Lylac rencontre les esprits de la nature…

Telle une allégorie d’un paradis perdu, le nouveau single de Lylac, “The spirits of the wild”, évoque son fantasme ‘Eastwoodien’ des grands espaces sauvages et inexplorés. Fleuretant avec l’idée de la recherche du mythe ultime cher aux artistes californiens…

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Brett de scène ou Brett de cirque ? Spécial

Écrit par - Michael P. Short-Use -

Pour repérer Brett Anderson, le chanteur de Suede dans le palace bruxellois où il reçoit les journalistes, pas besoin d'une tête chercheuse. Le grand gaillard –sorte de Valentin le Désossé en quête de sa Goulue– a remplacé le chapeau déformé par une belle mèche transversale qui lui barre les sourcils. Il tranche nettement d'avec tous les autres clients. Son accoutrement d'abord, ses manières surtout, font ‘star en terrain conquis’. Tout est noir chez lui, parce que c’est une couleur qui vous investit quasi immédiatement d’une apparence d’artiste, allez savoir pourquoi… Les cheveux ? Noirs. La chemise ? Noire. La barbe d'un jour ? Noire. Le jeans ? Noir. Les chaussettes ? Noires. Les yeux ? Bleus…

Brett, chanteur-leader à la grosse boucle d'oreille en argent, est évidemment présent pour présenter ‘Coming up’, son nouvel album, le 3ème de Suede, le plus ambitieux peut-être, le plus réussi sans doute. Parce que, pour une fois, le groupe anglais a mis en sourdine son immense arrogance pour vraiment travailler un disque qui contient, dès lors, de très bons moments (‘Film star’, par exemple). "‘Coming Up’ n'est pas un album moins sophistiqué que ‘Dog Man Star’. Disons qu'il est sophistiqué différemment", avoue un Brett sans trop de sympathie, mais sans trop de prétention non plus…

Eclipse volontaire

L'album dure 43 minutes, c'est-à-dire à peu près exactement la durée d'un bon vieux vinyle... "Là, c'est un hasard. En fait, on recherchait un format plus pop, plus direct, on voulait aller à l'essentiel. Le but était de réunir une dizaine de chansons, les plus immédiates possibles, quitte à en éliminer certaines. Les CD, selon moi, sont actuellement beaucoup trop longs. Et on perd quelque chose à ainsi rallonger la sauce. L'impact est dilué. On a donc choisi de choisir, si je peux ainsi m'exprimer."

Brett ne masque pas que ce disque-ci est important. Pas parce qu’il s’agit du 3ème elpee de Suede et que traditionnellement, c'est un disque qui ‘installe’ un groupe, mais les circonstances sont telles que Suede, monté au pinacle par une presse dithyrambique et quelque peu décalée, joue gros ; ca passe ou ça casse, comme on dit... "Bien sûr qu'il y a de l’enjeu, la vie est un grand enjeu. Chaque album est un pas important, il faut se concentrer pour qu'il soit le meilleur possible. L'échec, c'est la même chose, tu dois l'envisager! Ce n’est d’ailleurs pas propre à la musique ! L'échec, dans la vie, on y est confronté tôt ou tard. Mais là, j’ai une grande confiance : l'album que nous avons réalisé est excellent, j'en suis sûr. Je n'ai donc même pas à évoquer la possibilité qu'il se plante!"

Faut dire aussi que depuis l'éclipse volontaire de Suede, un autre groupe anglais a obtenu un retentissant succès mondial qui pourrait faire de l'ombre à Brett et ses sbires. "Non, Oasis n’est pas un sujet dont tout le monde me parle, contrairement à ce que tu crois... Mais je veux bien l'aborder. Pour dire qu'il n'existe pas de parallèle à établir : notre musique n’a rien de comparable."

Mais enfin, Brett, leur succès risque quand même de ternir, juste un petit peu, l'image flamboyante de Suede, non ? "Chacun doit miser sur ses qualités propres. Je veux bien qu'il y ait entre les groupes une certaine forme de compétition. L'émulation peut être bénéfique. Mais en aucun cas, elle ne doit tourner à l'obsession, parce que ce ne serait sûrement pas bon pour la créativité de l'un ou de l’autre…"

