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Il n’est pas rare que la démo soit meilleure que la version finale… Spécial

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2017 arrive presque à son terme que l’année suivante se profile déjà. Et elle sera importante. Mais également intéressante. Métalliquement parlant. Et pour cause, Machine Head s’apprête, le 26 janvier prochain, à publier son neuvième opus studio, « Catharsis ». A quoi dès lors s’attendre ? Que nous a réservé la bande à Robb Flynn ? Afin de tenter d’y voir plus clair, rien de tel que de s’informer auprès du Général en personne. Comme d’habitude, ce fort en gueule ne va pas mettre de filtre.

En tournée dans toute l’Europe, afin de tailler le bout de gras auprès de la presse, Robb Flynn a largué ses amarres en Belgique, le temps d’une journée, dans une chambre du prestigieux hôtel bruxellois Radisson Blu. Son homme de confiance m’ouvre la porte et m’invite à m’asseoir. Robb apparaît dans la pièce, prend place dans un canapé à mes côtés, et entame un copieux hamburger posé devant lui. ‘Ne t’inquiète pas, je mange vite’ me confie-t-il en continuant à fixer son pain double étage. Il finit par déposer son plateau à l’arrière de la chambre et se frotte la bouche d’un revers de la main. L’entrevue peut commencer.

Les premiers mots que tu prononces sur ce nouvel elpee, ‘Fuck the World’, reflètent-ils l’état d’esprit dans lequel tu étais plongé lorsque « Catharsis » a été composé ?

Robb Flynn : (il rigole) Je ne sais pas s’ils reflètent l’état d’esprit dans lequel j’étais tout au long des sessions d’enregistrement, mais bien lors du morceau d’ouverture ! Cette chanson a été en effet écrite et enregistrée le jour de ces atrocités commises à Charlottesville (NDR : le samedi 12 août), cette fameuse date marquée par ces fêlés de la suprématie blanche. Je me souviens… je me suis senti vraiment bizarre en regardant les événements relatés à la TV. C’était juste dingue : voir cette voiture débouler dans la foule et tuer cette fille… Horrible ! Je pense que j’ai écrit ce morceau dans les vingt minutes qui ont suivi le drame. Il s’agit donc là d’une interprétation très brutale et à chaud de mon ressenti par rapport à ce qui s’est produit. Tout ce que j’ai pu y éprouver s’y retrouve.

Le titre de l’album m’interpelle : doit-on y voir ta propre catharsis via ce nouvel LP ou une forme de catharsis offerte à celles et ceux qui vous écouteront ?

Je pense qu’il s’agit un peu des deux… En ce qui me concerne, cet album –mais la musique en général– est très cathartique pour moi. J’avais seize ans quand j’ai commencé à assister aux concerts de Thrash Metal… Je me souviens encore de ce jour où j’ai vu Metallica en ouverture de Raven, devant 250 personnes. C’était mon moment Beatles à moi ! A partir de ce jour-là, j’ai empoigné une guitare et j’ai tout de suite pris conscience que la musique pouvait revêtir ce pouvoir cathartique. C’est ce que j’évoque notamment au cours d’un des morceaux : ‘la seule chose qui me maintienne sain d’esprit / la musique dans mes veines /et si ces mots sont mes poings / peux-tu ressentir ma catharsis ?’ En prenant un peu de recul, je pense qu’il s’agit vraiment d’un album très éclectique : il est d’un côté très sérieux par son approche critique, humaine et politique de la société. Mais d’un autre côté, c’est aussi un appel à la fête. ‘Fuck the World !’ On y passe souvent de la dépression à la joie, en retrouvant tout un panel d’émotions entre les deux. La catharsis est un nettoyage, elle permet de faire table rase de beaucoup de choses. C’est exactement ce qui se produit dans cet album.

C’est également votre opus le plus long : quinze morceaux pour un peu plus d’une heure et quart !

En effet ! Quinze morceaux, c’est quasi le Seigneur des Anneaux (il rigole) ! Pas mal de monde m’a demandé pourquoi je m’entêtais à réaliser des disques aussi longs alors qu’aujourd’hui, on était davantage dans l’ère du single… ?  C’est vrai, il n’y a peut-être que trois morceaux qui en ressortiront vraiment et la plupart des gens ignoreront probablement le reste. Et tu sais quoi ? Ce n’est absolument pas un problème et c’est ainsi ! Je ne vais de toute façon pas changer la façon dont les gens consomment aujourd’hui la musique… C’est notre neuvième LP, j’ai cinquante balais et je le fais comme je le sens. D’ailleurs, je le considère un peu comme un film : une collection de quinze morceaux interconnectés entre eux, qui deviennent une œuvre d’art quand tu prends la peine de l’appréhender dans sa globalité. Tu préfères n’écouter qu’une partie ? Comme tu le sens ! Mais si tu veux gratter un peu plus, comprendre le contenu plus en détail, écoute alors l’ensemble et tu verras…

J’ai aussi l’impression que plus les années passent, moins tu te soucies de ce qu’on peut penser de ton groupe et/ou de toi. Un constat qu’on retrouve dans ce choix audacieux pour votre prochaine tournée, réservant uniquement des dates ‘an evening with…’ Peux-tu nous éclairer un peu plus à ce sujet ?

