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En attendant la lune... Spécial

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A l'occasion de la sortie du nouvel album de Tindersticks, " Waiting for the moon ", nous avons rencontré le pianiste du groupe, David Boulter. A la fois compositeur de certains titres et faux frère de Stuart Staples, David Boulter n'aura de cesse, pendant cette interview, de clamer son bonheur. Pour lui, cet album pourrait bien être le meilleur des Tindersticks, après les débâcles qu'a connues le groupe il y a quelques années (à l'époque de " Simple Pleasure "). Aujourd'hui soudés comme jamais, les six Anglais s'avouent satisfaits et sereins. A l'écoute, ces sentiments se traduisent par une certaine lumière, filtrée par la voix de Stuart et par son écriture, libre et aventureuse, par moment même presque guillerette. Un mot reviendra sans cesse pendant cette rencontre : " naturel ". Comme si David Boulter et ses collègues voulaient à tout prix nous convaincre que cet album avait été enfanté, non pas dans la douleur, comme ce fût déjà le cas par le passé, mais dans une atmosphère parfaitement détendue. Les Tindersticks se lâchent enfin : ça fait du bien…

Avant de parler de " Waiting for the moon ", peux-tu nous raconter ce qu'a vécu Tindersticks au cours de ces deux dernières années, depuis ce dixième anniversaire célébré ici, au Botanique, il y a deux ans ?

Nous avons beaucoup joué pour promouvoir " Can Our Love… ", qui paraissait au même moment, puis nous avons bossé presque plein temps… Cette tournée était assez imposante, avec l'orchestre, les cordes, les chœurs, … Mais au lieu de nous reposer et de calmer le jeu, nous nous sommes directement attelés à la composition d'un nouvel album.

Ce fut un processus difficile ?

Pas vraiment difficile, mais long, parce deux d'entre nous avons maintenant des enfants, ce qui fait qu'on ne pouvait pas se concentrer à 100% sur l'album… Il y eut pas mal de pauses. Sans cela, on aurait pu le terminer l'été dernier.

" Can Our Love… " possédait une tonalité très soul, avec des chansons qui s'entremêlaient, se fondaient l'une dans l'autre. Pour celui-ci, c'est encore autre chose… Une constante, finalement, dans l'histoire du groupe.

C'est vrai. Il y a quelques idées sur " Waiting for the moon " qui datent de " Can Our Love… ", mais qui ne correspondaient pas vraiment à la texture générale de l'album, qui n'auraient pas pu s'épanouir dans le canevas qu'on avait mis en place. Quand nous avons commencé à composer ce nouvel album, nous voulions vraiment faire un album cohérent de bout en bout, sans baisses de tension, ce qui était trop le cas avec " Can Our Love… " et " Simple Pleasure ". Le problème avec ces deux disques, c'est qu'on a l'impression que certaines chansons manquent ou que d'autres sont tellement fortes qu'elles éclipsent le reste. Pour celui-ci, on était tous d'accord pour essayer d'éviter cela. Et surtout, que tout le monde soit cette fois-ci sur la même longueur d'onde : il est fini le temps où chacun suggérait une idée et désirait la retrouver sur le disque, en dépit d'une certaine homogénéité.

Pourtant on sent encore une fois cette volonté d'expérimenter, notamment avec ce " Just a dog " aux consonances country…

Je crois qu'il est très important pour nous de toujours essayer un tas de choses différentes… On a toujours voulu se départir de cette habitude qu'ont les journalistes de nous coller l'étiquette " rock ". Je pense qu'avec ce disque, nous avons essayé de revenir à un son plus expérimental, de tenter encore plus de choses… Même si c'est toujours ce que nous avons fait par le passé, genre utiliser un tas d'instruments plus différents les uns que les autres. Ca nous vient plutôt naturellement, en fait !

Il n'empêche que les chansons de cet album semblent plus évidentes qu'auparavant.

Comme tu disais, les chansons de " Can Our Love… " ressemblaient plus à des jams, qui se chevauchaient… Ici, la plupart des chansons sont davantage écrites : nous savions exactement quelles directions elles devaient prendre, avec de vrais couplets-refrains. Je pense aussi que les arrangements de cordes sont les meilleurs que nous ayons faits jusqu'ici.

Et puis il y a ce duo, une autre constante chez vous… Qui est cette femme qui chante sur " Sometimes It Hurts " ?

C'est Lhasa de Sela, une chanteuse québecquoise aux origines mexicaines. Elle chante en français et en espagnol. Ian Caple, notre producteur, avait déjà travaillé avec elle par le passé, et comme elle a une sacrée voix, il nous a passé ses disques pour qu'on se fasse une idée. C'est toujours intéressant de collaborer avec des personnes extérieures au groupe, surtout pour Stuart (NDR : Staples, le chanteur), parce qu'il écrit souvent des chansons comme des histoires, qui se prêtent bien à ce genre de duos.

