La pop sauvage de Metro Verlaine

Un coup de foudre, et puis le romantisme comme mode de vie, Metro Verlaine est avant tout une histoire de passion. Fondé en 2013, après un voyage à Londres qui a laissé des cicatrices et un sale goût de ‘lose’ au fond de la gorge, l'histoire de Metro Verlaine…

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Glass Beams signe chez Ninja Tune

Glass Beams, groupe énigmatique établi à Melbourne, s'inspire de son héritage indien, infusant son psychédélisme serpentin d'instrumentations cosmiques et de polyrythmies du monde. Son premier album, « Mirage », enregistré en home studio, est une fusion…

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Ours

Le soir de la Bête(s)

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Un vendredi soir particulièrement sympathique s’ouvrait sous les meilleurs auspices. Les rayons du soleil n’en finissaient plus d’exhaler leur chaleur. La terrasse du Bota résonnait des rires chaleureux des clients, et surtout, la Rotonde accueillait deux artistes, qui méritent davantage que la curiosité : la reconnaissance. Après avoir avalé quelques décilitres de houblon bien frais, la foule déjà sous le charme du climat, s’est enfin décidé à prendre le chemin des portes de la salle, sur le coup de 20h00.

Il faudra attendre cependant encore 20 minutes pour voir apparaître le premier des monstres poilus de la soirée : Le Yeti. Responsable d’un set pop/folk tendre, particulièrement propice à l’ambiance générale, les quatre larrons enchaînent mélodies intimistes au sein d’une ambiance feutrée et parviennent rapidement à chauffer la salle. Le groupe a déjà fidélisé son public. D’ailleurs, aujourd’hui, s’il se produit en première partie, il aurait pu faire la tête d’affiche, sans le moindre supporting act. Sorti de sa tanière, le Yeti est venu nonchalamment effleurer de ses doigts poilus, le duvet de notre sensibilité. En dix plages et quarante-cinq minutes de set, le combo est parvenu à nous communiquer des frissons d’émotions, et visser encore plus le sourire sur nos lèvres. Bien cool les gars.

21h05, la salle se vide quelque peu. Le temps de refaire le plein de kérosène et de griller un petit quelque chose, et elle se remplit à nouveau. Un entracte qui ne durera qu’une quinzaine de minutes. La Rotonde n’est pas bondée, mais les places disponibles sont plutôt rares. Une situation qui ne peut que satisfaire l’artiste suivant. Surtout lorsqu’on sait que quelques mois plus tôt, sa prestation n’avait attirée qu’un auditoire assez clairsemé. Installation du matos. Sound check. Il est 21h35 lorsque le mal léché fait son apparition. Il est affublé de son éternel t-shirt fait main avec du scotch. Et ouvre les festivités par « Il était temps ». En clamant de suite, qu’il ‘veut hurler d’avantage’. Ca promet ! L’accueil est vraiment chaleureux, et le public ne se prive pas de saluer l’artiste frénétiquement. Remerciements avant de raconter la même histoire concernant son t-shirt, en voie de construction comme le groupe’… (NDR : à force de taper sur le clou, on finira par le savoir !) Les bons mots s’enchaînent. Le public apprécie son humour. Très représentatifs du répertoire de l’artiste, « Quand Nina est saoule » et l’excellent « Cafard des fanfares » embrasent l’assemblée. Ours, aka Charles Kienast/Souchon, manifeste une grande sensibilité sur scène. Et on ne peut qu’être impressionné par son sens du contact humain. Il ne donne pas l’impression d’être une star sur les planches. Celle que l’on vient admirer et aduler. Il sourit timidement mais ouvre son cœur. Il parle aussi avec ses mains, dévore des yeux, et ses attitudes amplifient la profondeur de ses textes et la contagion de ses mélodies. Il passe de la guitare sèche à l’électrique, bondit, fait la fête en compagnie de ses acolytes. Grand gosse, il ne se prive pas du plaisir de cultiver un esprit potache et se permet même de balancer quelques calembours bien tordus. Quand « Révèle » finit de résonner, il se lance dans une version fabuleusement rock de « Nina se réveille ». Le groupe s’éclate et se donne. Les musiciens donnent l’impression d’être une équipe très soudée (NDR : et pas seulement d’un point de vue musical) tout en manifestant un respect mutuel. « On essaye d’imaginer » et « Orange » entrent en éruption, mais Ours conserve un flegme imperturbable. Il improvise une chanson, fait rimer les mots que le public lui soumet. Le courant de sympathie grimpe encore d’un échelon. La prestation se termine à 22h45 par « Petits Moments », partagé en duo avec Chloé Monin, transfuge de Scotch & Soda, de visite en notre capitale.