L’idée remonte à 2012, une année au cours de laquelle on s’est produit dans presque tous les festivals de la terre (il rigole). Et… ça m’a vraiment fait chier. Je n’ai pas du tout aimé. Absolument aucune connexion entre le groupe et l’auditoire. Une vraie perte de temps. Ce n’était ni productif, ni bénéfique, autant pour nous que pour nos fans. On s’est mis alors autour d’une table, on en a discuté et on en a conclu qu’on fonctionnait ainsi depuis vingt-cinq ans, mais que ce n’était pas pour autant la panacée. A-t-on vendu plus de disques ? Non ! A-t-on touché davantage de monde ? Non, au contraire, on était de moins en moins en contact avec notre public ! On a donc pris une décision, celle de mettre un terme aux festivals et de laisser la place aux ‘evening with’ où on jouera entre 2h30 et 3h par soir. Point ! Je suis conscient que cette résolution peut paraître un peu insensée à premier abord, parce qu’on rencontre un certain succès… mais c’est comme ça ! Et oui, on gagnera en effet moins d’argent, parce que les festivals paient les plus gros cachets. Mais tu sais quoi ? Ces ‘evenings with’ sont vraiment plus gratifiantes car on y ressent un lien super fort avec notre audience. Et puis, c’est aussi une manière de remotiver nos fans ! Vous voulez assister à un set de Machine Head ? Rien ne sert de vous rendre dans tel ou tel festival où on ne jouera quand même que quarante-cinq minutes. Mais venez par contre nous voir en salle et vous ne serez pas déçu·e·s ! C’est un peu comme Bruce Springsteen, il n’y pas tout le temps cinq groupes qui ouvrent pour lui. C’est Bruce Springsteen, point ! Comme pour AC/DC ou les Foo Fighters ! Il existe une ancienne tradition dans l’univers du métal qui consiste à proposer des packages de groupes par tournée ou encore des affiches sur lesquelles figurent des dizaines de formations… C’est peut-être bien pour certains bands, mais plus pour nous.

Mais ces premières parties, n’est-ce pas une opportunité accordée à de plus petits combos de se faire connaître ?

(il sourit en coin) … allez, soyons honnêtes, la foule ne se déplace jamais pour les petits groupes, mais bien pour les têtes d’affiche ! Et tu sais, je n’ai rien contre les promoteurs de festival… c’est juste que pour nous, ce système ne fonctionne plus. Mais je pense qu’il demeure, par contre, très intéressant pour de plus petites formations, où elles gagnent là à être connues.

Lors d’une précédente interview accordée au magazine anglais Metal Hammer, en novembre 2014, le journaliste affirmait que Machine Head était finalement et uniquement le groupe de Robb Flynn. Partages-tu son point de vue ?

(il sourit et s’enfonce dans son fauteuil)… je sais que ma réponse peut paraître arrogante, mais oui, c’est le cas. C’est mon groupe. J’ai trouvé le nom. J’en ai dessiné le logo et je suis le seul qui fasse partie du line up originel… Donc, ouais, c’est le mien ! Et je n’ai pas honte d’en être fier ! Il y a vingt-cinq ans que je me casse aussi le cul pour ça. Mais bon… Dave (NDR : McClain, le batteur) milite au sein du line up depuis maintenant 22 ans. Phil (NDR : Demmel, le guitariste), depuis 14 ans. Il y a un bail que ces gars et moi jouons de la musique… et c’est très important pour nous de former un véritable collectif, dans le sens où on bosse tous ensemble. Tu sais, Machine Head, c’est un peu comme une bagnole : je l’ai achetée moi-même mais on a mis ensemble de nouveaux pneus et on a refait la peinture. Mais au final, c’est vrai qu’il n’y a qu’un volant et que je suis le gars qui est derrière.

En 2007, Machine Head publiait « The Blackening » et rencontre alors son plus gros succès à ce jour. Penses-tu avoir atteint ton ‘golden age’, il y a maintenant dix ans ?

Je ne pense pas avoir atteint un quelconque ‘golden age’, du moins je ne pense pas en ces termes là… C’est sûr que grâce à ce disque, on a vécu des moments de dingue. C’était un peu comme sur des montages russes, notre parcours partait dans tous les sens et à une vitesse folle. Mais je reste quelqu’un de frustré, j’ai et j’aurai toujours quelque chose à dire. Je veux donc toujours aller plus loin. D’autant plus que dans l’univers du Metal, je ne me sens pas toujours respecté. Et je voudrais changer la donne ! On n’est jamais nominé pour des ‘Grammy Awards’, par exemple ! Aucune section n’est consacrée au Metal ! On est à des années lumières de recevoir une invitation pour ce genre de cérémonie. Et pourquoi ? On écrit pourtant des chansons. On joue sur nos propres instruments. On n’arrête pas de se produire en concert. Etc. Notre style musical est moins bien que les autres ? Je pense que comme musicien qui pratique du Metal, il est nécessaire de changer son fusil d’épaule et tout faire pour toucher davantage de monde, en intéresser de plus en plus et ne pas sans cesse rester cachés dans l’underground.

