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Plus observateur qu’engagé… Spécial

Écrit par - Stéphane Reignier -

C’est lors de sa tournée accomplie en Belgique que votre serviteur a pu rencontrer Bastian Baker. D’un naturel enjoué et fort sympathique, le bellâtre s’est livré à une interview sans langue de bois dans l’enceinte de la salle montoise ‘L’Alhambra’ avant de monter sur les planches.

De nombreux artistes imaginent que le monde de la musique est facile et accessible et qu’il est possible de gagner facilement sa vie en grattant simplement trois cordes. Pour ta part, tu as rencontré Patrick Delarive à un moment crucial. Le facteur chance est important finalement.  Quel est le conseil que tu donnerais à un jeune qui souhaite se lancer dans la musique et en faire son métier?

J’ai effectivement eu la chance de faire des rencontres très intéressantes dans ma vie. Au sein de l’inconscient collectif, la notion d’accessibilité à la musique est très légère. Comme tu le soulignes, beaucoup de mes amis sont persuadés qu’il suffit de gratter trois cordes pour gagner sa vie. C’est une hérésie, bien sûr! Seules les personnes actives dans ce métier ont véritablement conscience des difficultés qui y sont liées. Je n’aurais pas un conseil à donner, mais trois en réalité ! Tout d’abord, je pousse les artistes à écrire leurs propres chansons. Cette démarche permet de se différencier et d’innover. Les reprises sont malheureusement devenues la panacée chez de très nombreux bands. Certaines sont cependant très bonnes, mais d’autres aussi, très mauvaises… Ensuite, il est impératif de se faire connaître un maximum en jouant le plus possible et ce quel que soit l’endroit proposé. Ce qui peut déboucher sur des contacts. C’est toujours bon à prendre ! En ce qui me concerne, j’ai joué dans des bars, à l’occasion de fêtes et de mariages aussi. Lorsque j’ai été découvert, j’étais simplement venu fêter l’anniversaire d’une amie. Au petit matin, pris dans l’euphorie festive, j’ai pris ma gratte et j’ai été repéré. Cette histoire est le point de départ de ma carrière de chanteur aussi simple que cela puisse paraître. Enfin, il faut aussi être persuadé et se persuader de faire de la musique pour les bonnes raisons. Aujourd’hui, on glorifie les stars trop rapidement. Certains livres proposent même des recettes toutes faites pour devenir une vedette… C’est de la foutaise ! Le public a une vision parfois tronquée de la vie d’artiste. Je ne loge pas dans un cinq étoiles et je ne vole pas en première classe tous les jours ! Il ne s’agit pas d’un job ‘9h-17h’. C’est une passion qui nécessite beaucoup de travail en amont ! Les tournées et les engagements à tenir impactent inévitablement la vie privée ! C’est une existence de bohème et de vagabond qui exige des sacrifices. J’ai choisi ce job tout jeune, simplement parce que j’aime ça. Cette raison doit rester prioritaire !

Tu as déclaré un jour ne pas être matérialiste. Pourtant vendre des milliers de disques et gagner des thunes, tout le monde en rêve dans le showbiz, non?

J’ai effectivement la chance de gagner ma vie grâce à la musique. Pour un artiste, il est clair que vendre des disques est intéressant. Mais, je ne suis pas matérialiste. Pour te donner un exemple, je ne me souviens pas avoir pénétré dans un magasin pour y acheter des vêtements ou des objets luxueux.

Tu as été coach pour ‘The Voice’. On a souvent l’impression que la carrière des candidats de ce genre d’émissions s’arrête avant même de commencer. Quel est ton point de vue à ce sujet ?

J’ai adoré participer à cette aventure. Elle repose avant tout sur le coaching. Je déteste ces émissions de ‘musique scandale’ où le principe même de fonctionnement consiste à juger et casser les candidats uniquement dans le but de faire de l’audimat. ‘The Voice’ a une mission : accompagner le jeune talent. On décide ensemble du morceau, de la structure, de la tonalité, de ce qui va passer en télé et au son. Ce n’est pas un karaoké ! C’est une précision importante ! Les talents sont entourés de douze musiciens. Il y a une réalisation et ils doivent assurer le show durant deux minutes. Le côté spontané est aussi important. Afin de les y aider, je les ai emmenés faire une ‘jam’. Dans ce métier, il y a deux choses importantes. La musique, certes, mais aussi l’entertainement. Je pense qu’une telle émission peut être véritablement fédératrice pour ceux qui sont déjà dans le métier ou ont des projets en cours, des démos ou encore des Eps. Ce qui peut déboucher sur des contacts avec des maisons de disques, voire attirer des bookers.