Comment l'avez-vous rencontrée ?

Nous l'avons tout simplement appelée, et elle fut directement intéressée. Elle est donc venue nous rejoindre à Londres pendant quelques jours.

Elle a une drôle de voix… Peut-être à cause de ses origines !

Quand tu écoutes ses propres albums, sa voix est vraiment au centre de la musique. Et le fait qu'elle chante en français et en espagnol renforce encore ce côté atypique, surtout pour nous qui ne comprenons pas ces deux langues… Sa voix sonne comme un instrument à part entière : c'est bien plus que quelqu'un qui, simplement, chante. Nous avons aussi fait beaucoup de duos avec des gens qui au départ n'étaient pas nécessairement des chanteurs, comme Isabella Rossellini. C'est très excitant de collaborer avec des personnes qui ont de fortes personnalités… Mais c'est vrai que ça fait parfois du bien de travailler avec quelqu'un qui possède une vraie base musicale, qui sait comment chanter.

Justement, concernant les voix et les duos, on a l'impression que Dickon Hinchliffe, votre violoniste, chante davantage sur ce disque. Il y a de plus en plus un équilibre vocal entre Stuart et lui.

Oui, et il écrit de plus en plus de paroles aussi… C'est pour cela qu'ils chantent davantage ensemble. C'est vraiment génial que deux personnes du groupe écrivent des chansons, même si ça rend parfois caduque l'équilibre de Tindersticks… Je ne sais pas (hésitant)… On verra bien ce qui va se passer… Ses chansons sont en tout cas très belles, très Tindersticks. Il s'investit de plus en plus dans le chant en tout cas, ça c'est clair, surtout depuis " Can Our Love… ". Mais c'est vraiment la première fois qu'il signe lui-même certaines des compositions.

Comparé à vos précédents albums, il y a vraiment un dialogue entre eux deux, comme un jeu de questions/réponses.

Oui, je suppose… Ce fût très difficile à faire : nous avons passé toute la période de Noël à tenter de faire fonctionner les chansons les unes avec les autres. Les gens voient souvent Stuart comme quelqu'un qui aime chanter avec un partenaire… Je ne sais pas… C'est assez étrange !

" Waiting for the moon " sonne assez relax, tout en étant très (bien) produit. Quelle fût l'importance de Ian Caple dans l'étape de production du disque ?

Cette fois, Ian et Stuart ont plus travaillé à quatre mains. Mais dans un certain sens, les chansons n'avaient pas besoin d'être fort produites. Elles possédaient une sorte de feeling naturel qui se suffisait à lui-même. Stuart a quand même beaucoup investi de son temps et de son énergie pour peaufiner ces chansons, dans le home studio qu'il s'est construit chez lui. Quant à Ian, je pense qu'il comprend très bien ce vers quoi nous voulions tous tendre. Il arrive toujours à trouver ce qui manque quand nous-mêmes nous n'y parvenons pas.

C'était donc davantage une collaboration, cette fois, entre lui et Stuart ?

On travaille avec Ian depuis si longtemps maintenant que je ne le vois même plus comme notre producteur. On est vraiment sur la même longueur d'ondes : il sait ce qu'on veut, quel son nous correspond, surtout au moment de l'enregistrement. Il est plus comme une sorte d'ingénieur du son en fait ; le genre à travailler avant tout sur les sonorités qui nous conviennent, contrairement à ce qu'il peut faire avec d'autres groupes.

Que signifie le titre de l'album, " Waiting for the moon " ?

C'est juste le titre d'une des chansons, celle qui donne le plus à l'album ce sentiment de naturel : on sent que c'est un morceau qui a été enregistré à la maison, puis sur lequel Stuart est venu poser sa voix, tranquillement… C'est ce feeling qui primait vraiment pendant toute la conception du disque… Il n'y a jamais eu de grandes discussions quant aux titres à donner à nos chansons : ça vient naturellement, quand on le sent. C'est un peu ça le message.

Et " 4.48 Psychosis ", alors ! ?

Cela vient d'une pièce de théâtre de Sarah Kane, qui s'est suicidée il y a quelques années.

Ce qui explique le fait que Stuart parle, monologue, au lieu de chanter ?

Exact. Nous avons donné des concerts au Royal Court de Londres, où il n'y a jamais de concerts, seulement des représentations théâtrales, et surtout d'auteurs contemporains. C'est là qu'on a entendu parler de Sarah Kane. Et puis jouer là, c'était comme un défi qu'on avait envie de relever.

Ca vous arrive de composer pour le théâtre ?

Non, mais dans ce cas-ci, Stuart se sentait proche de Sarah Kane. Elle était gravement dépressive, tu le sens quand tu lis ses pièces… C'était vraiment pour elle une sorte d'échappatoire, d'exorcisme. C'est la même chose quand Stuart écrit des chansons : il essaie de faire sortir des sentiments profonds, de les extérioriser.

