Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

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Dernier concert - festival

Manu Chao - Bau-huis
Shaka Ponk - 14/03/2024

Spitting Off Tall Buildings

Good Night And Good Luck

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En une demi-seconde, on est dans le vif du sujet. Le titre « Cracks » démarre sur des chapeaux de roues, appâtant nos oreilles à l’aide de guitare lourdes, une rythmique énergique et, au milieu du jeu de quilles, une voix féminine dopée au ‘Vicks’ citron, apportant un zeste de sérénité rassurant. On se repose immédiatement sur « Tade », en commençant, déjà, à comprendre où cette formation germanique veut en venir. Ouf : elle ne nous veut que du bien. Du convenu, mais du bon. Et du robuste. Les titres s’enchaînent à la vitesse du tonnerre (juste un peu moins vite que l’éclair, donc) et plante sans pudeur un décor qu’il fait bon de revoir de temps en temps : celui où se sont défoulés Sonic Youth et les Pixies, Fugazi et Hole ou plus récemment, ces têtes brûlées de Yeah Yeah Yeahs. Du coup, quand on découvre que l’opus a été enregistré à Chicago sous la houlette d’un certain Steve Albini, on ne s’étonne même pas. La patte du gaillard est évidente, présente dans chaque arrangement, chaque fureur et chaque changement d’humeur de cet album vrombissant.

Chroma

Radea

Écrit par

Tiens, un album de jazz qui ne ressemble pas à un album de jazz… Je m’explique. Le compositeur et claviériste Karel Van Marcke (il a longtemps travaillé auprès de Jambangle, pour ceux qui connaissent) ne change certes pas son style jazzy d’épaule, mais l’univers qu’il dessine tout au long de ce sympathique projet s’étend bien au-delà de ses sonorités habituelles. La liste des invités parle d’elle-même : à côté de David Linx, on trouve un trésor nommé Geike Arnaert (Hooverphonic) ou un pur joyau vocal baptisé Ingrid Weetjens, qui vole la vedette aux trompettes sur l’impeccable « Differences ». Electro, easy jazz, pop… Le quintette fait des merveilles et n’affiche aucune autre prétention que celle de distiller quelques notes agréables parmi nos humeurs. Un album enjoué, frais et, surtout, accessible, qui navigue constamment entre les styles pour faire semblant de nous déstabiliser et, au bout du compte, nous épater.       

Giardini Di Mirò

Dividing opinions

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Fondée en 1998, cette formation italienne nous vient de Cavriago, un petit patelin sis du côté de Reggio Emilia, entre Parme et Modène. Responsable d’une myriade d’Eps, de remixes et de singles, Giardini Di Mirò nous propose aujourd’hui son troisième album officiel. A l’origine, le groupe pratiquait une sorte de post rock influencé par Godspeed You ! Black Emperor et Mogwai. Mais aujourd’hui, la solution sonore lorgne davantage vers la noisy pop. Mais une noisy pop atmosphérique, qui aurait pu naître d’une rencontre entre Sigur Ros et My Bloody Valentine, même si on y recèle de temps à autre des traces de new wave et d’électro. Pas besoin de vous faire un dessin : les mélodies sont superbes, les harmonies vocales éthérées et les guitares tintinnabulantes. Bon, bien sûr, ce n’est pas nouveau, mais comment ne pas succomber à des compos aussi esthétiques et bouleversantes que « July’s stipes » (ce xylophone !), « Self help » (ce violon !) et puis surtout le somptueux, visionnaire et tellement mélodique « Broken by », une plage qui aurait pu figurer au répertoire de Slowdive. L’opus s’achève par le délicatement torturé « Petit treason », un titre hanté par le spectre de Blonde Redhead, avant que le disque n’en revienne à quelques fragments du titre maître, chanson qui ouvre l’elpee. Et la boucle est ainsi bouclée.

Rollerskate Skinny

Rollerskate Skinny et son ange gardien.

