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Le plus grand fan de Leonard Cohen au monde… Spécial

Écrit par - Bernard Dobbeleer -

Après avoir quitté le navire en déroute, le capitaine des Bunnymen s'est lancé dans une traversée en solitaire. Premier opus mi-figue, mi-raisin, « Candleland » était un coup dans l'eau. Sur « Mysterio », Ian McCulloch aborde à nouveau les rivages magiques de son glorieux passé. Rencontre sur fond de nostalgie

J'ai passé la soirée d'hier au DNA... J'ai toujours de bons amis ici Bruxelles. On a eu de très bons contacts avec des Belges, comme Bert Bertrand (NDLR : figure de légende du journalisme rock belge, collaborateur à ‘Télémoustique’, ‘More’ et ‘En Attendant’). La Belgique reste un endroit particulier pour moi. On a joué ici pas mal de fois...

Le point culminant de la carrière des Bunnymen en Belgique était sans doute le festival de Torhout-Werchter... Tu en gardes un bon souvenir ?

Oui, l’édition qui accueillait Iggy Pop. L’atmosphère était très particulière. Ce n'est pas vraiment le genre d'endroit où j'aime me produire, mais c'était agréable. Je me souviens qu'il y avait quelques fans devant la scène, c'était chouette.

Comment était l'ambiance au sein du groupe à cette période? Ca sentait le sapin, non ?

Oui, c'était presque l’épilogue. Et c'est pourquoi ce genre de concert était agréable. C'était un divertissement qui nous permettait de ne plus être vraiment Echo & The Bunnymen. A la fin, tout ce qui me permettait d'échapper à la routine était bon à prendre... Des concerts que nous avons accordés ici, je me souviens surtout de ceux du Plan K. Notamment celui au cours duquel pour partagions l’affiche avec Teardrop Explodes. Nous avions joué à pile ou face pour savoir qui passerait en vedette. Et comme nous avions perdu, nous sommes passés en premier. Or, le public ne voulait pas nous laisser quitter la scène. C’était dur pour Teardrop... Chez les Bunnymen, de toute façon, on a souvent vécu la même histoire ; parfois on pouvait être fantastiques, parfois on faisait de la merde.

Il y a deux ans que ton premier album solo est sorti. Tu es resté assez discret depuis. Ces deux années ont été difficiles ?

Non, après ce disque, j'ai beaucoup tourné. Je n’ai pas été inactif pendant deux ans. Mon emploi du temps a toujours été chargé ; et puis j'ai une famille. J'ai juste passé trois mois à ne rien faire. Le reste du temps, j'ai bossé. J’ai assisté à pas mal de matches de football, aussi. A mon âge, je ne ressens plus l'envie de faire le forcing pendant un mois. Je veux être tout à fait sûr de ce que je fais. Si j'avais à nouveau le temps, je ferais « Heaven Up Here » autrement. « Crocodiles » autrement. Tout différemment.

Peux-tu te permettre de prendre ainsi ton temps vis-à-vis de ta firme de disques?

Oh non, ils n'aiment pas ça. Je n'aime pas trop non plus. Mais si ça doit prendre du temps, ça prendra du temps. J'aimerais pouvoir accomplir les choses très vite, mais ce n'est pas possible, surtout quand on tourne. Je dispose déjà d’une dizaine de chansons pour le prochain album, mais je ne sais pas si je vais les utiliser dans l'état actuel ou changer les textes ou certaines choses...

Qu'est-ce qui vient en premier d'habitude, les textes, les musiques ?

D'habitude c'est un riff sur une guitare. Les textes viennent s'ajouter seulement après.

N'as-tu pas été déçu par le relatif insuccès de ton premier album solo?

Il a été reçu bien mieux que le dernier des Bunnymen auquel j'ai participé. Pour moi, c'était un pas en avant. Et plus c'était en pleine période d'explosion des Stone Roses, des Happy Mondays et de toute cette vague.

C'était une mauvaise période pour toi ?

