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C est le copinage qui a tout fait foirer... Spécial

Écrit par - Jérémy Dagnies -

Une centaine de personnes avaient rallié le Botanique, pour assister au showcase d'Aston Villa, organisé dans le cadre de la présentation de leur nouvel opus " Extraversion ". Un album qui mériterait de figurer parmi les plus belles réalisations de l'année. Et le concert, baigné dans le rock français de Noir Désir et la pop anglaise circa Gene, House of Love ou Verve, n'a fait que confirmer toutes les bonnes dispositions affichées par leur dernier album. Quant à l'interview, décontractée, engagée, sincère et passionnante, il me plairait d'en réaliser plus souvent comme celle-ci !

Que pensez-vous des groupes qui se donnent un genre " bad boys " ? Comme Oasis et tutti quanti ?

Ils s'essaient de se donner un genre banlieusard. Nous, on vient également de la banlieue, mais on ne veut pas forcer notre image. On veut rester naturel. Les groupes comme Oasis utilisent leur origine comme fond de commerce. Désagréables avec tout le monde, ils accumulent un tel capital sympathie, que pour l'instant, ils n'arrivent même pas à trouver un nouveau guitariste…

Pourquoi être passé d'un major à un plus petit label ?

Ce qu'on a vécu, c'est la caricature parfaite d'un groupe de rock qui est parachuté sur un major, et remarque par la suite que rien n'est adapté à ses besoins. Nous avons changé de label, parce que nous souhaitions travailler avec des gens qui effectuent un travail de fond, de proximité ; qui ne se contentent pas de traiter avec les gros médias... En outre, leur manager nous paraissait très compétent. Il venait du monde du rock et ses idées correspondaient parfaitement avec les nôtres. Pourtant, ce premier échec nous a permis d'acquérir une certaine expérience. Il existe des groupes chez qui le premier album a très bien marché, mais qui ont besoin d'un certain laps de temps avant de pouvoir enregistrer un second. Lorsque tu décroches un disque d'or dès ton premier CD, mais que le suivant ne marche pas du tout, la firme de disques commence à revoir sa position vis-à-vis de toi. Et ce n'est pas une situation facile à gérer ! De notre côté, il nous a fallu tourner beaucoup pour pallier aux négligences du major. Lorsqu'on a connu des coups durs et qu'on a dû se battre pour y arriver, on se sent plus forts, plus mûrs. Et plus parés à sortir un deuxième album.

Comment expliquez-vous le manque de structure pour le rock, en France ?

Je crois que c'est un phénomène culturel. En France, il n'y a pas de culture rock, de passé du rock. On a même parfois l'impression que personne n'a jamais pensé qu'elle pouvait exister. En Angleterre, il y a de la merde mais aussi de bonnes choses. Il y a des trucs à la mode et des trucs plus vieux. Chez nous, on ne passe que la merde à la mode. Il existe aussi un rapport de force entre maisons de disques. Elles ne sont pas françaises. Américaines ou autres, elles n'affichent pas la même sensibilité. Au contraire de la Belgique qui s'inspire de l'Angleterre en identifiant des labels indépendants. Paris aurait pu être le carrefour de la " world music ". Mais il a tout raté à cause des majors.

Dans vos textes, vous parlez parfois du futur. Comment voyez-vous le prochain millénaire ?

On le voit très court. Avec nos excès, lorsqu'on aura tout cassé, cela ne sera plus vivable. On n'arrivera pas jusqu'en 3000. Certains pensent que la science va tout résoudre. Je n'en suis pas si sûr...

" L'age d'or " parle d'un 7 juillet 2008. Pourquoi ce jour ?

C'est une projection dans le futur à court terme. On raconte l'histoire d'un gars dont le rêve est d'avoir une place convenable dans la société. Ce serait son âge d'or. Son projet qui se réalise. La chanson parle donc d'un mec qui veut retrouver un boulot mais qui a des doutes. Un peu comme dans " Roseta ", le film des frères Dardenne. Pour la date, on aurait pu choisir le 7 juillet 2007, l'année des trois sept. Mais la rime ne marchait plus avec le reste.

Et les jeux de mots, c'est de l'humour ?

