Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

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Pour Jane Weaver, l’amour est un spectacle permanent...

Jane Weaver, aka Jane Louise Weaver, est une musicienne originaire de Liverpool. Son nouvel opus, « Love In Constant Spectacle », paraîtra ce 5 avril 2024. Il a été produit par John Parish (PJ Harvey, Eels, Sparklehorse). Son disque le plus intime et le plus…

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Vive La Fête - 11/04/2024

Enter Shikari

A Kiss For The Whole World

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Fondé en 2003, Enter Shikari est issu du Hertfordshire (NDR : c’est un comté sis au nord de Londres). Il compte sept albums studio à son actif. Sa musique mêle post-hardcore, punk, nu-metal, rave, electronicore, drum&bass et prog rock. Il y a trois ans, en plein confinement lié à la COVID-19, la sortie de « Nothing Is True & Everything Is Possible » confirmait son envie d’injecter davantage de pop dans sa musique, tout en conservant ses vieilles références, comme celle transmise par The Prodigy. Sur ce nouvel elpee, le quatuor explore une même veine, bien que le ton soit apparemment plus allègre.

Rien que le morceau éponyme qui ouvre l’opus démontre qu’Enter Shikari continue à mélanger les couleurs improbables dans sa musique. Amorcé par une intervention de trompette et traversé par un ukulélé, il s’achève au cœur d’une forêt peuplée d'oiseaux. Mis en forme, comme le précédent LP, par son leader/chanteur/multi instrumentiste, le son a gagné en épaisseur, explosant à plusieurs reprises pour immerger totalement le mélomane dans le délire musical de son créateur.

Suivant un même rituel, « A Kiss For The Whole World » adresse de nombreux clins d'œil à ses précédents long playings. « It Hurts », le second single sorti après « (Pls) Set Me On Fire », inocule une pointe de techno à des sonorités pop sur des textes chargés de réconfort et de d’optimisme.

« Leap Into The Lightning » est tramé sur un riff de guitare ténébreux, puis s’embrase au contact d’un synthé vintage. Interlude parsemé d’instants bruitistes, « Feed Yøur Søul » émarge au drum&bass.

La forme orchestrale développée sur le long playing précédent réapparaît sur « Dead Wood », mêlant violons et synthétiseurs, embrassant alors une dimension épique à la Muse...

Enchaînant des effets électroniques, mêlés à de gros riffs de guitare peu subtils, « Jailbreak » invite à s'interroger sur le monde qui l'entoure et en particulier sur ses propres convictions, comme pour contrecarrer les effets néfastes des infos (intox ?) propagées par les réseaux sociaux. « Bloodshot », qui bénéficie d’une superbe vidéo (voir ici), est découpé en deux volets. L’expression sonore s’y révèle nettement plus sombre et menaçante.

Et on retrouve à nouveau des références à l’album précédent tout au long de « Giant Pacific Octopus » mais également du rap et du drum&bass, un titre qui se distingue par le refrain le plus percutant de cet LP.

Chris Murphy

Two Rivers Crossing

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D’origine italo-irlandandaise, Chris Murphy a vécu, travaillé et étudié à New York, Boston et Seattle, avant de s’établir à Los Angeles, en Californie, où il vit toujours. Depuis plus de 25 ans, il enchaîne les projets et les collaborations. Ce compositeur/multi-instrumentiste et surtout, violoniste, a gravé plus 16 elpees solos et plus de 20 albums collaboratifs.

Tout au long de « Two Rivers Crossing », un opus découpé en 6 pistes, armé tout simplement de son instrument de prédilection, il nous invite à vivre un périple au cœur de l’Amérique de Tom Sawyer.

Si les lignes de violon se superposent élégamment, il faut reconnaître que l’ensemble manque parfois de relief. Bref, si son folk/americana s’écoute avec plaisir, c’est sans doute dans les ‘saloons’ des Etats du Mississipi ou du Tennessee qu’il serait le plus à même de donner la pleine mesure de son potentiel…

 

Pinkpop 2023 - du vendredi 16 juin 2023 au dimanche 18 juin 2023 - Photos

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Depuis 1990, le Pinkpop figure dans le Grand Livre Guinness des Records comme le plus ancien festival pop organisé sans interruption. La première édition a eu lieu le 18 mai 1970 à Geleen. Après dix-sept éditions à cet endroit, le festival a déménagé une première fois à Baarlo, avant de s'installer définitivement sur le site Megaland, à Landgraaf, dès 1988.