… tu n’appartiens donc pas à cette catégorie d’artistes qui voient le streaming musical d’un mauvais œil ?

Alors là pas du tout, j’adore ça ! Le streaming a changé ma façon d’écouter et d’apprécier la musique ! Je passe ma vie à parcourir le monde, je ne vais quand même pas sans cesse me balader avec une valise pleine de cd ! Même mon ordinateur portable n’a plus d’entrée pour les cd, c’est dire… Tout est à présent dans mon téléphone et je dois avouer que je suis devenu un accro à Spotify. Toute l’histoire de la musique est ainsi à portée de main. Tu aimes les Misfits ? Tape le nom du groupe et tu tomberas sur 20 singles différents, des faces B, des morceaux rares, des titres live, etc. Putain, mais c’est génial quand même ! Je n’ai plus aucune utilité de me rendre au disquaire du coin, qui n’aura de toute façon pas ce que je cherche… Grâce au streaming, tu peux aussi voir ce que les gens aiment actuellement, les morceaux les plus écoutés, etc. Il faut s’y faire : on est devenu une société à la demande. Tu en connais encore beaucoup toi des gars qui vont louer des DVD ? (rires).

Revenons à votre nouvel album : lors du processus d’écriture, penses-tu déjà à l’impact que pourrait provoquer un morceau lors de son interprétation en live ? Je pense notamment à « Kaleidoscope », qui semble être taillé pour la scène !

... bonne question. Je n’en ai vraiment aucune idée. Tu sais j’écris et j’enregistre les chansons comme elles me viennent et je ne pense pas vraiment à sa transposition sur les planches. Mais c’est marrant que tu évoques ce titre car la façon dont on l’a enregistré, et tout l’album d’ailleurs, était vraiment neuf pour nous. Comme d’habitude, on a répété près du studio d’enregistrement, là où on avait notamment mis en boîte « The Blackening ». Mais dès qu’on disposait de trois pistes, on filait au studio, on les enregistrait en une prise ou deux et puis on ressortait tout aussi vite. Pas question pour la circonstance de rester enfermés des semaines entières afin d’arranger telle ou telle partie de chanson pour qu’elle sonne idéalement. En se servant de ce système, on avait à peine joué les riffs quelques fois qu’ils étaient déjà dans la boite ! Ce qui insuffle aux compos une incroyable énergie. On ne les a pas répétés cent fois avant, on fonce et on y va ! Tu sais, particulièrement dans le Metal, il n’est pas rare –voire même fréquent– que la démo soit meilleure que la version finale, car elle conserve précisément cette énergie et cette spontanéité ! Et justement, pour « Kaleidoscope », c’était la toute première fois qu’on l’interprétait en entier, notamment au niveau des paroles. Je tenais ma feuille sur laquelle figurait les lyrics en main pendant que je les chantais et c’était à peine si je savais suivre ! Et rien à faire, ce côté spontané, on le ressent ! On a essayé ensuite de la réenregistrer mais les prises suivantes n’ont rien donné du tout. On perdait alors cette tension où tout pouvait déraper. Après… c’est toujours facile de tout lisser en se servant de logiciels tels que Cubase ou ProTools. J’adore pourtant ces logiciels, mais la perfection n’entre pas dans l’esprit du Metal. On a donc ici expressément voulu laisser quelques imperfections sur cet album.

… et puis,  le Metal n’a de toute façon jamais été quelque chose de parfait !

Tout à fait ! Et justement, c’est ce qui est génial : c’est un beau bordel. Mais il n’empêche pas notre nouvel essai de bénéficier d’une grosse production. On voulait qu’il soit imposant et épique. Et aussi cinématique ! C’est un film !

Peux-tu finalement réserver quelques mots l’artwork de Catharsis ?

Une fois qu’on est tous tombé d’accord sur le nom de l’album, on a imaginé différentes manières pour l’illustrer. Il s’agit d’un concept qui n’est pas si évident à mettre en images… Après quelques recherches sur Internet, j’ai découvert une photo représentant un corps recroquevillé en sang et entouré de roses. L’idée me semblait simplement géniale ! Je l’ai donc transmise aux autres membres du band. Ils ont tout de suite aimé ! J’ai demandé au gars qui avait réalisé cette photo, s’il pouvait nous en recréer une dans le même style. Mais… il m’a répondu que si je l’aimais, je pouvais la prendre et m’en servir ! On a donc ensuite réalisé avec lui un shooting dans le même esprit, afin de compléter l’artwork. On a envoyé le tout à Nuclear Blast et les responsables du label nous ont informé qu’ils allaient imprimer un livret de 24 pages ! Ce booklet me tient à cœur. Quand on l’ouvre, on ne tombe pas simplement sur les paroles. Ce n’était d’ailleurs pas mon souhait. Je veux qu’elles soient immergées dans notre monde et qu’on la fasse voyager !

Interview réalisée le 25 octobre à Bruxelles.

Merci à Jaap (Nuclear Blast) !

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