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Very hip hop Spécial

Écrit par - Dider Stiers -

En l’espace de trois albums, tous parus sur Ninja Tune, Jake Wherry et Ollie Teeba se sont construit une réputation des plus festives. Si leur formation ne s’appelle pas The Herbaliser pour rien, leurs prestations live (on se souviendra d’un set très chaud accordé lors d'un récent Axion Beach) y sont aussi essentielles. Curieusement, pourtant, elles sont moins hip hop que ne pourrait le laisser supposer une bonne partie de la discographie de ces deux Britons. Une impression que confirme « Very Mercenary, le petit dernier. Ollie Teeba nous en donne son explication…

Ce qui frappe d'emblée, sur ce nouvel album, c'est la quantité de rappeurs invités. A dessein?

Nous avons toujours voulu atteindre un équilibre parfait entre musique et rap. A nos débuts, nous ne connaissions qu'un rappeur. Ce qui explique pourquoi « Remedies » ne recelait qu'une plage hip hop. Depuis, nous avons eu l'occasion de rencontrer des gens, et surtout, de nous développer musicalement, donc d'affiner notre idée de départ. Musicalement, les disques de hip hop sont trop souvent simplistes et linéaires ; c'est le rappeur qui y apporte du rythme et des couleurs. Au fil du temps, nous avons acquis une grande liberté musicale que nous restituons maintenant en dessous des raps...

Et vous continuez à jouer des instrumentaux. Qui ressemblent à de la musique de film, parfois...

C'est à cause de ce que je viens d'évoquer. Mais oui, ils peuvent susciter nombre d'images dans la tête de l'auditeur. En fait, le but de notre musique est surtout de créer des atmosphères. Elle ne véhicule d’autre contenu particulier. Il y avait un grand nombre de chouettes breakbeats funky sur notre premier album ; mais il manquait cruellement ces atmosphères et ces émotions. A l'époque de "Blow Your Headphones", nous avons voulu corriger le tir en explorant cette musique, mais la plupart de nos expérimentations nous ont emmenés dans son spectre le plus sombre et étrange. Aujourd'hui, nous avons tout simplement appris à mieux nous exprimer.

Que deviennent alors toutes ces collaborations dont « Very Mercenary » s'est enrichi?

Sur scène, nous jouons essentiellement des instrumentaux, pour diverses raisons. Emmener tout ces invités nous coûterait trop cher évidemment, et puis ces périples les empêcheraient de poursuivre leurs propres activités. D'autre part, comme je l'expliquais, entraîner un rappeur dans cette aventure, restreint la liberté d'expression des musiciens Et jusqu’ici, nous sommes toujours arrivés à compenser l'absence de voix sur scène, par la richesse des musiques. Ce qui n'empêche pas l'un ou l'autre invité de nous rejoindre occasionnellement, comme les Dream Warriors à Toronto, il y a peu. Et comme nous tournons aussi en compagnie de Roots Manova, il est probable que nous lui accordions également un peu de place.

God save the rappers

L'évolution actuelle du hip bop britannique te satisfait?

Le hip hop britannique reprend du poil de la bête. Mais je ne m'attends pas à ce qu'il explose aussi aux Etats-Unis au point d'influencer leurs rappeurs ; parce que les Américains sont convaincus que le hip hop est né chez eux…

Le hip hop anglais n'a aucune influence hors d'Angleterre?

Il y a moyen d’établir un parallèle avec le rock anglais des années 50 et du début des années 60. A l'époque, il n'était qu'une imitation de la scène américaine. Même les Beatles, au départ, jouaient une sorte de r’n’nb. Progressivement, les musiciens et les auteurs ont acquis une certaine expérience qui leur a permis de développer un son britannique qui, à son tour, est parti à la conquête du monde. Les Anglais ont élaboré leur propre style de rap, leur propre manière de concevoir les beats pour donner naissance à d'autres genres. A mon avis, la jungle est née, et du hip hop, et elle a déjà fait son chemin hors de Grande-Bretagne.

Ah?

Ce constat est perceptible au sein des plus récentes productions hip hop issues de New York. Busta Rhymes par exemple, utilise des sons et des raps très rapides. Missy Elliott, c'est définitivement drum'n'bass dans un sens. Et ces sons-là sont typiquement anglais. A la fin des années 80 et au début des années 90, le hip hop britannique est devenu de plus en plus rapide, notamment au niveau des breaks, avec des gens comme Silvah Bullet, Blade, Hijack...

Quelle grosse ‘règle’ du hip hop The Herbaliser a-t-il brisée?

La plus évidente, à mon avis, est que nous utilisons de vrais instruments de musique. Mais je ne sais pas s'il faut vraiment parler de règles. En tout cas, celles qui existent sont constamment redéfinies. Prends un hip hop old school comme celui de Sugar Hill Gang : à l'époque, la technique du sampling digital n'existait pas. Les rappeurs invitaient donc des groupes à jouer pour en récupérer la musique. La situation a évolué depuis le développement du sampling. Certains me disent encore et toujours que les roots du hip hop ne comportent pas d'instruments live; c'est une connerie!

Ce qui explique la présence d’un titre comme « Who’s the realist », sur votre album...

Oui, il traite de ce type de sujet : chacun avance sa propre définition du vrai hip hop ; ce qui, déjà, enlève pas mal de sens au terme lui-même. Tout dépend finalement de l'endroit d'où tu viens et de la perception que tu en as. Pour moi, un bon hip hop, c'est un bon texte, des bons scratches et un peu de 2-toning. Pour certains, ce que fait Puffy n'est pas du vrai hip hop parce qu'il est trop commercial. Pourquoi? Les disques de Sugarhill sont commerciaux! Il ne fait rien de bien différent de « Rapper’s delight » qui est du Chic avec du rap plaqué dessus. Pourquoi ce que fait Puff Daddy ne serait-il pas du hip hop? C'est de la merde, d'accord, mais bon...

(Article paru dans le n° 72 d’avril 99 du magazine Mofo)

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