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Shaka Ponk - 14/03/2024
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Un très long mais beau voyage... Spécial

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Nada Surf vient de sortir un live, enregistré à l'AB le 31 mars 2003. Nous y étions (voir notre rubrique " reviews "), et nous avions même interviewé Matthew Caws (chanteur/guitariste) lors de leur passage à Dour, en été dernier. L'occasion de revenir sur la genèse de " Let Go ", un des albums pop rock de 2002, et sur la carrière de Nada Surf, un des groupes les plus mésestimés de sa génération.

Votre album est sorti maintenant il y a quelques mois… Il marche plutôt bien, non ?

Matthew Caws : On est très content et très surpris ! Et très occupé aussi : on n'a pas arrêté de tourner depuis le 1er septembre (2002)… Ca n'arrête pas ! En tout ça fera 15 mois. C'est l'année la plus chargée de notre carrière. Ce qui est bizarre parce que les gens nous voient comme le groupe d'un seul tube… Mais en ce moment tout marche très bien : le public vient nous voir en masse. Nous sommes enfin acceptés pour ce que nous sommes vraiment : un groupe de plusieurs chansons, pas d'une seule.

Vous êtes donc en train de vivre votre période la plus active… Mais que s'est-il exactement passé avec " The Proximity Effect " ?

C'est une histoire très classique, à savoir que cet album est sorti au moment où c'était la fin d'un genre. " Popular " était tombé au bon endroit au bon moment, et notre maison de disque - une major - voulait un deuxième " Popular "… Il faut savoir qu'en 1998, toute cette ère de richesse alternative prenait fin. D'où la panique de notre maison de disque. 'Il nous faut un tube énorme', et bla bla bla : tu vois le genre… Quand on leur a fait écouter " The Proximity Effect " - un disque dont on était très fier et qui aurait bien marché, je crois -, ils l'ont mis au placard. On aurait pu faire semblant de rien et continuer notre chemin… Mais on voulait que ce disque sorte ! Donc on a attendu pour le sortir nous-mêmes. Et il nous a fallu un an et demi pour racheter les droits…

Ce fut une période d'intense frustration, je suppose ?

Absolument. Mais cet épisode nous a rendus aussi plus forts. Il nous a même permis reprendre une vie normale. Pendant deux ans, j'ai travaillé chez le disquaire du coin, tout en sortant tous les soirs avec des amis. Une période de ma vie assez relax et sans ambition, que je n'aurais jamais pu avoir avant. Parce que si je n'avais pas joué dans un groupe, il m'aurait fallu choisir une carrière et la suivre… Or, comme il y avait Nada Surf, je préférais ne pas être trop occupé au cas où… Il me fallait juste tuer le temps ! Et même si d'un côté cette transition peut être rapidement déprimante, elle était aussi une manière d'un peu ralentir les choses. Ce qui explique pourquoi " Let Go " est écrit du point de vue du type qui a une vie normale. Mais maintenant nous sommes repartis pour la vie surréaliste ! Nous habitons dans des autobus et des hôtels… Mon appartement et mon job de disquaire me manquent un peu !

Est-ce que cette période de ta vie a eu une incidence sur la manière de composer " Let Go " ? On vous sent plus unis que jamais…

C'est exact ! Tu connais l'expression : " Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ". On prend un plus grand plaisir à jouer. Et puis c'était mieux que personne n'attende ce disque. Tu sais, moi, le matin, j'avais l'habitude de consulter mes mails pendant cinq minutes, pour me rappeler que j'avais un groupe : " Ah oui ! Il y a des gens qui nous adorent et attendent qu'on fasse un disque ! ". Puis je devais aller boulotter… Mais à part ça, il n'y avait pas grand monde qui se souciait encore de nous… Et c'est la raison pour laquelle on a pu faire ce disque si naturellement. Pour " The Proximity Effect " il y avait pas mal de pression, mais pas pour celui-ci. Maintenant par contre…

Pourquoi avez-vous choisi d'ouvrir l'album par une ballade toute simple, sans batterie ni basse (" Blizzard of 77 ") ? Pour marquer le coup, comme un nouveau départ ?

Tout à fait. Et aussi parce ce qu'elle ne dure seulement que deux minutes, et qu'on ne savait pas comment débuter l'album ! Et puis j'aime bien le fait que ce soit juste une guitare, parce que dès le deuxième morceau la basse et la batterie arrivent … C'est comme une ascension.