Du charme des répétitions

Pendant les deux ans où il a n'a pas été très présent dans les médias, Suede a répété intensivement, presque jusqu'à plus soif. Après le départ du guitariste Bernard Butler –responsable des compositions de deux premiers disques, il avait claqué la porte lors de l'enregistrement de ‘Dog Man Star’– il s'agissait d'apprendre à se connaître, vu l’arrivée de deux nouveaux membres : Richard Oakes, jeune guitariste inconnu au bataillon, mais à qui Brett, seul contre tous, a toujours accordé une confiance sans limites, et Neil Codling, cousin du batteur et premier claviériste à rejoindre officiellement le groupe. "Après ces différents changements de personnel, il fallait que nous donnions l’impression d’être un vrai groupe, pas une belle construction hi-tech montée en studio. On a choisi les répètes et je crois que c'était la bonne direction à prendre. C'était de toute façon nécessaire pour devenir un groupe soudé, qu'on sente cette alchimie particulière entre nous…"

Pourtant, la chanson ‘Chemestry between us’ ne parle pas vraiment des relations à l'intérieur du groupe. "C'est plutôt une chanson sur la drogue", explique Brett. Grand défenseur de l'ecstasy, le chanteur aborde fréquemment le sujet au cours de ses interviews, particulièrement en Angleterre. Alors Brett, c'est toi qui aimes en parler ou ce sont les affreux journalistes qui t'y forcent continuellement ? "Sans doute un peu des deux. C'est vrai que j’aime causer de la dope. Mais je crois aussi que certains journalistes m'y entraînent, estimant que le sujet est vendeur".

Sur le nouveau disque, on peut être un chouia irrité par les effets de voix élaborés à l'électronique. De la réverbération au max, de l'écho en pagaille... On ne supporte plus sa voix quand elle est nature, mon bon Brett ? "Ce n’est pas la raison. Plutôt par goût personnel. Et puis, je sens que la mode va conduire à ce genre d'effets de voix. Je ne peux dire autre chose… "

Une nouvelle fois, dans ce genre de décision, Suede montre tout l'excès dont le groupe est coutumier. Pourquoi se sent-on toujours obligé d'être excessif chez Suede "C'était peut-être vrai dans le passé. J'ai peut-être montré cette tendance ; mais je n'éprouve plus ce sentiment aujourd’hui. Je suis le chanteur d'un groupe. Mon extravagance est naturelle et sincère, d'ailleurs elle ne marcherait pas si elle était feinte ! Sur scène, je n'ai jamais eu l'impression d'incarner un personnage, d'avoir un rôle à jouer. Jamais! Parce que j'y suis moi. Cela dit, je comprends que les gens se posent la question. Même après être monté des centaines de fois sur scène, je ne peux pas affirmer qu’il soit tout à fait normal de chanter devant les gens, d'être le frontman d’un groupe de rock… J’aurais pu devenir une caricature, un chanteur à la Marc Almond, mais je suis quelqu’un de nature. Je reste très spontané, même sur scène."

Questions nulles et à chier

Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment?

Les oiseaux et le trafic essentiellement

Tu veux dire les Byrds et Traffic, c'est ça?

(rires) Non, non, le chant des oiseaux et le bruit du trafic...

Je voulais parler de musique...

J’avais compris. J'écoute beaucoup de trucs, des trucs nouveaux, et les classiques comme Bowie, les Sex Pistols.

Tu as été les voir sur scène?

Non, non, je suis beaucoup trop jeune pour les avoir vus sur scène.

Je voulais dire : récemment, suite à leur reformation...

Quelle reformation? Franchement, s'ils se sont reformés, je n'en ai rien à foutre.

C'est vrai que tu n'as jamais lu de livre?

Pas tout à fait, j'ai dû en lire l'un ou l'autre, dont ‘1984’ de George Orwell, qui est bien. Sinon, lire c'est emmerdant. Je ne lis pas.

Tu es plus heureux aujourd’hui que pendant ton adolescence?

Je crois, oui. Même si l'adolescence est une période de découvertes exaltantes. J'ai gardé de très bons souvenirs de la première fois où j'ai fait l'amour, de la première fois où j'ai pris de la drogue.

Si quelqu'un devait reprendre Suede, tu préférerais que ce soit qui?

(long silence) Frank Sinatra !

Pour l'argent que ça pourrait te rapporter?

Oui, bien sûr... Indépendamment de lui, je serais flatté si Kate Bush nous reprenait. Jacques Brel aussi, ce serait bien…

(Article paru dans le n° 46 de septembre 1996 du Magazine Mofo)

 

Informations supplémentaires

  • Band Name: Suede
  • Date: 1996-09-30
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