Le rappel s’ouvre par le très touchant « Comment c’est », suivi de « La maison de mes parents » qui conclut la soirée. Conclure c’est vite dit. En effet, le public complètement comblé et gourmand en réclame encore, et Ours semble avoir du mal à s’en séparer. Pas qu’il souhaite encore que les projecteurs se focalisent sur sa personne, mais sa joie de rencontrer son auditoire le marque. Ca se voit. C’est flagrant. Seul à la guitare, il lui accorde un dernier cadeau : « Chérie c’est quand ? ». Un dernier salut venu du cœur. La main levée vers le ciel comme pour le remercier, il prend définitivement congé à 23h05, laissant derrière lui le parfum d’un homme qu’on aimerait compter parmi ses amis. C’est qu’il nous a touché l’animal. Une pensée qui se transforme en envie me traverse l’esprit : ‘vivement un album live, et la suite de ses aventures…’

Organisation Botanique

 

Dropkick Murphys

Quand la bière est tirée, il faut la boire…

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Depuis leur création en 1996, les Dropkick Murphys ont fait du chemin. Ces Bostoniens sont devenus un groupe incontournable de la scène punk et le nombre de leurs fans augmentent de jour en jour. Pour en avoir la preuve, il suffit de faire un détour par leur site internet. Vous y découvrirez ainsi des tas de personnes, issues du monde entier, qui se tatouent les emblèmes de leurs idoles sur le corps.

Ayant subi quelques modifications au sein de leur line up, les Dropkick sont aujourd’hui désormais sept pour imposer leur style punk folk. Et ils y parviennent d’une manière remarquable tout au long de leur dernier album, paru en 2007 : « The meanest of times ». Ils réussissent en effet une nouvelle fois, tels des alchimistes des temps modernes, à marier la musique celtique avec leurs propres sonorités punk.

A l’origine, prétexte pour se retrouver et vider quelques bières, cette formation est devenue un groupe de renommée internationale qui fait désormais partie du paysage musical américain. Ils ont d’ailleurs connu un moment de gloire, en figurant sur la bande originale du dernier film de Martin Scorcese, ‘The departed’, avec leur titre  « I’m shipping up to Boston ».

A l’occasion de leur tournée en Europe, les Dropkick Murphys sont passés par la Belgique pour accorder une représentation unique à l’Ancienne Belgique. C’était le 7 avril dernier. Nous les avons rencontrés deux heures avant leur concert. Nous interrompons Scruffy Wallace, joueur de flûte et de cornemuse, dans la mise à jour de sa page MySpace où il vante les mérites de notre pays. Il répond avec gentillesse et convivialité à nos questions autour d’une Budweiser.

Est-ce que la première fois que vous vous produisez en Belgique ?

Personnellement, c’est la sixième fois que je viens en Belgique. On a participé à de nombreux festivals, notamment celui de Werchter. Vos bières sont géniales... Un peu trop peut-être... La dernière fois que je suis passé par Bruxelles, j’ai terminé la soirée à 5h du matin, porte de Hal. J’avais un peu abusé de la Duvel... Sinon, le public est vraiment formidable, c’est justement ce que j’écrivais sur la page MySpace des Dropkick Murphys.

Vous avez participé à la bande originale du dernier long métrage de Martin Scorcese, ‘The Departed’. Comment une telle aventure a-t-elle pu vous arriver ? Avez-vous rencontré le réalisateur ?

On ne l’a malheureusement jamais rencontré. C’est le manager qui a tout organisé. Scorcese tournait un film sur la mafia de Boston et il recherchait un groupe local pour donner plus d’authenticité à son scénario. Il nous a choisis. C’était vraiment incroyable ! Ce film a fait un tabac au box office en plus ! Scorcese a récolté plein d’oscars pour ce film... D’ailleurs, après la cérémonie, il est allé voir les journalistes pour leur dire : ‘Je suis impardonnable, dans mes remerciements, j’ai oublié les Dropkick Murphys !’.