Non, je ne pense pas que c’était l'antithèse de ce que je fais. C'était complémentaire. Je sais à quel point j’ai –ou les Bunnymen ont– influencé des groupes comme les Stone Roses ou les Happy Mondays. Et puis, « Candleland » n'a pas trop mal vendu. Rien d'extraordinaire, mais beaucoup mieux que « Crocodiles » quand il est sorti. Donc je n'ai pas été déçu. J’ai pris les choses avec philosophie. Ce nouvel album va s’écouler beaucoup plus. Il plaira beaucoup davantage au public qui aime ce que je fais. Celui qui me perçoit comme un chanteur de rock sera agréablement surpris par des chansons comme « Damnation ».

C’est un clin d'œil adressé à Jesus & Mary Chain ?

Je ne crois pas qu’ils aient un jour écrit une aussi bonne chanson. C’est ainsi qu'ils devraient sonner. Ce qu’ils font aujourd'hui a été trop entendu. Perso, leur style actuel me rappelle les premiers Bunnymen et, de toute façon, les Mary Chain m'ont toujours fait penser aux débuts des Bunnymen. Ils étaient d' ailleurs nos grands fans. C'est marrant comme les temps changent ; aujourd'hui les journalistes me disent que je ressemble aux Mary Chain, alors que la vérité a toujours été inverse.

Tu as aussi bénéficié de diverses collaborations sur cet album...

Ce ne sont pas vraiment des collaborations, mais seulement de la production. Bien sûr, le travail d'un producteur est important pour superviser le tout. Je ne peux jamais m'astreindre à rester longtemps en studio. Je me rends souvent dans les pubs, pour prendre un verre. Je ne me concentre pas assez. Ils sont importants, parce qu’ils m'empêchent d'aller au pub.

C'est assez étonnant de voir le nom de Mark Saunders accolé au tien. Il est connu pour ses mises en forme dance...

C’est suite au traitement réalisé pour le « Never Enough » de The Cure, dont il mixé le dernier album. Il beaucoup bossé ces derniers temps. Ce n'est pas un fantastique producteur, mais ce qui me plaît chez lui, c'est qu'il m'a laissé m’exprimer. Contrairement à quelqu’un qui sait ce qu’il veut mais dont le produit fini lui ressemble. Les chansons qui lui incombaient restent mes préférées

Pourquoi avoir choisi de travailler avec Robin Guthrie, des Cocteau Twins ?

Après avoir confié quelques chansons à Mark, je voulais changer. Et puis nous sommes amis, Robin et moi. Nous partageons le même manager, aussi.

Tu aimes leur musique ?

Euh, en fait non (rires). Ce n’est pas que je la trouve nulle, mais elle m’ennuie un peu. J’aime bien certains aspects de leur musique. Surtout la voix de Liz Frazer qui est vraiment fantastique. En fait, c’est parce qu’il est un ami que j’ai travaillé avec lui. Même chose pour Henry Priestman, des Christians. Sa musique n’a pas grand-chose à voir avec la mienne, mais celle qu’il apprécie est très différente de celle qu’il écrit. Il aime beaucoup les trucs psychédéliques des sixties et ce genre de choses. Mais quand il écrit des chansons, elles ressemblent toujours à celles des Christians, c’est plus fort que lui… Je sais qu’il a une bonne oreille parce qu’il a travaillé sur « Lover », ma reprise de Leonard Cohen. On avait déjà accompli l’essentiel du boulot, mais il a apporté le ‘groove’ que je cherchais.

Mais pourquoi avoir choisi cette chanson de Leonard Cohen ?

Parce que peu de gens la connaissent et qu’elle n’a jamais été terrible sur disque. Live, Leonard Cohen en réalise une version géniale, on dirait du rap ! En 85 je l'ai vu à Londres, Birmingham et Dublin et à chaque fois cette chanson m'a foutu des frissons, elle possédait un groove naturel.

En compagnie des Bunnymen, tu chanté pas mal de reprises ; mais tu as déclaré, il y a deux ou trois ans, que tu ne reprendrais jamais de compo de Brel ni de Leonard Cohen, de peur de ne pas leur rendre justice. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis?