En 2019, Pinkpop y a célébré son 50e anniversaire.

La 52e édition de Pinkpop s’est déroulée les vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 juin 2023 et a de nouveau connu un grand succès.

Programme Pinkpop 2023

Vendredi 16 juin : P!NK, Editors, The War On Drugs, Niall Horan, The Lumineers, Ellie Goulding, Frenna Deluxe, Electric Callboy, The Hu, Altin Gün, Picture This, The Haunted Youth, Maisie Peters, Bente, Goldkimono, Nova Twins, Trousdale, ADF Samski, Lauren Sanderson, MADOUX

Samedi 17 juin : Robbie Williams, Queens of the Stone Age, The Script, The Black Keys, Hollywood Vampires, Disturbed, RONDÉ, Xavier Rudd, Kevin & The Animals, Daði Freyr, Tove Lo, The Driver Era, Go_A, Pregnant Guy, DeWolff, Prince S. and The Goat, blackwave, The Jordan, SONS, Hot Milk, The Big Moon

Dimanche 18 juin : Red Hot Chili Peppers, Machine Gun Kelly, OneRepublic, Goldband, Tom Odell, Tash Sultana, DI-RECT, Warpaint, Nathaniel Rateliff & The Night Sweats, Nielson, DMAs, Donnie, I Prevail, GAYLE, Only The Poets, Dylan, The Lathums, Brutus, Upsahl, Orange Skyline, Robin Kester.

Pour les photos, c’est

http://www.pinkpop.nl

Org : Pinkpop

Kiss

Kiss me goodbye…

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C’est la fin de la tournée mondiale d’adieu pour Kiss. Elle a commencé en 2019 et s’achèvera au Madison Square Garden de New York en décembre 2023. Baptisée ‘End Of The Road’, elle est passée, il y 12 mois, au Sportpaleis d’Anvers. Le Palais 12 est plein à craquer pour accueillir ce groupe légendaire de glam métal qui compte 50 années d’existence, a vendu plus de 75 millions d’albums à travers le monde et puis surtout dont le look extravagant de ses musiciens (maquillage, fringues, chaussures à hautes semelles compensées et attitudes) constitue sa marque de fabrique. Le quatuor a gravé vingt elpees studio, soixante singles dont les classiques intemporels « I Was Made For Loving You », « Rock and Roll All Nite » et « Detroit Rock City ». Et c’est la sixième fois qu’il se produit en Belgique.

Du line up originel, le guitariste Paul Stanley et le bassiste Gene Simmons sont toujours au poste. Et ce sont toujours eux qui assurent le lead vocal.  

Le supporting act est assuré par un autre band américain, mais californien (Los Angeles), Skid Raw. Il pratique également du glam metal. Il s’est surtout illustré à la fin 80’s et au début des années 90’s. Erik Grönwall remplace le membre fondateur Sebastian Bach, depuis 2022.

Des bâches noires recouvrent l’imposant matos de Kiss. Une toile noire a été tendue derrière les musicos où figure en lettres rouge vif, sur la partie haute, le patronyme du band.

