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Sandor la nuit, Virginie le jour... Spécial

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Véritable révélation sur la scène pop synthétique francophone, la Suissesse Sandor aime cultiver l'ambiguïté. D'abord, son nom est emprunté à une comtesse hongroise du XIXème siècle qui a adopté le genre masculin ; une pionnière transgenre, en somme. Et le côté androgyne est bien sûr présent dans le personnage de la chanteuse valaisanne. Ainsi, dans le très explicite « Tu Disais », elle adopte tour à tour les points de vue narratifs masculins et féminins, avec un réalisme étonnant et des mots très crus. Autre ambiguïté : le mélange du sombre et du lumineux. Il y a quelque chose de la froideur 'new-wave' dans le premier opus de l'artiste valaisanne. Les synthés sont omniprésents et les arrangements font écho à Eurythmics, Rita Mitsuko, Niagara ou Mylène Farmer. Ce côté 'dark' constitue un exutoire pour cette institutrice de formation qui incarne Virginie le jour et Sandor, la nuit (NDR : pardon pour le jeu de mots).

Musiczine a rencontré la chanteuse lors d'une journée 'promo' organisée à Bruxelles. L'occasion de boire un thé maison sur la terrasse ensoleillée du Belga, en sa compagnie...

Comment définirais-tu ta musique ?

Perso, je n'aime pas définir le style de musique qui me correspond. Je laisse ce soin aux autres…

Tu accepterais le terme 'Pop synthétique' ?

Oui, bien sûr !

En y ajoutant un côté plus sombre, un peu 'new-wave', combiné à une tradition de la chanson française ? Dans l’esprit de Niagara, Eurythmics voire même Mylène Farmer ?

Effectivement. J'ai pas mal écouté de la chanson française au cours de mon enfance. Mes parents appréciaient Gainsbourg, Barbara, etc. Mon père s’intéressait plutôt au jazz et ma mère était plutôt branchée par la musique des années 'hippie', comme Melanie... Mais quand j'ai entendu Mylène Farmer, au début, j'ai été fascinée par les arrangements, surtout par les intros des morceaux, parce qu’elles étaient truffées de bruitages, de pleurs de bébés, de cris...

Vous partagez aussi un côté sensuel et même carrément sexuel...

Oui, ses textes étaient souvent provocants. J'aime ce côté direct, tout sauf réconfortant. Et c'est pourquoi je préfère les sonorités chaleureuses, dans le mastering, afin de contrebalancer les plus froides...

Le son de l'album est d'ailleurs très bon, ample et profond. Et les arrangements sont superbes.

Pour la plupart, ils sont signés par Jérémie Durciel.

Ils révèlent une richesse et une subtilité remarquables. Tu lui as dicté des consignes ?

Oui. C'est très facile de travailler avec lui parce que notre entente est parfaite. Je lui suggérais des ébauches et ensuite, il me renvoyait ses démos afin que j’exprime mon opinion. On a tenté de nombreuses versions avant d’obtenir le bon 'son'.

Tu as rencontré des problèmes pour « Tu Disais » ?

Oui. La chanson a été censurée sur les ondes radiophoniques, en Suisse. Quand elle a été diffusée la première fois, des plaintes ont été enregistrées. C'est étonnant parce qu'en fait, c'est simplement une chanson d'amour.

Ce sont les mots, très crus, qui choquent certaines personnes. Tu as envisagé de sortir une version édulcorée ?

On y a pensé mais finalement, j’ai abandonné l’idée. Ce serait dommage de dénaturer le propos. 30 ans plus tôt, des artistes comme Gainsbourg, Rita Mitsuko ou même Desproges jouissaient d’une totale liberté de ton. Aujourd'hui, on est soumis à davantage de contrôle. D'un côté, c'est judicieux, car le système permet de combattre les propos racistes ou homophobes mais d'un autre côté, on assiste à une radicalisation par rapport à la sexualité. Pourtant, on peut parler de sexe sans que le sujet soit obscène.

Ce côté explicite, un peu 'in your face' est familier au rap, surtout dans « Ange Gardien ».

Oui, surtout à cause du rythme. Le tempo est lent. Libé a baptisé « Tu Disais » de chanson 'rappeuse'.

Intéressant, tu incarnes parfois le rôle d'un homme dans tes chansons.

J'aime jouer sur cette ambivalence. Les chansons ont pour objectif de s’adresser à tout le monde. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai opté pour ce nom, Sandor. Il me permet d'exprimer mon profil masculin. 

As-tu l’impression de surfer sur cette vague de chanteuses francophones très féminines et un peu androgynes, impliquant, par exemple, Jeanne Added, Fishbach ou Clara Luciani ?

Oui. On relève de la même génération. On nous a inculqué les mêmes références au cours de notre enfance. Et on se laisse porter par elles sans avoir peur, sans complexes.

Tu connais bien la Belgique ?

Je me suis déjà produite dans le cadre des Nuits Botanique et ensuite, je suis revenue à la Rotonde et au Reflektor, à Liège, en compagnie de Juliette Armanet.

Tu retravailles tes morceaux pour le 'live' ?

Oui. Pour les rendre plus énergiques qu'en studio. Je me consacre à la guitare électrique pour que le son soit plus rock. On y intègre même des solos de guitares.

Y compris le son disto et tout ?

Bien sûr ! J'adore le rock des années '70 façon Led Zeppelin ou Deep Purple.

Et tu parles au public entre les morceaux ?

Au départ, cette démarche était difficile pour moi. Comme je suis d’un naturel très timide, j'ai écrit « Je ne sais pas parler », justement pour évoquer ce malaise. Quand je m’exprime entre les titres, j'ai l'impression de quitter le personnage de Sandor.

Il faudrait peut-être écrire des petites saynètes théâtrales, qui mettraient Sandor en scène.

Oui, ce serait une bonne idée. J’incarne déjà un personnage spécifique, grâce à un look androgyne et une coupe de cheveux particulière. Sandor constitue mon alter-ego intérieur qui se dévoile sur scène.

Là, ce n'est plus l'institutrice ! (rires)

Non ! Sur les planches, je lâche les chiens ! Et cette dualité dans la vie m’équilibre...

On attend impatiemment le prochain concert de Sandor en Belgique. Peut-être à la Rotonde du Botanique, en octobre. A confirmer ! En attendant, l'univers fascinant de la chanteuse sur son album éponyme est à découvrir ici 

Informations supplémentaires

  • Band Name: Sandor
  • Date: 2019-05-22
  • Rating: 7
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