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Concrétiser ses propres idées… Spécial

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Poète introverti, cet ex leader de Loft, puis de Weather Prophets a décidé de faire cavalier seul en 1989. Depuis, il nous a livré quatre albums différents, "Submarine", "Zoo", "Paradise", et aujourd'hui "God and other short stories". En évolution constante, puisque de la morosité et de l'intimisme, il est parvenu aujourd'hui  à traduire ses émotions sous une forme de pop plus optimiste. Rencontre avec un Peter Astor détendu, souriant, décidé à faire table rase du passé, et surtout très satisfait de son dernier disque, pour lequel nous avons voulu tout savoir. Ou presque! 

Avais-tu l'intention, dès ta plus tendre enfance, de devenir un artiste? As-tu suivi des études en conséquence? Que ferais-tu si tu n'étais pas musicien?

A l'âge de onze ans, je rêvais de devenir un footballeur célèbre. Sinon, je passais mon temps à jouer avec des petits soldats ou à assembler des modules de tanks. J'ai terminé un cycle d'études consacré à la littérature anglaise. J'étais à la fois intéressé et motivé, parce que j'y ai gagné plus d'argent que lorsque je suis devenu chômeur! En Grande Bretagne, le chômage est un grave problème. La plupart des musiciens ont connu cette situation difficile à leurs débuts. Si je n'étais pas devenu musicien, je ressemblerais à ces bâtards qui, pour oublier leur condition misérable, se saoulent la gueule toute la journée dans un bar, en espérant une hypothétique providence...

Avant d'entreprendre une carrière solo, tu as joué au sein de Loft et des Weather Prophets. A quelle formule donnes-tu la préférence?

A celle que je mène pour l'instant. Cela me paraît le choix le plus honnête, le plus adapté à ma sensibilité. Prends l'exemple d'Andrew Eldritch, il a conservé le patronyme Sisters of Mercy, alors qu'il est devenu le seul maître à bord. Et il y en a beaucoup d'autres dans le cas. J'estime qu'il est plus correct de jouer sous son propre nom lorsque tu es seul responsable de la création. Faire partie d'un groupe, c'est apprendre à vivre ensemble, à faire des concessions, des compromis. Parfois, tu te rends compte que tu fais fausse route, mais tu n'oses pas l'exprimer de peur d'exacerber les susceptibilités. Attention, cette aventure est enrichissante, mais elle ne correspond pas à ma nature. J'ai choisi délibérément de poursuivre une carrière individuelle, et j'en suis très heureux. Ce qui n'exclut pas la participation de collaborateurs sur scène et sur vinyle. Mais je ne tiens plus à appartenir à un groupe, car je n'aurai plus le sentiment d'interpréter ma propre création, de concrétiser mes propres idées.

Est-ce que tu reprends parfois des chansons de Loft et de Weather Prophets en concert?

Quelques unes. Mais pas trop! Mais cela n'a guère d'importance... (NDR : il a l'air embarrassé). Ce serait trop ennuyeux d'interpréter ces vieux morceaux. En fait, je me limite à l'une ou l'autre chanson de Loft ou des Prophets. Des faces ‘B’ de singles méconnus. Le reste ne m'intéresse plus. Je préfère me consacrer au nouveau répertoire!

Comment s'est déroulé l'enregistrement de ton dernier album? Es-tu satisfait du résultat?

Il a fallu deux mois et demi pour le terminer. Je dois avouer que son enregistrement n'a pas été facile. J'y ai travaillé très dur. J'ai voulu tirer un maximum de moi-même, et j'ai fait preuve de la plus grande sévérité quant au choix des morceaux. Mais je suis content du résultat. Maintenant, ne me demandes pas d'analyser ma propre création, c'est un peu comme si tu devais décrire ta propre maison, alors que tu l'occupes depuis plusieurs années. Disons qu'il est plus optimiste, plus pop, par rapport à ce que j'ai réalisé jusqu'à présent...

Moins dramatique que "Submarine"?