Écrit par

Auteur d'un premier album mystérieux, élaboré mais très mélodique, ce groupe dublinois pourrait devenir très important. C'est en tous cas l'impression que partage l'ensemble de la presse britannique. Elle n'hésite d’ailleurs pas à comparer le quintette à Mercury Rev voire à Sonic Youth. Et comme si la richesse musicale ne suffisait pas, ce disque recèle des textes visionnaires, thématiques sur le monde contemporain. La rencontre des deux guitaristes, Jimi et Ger, puis du chanteur/lyriciste Ken, a enfin permis de lever un morceau de voile de l'énigme Rollerskate Skinny...

Pourquoi choisir pour nom de groupe le titre d'un roman qui a inspiré l'assassinat de John Lennon?

Jimi : Une pure coïncidence. Nous avons même été surpris de le lire dans je ne sais plus quel magazine. Il n'a jamais été dans notre intention d'établir la moindre corrélation avec cette affaire.

Ce n'est donc pas un sujet à approfondir? Pas plus, je suppose que celui des Beatles?

Ger : C'est une évidence!

Vous vous identifiez sans doute à des groupes plus contemporains comme Mercury Rev ou Sonic Youth?

J. : Nous serions de mauvaise foi en refusant d'admettre l'influence que Sonic Youth a exercée sur le groupe. Mais pas son aspect métallique. Plutôt l'exploration simultanée de différentes perspectives mélodiques.

Un peu à la manière de Wire?

G. : Je n'ai jamais prêté attention à ce genre de groupe.

J. : Ce n'est pas davantage ma tasse de thé. Leur musique était un peu trop capricieuse à mon goût!

G. : Chacune de nos compositions abrite différentes influences. Pour Mercury Rev et Sonic Youth, elles ne sont cependant que superficielles. Evidemment, il est plus facile de se référer à ces deux ensembles, puisqu'ils ont acquis une certaine notoriété.

Quel album de votre collection personnelle ne céderiez-vous sous aucun prétexte?

G. : "Closer" de Joy Division et "The Movie" de Jimi Hendrix (NDR: Est-ce un bootleg?)

J. : Pas un seul. J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux. Je ne vois donc aucune raison de m'en séparer!

Vous semblez manifester un goût plutôt prononcé pour l'extrême. Est-ce typiquement dans le caractère irlandais.

J. : Ce n'est pas spécifiquement irlandais, mais le reflet de nos personnalités.

G : Des sentiments universels que tout être humain est susceptible d'éprouver.

J. : Chaque pays vit ses extrêmes. En Belgique, vous vivez les vôtres à travers les disparités entre Flamands et Wallons. En Irlande, ils sont d'une toute autre nature. Pour Rollerskate Skinny, ils s'inscrivent exclusivement dans un espace multidimensionnel, au sein duquel nous avons voulu reculer les limites.

Vous avez assisté à la projection du film "In the name of the father"?

G. : Non!

J. : Oui. L'intrigue est excellente. Un film très intense inspiré d'un fait réel. Mais je suis un peu déçu que la vérité soit quelque peu tronquée. L'accumulation de détails artificiels et la concentration des événements dans le temps n'étaient pas indispensables. La véritable histoire était suffisamment dramatique. Il ne fallait pas en rajouter. Ce qui explique pourquoi il est nécessaire de prendre un certain recul. Sans quoi, c'est un grand film... J'ai, en outre, tenté une expérience originale pour le visionner. D'abord, en Irlande. Puis en Angleterre. Et les réactions suscitées sont diamétralement opposées. Etonnant!

Bono et Sinea O'Connor ont collaboré à l'enregistrement de la bande sonore de ce film. Est-ce que leur participation a une valeur symbolique à vos yeux?

J. : J'apprécie énormément Sinead O'Connor. Je ne partage cependant pas tous ses faits et gestes. Mais elle dit ce qu'elle pense en toute liberté, spontanément et avec énormément de passion. Et puis elle a de si beaux yeux... une très jolie fille (rires)... Tout ce qu'on a pu médire sur son compte a été monté de toutes pièces. C'est comme l'intérêt excessif porté à U2. C'est de la manipulation médiatique!

G. : Le jour où elle a déchiré la photo du pape, il a dû se passer quelque chose de saugrenu dans sa tête. De saugrenu, mais également de sensé. Il faut replacer cet événement dans son contexte. L'Irlande du Nord vit en quelque sorte une guerre de religion. Et dans l'esprit de Sinead, le pape en porte une certaine responsabilité. Il était ainsi plus facile de la faire passer pour hérétique.

