Ajoutez-y une pincée 'gipsy' et vous ne serez pas loin du compte. Derrière ce cocktail harmonieux, on retrouve un Allemand, Stefan Hantel dit Shantel. Une chose est sûre, avant la prestation d'Etienne de Crecy et d'Alex Gopher (NDR : dans un autre genre), le Bucovina Club Orkestar n'a pas eu son pareil pour faire bouger la foule ; et il a fort à parier qu'on parlera encore d'eux dans un futur proche...

Autre groupe d'origine yougoslave (slovène plus exactement), mais autre style pour Laibach, programmé sur la scène principale. Et le passage d'une scène à l'autre nécessite à nouveau une certaine ouverture d'esprit : on passe d'un folk débordant de cuivres et d'énergie à un métal/indus plutôt froid et morose, même s'il s'avère captivant. Nonobstant 20 années de parcours, les occasions de voir les Laibach en 'live' sont plutôt rares. Le début du show évoque Rammstein, les feux d'artifices en moins, mais deux jolies percussionnistes fringuées à la 'Tomb raider' en plus. Assez vite, le grand public - dont la connaissance du genre musical se limite à Metallica ou Marylin Manson - commence à s'ennuyer. Ce qui peut se comprendre ; car certaines compos tirent en longueur. En outre, la langue de Goethe n'est vraiment pas faite pour alléger la solution sonore. Finalement, seuls les véritables amateurs du genre tiendront la distance.

Si les médias ne peuvent s'empêcher de faire référence à Sneaker Pimps, lorsqu'ils évoquent I am X, il faut admettre que depuis son départ, il a pris un virage à 180°. Il a donc définitivement coupé le cordon ombilical avec les autres membres du groupe. D'ailleurs, le show de ce soir n'a plus rien à voir avec celui de son défunt groupe. Des tendances électro, il reste un fil conducteur ; mais ce fil prend sa source dans la new-wave des années 80, que Chris Corner dose avec une énergie propre à I am X. Aux côtés de Chris Corner, au look déjanté et presque androgyne, on retrouve un groupe solide, tonique, qui nous balance un spectacle épatant, sémillant. Pas surprenant d'ailleurs que la 'Petite maison dans la prairie', bien loin du décorum habituel de la famille Ingalls, s'est rapidement animée.

Malheureusement le temps presse, impossible de voir l'intégralité du show. Après avoir manqué le retour de Fantômas, je ne voulais pas louper les Project Pitchfork. Au sein des survivants de la vague électro-goth, ces Allemands figurent parmi les meilleurs. Il y a plus de 15 ans qu'ils militent dans l'underground ; se produisant dans des endroits fermés comme le Steeple à Waregem ou le Cactus de Bruges. Pourtant, ils avaient eu l'occasion de brasser un public plus large en 1997. Lors de l'édition fort sombre du Dour Festival, aux côtés d'autres références du genre comme Sisters Of Mercy ou Das Ich. Mais cette année, pour les fans moins nombreux de gothic/new-wave/indus, l'ambiance est loin de cette mémorable journée de 97 où la plaine de la machine à feu était envahie de 'corbeaux' (NDR : dixit Ponpon, qui ne semble pas spécialement les apprécier ; et traduisez plutôt par 'sosies de Robert Smith' ou aficionados en tenues vampiriques ou sataniques, des expressions bien moins péjoratives). La Popbitch tent n'est remplie qu'à moitié mais les absents auront tort. Et pas seulement parce que leurs tenues de scène sont plus sobres. Confirmant l'impression laissée par leur récent album « Kaskade », bien moins ténébreux que leur précédent « Inferno ». Le groupe teuton donne toujours l'impression de vider ses tripes sur scène ; mais paradoxalement, il le fait en manifestant une sympathie et une joie de vivre assez étonnantes (NDR : il y aura une flopée de paradoxes à Dour !), compte tenu de leurs compos obscures. En outre, les beats et les percussions entretiennent un tempo hypnotique qui incite les premiers rangs à remuer allègrement. Ceux qui les ont ratés pourront toutefois se rattraper lors de leur prochain passage le 1er octobre en salle à Malines, le nouveau temple gothique.