Tu rencontres beaucoup de succès dans la musique et à la télé. Les dates belges sont pratiquement toutes sold out. Tu tournes aussi au sein de nombreux pays. Tu as assuré pas mal de premières parties, dont le supporting act pour Elton John, Bryan Adams, Johnny Hallyday, et j’en passe… Comment gères-tu ce rapport à la célébrité ?

J’ai énormément de veine d’exercer ce métier. Je suis un privilégié ! J’ai la chance de jouer un peu partout, que ce soit dans un grand stade ou une salle de taille plus modeste. A vrai dire, je n’aime pas beaucoup cette étiquette de ‘célébrité’ derrière laquelle se cache souvent une connotation négative. Je travaille comme un fou pour obtenir cette reconnaissance ! J’ai sans doute gardé ce côté compétiteur qui m’est resté lorsque j’ai quitté le milieu sportif. Je ne crache évidemment pas non plus dans la soupe aujourd’hui ! Les fans me suivent, viennent me voir et achètent mes disques. Ce métier m’apporte des accès privilégiés. Il m’autorise à faire des rencontres qu’il m’aurait été impossible d’imaginer auparavant. Je dirais que c’est le côté positif de cette carrière.

Je pose souvent cette question aux chanteurs francophones qui chantent dans la langue de Shakespeare. Les textes en français, c’est pour quand ?

L’anglais vient tout simplement de mon éducation musicale. Mon père est suisse alémanique et ma mère francophone romande. J’ai grandi dans cette double culture. La musique que nous écoutions à la maison était principalement folk et rock : Bob Dylan, Queen, Led Zeppelin, Eagles, Simon et Garfunkel, Cohen, etc. Je me suis inspiré de ces grands noms. J’apprécie également les belles mélodies. J’estime que la langue de Molière est la plus belle au monde à parler. Celles et ceux qui ont choisi de la chanter sont souvent des conteurs d’histoires, à l’instar d’un Renaud pour qui je voue une admiration sans bornes. Je chanterai moi aussi peut-être un jour en français, mais je n’en ai pas encore ressenti l’envie, ni le besoin. L’anglais donne cette liberté de pouvoir me permettre de dire absolument tout dans la plus grande transparence.

On sent chez toi une réelle énergie sur scène, difficile à capter en studio. Je sais que cet aspect des choses est important pour toi. C’est la raison pour laquelle tu aimes privilégier les conditions live. Est-ce que ce choix va s’imposer de facto lors des prochains enregistrements ?

Le premier album s’est construit de manière un peu étrange. J’avais en tête les riff de guitare et la voix. J’avais également une vague idée de tempo et des arrangements. Le fait d’avoir bossé en compagnie de bons musiciens a été un fameux atout. Il en découle un premier disque plutôt spontané. Pour le second, nous avons choisi l’enregistrement dans des conditions ‘live’. Tous les musiciens étaient réunis dans la même pièce. Ce qui donne un rendu particulier. Le feeling est plus naturel, moins métronomique.

Le titre de l'opus, "Too Old To Die Young", signifie trop vieux pour mourir jeune. Une phrase vue sur le mur d'un club en Allemagne. A ton avis, celui qui a écrit ces mots était un type complètement bourré, un illuminé ou un philosophe en herbe ?

Les trois vont de triplet. Cette phrase m’a littéralement interpellé. Je ne sais qui l’a écrite. Elle est contradictoire à souhait. Presque illogique… Je pense qu’il faut considérer l’histoire dans son ensemble. Celle qu’il y a autour de nous, celle qu’il y a eu avant nous et celle qui aura lieu après nous. Le monde devrait être plus relax. Je suis miné par les news que je lis tous les jours dans la presse. Je suis sans doute utopiste, mais pourquoi les gens ne peuvent vivre ensemble tout simplement ? « Too old to die young » résume bien cette forme de pensée unique. De même, toute la symbolique autour de dates fixes telles que la Noël et le Nouvel An, par exemple, m’insupporte. Je ne la comprends pas vraiment ! Sans doute parce qu’elle éveille en mon for intérieur des événements pénibles. Lorsque quelqu’un prend une bonne résolution le 1er janvier, j’ai envie de lui dire que si nous sommes le 8 août, il n’est pas obligé d’attendre le passage à l’an neuf pour réagir. Il s’agit pour moi d’une forme de désacralisation de l’âge dans sa forme matérielle en quelque sorte… Ma chanson « Dirty Thirty » parle de ces gens qui se marient à 25 ans et qui ont soudainement une prise de conscience à trente… En ce qui me concerne, j’essaie d’écarter cet aspect nocif !