C'est un peu comme dans votre chanson "Bring on to stigmata" où vous semblez très amers vis à vis de la religion?

G. : Elle ne vise pas seulement la religion. Mais tous les problèmes qui existent dans le monde en général. Elle reflète en quelque sorte notre état d'esprit à l'égard de ces événements; et puis d'une manière plus personnelle traite de nos expériences vécues. Comme celles que nous avons traversées à Londres.

Pouquoi, vous n'y vivez plus?

J. : Si, mais nous allons retourner à Dublin.

Quand?

G. : Dans une bonne semaine!

Vous vous y étiez fixés depuis deux ans, il me semble?

J. : C'est exact. Mais la vie à Londres est pénible. Cette ville est trop grande, impersonnelle, morne, robotisée. Nous n'y avions pas d'amis. Nous ne parvenions plus à nous situer. Nous avions peur, en quelque sorte, de perdre nos racines. Nous avons donc voulu revenir aux sources de notre inspiration. A Dublin. Un retour qui correspond pour nous à une renaissance.

G. : Londres peut être intéressant pour ses extrêmes. Mais son gigantisme est déprimant. Ce sera de toutes manières une bonne expérience d'y avoir transité.

J. : Nous regretterons sans doute les petits clubs. Parce qu'ils jouissent, au niveau musical, d'une excellente réputation. Et puis, parce qu'ils dégagent une atmosphère propice à l'épanouissement des groupes de rock...

La chanson "Violence to violence", est-ce un constat d'échec ou un cri de désespoir?

J. : Plutôt un cri de désespoir. Mais cette composition ne devait pas s'intituler "Violence to violence". Nous l'avions écrite pendant la guerre du golfe, mais avons décidé de changer le titre à la dernière minute, car il était devenu trop indulgent vis à vis de l'épisode dramatique qui venait de se dérouler.

Que signifie "Shoulder voices"?

J. : La conscience. L'ange gardien qui se tient constamment derrière toi pour guider tes actes.

Jimi, tu vois encore régulièrement Kevin?

J. : Kevin?

Ton frère!

J. : (NDR: apparemment embarrassé) De toute évidence, ce n'est plus un secret pour personne. Oui. Pour l'instant, il est en studio avec My Bloody Valentine pour enregistrer son nouvel album.

La citation qui figure à l'intérieur de la pochette, est-ce une diatribe contre les marchands de canons?

Ken : C'est de l'ironie pure. Comme dans la chanson "Slave" par exemple. Elle s'intéresse à l'esclavage des principes que tu ne comprends pas et auxquels tu dois te soumettre. Et lorsque tu imagines être capable d'influer sur ce système, tu te berces royalement d'illusions... En fait, j'écris au sujet des problèmes humains et des situations qu'ils entraînent...

Est-ce que les rêves et les cauchemars constituent la moelle de ta prose?

K. : Oui, c'est exact! A Londres, j'ai passé de longs moments à dormir (rires). J'étais complètement fauché. Et sans argent à Londres, tu ne vas pas très loin. J'ai toujours trouvé étrange le moment où l'inconscient commence à s'embrouiller avec le conscient. Mes rêves, par exemple, sont souvent effrayants, paranoïaques. Et ils finissent même parfois par se fondre avec la réalité. Parfois, je tombe amoureux dans un songe. Mais lorsque je me réveille, je me rends compte m'être seulement épris de mon corps (rires)...

Est-ce la raison pour laquelle, dans tes textes, tu déformes constamment la réalité?

K. : Je ne la déforme pas. Elle est simplement le reflet de mon état d'esprit à un moment très précis. L'être humain tient comme indiscutable l'existence d'une seule réalité. C'est une erreur. Ce n'est pas une constante. La réalité est multiforme. Suivant la perspective adoptée, tu la conçois autrement. J'ai besoin de ces environnements différents pour créer. Mais je n'aime pas que l'on me colle l'étiquette d'artiste, parce que j'ai trop de respect pour l'esprit des gens...

 

Version originale de l’interview parue dans le n° 23 du magazine Mofo de mai 94.

