OK Panda s’intéresse à la psychiatrie…

Après avoir publié un premier Ep intitulé "Perspectives", fin 2022, qui lui avait permis de fouler des salles comme le Cirque Royal, le Bota ou encore le Belvédère, le quintet bruxellois Ok Panda a sorti son second, "Chasing home", ce 20 février 2024. Dès la…

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Shaka Ponk - 14/03/2024
Zara Larsson 25-02-2024

Eddie Bo

In the Pocket with Eddie Bo

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Probablement intrigués par la grande qualité de ses chansons, les acharnés des compilations de ‘rare funk’ y ont sûrement déjà croisé le nom d’Eddie Bo. Figure méconnue du funk de la Nouvelle Orléans, Eddie Bo a pourtant largement contribué à l’éclosion stylistique du genre. Le sort et les pratiques de plusieurs producteurs véreux ont jusqu’à ce jour, conjugué leurs efforts pour qu’Eddie Bo soit confiné dans un rôle d’auteur confidentiel. Le label espagnol Vampisoul tente de réparer cette injustice en proposant un éventail de ses 45 tours (NDR : et ils sont nombreux !), mais également des artistes qu’il a produit entre 1955 et l’aube des années 80.

Fortement influencé par Ray Charles à ses débuts, Eddie Bo ne se contentait pas d’inventer des grooves futuristes (écoutez « I Found a Little Girl » pour vous en convaincre), mais il composait aussi de superbes morceaux, portés par un style vocal original. De la pure ‘feel good music’, au groove implacable, qui peut mettre le feu à n’importe quel dancefloor. Quelques uns des 28 titres repris ici ont déjà été publiés sur les compilations « Saturday Night Fish Fry » et « New Orleans Funk », que le label Soul Jazz a consacré au funk de Crescent City. Les autres plages sont moins courantes mais tout aussi excellentes. On regrettera seulement le son quelquefois un peu limite, les bandes masters des chansons ayant été perdues (ainsi que les biens du pauvre Eddie) lors de l’ouragan Katrina. Un léger bémol qui ne doit pas empêcher les ‘funk heads’ de se ruer sur ces quelques pépites musicales.

 

Nick Cave

Dig, Lazarus, Dig ! ! !

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Visiblement inspiré par l’épisode « Grinderman », Nick Cave n’avait pas concocté d’album aussi intéressant que ce « Dig, Lazarus, Dig ! ! ! », depuis bien longtemps. Il faut bien dire qu’à partir de « The Boatman’s Call », les œuvres du bon Nick étaient devenues souvent dispensables et ennuyeuses. « Dig, Lazarus, Dig ! ! ! » est gorgé de longues plages narratives plongées dans un rock crépusculaire, rehaussé des fantastiques trouvailles sonores de Warren Ellis et des paroles toujours soignées de Nick Cave. Les chansons rappellent souvent les albums des années quatre-vingt des Bad Seeds : de la country hantée de « Your funeral, My trial » aux cauchemars industriels de « From Her to Eternity », en passant par la mélancolie de « Tender Prey » et le rock de « Henry’s Dream ». Tout n’est pas franchement réussi, comme en témoigne l’épuisant « We Call Upon the Author », mais quelques titres renouent avec le meilleur des Bad Seeds. On citera les magnifiques « Hold on to Yourself » et « Jesus of the Moon », l’hypnotique « Night Of the Lotus Eaters », le très pop « More News From Nowhere » (qui rappelle « Oh ! Deanna ») ou encore l’innovant « Midnight Man ». Une moitié d’album formidable, une autre plus dispensable, mais « Dig, Lazarus, Dig ! ! ! » témoigne d’une belle renaissance artistique.