Non, ça n'a rien à voir avec le comique. C'est plutôt pour donner une dimension en plus aux textes. On peut interpréter nos chansons comme on le sent. Je rêve l'âge d'or ou je rêve, là je dors ? C'est comme tu veux. D'ailleurs, parfois on a même du mal à se mettre d'accord sur le sens réel de certaines phrases ! Tu vois, la plupart de nos textes, on les écrit ensemble. Néanmoins, cela ne veut pas dire que l'on soit d'accord sur tout. Et quand il y a un litige, on tente de choisir la meilleure idée.

Vous êtes allés rendre visite, en Angleterre, au club de foot " Aston Villa ". Comment s'est passée cette aventure?

En fait, nous avons été invité par le club, qui trouvait amusant qu'un groupe français porte son nom. Nous avons ainsi assisté à un match qui opposait Aston Villa et Newcastle. A cette époque, Ginola jouait encore là-bas. On a même été boire un pot avec lui. Et puis, les médias étaient assez intéressés par le sujet. On est passé dans pas mal d'émissions. Et grâce à ça, on s'est rendu compte que tout était possible. Même si cela n'a finalement pas mené à grand chose, d'un point de vue strictement commercial. En fait, ils s'intéressaient à nous, plus pour l'anecdote que pour notre musique. Enfin on s'est quand même décidé à y retourner au début de l'an prochain. Et on tentera à nouveau le coup. A ce propos, lorsque nous avons joué là-bas, l'émotion de nos chansons est quand même parvenue, malgré l'obstacle de la langue, à passer la rampe...

" J'aime regarder les filles ", c'est un hommage à Coutin?

On avait bien aimé la chanson, à l'époque. Et puis on l'a rencontré dans notre ancienne maison de disque. Le contact s'est très bien passé. Ce qui nous a permis d'obtenir l'autorisation de reprendre le morceau ; alors qu'auparavant, il avait toujours refusé qu'on y touche. Seule condition, ne pas dénaturer le texte. Et je crois que le résultat est excellent… Nous avons également voulu faire passer un message à travers la pochette de l'album. Elle représente une femme qui s'ouvre au monde. " Extraversion ", c'est un appel à s'ouvrir aux autres. Et aller vers les autres, ce ne sera possible que si on laisse parler ses sentiments, ce qui est une sensibilité plus féminine. L'homme également a une part de féminité. Petite histoire en passant, la photo de la fille reproduite sur le CD, est un polaroïd d'une actrice très connue ; mais on a juré de garder le secret.

Parmi les artistes français, vous avez une liste d'or ?

Jacques Brel, Coluche, ... (NDR : les musiciens d'Aston Villa arrivent rapidement à court d'idées)

Et une liste noire ?

Alors là, la liste est vachement plus longue ! Le reste ! Les médias passent systématiquement les mêmes artistes et ne font découvrir personne. Et il y en a beaucoup. Ils portent une grosse responsabilité du nivellement par le bas, des valeurs musicales en France. Et nous pensons plus particulièrement à des gens comme Foucault, qui n'ont qu'un objectif : gagner le max de blé. Le reste, et en particulier les nouveautés, il s'en fout complètement. Il y a aussi des mecs issus de la scène hip hop qui nous agacent. Des gars qui se la jouent " cool " et qui, en fait, ne pensent qu'au fric qu'ils pourront empocher. Ils sont incapables de jouer le moindre instrument, ne savent pas chanter et ne racontent que des conneries. Des petits merdeux quoi ! Il n'y a qu'un seul groupe que je respecte, c'est NTM. ( NDR : un point de vue que tout les membres du groupe ne partagent pas ). Et peut-être Assassin, mais ils ne sont malheureusement pas très connus. En fait, c'est le copinage qui fait tout foirer. Le copinage entre les médias, les majors et les producteurs. Dans ce petit monde parisien, ils sont tous copains et c'est difficile de rentrer dans leur cercle. Un gars qui a du mérite, c'est le programmateur de " Nulle part ailleurs ". Malgré les pressions, il est parvenu à conserver son intégrité en ne tombant pas dans la bassesse du copinage. La fermeture des frontières au niveau musical est également très négative. On ne connaît ni les groupes espagnols, ni italiens, ni les autres, alors que l'Europe est en pleine construction.

Version originale de l'interview parue dans le n° 81 (mars 2000) du magazine MOFO

 

 

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