Superbus

Un Superbus sur rails…

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Deux groupes avaient été programmés en en ouverture du concert de Superbus à l'Ancienne Belgique : Freaky Age et Eva Spektor. Un concert sold out ! Pas étonnant, lorsqu’on sait que les albums de la formation hexagonale se vendent comme des petits pains. Disques d’or, de platine, et nominations en tous genres ont ainsi entretenu leur popularité.

Freaky Age récolte un joli succès d'estime devant un parterre de préadolescents ; mais son set agace le reste du public. A cause de ses attitudes. Artificielles à force de se vouloir parfaites. Musicalement, on ne peut pas dire qu’ils cassent trois pattes à un canard ; et pourtant Pure FM a eu le bon goût de dénicher "Time is Over", seul titre valable de leur répertoire pour en faire un single durant quelques semaines.

Eva Spector, de son côté propose un son plus rugueux servant un rock scandé en français, mais qui semble heurter le public venu en masse pour écouter de la pop...

Arrive enfin Superbus : de la pop, oui, mais dont l’énergie scénique est dopée par une belle dose d’électricité... Sexy en diable comme toujours, Jennifer Ayache, se joue parfaitement de ces sonorités plus enlevées que sur album ; pourtant, lorsque les garçons revisitent Nirvana, elle a du mal à les suivre et trahit ses limites. La setlist égrène des titres issus des trois elpees du groupe, parvenant quand même à soulever l’enthousiasme du public dans ses ‘hystéries collectives’, mais il est dommage qu'elles ne soient pas plus naturelles.

Le concert s’est d'ailleurs déroulé comme un show parfaitement répété, à tel point que lorsque Greg casse sa grosse caisse, le combo éprouve des difficultés à meubler les longues minutes nécessaires à son remplacement. Peu de place à la spontanéité donc, dans ce concert par ailleurs soigné tant au niveau du son que des lumières (exception faite des 3 premiers titres, les seuls pendant lesquels les photographes peuvent approcher de la scène...)

Malgré ses limites, cette formation abat un excellent boulot ; et elle vaut mieux que l'image ‘pop 'n' gum’ qu'elle s'est elle-même forgée !...

The Good Life

La belle vie de Tim Kasher

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Les gens deviendraient-ils fainéants en période hivernale ? A priori, ce mardi soir, la réponse à cette question était un grand oui. Et ce n’est donc qu’une petite quarantaine de quidams qui ont bravé le vent et le froid afin de se rendre à la Rotonde du Botanique. Une sage décision que ceux-ci n’auront certainement pas regrettée.

Tandis que l’Orangerie se remplissait à vue d’œil pour le concert sold-out de Keren Ann, la Rotonde, elle, n’aura accueilli que très peu de visiteurs. Pourtant, le grand Tim Kasher et les trois musiciens de son side-project, The Good Life, y étaient de passage pour y présenter leur excellent quatrième recueil. Le frontman de Cursive et ses confrères, pas découragés pour un sou, ont dispensé une bonne petite heure de show durant laquelle les morceaux de « Help Wanted Nights » ont côtoyé à merveille des extraits des trois premiers ouvrages de la formation. Ainsi, se sont enchaînés « On The Picket Fence », « Album Of The Year », « So Let Go » et autre « Lovers Need Lawyers ». Une atmosphère sereine et bon enfant a régné dans la salle tandis que les vocalises de Kasher, encore plus intenses et torturés que sur disque, ont fait vibrer l’assistance. Un excellent concert sans artifices. Les absents ont eu, ici, plus que tort.

Organisation Botanique

And Also The Trees

De vieux arbres toujours bien verts…

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And Also The Trees est une formation mythique. Britannique. Née en 1978, en pleine explosion punk. Les deux leaders sont frères : Simon et Justin Huw Jones. Le premier est chanteur et le second guitariste. Ce sont les seuls rescapés du line up originel. En 28 ans, la formation a enregistré dix albums, dont le dernier « (Listen for) the rag and bone man », vient de paraître. AATT est réputé pour sa musique gothique, tantôt introspective, tantôt violente, parfois jazzyfiante, mais au sein de laquelle l’imaginaire occupe une place importante. Un climat entretenu par la nature des lyrics. Vous n’en saurez pas plus pour l’instant, puisqu’à l’issue de leur set, les frangins Simon se sont prêtés à l’exercice de l’interview. Un entretien qui sera publié d’ici quelques jours. Vous pourrez ainsi mieux comprendre l’univers romantique, ténébreux, rural et typiquement insulaire de ce combo issu du Worcestershire…

