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Le rock (des nineties) est mort Spécial

Écrit par - Didier Stiers -

Si des prénoms comme Gruff, Guto ou Huw libèrent pour vous un parfum d'exotisme plus appuyé que d'autres comme Liam, Noel ou Damon, ne changez rien, vous avez zappé sur la bonne chaîne. Le rock anglais ne se limite heureusement pas à la Britpop et à ceux que le NME ou le Melody Maker décrivent comme incontournables. Les plateaux et les vallées du Pays de Galles abritent en effet quelques groupes précieux, comme les Super Furry Animals par exemple, dont les Gruff, Guto et autres Huw sont justement les principaux membres...

Etait-ce la bière belge, la chaleur, la fatigue ou autre chose de plus répréhensible, toujours est-il qu'au moment où Gruff le chanteur et Daffyd le batteur nous ont rejoints après avoir assuré la première partie d'Echo And The Bunnymen sur la scène de l’AB, en février dernier, ils étaient tous deux bien explosés. Par charité, l'interview a donc démarré par quelques questions simples...

Beau ? Qui ?

Que pensez-vous de votre prestation accordée ce soir?

Gruff : Je suis très content d'avoir pu jouer ici. Ce n'est pas toujours facile de devoir assurer une première partie et de ne pouvoir dispenser que des sets réduits ; mais le public était assez réceptif. Une situation agréable.

Qu’est-ce qui est essentiel chez Super Furry Animals et dans sa musique?

G. : Sans vouloir faire de généralisation hâtive, euh....
Dafydd : Nous nous intéressons aux sons, à leurs fréquences, aux mots....
G. : Aux textes aussi, aux mélodies, aux harmonies vocales....

Certaines de vos chansons me rappellent les premiers disques de David Bowie...

G. : Tu sais, je pourrais te citer une quinzaine d'artistes qui nous ont influencés. Nous n'idolâtrons pas David Bowie. Je dois avoir deux ou trois de ses albums des années 70, dans ma collection ; mais j'en possède aussi de Lou Reed, John Cale, des New York Dolls, d'Iggy Pop. Cette période nous intéresse beaucoup.

Et Tom Jones, alors ?

Certaines de vos chansons sont écrites en gallois; vous les jouez parfois quand vous êtes en tournée hors de chez vous?

G. : Oui, absolument. Il arrive parfois que nous modifiions notre set et qu'accidentellement, il n'en comporte aucune ; mais ce phénomène ne se produit pas souvent. A tout casser, je dirais que nous avons dû accorder cinq ou six concerts sans aucune chanson en gallois. Evidemment, c'est cool pour nous de pouvoir chanter dans notre langue, mais il n'y a rien de particulier qui nous pousse à le faire ou non.

Vous êtes célèbres au Pays de Galles?

D. : Ça dépend de ce que tu entends par célèbres. Tom Jones est célèbre au Pays de Galles, oui.
G. : Nous avons déjà joué dans de grands festivals, chez nous comme en Angleterre.

Qu'avez-vous de plus original que d'autres groupes britanniques?

G. : Ce n'est pas le genre de question que nous nous posons. Nous raisonnons plutôt en termes de musique. Nous ne nous voyons pas comme un groupe britannique ou gallois, même si nous avons le sentiment d'appartenir à notre communauté. Nous aurions pu venir de Belgique, du Japon ou même d'ailleurs et sortir des disques similaires ou posséder des collections de disques semblables à celles d'autres gens de par le monde. Nous avons grandi avec des disques que bien d'autres gens possèdent: de la musique anglaise, américaine, française, même belge, pourquoi pas?

Vous connaissez la musique belge?

G. : Oui, de l'industriel, Front 242 et des trucs du style…

Vous sentez-vous proches de groupes essentiels issus des années 80?

