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Il faut être fou pour assurer la première partie des tournées de Neil Young ! Spécial

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Giant Sand est un projet monté par Howe Gelb au beau milieu des années 80. Bien que né au Nord des Appalaches, Howe Gelb a véritablement entamé ses aventures musicales à Tucson, dans l’Arizona ; là où il avait émigré. Avant de se lancer dans le projet Giant Sand, il a milité chez les Giant Sandworms (NDR : commettant même un Ep passé complètement inaperçu), puis sorti un elpee sous l’étiquette de The Band Of Rocky Blanchette, disque édité par le défunt et mythique label parisien New Rose (NDR : un second long playing de ce combo, intitulé « Hertland », paraîtra même en 1986). C’est en 1985, que Giant Sand sort son premier opus : « Valley of Rain », un disque pour lequel il reçoit le concours du bassiste Scott Garber et du drummer Tom Larkins. Si on implique Giant Sand dans le mouvement ‘Paisley Underground’, c’est à cause de ses relations qui lui ont permis de côtoyer des musiciens comme Steve Wynn, John Convertino et Joey Burns (NDR : ces deux derniers ont même sévi chez le Géant de Sable, juste avant de fonder Calexico) ainsi que Chris Cacavas (NDR : voir également l’interview qui lui est consacrée). John, Joe et Chris accompagnaient même Howe pour la tournée mondiale de Giant Sand, début 1993, un périple destiné à promotionner l’album « Center of the Universe », auquel les trois protagonistes avaient participé. Le 6 février 1993, le band se produisait même à De Kreun, à Courtrai. Pour un set particulièrement halluciné. Faut dire qu’à l’époque, la musique du G.S. était très expérimentale. Surtout en ‘live’. Une sorte de country/psyché/jazz/blues qui aurait pu naître d’un hypothétique bœuf entre Captain Beefheart, Tom Waits, Thelonious Monk et Neil Young. Bref, la musique de Giant Sand est avant tout alternative. Apre, sulfureuse, urbaine, elle est en outre soulignée de textes très élaborés. Certains n'ont d'ailleurs pas hésité à les qualifier de kafkaïens. Rencontre donc avec un personnage, ma foi agréable, mais qui formule le plus souvent des réponses à prendre au second degré, lorsqu'elles n'atteignent  pas le stade de la dérision à l'état pur. Jugez plutôt du résultat...

Howe Gelb est-il ton véritable nom ?

H.G. : Oui, j'en ai bien peur !

Dans la mythologie du rock'n roll, quels sont les artistes qui t'ont le plus marqué ?

H.G. : Mott The Hoople!

Tiens, j'aurais parié que tu me cites Johnny Winter, Woodie Guthrie et Neil Young.

H.G. : D'un point de vue artistique, ce sont de véritables monuments qui ont toujours affiché une forte sensibilité musicale. Mais ce sont aussi des citoyens américains qui paient leurs taxes comme moi et présentent probablement une anatomie semblable à la mienne (!!!)

N'as-tu jamais rêvé d'assurer la première partie d'une tournée de Neil Young ?

H.G. : Surtout pas ! C'est beaucoup trop dangereux ! Le rythme des prestations est tellement élevé que j'en perdrai la carte. Je ne tiens pas à vivre sur les routes pendant des mois et être astreint à me taper chaque soir un concert. Il faut être fou pour assurer la première partie des tournées de Neil Young !

Combien d'albums as-tu enregistré ?

H.G. : Huit en compagnie de Giant Sand. Onze ou douze si on tient compte des albums solos. J'ai également participé aux projets d'autres artistes. Mais là, je ne me souviens plus très bien...

Pourquoi le désert et le sable sont-ils omniprésents dans ton œuvre ?

H.G. : Je suis amusé d'entendre parler de l'omniprésence du sable du désert dans mon œuvre. Il n'est pas à l'intérieur, mais autour...

Tu as quand même une vision du monde bien particulière ?

H.G. : J'aime cultiver les choses troubles, à double sens (NDR : on s'en serait douté!), mais je n'ai pas de vision du monde très précise.

Tes lyrics semblent exprimer un bien-être, un spleen ou une expression violente à l'encontre de ce qui te déplaît. Est-ce la raison pour laquelle ta musique est tantôt douce, violente, complexe ou difficile ?

H.G. : Selon que je suis heureux, triste ou irrité, mon inspiration se modifie. C'est un état d'esprit qui a une répercussion sur mes textes et ma musique.  Et comme je suis extrêmement sensible aux évènements de la vie, ils peuvent paraître versatiles...

Te sens-tu inspiré par la littérature absurde ? Par Joyce, Beckett et Kafka en particulier ?

H.G. : Kafka est-il absurde ? C'est un excellent musicien et je me suis procuré son dernier album la semaine dernière... (rires)

Mais encore ? Tu as lu Kafka ?

H.G. : Je ne peux le nier, mais chacun en retire ce qu'il veut bien !

Que penses-tu de la mort ?

H.G. : Lorsque tu mets chauffer l'eau et qu'elle commence à bouillir, elle dégage de la vapeur... elle se meurt. L'âme de l'eau se détache alors du liquide. C'est la même chose lorsque nous nous éteignons... nous nous évaporons, nous nous transformons en un état gazeux...

De Dieu et de la religion ?

H.G. : Les deux choses ne sont pas nécessairement  liées...
John Convertino : Dieu est une relation personnelle, tandis que la religion crée Dieu.

Retournes-tu encore parfois à Tucson ? Y-a-t-il une scène spécifique en Arizona ?

H.G. : Je rentre à Tucson pour y retrouver ma famille. Ma petite fille s'y trouve pour l'instant. Il n'existe aucune scène en Arizona. Si tu trempes dans le rock'n roll, tu cherches les meilleurs studios d'enregistrements et les meilleurs musiciens de studio ; or ce n'est pas à Tucson que tu les trouveras. C'est la raison pour laquelle j'ai souvent séjourné en Californie ; et qu'aujourd'hui je vis à New York. C'est juste pour mon travail.

Que penses-tu de la phobie des groupes américains qui s'entassent à Seattle pour chercher fortune? Du noisy rock et du grunge en particulier?

H.G. : Un phénomène ou une phobie? Je ne sais pas pourquoi ! Sans doute pour gagner autant de fric que Nirvana. Ils vont bientôt devoir se marcher dessus pour se faire une petite place. Et je ne vais certainement pas allonger la liste. Le grunge? C'est une affaire privée... (???). Noisy? Regarde autour de nous, l'environnement est noisy... (???).

Bernard Dagnies

Interview (adaptée) parue dans le n°11 du magazine Mofo de mars 1993.

 

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