Absolument! "Submarine" développait des thèmes très sérieux, réalistes même. "God and Other Short Stories" se veut plus positif. Et je suis enchanté que tu l'aies compris dans ce sens.

Est-ce que Dieu est plus important que les autres petites histoires?

Non! Que veux-tu dire par là?

Que représente Dieu dans la vie et dans l'œuvre de Peter Astor?

C'est une question difficile. C'est un peu comme si tu me demandais le chemin qui mène au ciel, alors que j'ai égaré le plan...

Tu crois en Dieu? A la religion?

Non! Je voudrais bien, mais non!

"God and Other Short Stories", c'est seulement un titre?

Oui! Un titre ironique...

Sur ce disque, de nombreuses plages relatent des histoires qui se déroulent le week-end. Est-ce une nouvelle fascination pour Peter Astor?

Pas seulement les week-ends! En fait, après avoir enregistré les chansons de cet album, je me suis rendu compte qu'il y en avait une qui concernait le mercredi, une autre le jeudi, etc. jusqu'au dimanche. Et je me suis dit qu'il serait intéressant de les aligner sur le Cd. Mais au départ, ce n'était pas du tout intentionnel.

A quoi accordes-tu le plus d'importance, aux paroles ou à la musique?

Aux deux! La conjugaison des deux éléments est très importante. Une bonne chanson ne se limite pas à de bons mots!

Es-tu d'un naturel pessimiste?

C'est relatif. Je suis un romantique, et cette sensibilité imprègne mes chansons. Mais je ne suis pas un pessimiste. Pas toujours quoi! Disons que je trouve de la beauté dans la tristesse. Cela donne une signification à la poésie. Je ne suis d'ailleurs pas le seul artiste à y puiser l'inspiration...

Romantique, cela fait très conservateur britannique! Pourtant, tu ne portes pas de chapeau-melon?

Conservateur? Certainement pas dans le domaine de la politique! Traditionnel? C'est très relatif. Peut-être parce que je critique tous ceux qui détruisent l'environnement ou ces nihilistes qui foutent la merde partout. Mais aussi marginal parce que j'aime toutes les formes d'art contemporain, et que je suis tolérant en matière de sexualité. On ne peut donc dire que je sois un véritable conservateur...

Au cours de ton adolescence, tu appréciais tout particulièrement Patti Smith, Television et le Velvet Underground. Que penses-tu du dernier album de Television?  De la reformation du Velvet?

Je n'aime pas du tout le dernier Cd de Television. Il se limite à des riffs de guitares, et pas très subtils en plus! Il ne recèle aucune bonne chanson. L'aura de Television appartient au passé! Le Velvet? Sterling Morrison a sans doute besoin de fric. Pas les autres, je suppose. Lou Reed est devenu le personnage le plus pompeux et le plus ennuyeux du monde musical. Il n'a plus aucun talent et je ne parviens pas à comprendre comment il parvient encore à avoir du succès. "New-York" était son chef-d’œuvre. Le reste n’est que détritus. "Magic & Loss" ne mérite même pas les immondices. Il est dégoûtant! Je n'ai jamais rien entendu d'aussi mauvais! John Cale? Au cours des seventies, il a beaucoup apporté à la musique underground. Depuis, à ma connaissance, il n'a plus fait grand chose d'intéressant. Cette reformation n'est motivée que par l'appât du gain. A moins qu'elle ne soit destinée à leur procurer de la compagnie (rires). Je hais ce style de reformation. Tout comme celle des Buzzcocks. Elles sont totalement ridicules.

La presse rock te rapproche souvent de Nick Drake. Comment réagis-tu à ces comparaisons? Ce personnage est-il si important pour Peter Astor?

Ce n'est pas parce que j'apprécie l'œuvre de Nick Drake qu'il faut nécessairement me comparer à lui. Il est mort! Alors, je préfère être comparé à des artistes comme Metallica, Nirvana, Screamin' Trees ou Babes In Toyland. Au moins eux sont toujours vivants...

(Interview parue dans le n°13 du magazine Mofo de mai 1993)

 

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