La disparition de Gelatine Turner…

Gelatine Turner, c'est un projet chanson porté par deux frères, Pierre au son et Romain au chant. Ensemble ils composent une chanson hybride entre pop et alternative. « Disparaître », c'est une marche hypnotique, un souffle qui s'emballe, une perte de repère…

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La Star Academy, c'est une tragédie… Spécial

Écrit par - Olivier Dahon -

Rendez-vous était donc pris ce jeudi 4 octobre au bar ‘La Quarantaine’, à quelques encablures de la place Flagey. En fait de bar, ‘La Quarantaine est plutôt une librairie achalandée en livres, Cds et Dvds plutôt underground. On me demande si partager l’interview avec une autre journaliste ne me dérange pas trop. Je réponds par la négative, mais suis un peu déçu quand même. Pour faciliter la rencontre, un Dvd relatant une interview vidéo très intéressante (NDR : il retrace le parcours de Comelade) a été transmis aux journalistes en même temps que le CD promo de « Mètode de Rocanrol ». La première question concerne donc cette vidéo.

S’agit-il un moyen d’éviter les promotions ?

Il s’agit d’un produit promotionnel… je me souviens du tournage…

Il existe une dimension humoristique dans ta musique. Eprouves-tu une aversion pour la musique triste ?

C’est une question de caractère. C’est aussi la question de savoir où on place son nombril. J’ai eu le temps de relativiser en 30 ans de carrière. Je sais exactement ce que je fais et où je vais. Je ne suis pas dans la situation d'un type en train de construire une carrière. J’ai 52 ans. Je vis de ma musique et mon besoin de représentation est très léger. C'est une musique instrumentale, totalement anonyme, qui doit se suffire à elle-même. Je suis beaucoup plus proche du musicien de jazz, de musique traditionnelle ou de musique classique. Je n'ai pas de posture pseudo-intellectuelle. Je garde mes idées sur la cuisine et la politique. Je suis capable de parler du processus d’écriture de ma musique, de son histoire, des gens que je côtoie. Les événements sont d'une simplicité infantile. Je les aborde d'une façon très humaine. Je jouis d’une certaine réputation, même si elle est très réduite. J'estime vivre dans un luxe. Tu te rends compte, pour éditer ce disque, je n'ai pas dû rechercher une maison de disques. Je n'ai jamais concocté de maquettes de ma vie. A cause de mon passé, et parce que j'ai marné pendant vingt ans.

Est-il plus facile, pour un artiste, de se faire connaitre aujourd'hui?

Il y a beaucoup plus de poudre aux yeux aujourd'hui. Regarde les castings : il y a 25 000 gamins qui se battent pour être la star d'après-demain. La Star Academy, c'est une tragédie… Donc il n’est pas très rigolo pour un jeune d’y arriver aujourd'hui. Paradoxalement, il y a une chape de plomb culturelle. Tout se ressemble. Comment comprendre qu’on soit retombé aussi bas. On demande du clone. Prends pour exemple, la chanson française. A partir du moment où un mec fonctionne, 50 répliques sont balancées sur la marché. Ils ont dépassé la politique du clonage à la japonaise. Ca va très loin… C'est la nouvelle politique des maisons de disques. Compare un peu les directeurs artistiques d’aujourd'hui et ceux de Tamla Motown ou d’Island… Alors peut-être, si c'est hors norme et hors sujet, ça peut fonctionner.

Où le rock intervient-il dans ta musique?

Le rock c'est la façon de jouer, de présenter sur scène. Ce que je fais est éloigné du rock, mais toute ma vie je n'ai écouté que ce type de musique. C'est une culture qui continue à me passionner, comme la BD. Je suis resté sur des trucs du siècle dernier…

Mais ton batteur est un ancien membre d'OTH?

Oui, mais il a conservé une manière spontanée de jouer sur scène. C'est la façon de s’y produire, d'enregistrer. Je me sens proche de gens comme Jonathan Richman (Modern Lovers).

Qui ça?

Jonathan Richman.

Dans ‘Rock & Folk’, Nicolas Ungemuth a chroniqué « Monofonicorama ». Il t’y qualifie de Tom Waits muet et méditerranéen, de négatif total de Yann Tiersen. C’est plutôt sympa ?

(Rires) Ce n'est pas de la critique. C'est que du positif là…

En même temps, il est très méchant pour les autres. Il casse "Young Marble Giants" que tu cites dans tes références…

Il ne peut pas aimer ce type de musique. Je vois le gars. Il chronique surtout des rééditions de rock et rythm'n blues. Quand ce disque est sorti au début des années 80, je vivais à Montpellier et étais très lié au milieu punk. Tu ne serais pas parvenu à faire écouter 10 secondes de YMG à ces mecs là. C'était des hippies pour eux. Par rapport à Tom Waits, il a tout à fait raison. Mais il m'arrive de réaliser des choses plus décaféinées.

A propos de décaféiné, tu as composé la musique du film "Espace Détente" (long métrage basé sur la série "Caméra Café")

Alors là je dis aïe aïe aïe, et en trois temps. Tout d'abord, il faut savoir qu'en matière de musique de films, la production prend l'édition et sort la B.O. du disque. C'est un coup de poker car si le film marche, 8% du public achètera les produits dérivés, dont la B.O. Il faut que cette BO soit dans les bacs avant la sortie du film. Ce sont généralement des films qui ont fait 4 jours en salle. Pour moi, c'était du pur alimentaire, une œuvre de commande. Mais c'est un disque chroniqué nulle part, qui est passé au pilon direct…

Chez moi, j’ai un concert enregistré à Barcelone et à Lisbonne d’un musicien danois qui s'adresse au public en danois… le rock européen, ça existe réellement?

On était le plus interlope des orchestres, on avait là un groupe réellement européen. Tu connais la fameuse phrase de John Lennon: "Le rock français… et le vin anglais".

Le catalan est ta langue maternelle?

Oui, et Barcelone est une ville que je préfère vivre, de loin à Paris, où je me suis jamais vu. Ce n'est pas une ville pour piétons. A Barcelone, on se perd, les cafés sont mieux que les brasseries parisiennes. J'aime bien Bruxelles pour cette raison également.

Pourquoi toutes ces sonorités différentes?

Ce que tu entends sur mes disques, c'est la bibliothèque imaginaire d'un type qui ne voyage pas (NDR: Pascal n'aime pas voyager, surtout en avion). Il y a des instruments que je n'arrive pas à nommer. Il faudra peut-être utiliser un Dvd pour tous les montrer. Mon travail, c'est de produire le plus d'informations sonores.

Connais-tu l'œuvre d'un certain Paul Dodu. Elle est publiée sur internet, et on t’y compare à Georges Jouvin?

(rires) Il a raison! L'histoire de la musique instrumentale en Europe, c'est la musique post-guerre, la muzak, les grands orchestres de violons (dont Georges Jouvin fait partie), Pop-Corn. Georges Jouvin a enregistré plus de 200 albums. Il y a toujours cette femme de couleur noire sur la pochette, dans toutes les situations possibles : aux sports d'hiver, à la mer, devant son frigo (rires) En fait le dernier groupe instrumental en date c'est Pop Corn, si on évacue la techno et l'électro. Et aussi Bimbo Jet (?)

L'interview s’achève. Le temps d'installer son grand ‘toy piano’ et d'offrir ce fameux ‘showcase’, trop court à mon goût, mais qui permet de se rendre compte du talent de ce mec. On attend fermement un vrai concert…

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