Le succès de ce film vous a ouvert les portes du grand public. Désormais, la ménagère de moins de 50 ans peut chanter ‘Fuck, I’m drunk’, dans sa cuisine ! Que pensez-vous de ce succès commercial ?

On a fait ce qu’on devait faire... La chanson « I’m shipping up to Boston » n’a pas été écrite pour le film mais pour notre album « The warriors code ». On a effectivement enregistré une hausse dans la vente de nos albums. Une chanson qui nous booste, c’est excellent. On n’a pas changé, on ne se prend pas la tête. On joue toujours la musique qu’on a envie de jouer....

Etes-vous êtes engagés politiquement ? Soutenez-vous un candidat particulier pour les élections présidentielles aux USA ?

On n’a rien à voir avec la politique. Ce n’est pas notre affaire. Les artistes derrière les candidats, ce sont des tocards. Ce n’est pas parce qu’on joue de la musique qu’on doit donner son avis...

Si tu devais t’exiler sur une île déserte, en ne disposant du droit de n’emporter qu’un seul disque. Lequel choisirais-tu ?  

(sans la moindre hésitation) : «  Reign in blood » du groupe Slayer.

Je suppose que la plupart de vos aficionados ultras sont issus de Boston. Mais vu vos influences celtiques, recueillez-vous autant de succès en Irlande et en Ecosse ?

On bénit tous ceux qui suivent le groupe. Ce public veut faire la fête et partager un bon moment en notre compagnie, en buvant de la bière notamment. On véhicule le même état d’esprit dans tous les pays que nous traversons.

Avez-vous déjà des projets pour un nouvel album ? Ou des idées pour de nouvelles chansons ?

On commence en effet à enregistrer certaines chansons. On réinvente. Mais c’est normal, c’est notre moyen de subsistance. C’est notre métier. On doit donc garder notre processus de création... et en particulier pour tous nos fans. 

Aimablement invité par Scruffy Wallace, nous avons donc assisté au concert dans une Ancienne Belgique pleine comme un œuf et dans une ambiance survoltée. Les slams se sont enchaînés toutes la soirée au son des nombreux succès des Dropkick Murphys qui ont l’art de satisfaire leurs fans. Ils y ont notamment interprété leur version de l’hymne écossais et la populaire ballade irlandaise « The wild rover ». Pendant 1h30 de concert, les Dropkick Murphys ont enchaîné les morceaux, ne s’accordant aucun répit pour souffler tout en mettant littéralement le feu au public. Ils inviteront même toutes les demoiselles à monter sur le podium pour participer à l’interprétation de leur morceau « Kiss me, I’m Shitfaced ». Après s’être fait désirer quelques minutes, au son des ‘Let’s go Murphys’ scandés par le public, ils sont revenus accorder en rappel leur fameux « I’m shipping up to Boston », avant que la foule n’envahisse la scène... Bref, un concert qui restera dans les mémoires pour tous les fans de ces drôles de Bostoniens... 

 

65daysofstatic

Extase sonique et dance parties selon 65daysofstatic

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Manifestement proches de notre plat pays, les maîtres du Math Rock y étaient de retour ce lundi 21 avril pour la énième fois en quelques années. L’occasion de présenter leur nouvel et étonnant EP, « Dance Parties », extrait de « The Destruction Of Small Things », leur dernier essai sorti l’an dernier.

En guise d’ouverture, le quatuor avait convié les nouveaux tenants de la scène Post-rock belge : à savoir Transit. Ils venaient soumettre leur première œuvre, « Whitewater », au public. Une petite demi-heure de contemplation a suffi pour le convaincre que l’on peut attendre beaucoup de cette formation. Et ce, même si elle lorgne, ici et là, un peu trop du côté d’Explosions In The Sky.

Vers 21h, l’horrible musique de fond de l’Orangerie laisse place au grondement des machines du quatuor. 65daysofstatic prend place et laisse une petite intro technoïde s’échapper des baffles. Certains se demandent si la soirée ne risque pas de ressembler à une version express du festival ‘I Love Techno’ ; mais la formation remet rapidement les choses en place en enchaînant sur un « Retreat ! Retreat ! » salvateur. Les guitares sont grattées de manière frénétique tandis que la basse fait vibrer les murs de la salle. S’enchaînent ensuite les monstrueux « Await Rescue », « Default This » et « Another Code Against The Gone ». Mais c’est véritablement la nouvelle configuration de « The Distant and Mechanised Glow Of Eastern European Dance Parties » qui parvient à mettre le feu au sein de l’assistance. Mieux accueilli que prévu, le morceau electro « Dance Parties (Distant) » ca ensuite logiquement céder la place à « Dance Parties (Mechanised) » et donner un certain relief au set de la bande. Les festivités vont même s’achever en beauté par un « A Failsafe » plongé dans un fatras de bruit et de terreur. Les murs de l’Orangerie en tremblent encore.