G. : Pas psychologiquement. Disons que s'il fallait faire un lien, ce serait plutôt au niveau des mélodies pop. Mais ce qui nous plaît le plus, c'est de pouvoir jouer devant un public qui n'a jamais entendu parler de nous et voir ce qu'il en pense. Dire que nous pratiquons une musique britannique, est quelque peu offensant. La musique est la musique, d'où qu'elle provienne. Elle ne doit rien aux nationalismes. C'est ce qui pourrait faire sa force, motiver les gens. Il y a des mélodies, des rythmes qui te font bouger, des émotions, ça oui.

A écouter vos disques et vos concerts, on dirait que vous accordez de l'importance aux sons bizarres que vous pouvez tirer de vos claviers...

G. : Je ne dirai pas ‘bizarres’.

Mais vous n'êtes pas seulement un guitar band ?

G. : Exactement! Nous sommes intéressés par tous les sons. Le bizarre n'a rien à voir là-dedans. Pour nous, tous les sons sont valables. Nous essayons simplement d'être inventifs, de faire fonctionner notre imagination. Il y a tellement de guitar bands chiants, des chansons qui n'en finissent plus, qui se ressemblent toutes, tu vois ce que je veux dire? On dirait qu'il y a une formule nineties, un rock nineties. Nous essayons d'écouter tout ce qui nous passe entre les mains. C'est chouette de pouvoir jouer à l’aide de différents instruments, de recourir à différentes techniques et de les pousser le plus loin possible, de mixer des idées pour notre seul plaisir.

Quel est le disque le plus chiant que vous ayez entendu ces dernières semaines?

D. : Pfff, il y en a des tonnes, tu sais.
G. : Je préfère essayer de penser aux bons trucs que nous avons entendus. Disons que la proportion de bon par rapport aux conneries doit être de 20/80. Cette semaine, j'ai entendu un auteur/compositeur américain dont le nom m'échappe à l'instant mais qui joue des trucs acoustiques vraiment accrocheurs. Ryuichi Sakamoto, c'est pas mal non plus. Je suis tombé l'autre jour sur un groupe de Bruges qui s'appelle Khon, tu connais?
D. : Ce sont vraiment des aliens. Ils jouent des trucs bizarres, très lents comme ça, plein de bruits étranges... Manifestement, ils doivent avoir une bonne raison. C'est le genre d'attitude que nous voulons aussi manifester. Habituellement, nos concerts ont un peu plus de sens parce que nous pouvons les mener à terme.

C'est frustrant de devoir assurer une première partie?

G. : Ce n’est déjà pas mal. Mais un supporting act ne peut s’exprimer qu’à moitié.

Sacrés Anglais!

A quoi peut-on s'attendre de votre part, au cours des prochaines semaines ?

G. : Je ne sais pas exactement ce qui est déjà disponible ici en Belgique. Ce mois-ci (NDLR : en mai) nous sortirons un nouvel Ep, un peu différent de ce que nous avons enregistré jusqu'ici. En septembre devrait paraître une compilation de singles devenus difficiles à se procurer. Et ensuite, nous commencerons à travailler sur notre nouvel album.

Avec une idée particulière derrière la tête?

G. : Nous aimerions pouvoir nous exprimer de manière plus ambitieuse, surtout en dehors de la Grande-Bretagne. L'Angleterre n'est jamais qu'une île à la con plantée à quelques kilomètres de 1’Europe et complètement obsédée par elle-même.

Comment jugez-vous cette manie, dont souffre la presse britannique, d'encenser tout ce qui vient d'Angleterre?

G. : Tu sais, la presse britannique a besoin de créer une nouvelle scène chaque semaine. C'est comme dans un comics: vite, il faut imaginer l'épisode suivant. Il ne faut pas prendre tout ce que les journalistes écrivent au sérieux. Mais elle manifeste quand même un certain sens de l'humour. C'est très amusant de lire toutes ces conneries.
D. : Bien sûr, nous avons eu droit à de bons articles dans cette même presse, mais ça ne veut pas tout dire. L'important reste de pouvoir se faire une opinion personnelle de ce qu’on écoute…

(Interview parue dans le n°64 du Magazine Mofo de Juin/Juillet 1998).

 

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