Vous vous êtes ici inspirés d'une pièce de théâtre, mais vous avez aussi composé pour le cinéma (NDR : " Nénette et Boni " et " Trouble Every Day " de Claire Denis). Comment ça se passe exactement ?

Je pense que c'est différent pour chaque groupe qui a la chance de travailler sur la musique d'un film. Je crois que Stuart n'est influencé par rien en dehors de ses propres démons intérieurs. C'est un peu la même chose avec Claire Denis. Travailler avec elle fût très étrange, parce que tout le monde s'attendait à ce qu'on fasse une BO. Tout le monde a toujours qualifié notre musique de " cinématographique "… C'est pour cela qu'on s'est jeté dans l'aventure, comme si c'était naturel, tout en sachant qu'on ne voulait pas faire une BO traditionnelle…

Deux BO pour Claire Denis : est-ce que c'est une collaboration que vous aimeriez prolonger ? Vous sentez-vous proches de son univers ?

Je pense que sa manière de faire des films est similaire à notre manière de faire de la musique. Comme je le disais, ça vient de l'intérieur. Une fois qu'elle a une idée dans la tête, elle essaie par tous les moyens de l'exprimer à l'image. Nous aimons vraiment l'esthétique de ses films, surtout " Trouble Every Day ", que beaucoup de gens ont pourtant détesté à cause de sa violence et de son histoire (NDR : une romance sanguinaire entre deux cannibales, interprétés par Vincent Gallo et Béatrice Dalle). Pourtant c'est vraiment un truc à voir ! La manière dont elle filme est simplement incroyable, vraiment.

L'image, c'est important pour vous ?

Au début ça l'était. Maintenant beaucoup moins. Je pense qu'on en est venu naturellement à cette situation de tous porter des costumes, d'avoir ce look… C'est la même chose concernant les cordes, les violons… Peut-être que les gens croient toujours que Tindersticks est un groupe à orchestre ; mais c'est vraiment une image qu'on essaie aujourd'hui de briser. Pour la prochaine tournée, on essaiera juste d'être nous-mêmes… Je ne pense pas qu'on doive de toute façon se créer une identité pour exister : juste être naturel.

Dommage : c'est super branché en ce moment de jouer en costumes…

Je suppose que quand on a commencé, c'était pour marquer le coup. Jouer, c'est comme sortir un vendredi soir : tu veux être classe. Aujourd'hui, c'est juste devenu naturel, ça ne m'ennuie pas.

Je me suis toujours demandé comment vous pouviez supporter ces costumes en plein concert… Vous mettez du déo, au moins ?

Je me rappelle la première fois que nous sommes allés à New York, c'était en plein été, il faisait terriblement chaud, et on portait ces costumes… Tout le monde était en short et nous regardait de travers ! Pourtant, à cette époque, ça faisait du bien de se sentir différent. Je pense que nous sommes différents, mais maintenant on ne ressent plus le besoin de le montrer à quiconque. C'est comme ça, et voilà.

" Waiting for the moon " est en tout cas le genre de disque parfait à écouter un dimanche d'été ! Il donne envie de se la couler douce.

Je suppose que c'est dû au fait que la plupart des gens considèrent notre musique comme étant sombre : cela a sans doute affecté notre manière de composer cet album, de manière plus légère et reposante. Je pense qu'au fil des années, le chant de Stuart est devenu plus naturel. Il se bonifie avec le temps. Mais notre intention n'était pas de faire des chansons enjouées : c'est juste venu comme ça. Je pense que ça a beaucoup à voir avec le fait qu'on voulait tous faire un disque qui soit écouté par le plus de monde possible, et qui soit, surtout, composé dans une ambiance sereine.

Tindersticks, ce sont toujours les mêmes six personnes ?

Oui. Je pense qu'on est passé par des périodes difficiles, durant lesquelles certains se sont un peu perdus… Mais avec cet album, l'entente entre nous est à nouveau au beau fixe !

Une dernière question, pour la route : il y a deux ans, vous avez fêté vos dix ans de carrière ici, en Belgique. Pourquoi ce choix ?

On avait été approché par le Botanique, qui voulait organiser plusieurs soirées en notre honneur. Comme nous ne voulions pas seulement jouer trois ou quatre soirs d'affilée, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose de plus intéressant, dont les gens pourraient vraiment se souvenir. On a commencé à réfléchir à une expo de photos et de matériels, et petit à petit cette idée est devenue une occasion pour nous de célébrer notre anniversaire en grandes pompes ! On avait déjà réalisé plus ou moins la même chose à Londres, mais nous nous étions limités à des concerts ; et puis Londres, ça faisait un peu trop " autochtones ", genre " c'est d'ici que nous venons, que vient notre musique "… Je pense que nos fans ne sont pas typiquement anglais, mais viennent de tous les pays d'Europe : la Belgique, par son emplacement central, se prêtait donc bien à ce genre d'événement.

 

 

 

 

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