Le premier elpee était essentiellement centré sur ta vie et tes problèmes d'ado. Pour le deuxième, tu es devenu spectateur de la vie. Les thèmes abordés sont très variés et différents. "Kids Off The Street", par exemple, parle des enfants des rues. Te considères-tu par moment comme un chanteur engagé ?

J’ai un côté relax qui me permet de vivre ma vie tranquillement. J’observe tout ce qui se passe autour de moi. Les chansons permettent de faire passer un message. Mais, je ne me considère pas comme un chanteur engagé ! Tout simplement parce que ce n’est pas mon rôle ! Ton analyse est bonne. J’ai effectivement écrit l’album lorsque j’avais 17-18 ans. J’y abordais les problèmes d’adolescents. Les jeunes se sont identifiés aux textes assez naturellement. Je me suis tout à coup senti moins seul. J’ai vécu ce processus comme une véritable thérapie ! Le second est moins dans ce registre. J’ai essentiellement écrit par rapport à ce que j’ai vu ou entendu. Je me suis un peu distancé ! Cette chanson en particulier est la plus complexe dans sa structure et sa composition, mais c’est celle que j’ai écrite le plus rapidement. Elle était réglée en cinq minutes à peine !

Se produire à Mons, capitale culturelle de l’Europe, dans une salle sold out, ça t’interpelle ?

J’y suis venu, il y a environ un an et demi, à l’occasion de l’exposition consacrée à Andy Warhol. J’avais beaucoup aimé ! Sinon, je me suis promené tantôt dans les rues de la ville. Le soleil était de la partie, les terrasses étaient bondées. On s’y sent bien ! La salle dans laquelle on se trouve est plutôt sympa. C’est typiquement le genre d’endroit où j’aime jouer. Je suis très excité d’assurer le show ce soir.

Finalement, de tous les peuples de la Gaulle, les Belges sont les meilleurs. Tu confirmes ?

Je confirme ! Je ne pense pas que ce soit une légende ! J’ai pu tourner en Amérique du Sud, et plus particulièrement au Brésil. Les gens sont très chaleureux, enthousiastes et festifs. Ils viennent pour prendre du plaisir, sans jamais juger. En Europe, l’équivalent, voire mieux, c’est la Belgique. Je le pense vraiment. C’est sans langue de bois. A chaque fois que je mets les pieds dans ce pays, je m’éclate comme un fou ! Encore hier soir, nous avons prolongé le concert en jouant pratiquement deux heures. Nous étions contents d’être là. L’interaction avec le public était réelle. Le peuple belge fait preuve de beaucoup d’authenticité ! Je trouve qu’il y a beaucoup de similitude entre la Suisse et la Belgique à ce niveau d’ailleurs !

Tes concerts attirent le plus souvent un jeune public féminin. Aimerais-tu élargir ton auditoire ?

C’est davantage une question de perception à mon sens ! En tout cas, perso, cette situation ne me dérange pas ! Tout ce qui m’importe au final, c’est que les spectateurs sortent d’ici, le sourire aux lèvres en ayant passé un bon moment. En Belgique ou en France, le public est assez féminin. Les premiers rangs sont constitués de jeunes, c’est vrai ! En même temps, c’est le créneau de pas mal d’artistes pop, rock ou folk. A contrario, en Allemagne, j’ai commencé en assurant des premières parties pour Everlast, l’ancien leader de House of Pain. Il s’agit d’un projet solo guitare/voix accompagné d’un pianiste. Son univers est plutôt folk. Mon premier public, là-bas, est constitué de gros mecs, tatouages sur les bras, coiffés de queues de cheval et vestes de bikers sur le dos. Tu n’assistes pas à un concert pour la gueule d’un mec. Si tu aimes sa musique, tu viens ! Tout simplement ! J’adore par exemple James Blunt, non pas parce qu’il est beau, mais parce son univers me touche. Les commentaires de la foule, à la sortie des concerts, sont aussi très révélateurs. Si on arrive encore à convaincre en se produisant en live, tant mieux finalement.