 

Charlotte’s Shadow

Eternal sleep (Ep)

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Trio espagnol, Charlotte’s Shadow est manifestement hanté par la musique gothique du début des eighties. La cold wave aussi. Des influences qui oscillent de Cure à Bauhaus, en passant par Indochine (époque « l’Aventurier ») et Sisters of Mercy. La voix de J.Catala campe même un hybride entre Peter Murphy et Andrew Eldritch. Sur cet Ep 4 titres, la version radio de « Hush », morceau qui termine la plaque, une voix féminine vient déclamer quelques lyrics, à la manière d’Anne Clark. Bref, si leur solution sonore tient plus ou moins bien la route, elle manque singulièrement d’originalité ; et dans ces conditions sera inévitablement traitée de revivaliste…

Steve Guyger

Radio blues

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Steve Guyger nous vient de Philadelphie. Harmoniciste depuis la fin des années 60, il a découvert le blues à l’initiative de Paul Butterfield. A partir de cet instant, il s'empresse d'aller écouter les grands bluesmen de Chicago. Il y a maintenant plus de trente ans qu'il a monté son groupe : les Excellos. Il a eu le bonheur de jouer longtemps (de 1980 à 94) au sein du backing band de Jimmy Rogers. Son premier album est paru en 1997 : "Last train to Dover". Sur Blues Leaf. Il a ensuite embrayé par "Live at Dinosaur". En 98. Un disque pour lequel il avait reçu le concours de Steve Freund et Dave Maxwell. Puis par "Past life blues", l'année suivante. Un elpee paru chez Severn. Il avait également concocté "Knockin' on the devil's door". En 1996. En compagnie de son ami Paul Osher, un ancien musicien du Muddy Waters Band. Une expérience en duo qu’il renouvèlera en 2000, pour "Living legends". Son dernier elpee, il l’avait également concocté en tandem : "Down home old school country blues". Paru en 2006, il épinglait pour partenaire Richard Ray Farrell.

Pour concocter ce nouvel opus, il a reçu le concours du Texan Johnny Moeller (NDR ; un remarquable guitariste qui milite aujourd’hui chez les Fabulous Thunderbirds), du claviériste Bill Heid, du drummer Robb Stupka (un ex-Darrell Nulish Band) et de son ami et bassiste Steve Gomes. Rick Estrin, le chanteur/harmoniciste de Little Charlie and the Nightcats s’est chargé des notes consignées dans le booklet.

Johnny Moeller introduit "Lookie here" par un puissant riff sur ses cordes. Steve chante d'une voix assurée, assez proche de Charlie Musselwhite. Claire et précise, sa première intervention à l’harmo déchire l'espace sonore. Plus léger, "You're so fine" est imprimé sur un tempo assez rapide. Les musicos manifestent énormément de cohésion. Le solo de Guyger est très créatif. Très expérimenté, il sait et fait ce qu'il veut. Pour la circonstance, il chante à travers son micro astatique. Préposé aux cordes, Moeller est un plaisir permanent. Blues alangui destiné aux soirées enivrées, "Cool in the evening" s’étire en toute décontraction. Réputé pour sa technique à l'orgue Hammond, Bill Heid joue ici du piano à la manière des seigneurs de Chicago. Plage allègre, proche de la bonne humeur entretenue par le zydeco, "Little Rita" recrée les rythmes dansants des bayous de la Louisiane. Heid siège enfin derrière son orgue, pour fluidifier "I can see by your eyes", une jolie ballade bercée par le rythme nonchalant des swamps. Guyger maîtrise aussi parfaitement l'harmonica chromatique. A l’instar de "Blues won't let me be", un blues lent, superbement chanté, au cours duquel le souffle libère une tristesse infinie. Des rythmes syncopés et exotiques contaminent "School is over". Stupka les alimente de ses fûts. Les tonalités des cordes de Moeller semblent hantées par Otis Rush. Le même Stupka excelle sur "Oh Red", une plage au cours de laquelle Steve est manifestement inspiré par Sonny Boy Williamson II. Boogie blues, "Won't you come on out tonight" déménage. La section rythmique réalise un travail remarquable. Il est vrai que Gomes et Stupka ont longtemps joué ensemble derrière Darrell Nulish. Caractérisé par un rythme participatif, élaboré par Steve et Robb, "Hey little baby" lorgne manifestement vers Billy Boy Arnold. L’elpee recèle l’une ou l’autre reprise. On en retiendra une excellente version du "I'm shakin" de Rudy Toombs (NDR : célèbre pour avoir écrit "One scotch, one bourbon, one beer") et, sans surprise, "Let me hang around" de Muddy Waters, une immersion dans le Southside, au cours de laquelle Moeller se révèle à la fois explosif, insatiable et intenable. Et on n’oubliera pas les performances instrumentales opérées par Guyger sur les courtes plages instrumentales, telles qu’"Afghan rumble" ou en finale, la cover du "Honeydripper" de Joe Liggins. Un excellent album!

