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Le jazz est une musique de partage… il est donc difficile de la faire vivre à travers des écrans… Spécial

Écrit par - Erik Vandamme (Adaptation B.D.) -

Antoine Pierre est un batteur de jazz exceptionnel. Il ne fait qu'un avec son instrument. Pour son dernier projet solo, VAAGUE, il a décidé de mettre l’accent sur un drumming varié et coloré. En outre, il n’est pas rétif à l'expérimentation. Ainsi, ce virtuose a recours aux effets électroniques spéciaux pour transformer un concert en set dansant. Et le chant constitue une valeur ajoutée. Ce qui confère à VAGUEE un concept unique en son genre. L'artiste est un touche-à-tout, comme il l'a déjà prouvé au sein de son autre projet, Antoine Pierre URBEX. De bonnes raisons pour lui poser quelques questions sur son passé, son présent et ses ambitions futures...

Antoine, tu es entré dans le monde de la musique très jeune. Comment tout a commencé, et pourquoi avoir choisi la batterie ?

Mon père est musicien de jazz et ma mère grande mélomane. On écoutait toujours du jazz à la maison : Keith Jarrett, Pat Metheny, Jan Garbarek, … J’étais fan d’une VHS de Pat Metheny avec Paul Wertico. Je jouais ce que j’entendais sur des tonneaux de ‘Dixan’ ! Puis j’ai assisté à un concert de Pat Metheny, en 2002. Cependant, lorsqu’il a débuté, quelle a été ma déception de ne pas voir Paul Wertico derrière ses fûts. Mais dès que le batteur a commencé à jouer j’ai été littéralement soufflé. C’était Antonio Sanchez. Ce qui explique pourquoi, j’ai ensuite absolument voulu jouer de la batterie.

Quelle importance la musique a-t-elle eue au cours de ton enfance ? Penses-tu qu’avoir des parents musiciens ou qui aiment, tout au moins, la musique, constitue un tremplin pour embrasser une carrière de musicien ?

Ça dépend ! Dans mon cas, cette filiation a été bénéfique car il y avait la place et le temps pour écouter et faire de la musique. Mes parents m’ont fait confiance et ont accepté que je fasse ce choix dans la vie. Mais si je prends l’exemple de Jean-Paul Estiévenart, qui est un musicien incroyablement talentueux et cultivé, il est né au sein d’un milieu où la musique n’était pas très présente, hormis à travers les fanfares et les harmonies de village. Tout le monde peut faire de la musique, et à n’importe quel âge…

Quels sont les drummers qui t’ont le plus influencés, à ce jour ?

Au départ, j’étais un grand fan d’Antonio Sanchez et de Stéphane Galland. Adolescent, j’écoutais énormément Aka Moon et Pat Metheny. Puis j’ai découvert Jack Dejohnnette, Tony Williams, Elvin Jones et Roy Haynes… Il y en a tellement ! Et les influences changent en fonction des époques… Pour l’instant, je suis surtout intéressé par Louis Hays, Art Blakey et Marcus Gilmore.

Rencontrer Philip Catherine a été une étape importante dans ton parcours. Par quel hasard, cette rencontre a pu se produire ?

On s’est rencontré lors de deux jams sessions qui se sont déroulées à deux semaines d’intervalle. Une à Liège et l’autre à Dinant. On a interprété quelques morceaux ensemble pendant la seconde et puis on a participé à un premier concert de Greg Houben, au Jacques Pelzer Club de Liège. C’était vraiment génial ! Je n’étais âgé que de 18 ans et j’avais l’impression de connaître super bien sa musique. Faut dire que mon père est guitariste et bien évidemment, j’ai écouté les disques de Philip, chez moi, dès ma plus tendre enfance… Le lendemain de ce concert, j’ai reçu un e-mail me proposant de le rejoindre au sein de son trio. Le reste s’est vite enchaîné. On a accordé des tas de concerts et j’ai beaucoup appris de son expérience ainsi que de sa conception de la musique. La meilleure école !

Je suppose que tu as quand même vécu des hauts et des bas, dans ta carrière…

Le vrai topper jusqu’à ce jour, je le dois à ma carte blanche dans le cadre du Brussels Jazz Festival, en 2020, à Flagey, où j’ai aligné 3 concerts. Un quartet avec Joshua Redman, Eric Legnini et Or Bareket ; mon groupe Urbex dans une formation spéciale pour l’enregistrement de notre disque « Suspended », en hommage à la musique de Bitches Brew ; et une session de batterie improvisée, sous la forme d’un trio, en compagnie de Mark Schilders et Lander Gyselinck… Le plus difficile c’est cette époque que nous sommes occupés de vivre, une période au cours de laquelle la culture est en switch off. On dispose bien de quelques opportunités grâce au streaming, mais cette alternative ne remplace pas le lien réel qui s’établit entre le public et l’artiste. Le jazz est une musique de partage ; il est donc difficile de la faire vivre à travers des écrans…

Ta contribution au groupe Taxiwars t’a-t-elle permis de t’ouvrir à d’autres horizons ?