 
Organisation : Botanique.

Marie Queenie Lyons

Soul Fever

Écrit par

Enregistré en 1970 par Marie Queenie Lyons, « Soul fever » restera à tout jamais son unique album, la jeune femme ayant disparu de la circulation après la sortie du disque. Enregistré pour le label Deluxe (une filiale de King, maison de disque de James Brown), la version vinyle de « Soul Fever » était devenue aussi difficile à trouver qu’une place de parking non payante dans le centre de Bruxelles. De nouveau, il est nécessaire de souligner les formidables initiatives du label Vampisoul qui permettent au plus grand nombre de découvrir quelques pépites oubliées.

La musique proposée ici (uniquement des reprises) est typique de la soul sudiste de l’époque : très mélodique et emmenée par la belle voix très gospel de Mary, capable de passer de la douceur à la sauvagerie en un clin d’œil. « Soul Fever » hésite entre des titres plus groovy comme le superbe « See and Don’t See » et des morceaux plus lents, enrichis de cordes, qui rappellent un peu les slows de Ray Charles. Hormis les chansons plus classiques, des plages comme « Fever » et « Your Thing Ain’t No Good Without My Thing » touchent tout simplement à l’excellence. Soul Power !

 

Midnight Juggernauts

Dystopia

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Attention, gros dossier. Sorti en 2007 sur les terres d’origines de la formation, il aura fallu attendre plusieurs mois avant que le premier essai de Midnight Juggernauts ne débarque enfin dans les bacs de nos contrées. Et l’attente en valait la chandelle. Sans véritablement révolutionner le genre, ces poids lourds australiens reprennent adroitement le flambeau de nouvel espoir de l’electro rock aux accents disco, sans tomber dans la catégorie ‘Nu Rave’. Agrippé à ses synthés et autres vocodeurs, le trio invite dès les premières notes de la plage d’introduction à prendre place dans son vaisseau pour une petite visite hors de ce monde. Une promenade interplanétaire au cours de laquelle on croisera Giorgio Moroder, Daft Punk, Klaxons ou encore Cut Copy.

Malgré quelques incidents de parcours qui auraient aisément pu gâcher l’ensemble du voyage (« Scorpius », « So Many Frequencies »), les Midnight Juggernauts démontrent une aisance déroutante dans la maîtrise de leur véhicule. Ces petites mésaventures sont par ailleurs rapidement effacées de la mémoire des passagers qui ne pourront que s’incliner devant la beauté d’« Aurora », la rencontre du 3e type de « Tombstone » ou encore les formes obsédantes de « Road To Recovery » et « Shadows ». Forts d’une réputation live sans reproche, Midnight Juggernauts tiennent une première œuvre qui, même sans être intemporelle, risque fort bien de laisser des traces inaltérables sur les pistes de danses de l’univers entier.

 

Picastro

Whore Luck

Écrit par

Derrière l’horrible pochette de ce « Whore Luck » se cache une formation originaire de Toronto. Et comme la plupart des formations indie contemporaines issues du Canada, Picastro dispose de tout le potentiel pour devenir une référence. « Whore Luck », troisième essai de Liz Hysen et sa bande, est un condensé de ce que les Ricains appellent ‘Sleep Rock’, joliment allié à des éléments post-rock. Entouré d’invités prestigieux tels que Jamie Stewart (Xiu Xiu) et Owen Pallett (Final Fantasy), Picastro défend, avec toute la délicatesse requise, une musique introspective, presque religieuse. De sa voix perçante, la grande prêtresse de la congrégation envoûte subtilement les fidèles à l’aide de cantiques intrigants et obscurs. Même sans grandes envolées spirituelles et malgré quelques expérimentations étouffantes, « Whore Luck » attire l’attention. Cependant, la cérémonie, qui se clôture sur une reprise du « An Older Lover, Etc. » de The Fall (rebaptisé ici « Older Lover »), laisse derrière elle un goût un peu trop amer. Une fois parachevée, celle-ci ne marque d’ailleurs l’esprit qu’à court terme. Picastro a donc encore du pain sur la planche avant d’obtenir le statut de formation incontournable.