Hercules and Love Affair

Hercules and Love Affair

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Au cours des trois dernières années, DFA (Death From Above) est incontestablement devenu un des labels les plus prolifiques. Sans doute que le travail apporté par James Murphy explique cette situation. Producteur et ingénieur du son infatigable, recruteur de génie, le Newyorkais réussit à jongler magnifiquement entre son groupe, LCD Soundsystem et son label DFA, une écurie cofondée en compagnie de son ami de longue date, Tim Goldsworthy. Un personnage qui ne vous dit peut-être pas grand-chose ; et pourtant, c’est bien lui qui a découvert Hercules and Love Affair.

Projet d’Andrew Butler, DJ et producteur de la Grande Pomme, l’homme a bénéficié du concours d’une orchestration issue de la scène underground newyorkaise ; et, cerise sur le gâteau, de la participation d’Antony, mais pour la circonstance, sans ses Johnsons. Il prête sa voix à cinq titres. Un registre que l’on ne lui connaissait pas, mais au sein duquel il se transforme, d’une façon magistrale, en un crooner androgyne. Disco. A la voix tendre et suave. Ce premier opus est éponyme. Une œuvre qui ne manque pas d’élégance. Ni de rythmes funk et disco. Dispensés à la manière d’un Bronsky Beat, ils sont ici propulsés dans le nouveau millénaire. Les voix féminines de Nomi et de Kim Ann Foxman sont imprégnées de sensualité. A l’instar des ‘Traîtresses de l’Ile du Désir,’ elles roucoulent de plaisir tout au long de « You Belong » ou encore d’« Athene », une plage dont les beats disco étourdissants, épicés de sonorités de cloches sont dynamisés par des accès de basse orgasmiques. Un univers sonore qui a bien failli faire chavirer Hercule lors de l’accomplissement de ses douze travaux. Mais il a résisté. Non sans mal ; jusqu’à ce que, Antony vienne entonner « Blind », tube herculéen déjà classé historiquement. Tracée par un Tyler Pope (!!!, LCD) bien inspiré, la ligne de basse est pure. Typiquement disco et enrichi de cuivres, le tempo serait susceptible de faire danser un mort sur un dancefloor couvert de paillettes. Ce dancefloor… Un endroit de repos éternel : mais également le vestige d’une Grèce Antique, revisitée par un producteur des temps modernes, pour célébrer une histoire d’amour et une réconciliation avec les années 80 !

A mon humble avis, « Hercules and Love Affair » risque fort de devenir le disque majeur d’une année 2008 explosive. Une énorme boule à facettes qui n’est pas prête de se décrocher et devrait continuer à tourner jusqu'à rayure du disque. Un grand moment de néo-disco que ce petit malin de Butler a reconstitué intelligemment. Mais aussi et surtout, un choix encore une fois judicieux du très très grand label DFA. Messieurs Murphy et Goldsworthy : chapeaux bas !

Pour voir la vidéo de « You belong » : http://fr.youtube.com/watch?v=T5spXHUCmWc

 