En première partie, Kim Novak a tenté de nous faire croire qu’il était hanté par Joy Division, The Cure, et toute la scène cold wave des eighties. Mais ne sont pas Editors ou Interpol qui veulent. Responsable d’un premier album en avril dernier, le quatuor normand (NDR : de Caen très exactement) manque assurément de planches. Et son set de piètre facture fait peine à écouter. Ils sont pourtant six sur scène : un drummer, un bassiste et deux guitaristes dont le chanteur (à la voix plus que limite) ainsi que deux mannequins de couturière postés de chaque côté de la scène. Dommage que les modèles n’étaient pas en chair et en os, à l’image d’une jeune Kim Novak, par exemple ; on se serait au moins rincé l’œil à défaut de se boucher les oreilles.

Lorsqu’And Also The Trees monte sur les planches, la Rotonde du Botanique est pleine à craquer. Le public y est même debout. Le line up campe aujourd’hui un quintet. La claviériste (Emer Brizzolara) joue circonstanciellement de la guitare et du melodica. Elle s’est installée à droite de la scène. Le batteur (Paul Hill) participe à l’aventure depuis 1997. Son drumming est à la fois ample, impulsif et syncopé ; il complète parfaitement la ligne de basse jazzyfiante de Ian Jenkins. En fait de basse, il s’agit le plus souvent d’une double basse, que ce virtuose joue tantôt en pinçant les cordes de ses doigts, tantôt avec un archet. A gauche, Justin (NDR : toutes les filles étaient en pâmoison, en regardant ce beau mec au physique à la Léonardo Di Caprio), costard BCBG, joue sur ‘sa’ guitare (NDR : de couleur rouge !) en s’aidant de pédales de distorsion. Lorsqu’elle lui prend aux tripes, il se cambre en arrière. Elle a un son propre. Il a un style très personnel, privilégiant l’émotion, qui a d’ailleurs influencé toute une génération de groupes noisy pop du début des eighties. Et ses interventions aussi parcimonieuses que judicieuses sont un véritable régal pour les oreilles. Simon porte une chemise blanche à col relevé. Il a enfilé une redingote qu’il ôtera au beau milieu du concert, au même moment où Justin laissera tomber la veste. Simon n’a pas une voix extraordinaire, mais elle colle parfaitement à son style déclamatoire, un style qu’il accompagne de postures très théâtrales. Il lève les yeux au ciel, puis les clôt comme s’il cherchait des images d’un autre monde, s’agenouille, étend les bras en croix, susurre dans son micro toute en l’étreignant de ses mains. Parfois, il entame quelques pas de danse semi-classiques, semi épileptiques. La setlist puise dans toute la discographie du groupe, même si elle épingle cinq morceaux du dernier opus, un répertoire parfaitement équilibré pour cette prestation, dont l’intensité croît au fil du temps, atteignant un premier sommet lors du classique « A room for Lucy ». L’envoûtement commence à produire son effet…

Mais lors du premier rappel, la version de « Slow pulse boy » fait monter l’ambiance encore d’un cran. Justin y est sublime sur ses six cordes. Un premier rappel. Puis un second, clôturé par un bouleversant « Virus meadow ». Enflammé, le public en redemande obtient satisfaction. Il en réclamera même un quatrième, qui ne viendra jamais, malgré les acclamations nourries de l’audience, qui se prolongeront encore cinq bonnes minutes. Une situation qui peut parfois engendrer des réactions incontrôlées. Surtout quand on laisse les lumières éteintes et que la musique de fond ne vient pas calmer les ardeurs résiduelles. Heureusement, les frères Jones avaient bien saisi la frustration ; et assez rapidement, après le concert, ils sont venus près du merchandising, signer des autographes, se laisser prendre en photo avec de fans et serrer des pinces. Mais quelle soirée !

