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Tombe le masque Spécial

Écrit par - Didier Stiers -

Physiquement, Bruno Garcia est tout le contraire de son maladroit homonyme popularisé par les aventures de Zorro. Entre la casquette vissée sur un crâne rasé de près et le cigare cubain qui jette un max', l'ex-Ludwig Von 88 a par ailleurs les idées beaucoup plus claires, poursuivant toujours les mêmes buts: l'engagement, mais aussi la fête et l'évasion momentanée hors des problèmes du quotidien. Sa recette sud-américaine tient en un mot: salsamuffin...

D'où te vient cette volonté de métissage? L'avant Sergent Garcia était pour toi un carcan?

Les Ludwig? Ouais... mais en même temps, c'était un groupe déjà un peu à part sur la scène punk alternative. Nous n'étions pas spécialement calibrés punks car nous opérions déjà des incursions dans le reggae, le ska... Personnellement, je me suis aussi impliqué dans d'autres travaux: j'ai produit deux albums de Timide & Sans Complexe, un groupe de hip hop et joué au sein d'un soundsystem, Bawawa. Sergent Garcia est un peu la résultante de tout ça.

Ce n'est donc finalement pas un projet bien neuf ?

Il compte quelques années d'existence. Je suis apparu sous le nom de Sergent Garcia au sein de Bawawa Soundsystem. J'y faisais juste du ragga en espagnol. Et un jour, je me suis dit pourquoi ne pas mixer, ne pas aller vers d'autres cultures, les musiques latines, les musiques africaines plutôt que la soul américaine? Mes origines latines me facilitaient la démarche. J'ai commencé à bidouiller, ce qui a donné lieu à un premier disque enregistré chez moi, seul, et composé à l'aide de machines. Ensuite, j'ai monté le groupe pour jouer cette musique et de fil en aiguille, nous en sommes arrivés à ce second album...

Pourquoi cet univers à la Zorro? Bien sûr, il y a ton nom...

Voilà, ça aide, hein (rires)! C'est uniquement pour ça. Quand j'ai commencé à faire du soundsystem, je cherchais un nom de personnage. C'est vrai que les raggas en Jamaïque ont toujours des noms un peu imagés: Clint Eastwood, Ninjaman, Charlie Chaplin... Sergent Garcia collait bien à l'ambiance générale de l'histoire. J'aime bien son côté anti-héros; personne ne veut être le Sergent Garcia, tout le monde a plutôt envie d'être Zorro... C'est un peu une façon d'ironiser. Et aussi de me cacher derrière un personnage.

Certains textes et certaines notes de pochette laissent penser que tu t'intéresses au mouvement zapatiste...

Par exemple... Le mouvement zapatiste m'intéresse dans le sens où c'est un peu la première fois qu'on voit un mouvement qui ne se bat pas forcément pour prendre le pouvoir mais qui se bat pour sa propre dignité. C'est une des nombreuses causes perdues de ce siècle, mais elle vaut le coup de s'y intéresser, ne fut-ce que pour la vie. C'est le combat de la vie quoi.

Tu as eu l'occasion d'aller au Chiapas?

Non, mais je me sens proche dans la mesure où le mouvement zapatiste réclame juste la reconnaissance, la dignité d'incarner un être humain et de pouvoir vivre dignement une vie d'être humain. Ça, on y a droit dans tous les pays du monde. C'est aussi le problème de l'éducation, de la misère qui n'est pas seulement propre au tiers-monde, mais aussi celui de la France, la quatrième puissance mondiale, où vivent des gosses de 15 ans qui sont à moitié analphabètes. C'est aberrant! Ce genre de problèmes prépare les futures intolérances, les futurs intégrismes et les futures guerres. C'est le sens d'un morceau comme "Acabar Mal": 'Tout ceci peut se terminer très mal si on continue à mettre une telle pression sur les gens. Un jour, la marmite explose'.

Tu revendiques donc un certain côté engagé à cet album...

Oui, bien sûr. On y trouve des chansons de fête, des chansons d'amour, des chansons de révolte. Et puis des émotions, des réactions face à des événements qui se produisent dans nos quartiers, aux problèmes sociaux qu'on connaît ou rencontrés par des gens qu'on fréquente. Je viens aussi du rock alternatif réputé, quand même, pour être un mouvement musical assez politisé. C'est de cette façon que ça ressort. Et puis j'aime bien des artistes comme Ruben Blades, des gens qui diffusaient, dans les années 70-80, un message social, sur une musique festive et très joyeuse, mais qui étaient néanmoins des acteurs dans leur époque...

D'où vient, à ton avis, l'intérêt actuel pour cette musique sud-américaine?

Je crois qu'il y a quelque chose de plus large qui se passe. Aujourd'hui, il y a tout simplement une place pour la musique métissée. Elle est une des conséquences des flux migratoires de ces 40 dernières années. Pas seulement pour la musique latine. Elle est peut-être un peu plus latine parce qu'en France, cette communauté est importante ; mais c'est un mouvement général qui se traduit par les gens de Gnawa Diffusion comme par une scène indopakistanaise en Angleterre... On assiste en gros à une espèce d'émergence des musiques du tiers-monde mais vécue dans les pays industrialisés.

Au fait, les Ludwig existent toujours?

Le groupe existe toujours, mais nous n'accordons plus de concerts et n'enregistrons plus de disques. Donc j'en parle un peu au passé. Il n'existe pas de date officielle pour la dissolution, mais nous avons encore quelques projets. Nous sommes occupés de préparer une comédie musicale en compagnie d'enfants à Paris. Des projets du style, qui n'ont pas grand-chose à voir avec les Ludwig même si le nom reste quelque part derrière. C'est quand même pratiquement fini en tant que groupe...

Version originale de l'interview parue dans le magazine Mofo n° 74 de juin 99

 

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