The BellRays

Il émane bien quelque chose de punk des Bellrays…

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Si les spectateurs accueillent quelquefois froidement les premières parties ou même les boudent, la grande foule se presse déjà dans la Rotonde pour accueillir The Experimental Tropic Blues Band (ETTB). Il faut dire que le trio belge constitue une des formations scéniques les plus incontournables de notre plat pays. Le look toujours aussi sobre, TETBB ne manque ni de classe, ni de punch. Issu du collectif Jaune-Orange, le trio carbure toujours au rock’n’roll 60’s, un r’n’r boosté à l’intensité ‘stoogienne’. Encore que parfois, leur musique me fait penser au John Spencer Blues Explosion. Une chose est sûre, leurs prestations scéniques s’inscrivent dans la lignée des tous grands. Nuance, le combo inocule dans son expression sonore, cette petite touche de second degré bien belge ; à l’instar de leur longue plaidoirie anti-tabagique d’un des deux chanteurs, proclamée lors de la présentation du titre déjà culte « Hellelujah » (extrait de l’album studio du même nom). Ce qui n’empêche pas le combo de consommer un panaché de saveurs totalement différentes (NDR : quoique la dose de bière versée dans le contenu, soit quand même généreuse). Dans un contexte référentiel plus contemporain, on pourrait imaginer ce cocktail plutôt réussi, naître d’un mélange de styles très noir/jaune/rouge. Passés au mixer, si vous préférez. Et plus concrètement, puisant ses influences chez Such A Noise, Arno ou Ghinzu. Encore que l’attitude des membres du combo se révèle plutôt hétéroclite. Le comportement assez ‘rentre dedans’ de Dirty Wolf est ainsi accentué par son timbre vocal rauque, alors que Boogie Snake semble cultiver une image davantage ‘Datsuns’. Enfin, apparemment plus posé, Devil D’Inferno, le drummer, parvient à allier sobriété et efficacité. Sans vraiment pouvoir expliquer comment ni pourquoi, si ce n’est peut-être en se référant au fameux compromis à la belge, le résultat est probant, et les applaudissements nourris de la foule accordés en fin de parcours, en sont la plus belle des démonstrations.

Originaire de Riverside (Californie), The Bellrays milite depuis 1992 et a connu des hauts et des bas. Adulés par les Inrocks (NDR : leur festival les a programmés en 2003), ils étaient presque retombés dans un quasi-anonymat. Leur présence, lors du dernier festival de Dour, n’avait guère marqué les esprits. Quoiqu’il en soit, quand la charismatique Lisa Kekaula déboule sur le podium, peu après 21 heures, la Rotonde est pleine à craquer. Bien que le concert ne soit pas ‘sold out’, on a l’impression d’être coincés comme à l’intérieur d’une (demi-)boîte à sardines.

Très vite le public est conquis. Il faut dire que Lisa sait comment s’y prendre pour l’haranguer. Elle descend très tôt dans la foule, la traverse, monte les marches des gradins, tout en n’hésitant pas à accoster l’un ou l’autre spectateur. Une vraie femme à poigne, comme on dit chez nous. Finalement la sauce prend. BobVennum nous balance ses riffs à la façon d’un J.Mascis, pendant que le bassiste se déchaîne sur son manche, tout en bondissant comme Flea. Et pendant ce temps, la voix chargée de swing ou tout en puissance de Kekaula épate la galerie.

Le set ne souffre d’aucun temps mort. La musique oscille allègrement du jazz au punk, nous invite à opérer une traversée à travers les Etats-Unis ou dans le temps, passant des 60’s aux 90’s sans la moindre difficulté, sans oublier de transiter par la prog des 70’s. C’est tout dire !

Un regret quand même. Après 1h30 de prestation, le public a réclamé, à juste titre, un rappel. Il ne sera jamais accordé. Et pourtant, l’ambiance était vraiment montée d’un cran lors des derniers morceaux du set, et cette fin trop brutale laissera un petit goût de trop peu. Mais qu’importe, car le timbre de voix de Lisa nous trotte définitivement en tête. Il est tellement proche d’une Tina Turner ou d’une Amy Winehouse, les frasques en moins ! Et c’est le moins que l’on puisse écrire, puisqu’à peine le concert terminé, la chanteuse rejoint le stand de vente de t-shirts, juste à la sortie de la salle, pour se charger personnellement du merchandising. Finalement, en grattant un peu, on se rend compte qu’il émane bien quelque chose de punk des Bellrays.

Si vous les avez manqués ou si vous souhaitez les revoir, bonne nouvelle : ils viennent de confirmer leur retour en Belgique le 12 juillet 2008, dans le cadre du festival ‘Les Ardentes’ de Liège.

Organisation Botanique

Calvin Harris

Disco Heat

Écrit par

Fort d’un premier album discoïde aux rythmes obsédants, Calvin Harris se produisait pour la première fois sur une scène belge ce mardi 8 avril. A la fois interprète et producteur émérite, le jeune homme et ses musiciens ont présenté un set live puissant, devant un public surexcité.

20h30 précises, les lumières de l’Orangerie s’éteignent. Pas de première partie. Calvin Harris et son groupe débarquent sur les planches. Derrière eux, une reproduction de la pochette de « I Created Disco » tapisse le fond de la scène. Devant, une salle remplie aux trois quarts mais tellement motivée que le grand vide à l’arrière passe inaperçu.