Setlist : The beautiful silence – Gone… like the swallows – The suffering of the stream – Under the stars – Maps in her wrists and arms – Brother fear – Paradiso –  Stay away for the accordion girl – Feeling fine – Shaletown – Rive droite

1er rappel : Slow pulse boy – Dialogue

2ème rappel : The legend of Mucklow – There was a man of double deed – Virus meadow

3ème rappel : Vu l’ambiance, j’ai oublié de noter les titres… c’est dire !

Organisation Botanique 

 

 

Murder

Stockholm Syndrome

Écrit par

L’invasion danoise est à nos portes. The Raveonettes, Saybia, Trentemøller et autres Mew ont éraflé nos frontières, ouvrant la voie à la relève. Celle-ci se nomme Figurines, Amber, Band Ane et, surtout, Murder. Deux ans après « One Year From Now It’s My Birthday », un premier album passé inaperçu, ces derniers prennent leur revanche en assaillant le monde d’un « Stockholm Syndrome » des plus envoûtants. Le second ouvrage de Jacob Bellens et Anders Mathiasen, parfaite bande son hivernale, capture l’auditeur le plus réticent et l’apprivoise subtilement à coups d’agréables comptines folks. Evoquant à la fois Johnny Cash (« Naming The Demon »), Nick Drake (« Daughters Of Heavy ») ou encore, dans une moindre mesure, Nick Cave (« Bodies Collide »), la voix profonde de Bellens amadouera les irréductibles qui finiront, tôt ou tard, par se laisser aller, victime malgré eux de ce délicat « Stockholm Syndrome ».

Imani Coppola

The Black & White Album

Écrit par

Il y a 10 ans exactement, une jeune fille attendrissante affublée d’amusantes couettes apparaissait toute pimpante sur les écrans des chaînes musicales, fredonnant sa « Legend Of A Cow Girl » à qui voulait bien l’entendre. Son premier disque, « Chupacabra » et sa gentille pop n’auront laissé aucune trace dans les annales. Son passage anecdotique à la Rotonde du Botanique n’aura par ailleurs attiré qu’une vingtaine de quidams. Logiquement remerciée par son label quelques mois plus tard, elle ne perd pas espoir et autoproduit en 2004 son second recueil, « Afrodite ». Mais le résultat s’avère encore plus catastrophique. Les critiques snobent l’artiste et, par conséquent, les ventes ne décollent  jamais.

Le temps de l’innocence est aujourd’hui révolu. Après avoir essuyé ses larmes auprès du Peeping Tom de Mike Patton, Imani Coppola reprend les armes et se prépare à livrer la bataille de sa vie. Ca passe ou ça casse. Réfugiée sur le label de Patton, Ipecac Records, la New-yorkaise semble avoir repris du poil de la bête, la plume plus tranchante que jamais. Elle signe un troisième essai haut de gamme entre pop rageuse (« Dirty Pictures », « Springtime »), hip hop débridé (« 30th Birthday », « Keys 2 Your Ass » en compagnie de Rhazel) et punk furieux (« Woke Up White », « I’m A Pocket »). Malgré quelques faux pas majeurs (« I Love Your Hair », « J.L.I.A.T.O.Y.O»), Imani Coppola tient en ce « Black & White Album » son meilleur ouvrage à ce jour. Reste à voir s’il lui permettra de pénétrer dans la cour des grands…                

Funeral For A Friend

Tales Don’t Tell Themselves

Écrit par

En 2003, les Gallois de Funeral For A Friend publiaient « Casually Dressed & Deep In Conversation », un excellent second effort qui leur aura permis de devenir l’une des formations incontournables de la scène post-hardcore made in UK. Aujourd’hui, le quatuor en est à son quatrième essai et continue une descente aux enfers débutée en 2005 à travers la sortie de « Monsters », disque au résultat plus que mitigé. Les affres de l’emo-pop à l’américaine auront eu raison de l’inspiration du quatuor (l’intro à la Panic! At The Disco de « Into Oblivion (Reunion) »), qui semble renier ses influences originelles pour mieux vendre son âme. Aucun des onze morceaux de « Tales Don’t Tell Themselves » n’atteint le brio de leur classique « Escape Artists Never Die » et l’ensemble est à bailler d’ennui. Dommage.