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La musique, c’est notre choix de vie… Spécial

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Beechwood et un trio new-yorkais réunissant le bassiste Sid Simons (21 ans), le guitariste Gordon Lawrence (23 ans) et le batteur Isa Tineo (25 ans) ; ces deux derniers assurant également les parties vocales. A l’issue de leur concert accordé à la Cave aux Poètes, de Roubaix, les musicos se sont volontiers pliés à l’exercice de l’interview, sous l’oreille attentive de leur manager, Cynthia Ross (NDR : bassiste de B-Girls, formation féminine de power pop/punk/rock qui a sévi de 1977 à 1981). A leur actif trois albums, dont les deux derniers, « Songs from the land of nod » (voir chronique ici) et « In the flesh hotel », sont sortis respectivement en septembre 2017 et ce 8 juin 2018. Deux opus qui réunit de très bonnes chansons aux mélodies particulièrement soignées et parfois même contagieuses…

Deux long playings en neuf mois, c’est plutôt rare chez un artiste ou un groupe aussi jeune. Mais cette tendance prolifique ne cache-t-elle pas l’envie d’écouler un stock de compos à écouler ?

Gordon réagit : « La majorité des titres du précédent album avaient déjà été enregistrées sous forme de démos. En fait, on est tout le temps occupés d’écrire. Et vu cette activité, on est constamment forcé d’accomplir des allers-retours entre la route et le studio. En général, on compose le week-end ; et on a d’ailleurs déjà les morceaux du prochain album. Qu’on enregistrera, fin de cette année… » Faut croire qu’ils ne dorment jamais. La réponse d’Isa fuse : « Jamais ! On dort quand on est fatigués… » Le père d’Isa bossait dans le business de la musique. Il disposait d’une fameuse collection de disques. Fatalement, il a dû puiser ses sources d’inspiration en les écoutant. Mais cette culture, l’a-t-il partagée avec ses amis, et tout particulièrement Sid et Gordon… Il acquiesce : « C’est exact. J’ai moi-même une belle collection de disques. Mais tout jeune, je n’avais qu’à piocher dans celle de mon paternel… » Pas n’importe qui, puisqu’il s’agit de Junkyard Ju-Ju –au départ batteur de formation– qui milite toujours au sein du duo de hip hop aux influences latines, Beatnuts, en compagnie de Psycho Les… Il poursuit : « Et puis j’ai pu assister aux sessions d’enregistrement. Ce qui m’a permis d’observer son fonctionnement et d’acquérir de l’expérience dans ce domaine. Et je suis reconnaissant à mon père de m’avoir fait découvrir cet univers de la musique. Et cette expérience, j’ai pu également en faire profiter mes potes, et bien sûr Gordon. Ce qui n’a pas été difficile, car il en avait déjà acquise une, de son côté… »

Le trio apprécie un large spectre de groupes ou d’artistes. Mais c’est la scène de Detroit qui semble inspirer d’abord ces musicos. Depuis Son House aux Stooges, en passant par les Stooges, MC5 et les White Stripes... Sid confirme « Oui, oui, les White Stripes ! » Gordon reprend le crachoir, parfois d’une voix qui devient de plus en plus caverneuse : « En fait, aujourd’hui, c’est à Detroit que tout se passe. A New York, la scène est plus underground. Mais on n’est cependant pas hermétiques. On aime également la musique qui vient d’Angleterre. On est ouvert à tout… » Le combo a ainsi adapté le ‘I’m not like everybody else’ (Trad : ‘Je ne suis pas comme tout le monde’) des Kinks, un titre qui figure sur « Songs from the land of nod ». Gordon explique pourquoi le combo a choisi cette cover : « C’est une chanson que je voulais reprendre quand j’étais ado. Mais aujourd’hui on peut plus facilement se connecter aux paroles. Au message. Ce n’était pas toujours le cas, à l’époque… » Et quand on les compare aux Troggs, mais un Troggs à la sauce contemporaine, les musicos estiment que c’est un compliment, et que votre serviteur a touché leur corde sensible… leur look y est également pour quelque chose, soit dit en passant…

Néanmoins, si la musique de Beechwood est essentiellement garage/rock, elle trempe également dans le psychédélisme, évoquant même parfois Syd Barrett, Brian Jones, le 13th Floor Elevators, ainsi que les Beatles circa ‘Magical Mystery Tour’. A cause des voix. Des voix qui peuvent aussi parfois rappeler Big Star. Isa se défend : « On est incapable de répondre à ce type de comparaisons. On aime tous ces groupes et ces artistes. Surtout leur musique… » Et tout au long de « Bigot in my bedroom », une plage issue de « In the flesh hotel », on ne peut s’empêcher de penser à T Rex. Gordon réplique : « Je n’ai jamais pensé faire sonner cette chanson comme T Rex, même si les mélomanes ont cette impression. C’est sans doute dû au groove de la chanson… »