Le disque traverse une crise sans précédent. Est-ce que tu serais prêt à enregistrer uniquement en numérique ?

L’industrie du disque traverse effectivement une crise sans précédent. La musique a connu différents supports : le vinyle, les quarante-cinq tours, les trente-trois tours, le CD, etc. Aujourd’hui, pour beaucoup, il est normal que la musique soit gratuite. Deux possibilités s’offrent alors à l’artiste. Soit, il l’accepte. Soit, il essaie d’innover. Il y a un an et demi, j’ai soumis une application pour IPhone. Elle permet d’obtenir mon catalogue musical moyennant un abonnement de 8 francs (suisses) par année. Nous avons été les premiers à le faire. Mais, je pense que c’est encore trop tôt pour que ce système puisse fonctionner de manière optimale. Mais, dans le futur, pourquoi pas ? Les plates-formes comme Spotify ou Deezer offrent un service fantastique, mais la rémunération des auteurs n’est pas encore au point. J’ai un pote dont la chanson a été écoutée 300 000 fois en Irlande et il a reçu en tout et pour tout 45 francs suisses. C’est dramatique lorsque l’on pense aux coûts de production d’un album ! Il y a quelques années, on pouvait imaginer que ce déclin allait permettre de revaloriser le ‘live’ et d’en tirer parti notamment en terme de cachets. Aujourd’hui, il y a tellement de concerts et de festivals que cette vision des choses est quelque peu dénaturée. En Suisse, par exemple, il y a plus de 300 festivals durant l’été. Il devient difficile de s’y frayer un chemin. Nous réfléchissons beaucoup à cette problématique. J’ai enregistré quelques titres et je dois bien t’avouer que je ne sais sous quelle forme, je vais les sortir. C’est très excitant aussi.

Avec quel(s) artiste(s) rêverais-tu de bosser sur de futurs projets ?

Je fonctionne énormément au relationnel. Lorsque j’ai participé à l’émission ‘The Voice’, BJ Scott et moi avions beaucoup d’affinités musicales. Elle va d’ailleurs collaborer à l’enregistrement du prochain album. Un sentiment que je n’ai pas ressenti auprès de Marc Pinilla et Natacha Saint-Pierre. Sinon, j’aime beaucoup Robert Francis. C’est un guitariste et chanteur américain. Ses chansons sont magnifiques et ses textes hallucinants ! Il est un exemple à mes yeux ! J’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer, notamment en Suisse. Si un jour, la question d’une collaboration devait se poser, je signerais à deux mains.

Que connais-tu de la scène musicale belge ?

J’aime bien Selah Sue. C’est une très bonne musicienne ! Sans faire dans l’originalité, je citerai Stromae. Girls In Hawaï aussi ! Je les ai vus en live au Montreux Jazz Festival. C’était excellent. Arno a une carrière impressionnante, mais j’aime un peu moins. dEUS, je les connais un peu. J’avais rencontré Noa Moon sur un plateau télé ; elle est très gentille. Sans oublier Puggy ; nous nous sommes retrouvés à plusieurs reprises sur le même plateau également !

Adoptes-tu un rituel précis quand tu débarques en Belgique ? Tu ne te prends pas une ‘guinze’ ou ne t’empiffres pas d’une bonne mitraillette ?

J’adore la nourriture locale ! Les bières aussi ! Les fans nous en offrent d’ailleurs souvent ! C’est très sympa ! Le chocolat suisse par contre est meilleur (rires) !

As-tu profité de cette escale montoise pour caresser la tête du singe en passant sur la place de Mons, afin d’attirer le bonheur?

Je n’ai pas caressé la tête du singe sur la Grand Place, mais j’ai goûté ses couilles (rires) !

Bastian, c’est quoi la suite artistique ?

On termine cette tournée belge pour laquelle on se réjouit beaucoup. Je repars ensuite en Suisse et en France durant une semaine. Je vais y enregistrer des cuivres pour l’album. J’ai envie d’amener un peu plus de couleurs. Ensuite, on tourne au Canada pour sept dates. Enfin, je participe à un festival à Singapour. Après, je rentre au pays pour me préparer à la saison des festivals. On continuera de bosser sur le prochain disque aussi. Mais parallèlement, j’ai encore d’autres projets…

(Photo : David Olkarny)

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