Et la chanson " Là pour ça " ? C'est la première de Nada Surf en français.

C'est Daniel (Lorca, le bassiste) qui l'a écrite. On avait accompli une très longue tournée en France, en compagnie de deux membres d'AS Dragon, et comme Daniel est plus francophone que moi, il a écrit cette chanson d'une traite, de manière très naturelle… On l'a repris sur le disque parce qu'on aime bien une certaine variété. Elle figure même sur les versions US et anglaise.

Ce qui surprend à l'écoute de ce titre, c'est qu'il semble couler de source : comme si le fait de ne pas être des francophones d'origine vous sauvait des tics du langage. D'où cette spontanéité qui fait plaisir à entendre… Et qu'on ne retrouve plus forcément dans la chanson ou le rock français d'aujourd'hui.

Ah ben c'est cool ça, je suis content ! Personnellement, je suis intimidé par la langue française. J'aime bien Gainsbourg, mais il est bien trop fort pour qu'on tente de s'y mesurer ! Comment veux-tu écrire en français après ce qu'il a fait ? Mais merci pour le compliment !

Quand Daniel chante " Vive la marée haute et vive la marée basse mais surtout vive la différence ", qu'est-ce qu'il veut dire exactement ?

Ben c'est la vie, quoi. Et le voyage entre les deux, c'est ce qu'on fait tous les jours.

C'est vrai que du premier album à celui-ci, ce fût un long voyage…

Un très long voyage, mais un beau voyage. Je crois en fait qu'on collectionne les clichés à la Spinal Tap : les camions qui tombent en panne, les managers de gros bizness, le tube, la chute, le come-back,… Ira (Elliot, batteur) et moi on a même fait de la taule au Texas pour détention de drogues ! Portant des uniformes à lignes noires et blanches, comme dans " O Brother Where Are Thou ? " (rires)

Comment t'es venue l'idée de la chanson " Blonde On Blonde " ? Comme tu le chantes : t'étais dans la rue, t'écoutais Dylan… et voilà ?

Oui, exactement : c'est une chanson très simple. Il pleuvait, je marchais, les autres gens marchaient plus vite… Mais ce que je ne dis pas dans la chanson, c'est que je traversais une période difficile dans ma vie. Mais j'avais un bon imperméable, et un de mes disques favoris dans mon discman, et tout à coup j'étais heureux. Ce n'est même pas un hommage à Dylan. C'est juste une berceuse. Même si j'adore " Blonde On Blonde " de Dylan, et que je l'adorerai toujours. Et chaque fois que je l'écoute, je ressens quelque chose de nouveau.

Lors de votre dernier concert à l'AB (dont est tiré le disque live qui vient de sortir), il était difficile de ne pas ressentir un certain décalage entre vos fans et votre musique (cfr review du concert). On dirait que vos fans ne grandissent pas en même temps que vous, comme si Nada Surf souffrait encore du malentendu " Popular ". D'autant que cette chanson est très ironique ! Il s'agit d'un double malentendu, en fait ?

Mouais, c'est vrai… Mais ça ne nous gêne pas. Le malentendu avec " Popular " au départ, c'était que les gens critiqués dans la chanson l'adoraient ! Les footballeurs, les cheerleaders, tous ces gens étaient présents dans le public lors de notre première tournée ! C'était marrant, mais en même temps assez flippant. Mais heureusement ils ne sont jamais revenus après ça ! Quant au fait que notre public soit jeune, c'est un fait… Mais il vient pour entendre les chansons de " The Proximity Effect " et de " Let Go ".

Vous pourriez pourtant aisément toucher un public plus mature ?

J'admets, mais ça vient. Lentement mais sûrement. Tu sais, notre nom sonne un peu californien, jeune. Même si sa signification est toute autre : " Nada ", c'est le rien. " Surfer sur le rien ". Sur le vide. Cela dire… (un temps) qu'on est des rêveurs. Comme si on n'était pas là, parfois. Au pire. Nous sommes plutôt déconnectés. Surtout quand on est en studio et qu'on écoute de la musique. L'explication est un peu embarrassante, mais en même temps elle nous fait passer pour des gens qui restent secrets, et j'aime ça. Tu peux continuer à découvrir des trucs en écoutant Nada Surf. C'est un peu le côté " culte " des choses. Mais le public plus âgé commence à venir, et c'est tant mieux.

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