Introduisant son concert par l’interlude instrumental « Traffic Cops », Calvin et ses potes n’ont pas perdu une seconde en enchaînant sur une série de tubes tels que l’énorme « Disco Heat », une version allongée de « This Is The Industry » ou les déjà cultes « Acceptable In The 80s » et « Merry Making At My Place », transformant instantanément l’Orangerie en grande piste de danse. Le public à la fois euphorique et bondissant acclame tour à tour les tubes extraits de « I Created Disco » et d’excellentes nouvelles compos, tandis que le jeune homme s’attelle à mettre le feu sur scène. En l’espace de 50 minutes, Calvin Harris a réussi à faire suer une grande majorité de l’assistance en dispensant un set digne du festival ‘I Love Techno’, quoique parfois très susceptible d’évoquer les meilleurs instants d’un concert de Faithless, côté ambiance. Harris et ses musiciens quittent néanmoins le podium après l’incendiaire « The Girls », sans offrir de rappel. Ce qui mettra en colère les jeunôts des premiers rangs, qui auraient certainement souhaité que la soirée se prolonge indéfiniment. On les comprend…

 
Setlist :

Traffic Cops

Disco Heat

Acceptable In the 80s

MerryMaking At My Place

Neon Rocks

(New Track)

Keep Marching On

Colours

Vegas

I Created Disco

The Girls

 

Organisation : Botanique 

The Jon Butler Trio

Grand National

Écrit par

« Grand National », dans la lignée des précédents albums, respire toujours le soleil et la mer australs. La voix de Jon Butler est chaleureuse, les arrangements folks et allégés, le ton souriant. L’album ne s’effiloche pas dans la dentelle ni dans de superflues sinuosités. Il s’inscrit sans ciller dans les chemins défrichés par Ben Harper et Jack Jonson, surtout dans son très pop « Better than », single et titre d’ouverture de « Grand National ». Mais comment lui reprocher de n’avoir choisi cachet plus irréductible, lorsque la formule se révèle fraîche et radieuse ? Les mélodies évoluent avec aisance et nonchalance, acheminant l’enivrement tout au long du reggae chaloupé de « Good excuse », les riffs blues de « Daniella », les guitares slide de « Funky tonight » et le groove irrésistible de « Used to get high ». On ne peut que se laisser gagner par l’addiction d’un message battant la mesure avec autant de franchise. Dommage pour le rock suranné de « Devil Running » et « Fire in the sky », ainsi que les ballades dispensables « Caroline », « Losing you » et « Nowhere man ». Pour le reste, Grand National installe un décor funky que ne refusera aucun matin ensoleillé.

The Kill Devil Hills

The drought

Écrit par

Fondé en 2003, The Kill Devil Hills compte à ce jour deux albums à son actif. Une formation australienne dont le line up est passé d’un trio à un sextet, tout comme leur musique a viré du country/folk à une formule fondamentalement plus rock. Un rock ténébreux, teinté de blues, parfois de gospel, mais qui ne renie jamais ses racines. Et pour cause, le combo a toujours recours à des instruments aussi spécifiques que la mandoline, le banjo, la sèche, la slide et surtout le violon. C’est d’ailleurs le violon qui charpente la plupart des mélodies, tantôt en les berçant d’accents introspectifs, tantôt en les dynamisant d’énergie frénétique. L’instrumentation basique apporte davantage d’intensité aux compos ; et en particulier la guitare électrique.