 

Puerto Muerto

I was a swallow

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« I was a swallow », le  4ème full album du couple de Chicago, s’ébauche sur un premier morceau mitigé, où la voix de Christa Meyer -sur le fil du rasoir- n’augure pas l’enchantement ; puis petit à petit, cette voix prend mystérieusement de l’assurance pour rejoindre le timbre grave et profond de Joan Baez. Un piano en mode mineur, un clin d’œil cabaret, des mélodies épurées, et l’album prend soudainement des ailes. On commence à se complaire dans cette atmosphère feutrée, à la fois sombre et glamour sans être surjouée. Des touches de sensualité mêlées de décadence qui évoquent l’univers des Dresden Dolls ; une pesanteur qui s’attarde volontiers sur chaque instant avant de céder à des airs tango plus légers. Puerto Muerto, délaissant les tentatives punk-folk incertaines de ses précédents albums, entrouvre un style intimiste et doucement hanté. Esthétique et imagé, on peut fermer les yeux et voir la fumée bleutée, le maquillage sensuel de la diva, les regards embrumés et captivés ; résolument nocturne, « I was a swallow » captive par la justesse d’interprétation de cet univers doux-amer.

 

Maurizio Pugno

That's what I found out!

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Sur la pochette de cet elpee, on peut lire ‘Featuring Sugar Ray Norcia’. Et pour l’illustrer, notre bon Ray pose auprès du modeste Maurizio. Quoi de plus naturel, car pour allécher le consommateur, il fallait mettre en place une stratégie. Or cet illustre Américain jouit d’une solide réputation. Que ce soit à la tête de ses propres Bluetones (NDR : au sein desquels militait Ronnie Earl, lors des débuts, en 1977), des Broadcasters du même Earl ou du Roomful of Blues. Maurizio est guitariste. Un Italien qui s’est révélé au sein du groupe local, Rico Blues Combo. Il y a côtoyé le chanteur/harmoniciste Rico Migliarini (NDR : ce dernier a commis quatre albums, dont le dernier "House of blues rags", a bénéficié de la participation de Sugar Ray). Il a également apporté son concours à la confection de deux albums ‘live’ du réputé Tad Robinson ; deux disques qui paraîtront bientôt.

Balisé sur un thème très jazz et swing, "Opening act" permet aux musiciens de prendre la température ambiante. Pugno est bien un guitariste versatile. Très à l'aise dans le registre, il échange des chorus avec l'organiste Alberto Marsico. Un concitoyen notoire qui impressionne sur instrument. Gio Rossi est impérial derrière ses caisses. De classe internationale, ce drummer a longtemps côtoyé Egidio Ingala et Enrico Crivallero. Sugar Ray entre en scène. Il chante d’une voix chaude et puissante "That crazy girl of mine", une plage qui swingue et jumpe. Maurizio a assimilé l'essentiel des grands gratteurs du style : Junior Watson, Kid Ramos, Alex Schultz et Hollywood Fats. Norcia chante son "Bite the dust", un slow blues ravageur. Pugno tire de ses cordes des sons originaux. Saccadée, son attaque des cordes rappelle le meilleur de Jimmie Vaughan. Norcia joue de l'harmonica acoustique sur "Keep on sailin", une chanson intimiste parcourue par le piano de Marsico. L’Italien marque puissamment le rythme tout au long du shuffle "It must be you". Ce qui permet à Sugar Ray de tirer son épingle du jeu à l’harmo. "That's what I found out" libère encore une bonne dose de swing, une plage au cours de laquelle Alberto nous réserve un remarquable solo sur l'orgue. A sein de cet écrin sonore, "A mind to give it up" constitue un autre petit bijou. Du Memphis R&B au son Stax. La section de cuivres est au complet, et surtout très présente. Le son dispensé par Pugno est saturé, dans le style du grand Albert King. La reprise d’"I love you baby" campe un shuffle louisianais explosif. Sugar emprunte les intonations de Lester. Il est soutenu par le Rico Blues Combo au grand complet. Rico Migliarini souffle dans les aigus comme Lester mais aussi Jimmy Reed. Maurizio est une nouvelle fois hanté par l’esprit de Jimmie Vaughan. Blues lent propice au corps à corps, "Take it all back baby" nous entraîne dans une ambiance fin de soirée, très T-Bone Walker. Les arrangements de cuivres rappellent les big bands de jazz. Rock'n'roll à la texane, "Louise" lorgne manifestement vers les T-Birds originels ! Remuant et d’excellente facture, "Five long legs" est davantage qu’un simple hommage. Il est même triple ! Et il est rendu à la fois au R&B des sixties, à Slim Harpo ainsi qu’à John Lee Hooker. La section de cuivres refait surface pour une version swing du "I love the life I live" de Willie Dixon. Marsico brille au piano électrique. L’elpee recèle également l’un ou l’autre instrumental intéressant. Et je pense tout particulièrement à "When my father met Charlie's uncle", une plage imprimée sur un rythme jazz manouche. Les images de Charlie Christian et de Grant Green semblent traverser constamment l’esprit de Maurizio. "Black angel" nous invite à assister à un grand spectacle auquel participeront de nombreuses et voluptueuses stripteaseuses. Et c’est l'harmo chromatique Norcia qui sonorise ce show ! L’elpee s’achève par "The preacher", une plage au cours de laquelle Alberto excelle… Un album de toute bonne facture !