Lors d’une interview publiée sur la toile, ils avaient déclaré que s’ils n’étaient pas devenus musiciens, ils seraient probablement morts aujourd’hui. Pourtant, ce sont tous des caïds du skate. Isa et Gordon se sont d’abord rencontrés à l’âge de 16 ans en se consacrant à ce sport. Et puis, le premier écrit des poèmes, alors que le second est branché sur la photo et la peinture. Ce dernier s’épanche : « La musique, c’est notre choix de vie. On laisse le champ libre à nos envies et nos passions. Tout le monde devrait faire ce qu’il a envie de faire. Il y a un moment de l’existence où on peut se permettre de réaliser ce qu’on aime. Les 18 premières années de ta vie, tu es contraint d’aller à l’école. C’est une obligation, on ne peut y déroger. Puis tu vas au collège. Et t’es parti pour 4 ans, avant de savoir ce que tu veux vraiment faire. Tu es dans le système. Mais dès que tu t’en libères, tu dois foncer tout de suite ».

Quand on parle à Gordon, de sa ferveur pour les Ramones, il remet la place de ce quatuor mythique dans son contexte. « En fait, ce qui m’intéresse chez les Ramones, c’est de figurer au sein d’un groupe, de ressentir quand on y est, d’y vivre... C’est ainsi que j’ai découvert que j’aurais pu participer à leur aventure…. » Une forme d’incarnation subjective ? Il précise : « C’est plutôt ce que la formation représente pour moi. Quand on écoute un groupe, on apprend de ce groupe. On ne va pas se limiter aux Ramones, pour les influences, car il en existe de nombreuses. Ma vie, c’est de jouer de la guitare et d’être connecté à un niveau plus profond. Quand j’aime une formation, ce n’est pas seulement la musique. Je ne limite pas ma vision du band au guitariste. Mais lorsque je l’écoute, je me sens dans le groupe… » Isa avait de son côté, déclaré que la batterie était une manière de libérer sa colère. Mais contre qui ou quoi est-il en colère ? Il répond : « Il n’y a pas d’analyse à réaliser. J’insuffle toute mon énergie et toutes mes émotions dans mon drumming. Mais il n’y a pas de colère vis-à-vis de mes partenaires. C’est bon pour ma santé d’afficher une attitude jeune et naturelle. J’ai joué dans une autre formation avant celle-ci. La manière dont je jouais des drums était plus agressive. Je suis capable de l’adapter à des tas de styles et de cogner très fort sur mes fûts… Cependant, je joue de manière ‘éthique’, c'est-à-dire que j’affiche un aspect de ma personnalité que je veux la plus humaine possible... »

Mais penchons-nous un peu sur le dernier opus de Beechwood, ‘In the flesh hotel’. Et tout d’abord sur le recours à ces instruments complémentaires comme l’orgue ou peut-être un farfisa. Gordon rectifie : « Il s’agit d’un harmonium. Et puis, il y a également un piano. Les sessions se sont déroulées dans une maison d’un de mes oncles. Vu l’éventail mis à notre disposition, la pièce ressemblait un peu à une salle de jeu. Lorsqu’on enregistre, on essaie de faire de notre mieux. Nous ne sommes pas des pianistes, mais avant de nous y coller, on entend d’abord ces interventions dans notre esprit. On peut comparer chaque chanson à un univers et on fait en sorte que tout tourne dans cet univers. Il n’existe qu’une seul règle : c’est bon ou pas bon ! Nous ne nous imposons aucune limite dans notre processus. Par exemple, si l’un se réserve la guitare, l’autre se consacre à la slide et le troisième à l’harmonium… »

Le long playing est également mieux produit. Isa en donne son explication : « C’est parce qu’on est meilleurs et qu’on sait mieux ce qu’on veut. On a plus de maîtrise. On expérimente ! Quand j’écoute ‘Flesh Hotel’, c’est nous ! » Et Isa de clarifier : « En fait Sid a joué un grand rôle dans le son ». Gordon confirme : « Son implication a été importante dans la mise en forme. Ce qui compte, c’est d’être vrai par rapport au son. De ne pas se trahir. On ressent le fait qu’on a franchi une étape. On a progressé. Cette production est donc supérieure…. »

Parmi les plages de cet LP, ‘Amy’ et ‘I found you’ pourraient facilement sortir en single. Gordon tempère : « Ce n’est pas prévu de sortir des singles et des 7 inches en vinyle. Pour la promo, les chansons vont cependant sortir successivement en clips vidéo… et quand l’album sortira, les chansons seront déjà périmées… » (rires)

(Merci à Vincent Devos)

 

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