Oui, je voulais rester un fan. Et puis est né ce projet de ‘tribute’ « I'm Your fan ». On me proposait de choisir la chanson que je voulais. Je n'étais pas très chaud ; mais comme je me suis toujours considéré comme le plus grand fan de Leonard Cohen dans le monde, particulièrement dans celui des musiciens, j'ai accepté. Je ne voulais pas qu'un disque pareil sorte sans moi. Et puis même si j’avais refusé, en me considérant au-dessus de ce projet, je l'aurais regretté à sa sortie. Mais j'aurais préféré qu’une face me soit réservée et l’autre à Nick Cave. En acceptant un tel challenge, je prenais aussi un risque. Pourtant, je suis plus fan aujourd’hui que jamais.

Et puis, oser des reprises, n'est-ce pas aussi une manière de t'affirmer en tant que chanteur ?

Oui, je pense que je dois pouvoir chanter une grande palette de styles. J'en suis capable. J'aime Tonny Bennett, Frank Sinatra mais aussi The Sugarcubes. C'est effectivement une manière de prouver que je suis apte à interpréter un autre répertoire que le mien.

Un phénomène demeure mystérieux chez les Bunnymen : vous aviez la voix, les chansons, le look, mais le groupe n'est jamais devenu l’égal de groupes comme The Cure, U2 ou même Simple Minds...

J'étais trop occupé –nous étions trop occupés– à vouloir rester le groupe le plus cool. Je crois que c'est une attitude spécifique aux gens de Liverpool. Tant qu’on est les plus cools, on est les meilleurs. Y compris pour un groupe ou un artiste. C’est pareil dans notre manière de supporter l'équipe de football de Liverpool : même si on était relégués en deuxième division, on considérerait toujours qu'on est les plus forts. Quand U2 est devenu énorme aux States, on s'est dit ‘pffftt ! et alors, on est quand même les meilleurs...’ Et puis notre manager, Bill Drummond qui est maintenant dans KLF, n'a jamais exploré tout notre potentiel. U2 et Simple Minds possèdent des managers qui ont fait le maximum pour eux. Bill qui est écossais, préférait nous envoyer en Islande... Ce n'était pas une mauvaise idée en soi, juste un peu bizarre. Et puis à l'époque, nous ne pensions vraiment qu'en fonction du NME et du Melody Maker ; on ne se tracassait pas pour la France, l'Allemagne ou que sais-je?

Tu n’as pas de regrets à ce propos ?

Des regrets? (longue réflexion). Non, car je pense que je suis dans une position qui me convient particulièrement sur cet album. Après « Candleland », certains ont imaginé que j'étais perdu ; mais grâce à « Mysterio », j'approche de nouveau de la réussite de « Crocodiles ». Etre capable de sortir « Damnation » de ma tête est plus important pour moi que démontrer être devenu un adulte. Je ne voudrais pas me retrouver dans la position de U2, de toute façon. Ce qui me rend vraiment triste, c'est qu'Echo & The Bunnymen ait continué sans moi, qu'ils aient gardé le nom...

Tu as souvent déclaré ‘Je suis le meilleur chanteur du monde’ ou ‘Je suis le sex-symbol des années 80’. Cette attitude arrogante t'a-t-elle vraiment servi?

Mais c'était vrai! (rires) C'était une forme d'humour, de toute façon.

A propos de dérision, tu apprécies KLF?

J'adore! Pas seulement parce que j'aime bien Bill et sa manière de concevoir la musique. Ce groupe est plein d'humour. Et puis, j'ai eu recours à leur ingénieur du son sur deux titres de l'album.

Tu aimes le “Echo & The Bunnymen Mix” de What Time Is Love?

Je n'ai pas entendu. C'est bien? Et l'album d'Echo & The Bunnymen sans moi? Comment était-ce?

Tu ne l'as même pas écouté?

Non. Est-ce que le chanteur n'était pas merdique? C'était pas vraiment le meilleur chanteur du monde, hein?

(Article paru dans le n°3 du magazine Mofo de mai 1992)

 

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