Effectivement. C’était une belle expérience de jouer dans des salles et festivals plus ‘rock’. Et elle le reste. J’ai découvert un public qui réagit à d’autres perspectives de la musique, comme l’énergie et la ‘vibe’. Ce qui m’a permis de découvrir une autre partie de moi-même, et appris à explorer d’autres zones de la musique.

L’Antoine Pierre Urbex a réservé au Bijloke de Gand, un concert au cours duquel les frontières de l'improvisation ont été abolies. Une révélation ! Comment la coordination entre les différents musicos s'est-elle mise en place ?

Urbex existe depuis 6 ans déjà et au fil du temps et des concerts on a dû remplacer des musiciens. Dans ce contexte, j’avais eu envie d’inviter tout ce beau monde afin de réaliser un live en stéréo, en dédoublant le claviériste et le guitariste, par exemple… Naturellement, au fur et à mesure, on s’est forgé une manière d’improviser différente de celle du jazz traditionnel. Tout le monde a la liberté de s’exprimer et d’échanger avec un ou plusieurs autres musiciens. Le but est de créer des flux de sons et d’en changer les formes…

Malheureusement, pour l’instant, je n’ai pu assister à l’une ou l’autre de vos prestations qu’en streaming. Que ressens-tu quand tu joues devant une salle vide ?

Au début, c’était vraiment très étrange. Pas d’applaudissements, bien évidemment, mais surtout, pas de ‘vibe’ à partager avec le public. Souvent, un concert commence sous une certaine configuration, puis nous entraîne au sein d’un climat inconnu en fonction de l’intervention du public ou de son implication.

Que penses-tu du streaming, en général, en espérant qu’il ne devienne pas la nouvelle norme ?

Au début, se produire devant des caméras constituait un vrai challenge. Aujourd’hui, on commence à s’habituer à la situation et c’est ce qui me fait peur. Je ne veux pas qu’elle devienne la nouvelle norme. La musique, ce n’est pas ça ! Certes, cette alternative a permis aux musiciens et au public de rester en contact et c’est important. Mais maintenant, je crois qu’il est nécessaire de passer à autre chose. Raison pour laquelle j’ai décidé de ne plus me produire en streaming.

La deuxième fois que j’ai pu te voir en concert, c’était dans le cadre du festival de jazz à Louvain. J’avais écrit alors à ce sujet : ‘D'un côté, c'est un virtuose de la batterie, mais les effets électroniques spéciaux rendent le set dansant. Et le chant constitue une valeur ajoutée. Ce qui confère à VAGUEE un concept unique en son genre’. Ton avis sur la question ? Comment l’idée d’un tel projet est née dans ton esprit ?

Il y a déjà quelques années que je souhaitais réaliser un set en solo. Mais je ne voulais pas qu’il soit limité à de la batterie et des loops. Alors, suite à des recherches, j’ai découvert cette technologie américaine baptisée ‘Sensory Percussion’ qui permet d’assigner des samples à différents endroits du kit de batterie. J’ai donc créé de la musique en me servant de cette technologie pour improviser. Ce qui permet de changer les formes si j’en ai envie ou de me laisser surprendre par le programme. Alors, la musique a adopté un profil plus dansant, car je suis convaincu qu’on en a tous besoin.  

Comptes-tu concrétiser ces projets lors de sessions d’enregistrement ? En as-tu d’autres ?

Un disque est en cours de réalisation. Il devrait paraître l’an prochain ! Un autre également pour Next.Ape, un groupe expérimental davantage trip hop. On a tout enregistré et on va s’attaquer à la post prod !

Quels sont tes projets et tes ambitions à court et à moyen terme ? Et caresses-tu un objectif ultime dans ta carrière ?

J’ai encore plein de projets et de désirs à réaliser ! Que ce soit dans la pratique de mon instrument ou en matière de composition… Je voudrais rencontrer à nouveau du monde et dans le futur, créer de nouvelles collaborations…

Merci pour cet agréable entretien, en espérant te rencontrer bientôt, en chair et en os…

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