A Dour, il y a à boire et à manger, et sous le même chapiteau j'ai failli frôler l'indigestion (NDR : et si vous me permettez l'expression, c'était à gerber !). Après avoir accordé une prestation en demi-teinte lors de l'édition 97, Anne Clark nous a infligé une parodie de concert. Les mots sont même difficiles à trouver pour qualifier la médiocrité du spectacle. Elle n'a même pas pris la peine d'engager des musiciens, se contentant  de la présence de deux DJs foireux. Ce n'est plus Anne Clark, mais Desireless opérant son come-back dans une émission de variété du samedi soir. Tenue négligée, jeu de scène inexistant (elle reste souvent les bras croisés !), elle se contente d'aligner ses tubes des 80's qui nous trottent encore en tête : « Our Darkness » ou « Sleeper in Metropolis » (NDR : elle aurait d'ailleurs mieux fait d'aller se coucher). Et là aussi un nouveau paradoxe (NDR : on vous l'avait dit !) : alors que la prestation est en toute objectivité insignifiante, il y a 3 fois plus de monde que pour Project Pitchfork. En l'absence de véritables têtes d'affiche à ce festival, le grand public, en quête de noms connus, semble s'être massé et apprécier le show d'Anne Clark. A ne rien y comprendre…

Heureusement, tous les revenants ne ratent pas leur retour : celui d'Anthrax sera plutôt gagnant ! A l'instar d'Iron Maiden, de Slayer ou autre Megadeth, Anthrax est souvent cité comme groupe de référence en matière de hard rock, tendance heavy/métal. Victime de changements de line up tumultueux, il a connu le creux de la vague début 2000. A cette époque, leur patronyme faisait d'ailleurs davantage penser aux envois contaminés par une poudre chimique, transmis par des terroristes, qu'à leur formation. Mais Anthrax avait annoncé la couleur. D'abord, parce qu'on retrouvait la formation sous sa forme originelle. Et bien sûr, Joey Belladonna aux commandes. On pouvait donc s'attendre à en prendre plein la figure. Et, Anthrax – qui vient littéralement de renaître de ses cendres - n'a pas failli à sa réputation : la voix aiguë de Joey, leurs jeans moulants, les cheveux longs bouclés et le trash des guitaristes nous ont replongés dans l'univers du bon vieux hard. Joey, en véritable frontman routinier de la scène, n'a pas son pareil pour exciter la foule. Maintenant, il faut rester réaliste. Un chapiteau aurait suffit pour satisfaire le public branché sur le métal. Pas la scène principale. D'ailleurs, en soirée, mais sur la Last Arena, Hawkwind n'a attiré que quelques centaines d'irréductibles. Faut croire que le métal psychédélique de ces autres vétérans ne fait plus recette.

Le véritable succès de foule de la journée (et sans doute du festival) reviendra à Vive la fête ! Pourtant, le groupe tourne beaucoup en Belgique, et occupe rarement le haut de l'affiche. Sur disque, on a plutôt tendance à se lasser rapidement de leurs compositions simplistes. Les lyrics quelque peu lubriques ('ne soit pas jaloux…', 'laisse-moi te toucher…') ne cassent pas des briques. Sur scène, la boîte à rythmes minimaliste fait vraiment le minimum ; et les mélodies sans grand relief ne volent pas plus haut que le « Da da da » des Trio. Alors comment expliquer que cet assemblage de bouts de ficelle déclenche un tel enthousiasme et surtout attire autant de monde ? Certes, il y a les tenues affriolantes d'Else Pynoo (NDR : elle avait opté pour un minishort et un débardeur qui avait du mal à tenir sur ses épaules). Il y a aussi le déjanté Danny Mommens (ex-dEUS) à la guitare. Faut-il aussi voir en Vive la fête ! un groupe passe-partout voir fédérateur ? Leur style simpliste mais raffiné et surtout voluptueux est en mesure de séduire un large public potentiel, aussi bien wallon que flamand ; ce qui n'est pas toujours le cas d'autres groupes belges (NDR : ainsi, Zornik ou Sttellla n'ont pas le même succès au Sud ou au Nord du pays). Toujours est-il qu'il fallait se faufiler pour approcher la Red Frequency Stage et que Vive la Fête était déjà un des plus grands 'highlights' du festival.

 

S.L.

Informations supplémentaires

  • Date: 2005-07-15
  • Festival Name: Dour
  • Festival City: Dour
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