Manifestement TKDH est une formation australienne. Qui puise essentiellement son inspiration chez les artistes australiens. Des noms ? Hugo Race, Beast of Bourbon, Triffids, Nick Cave & The Bad Seeds ou encore Crime and the City Solution… Vous me direz que la plupart de ces gens ont plus ou moins trempé dans le même milieu. Et vous n’avez pas tout à fait tort. D’autant plus que la seule compo qui s’écarte de la ligne de conduite, “New country”, émarge au psychobilly. Celui des Cramps, bien sûr. Or, Kid Congo Powers, l’ex-drummer de la bande à Lux Interior/Poison Ivy, n’a jamais caché son admiration pour toute cette mouvance, et est souvent venu apporter son concours en ‘live’ voire en studio, pour l’un ou l’autre de ces musiciens. Vous ne serez enfin pas étonnés de savoir que le vocaliste principal, Lachlan Gurr, emprunte régulièrement les inflexions de Cave, et même le timbre. D’excellente facture, « The drought » trahit malheureusement encore trop de références évidentes à ses maîtres pour ne pas être soumis au feu de la critique. Dommage, car ce groupe possède suffisamment de talent pour tracer sa propre voie, sans pour autant renier ses racines. Ce sera sans doute son prochain challenge !

 

Left Lane Cruiser

Bring yo' ass to the table

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Ce duo nous vient de Fort Wayne, dans l'Indiana. Mais en écoutant attentivement leur album, on finit par détecter les références de leur musique. Car manifestement, elle balayée par le souffle des collines du Nord Mississippi. A cause des sonorités dispensées. Déjantées. Réminiscentes de leurs lointains parents de chez Fat Possum! Joe Evans, alias Freddy J IV, chante et joue de la slide. Brenn Beck siège derrière sa batterie rudimentaire et sa panoplie de percussions. Difficile quand même de définir leur style. Sans trop prendre de risque on pourrait le décrire comme du heavy/boogie/punk/blues. Enumération à écrire dans l'ordre ou le désordre. Au choix. Une solution sonore manifestement primaire, sale, sans guère de production. En prise directe. Et pour cause, les prises de son en studio se sont déroulées comme si la formation affrontait son public, au sein d’un vieux juke joint enfumé. Brenn, le drummer, n’hésite jamais à en rajouter, une couche. Et même plusieurs. Il est d’ailleurs surnommé ‘Sausage paw’. Un véritable déménageur !

Frénétique et parfaitement intégrée dans le Sud profond, la musique de LLC puise donc bien des sources dans le Delta du Mississippi. Dès les premiers accords de "Wash it", la slide s'enfonce dans nos oreilles. Bien en profondeur. Elle n’en sortira plus qu’en fin de parcours. Et si d'aventure, elle s’autorise une pause, Brenn prend immédiatement le relais, histoire de nous asséner de violents coups percussifs. Un véritable enfer ! Pas le temps de reprendre son souffle et on embraie sur la plage suivante : "Set me down". Brenn doit avoir des bras en acier. La slide s'éclate. Et la pause de brève durée sert de tremplin aux deux possédés, déterminés à aller aux bout de leurs forces. Boogie ravagé, "Pork n' beans" aurait pu relever du répertoire de ZZ Top. Mais un ZZ Top, passé en enfer. Tout brûle en ce lieu maudit ; mais cette slide est tellement dense, qu’elle vous envoûte, vous pénètre, vous met à nu. "Big Momma" adopte un schéma semblable. Un boogie rageur, proche de la démesure. Les douze chapitres de cette aventure défilent en un éclair et sans jamais susciter le moindre ennui. Une homogénéité dans l’intensité et l’agressivité. La musique ne souffre pourtant pas d’une quelconque uniformité. La fureur constitue le dénominateur commun. Et reconnaissons qu’une plage comme "KFD" nous la ramène dans des limites plus sensibles. Brenn souffle dans un harmonica aux tonalités fantomatique. Le doigt d'acier fait vibrer les cordes, durant de brefs instants. Freddy y révèle un potentiel inattendu, empreint de délicatesse tout en surfant sur les différentes modulations de l'espace sonore. "Justify" émarge presque au punk. Enfin, surtout le chant. Le rythme épousant plutôt un Bo Didley beat. "Busket" et "Amerika" affrontent du garage punk. Le combat terminé, le tandem nous abandonne blêmes et livides. Et impossible de reprendre sa respiration. La paire impressionne lorsqu’elle se met à table. Elle avait démontré cet art culinaire, en avalant le plat de "porc et haricots". Et le confirme tout au long de "Amy's in the kitchen", une plage au cours de laquelle les riffs de la slide nous dévorent. En finale, "Heavy" reflète parfaitement son titre. Un opus à conseiller vivement aux fans des Black Keys ou encore North Mississippi All Stars. Remuez-vous, la musique continue!