 

Radio Massacre International

Rain falls in grey

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Radio Massacre International compte 25 albums à son actif en 15 années d’existence. Un trio qui privilégiait, à l’origine, les expérimentations électroniques. Depuis, la formation a intégré davantage d’instrumentation basique, dans sa solution sonore semi cosmique, semi psychédélique. De la guitare, de la basse et des drums. Ne parlons pas de claviers, car RMI utilise tout ce qui lui tombe sous la main : mellotron, moog, Fender Rhodes, Hammond, synthés, et la liste est loin d’être exhaustive. Pour enregistrer « Rain falls in grey », le combo a reçu le concours de Martin Archer (saxophones, clarinette, flûte) et de Cyndee Lee Rule (violon). Un disque qui rend hommage à Syd Barrett, décédé, peu de temps avant leur entrée en studio. Un musicien auquel les musiciens vouent un véritable culte. Le titre de l’opus est d’ailleurs extrait d’une de ses chansons, « Baby Lemonade ». Musicalement, leur musique oscille à la croisée des chemins du Floyd (of course), de Hawkwind, de Tangerine Dream, d’Ash Ra Temple et de Gong. C’est d’ailleurs Daevid Allen qui s’est chargé de dessiner la superbe pochette de leur elpee. RMI est également capable de se produire dans des marathons ‘live’ de plus de deux heures et demie. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que sur les sept fragments de ce disque, quatre sont particulièrement longs. Bienvenue chez les (néo)babacools!

 

Tommy Tate

I’m So Satisfied : The Complete Ko Ko Recordings and more

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Malgré une carrière entamée au milieu des années soixante, Tommy Tate n’a jamais vraiment connu le succès. Ce qui n’a pas empêché ce chanteur/compositeur talentueux de devenir une figure culte au sein des cercles de fanatiques de ‘soul music’, ses disques ayant été maintes fois piratés par des producteurs peu scrupuleux. « I’m So Satisfied » reprend la totalité des enregistrements de Tommy réalisés en faveur du label Ko Ko, ainsi que trois titres pour Stax.

Fondée par le producteur véreux Johnny Baylor, l’écurie Ko Ko avait été créée quasi exclusivement pour le chanteur Luther Ingram. Ko Ko était distribué par le légendaire label Stax et la plupart des titres étaient enregistrés dans les studios aussi légendaires Muscle Shoals, en compagnie des musiciens du cru. Vingt titres enregistrés entre 1971 et 1977, bien représentatifs de la soul telle qu’elle se pratiquait dans le sud des Etats-Unis et surtout à Memphis. L’accent est placé sur le son très direct, les ballades mid tempo richement orchestrées, la recherche mélodique et une voix très en avant, rappelant la ferveur du gospel. Hormis quelques rares incursions dans le funk et le disco, c’est le menu musical qui est proposé ici. Ce sont évidemment les morceaux qui font la différence, et ceux composés par Tommy Tate sont de toute grande qualité. Après quelques écoutes et à quelques rares exceptions, ces quelques titres se révèlent essentiels ; c’est la raison pour laquelle cet album vous est vivement conseillé…