A 19h00, les lumières s’éteignent alors que les haut-parleurs diffusent le « Blitzkrieg Bop » des Ramones. Skid Raw monte alors sur le podium. Erik est soutenu par les sixcordistes Dave Sabo et Scotti Hill ainsi que le bassiste Rachel Bolan et le drummer Rob Hammersmith. Hormis ce dernier installé en retrait, tous les autres musiciens se démènent comme de beaux diables, au sein de l’espace restreint qui leur est réservé. Le set s’ouvre par une version plutôt lourde de « Slave to the grind ». Les soli de guitares sont puissants, huileux voire graisseux. Erik est partout à la fois. Il triture constamment son micro. Sa hargne virile rappelle parfois celle de Bon Jovi. « The Threat » ne permet pas vraiment de souffler. Musclé, ce morceau se distingue par son refrain aux chœurs imposants. « Big Guns » poursuit sa folle cavalcade dans le métal. Le band n’en n’oublie pas sa monstrueuse power ballade mélodique « 18 And Life », un titre au cours duquel la voix d’Erik fait mouche. Ni ses hits tels que « Business » ou « I'll Remember You ». Bien que gavé de clichés hard rock, le set du groupe est parvenu à faire lever les poings du public en masse. La prestation s’est achevée par « Youth Gone Wild ». Une première partie d’enfer. Le public a adoré le show !

Setlist : Intro - « Blitzkrieg Bop » (Ramones cover), « Slave to the Grind », « The Threat », « Big Guns », « 18 And Life », « Riot Act », « Piece Of Me », « Livin' On A Chain Gang », « Time Bomb », « I Remember You », « Monkey Business », « The Gang's All Here », « Makin' A Mess », « Youth Gone Wild ».

Kiss est un groupe unique en son genre. On vous rappelle pourquoi dans l’intro. Le line up réunit aujourd’hui Stanley (The Starchild), Simmons (The Demon), le guitariste Tommy Thayer (The Spaceman) et le batteur/chanteur Eric Singer (The Catman).

Une immense tenture à l’effigie de Kiss masque l’immense scène. Le rideau tombe sous des feux de pétards nourris par 15 lance-flammes placés derrière le quatuor qui descend du plafond, chacun sur une estrade hexagonale, sous de puissants fumigènes. Idem pour le drummer qui est placé derrière son imposante double batterie ‘Pearl’. Les 3 gratteurs descendent de leurs socles, manches de guitare en avant et Simmons a déjà sa longue langue qui ressort. Des images de la bande des quatre sont constamment projetées sur 8 grands écrans, également hexagonaux. Deux autres, mais géants bordent chaque côté du podium. Durant cette intro spectaculaire, les baffles crachent le « Rock and Roll » du Led Zep. De sa voix éraillée, Stanley entonne un « Detroit Rock City » d’anthologie. De nombreuses caméras filment la foule au sein de laquelle on remarque la présence de multiples drapeaux (mexicains, brésiliens, etc.), mais surtout montrent un auditoire éclectique et multigénérationnel. Sur les planches, on aperçoit les reproductions d’un énorme serpent enroulé autour d’un support, d’un hibou et d’une panthère prête à bondir, des animaux dont les yeux sont remplacés par les lasers jaunes. Le light show est d’ailleurs impressionnant. En ces temps de crises, la machinerie déployée ainsi que les effets lumineux doivent consommer l’énergie d’une petite ville. Stanley et Simmons s’adressent régulièrement au public. Et puis, il y a le spectacle ! Des feux d'artifice ! Des explosions ! Des lasers ! Des flammes ! Des confettis ! Un instant, Simmons crache du feu. Le second, il s’excite en sortant sa langue. Pendant un solo, du sang sort de sa bouche. A un autre moment, son estrade hexagonale sur laquelle il est planté, décolle vers le plafond, comme une fusée qui s’envole vers une autre planète, fumigène à l’arrière-train. Chaque musicien a droit à son solo. Dont le batteur dont la technique est à couper le souffle. Il s’essuie les mains et le visage, sans pour autant ôter le grimage, tout en continuant à frapper du pied les grosses caisses. Il aura également droit à son ascension, mais sans les flammes au-dessus de la tête.  

Parmi les moments forts du concert, on épinglera le skud incendiaire « War Machine », la bombe « I Love It Loud » chantée à tue-tête par un public ravi, le final époustouflant de de « Lick It Up » ainsi que la tonitruante cover du « Won't get Fooled Again » du Who.

La communion entre le public et Stanley est totale. Les musicos ne s’arrêtent pas une seconde. La mécanique est bien rôdée. Le mixing est irréprochable. Tout le public danse et chante en chœur.

Pour « Love Gun » et surtout le hit « I Was Made For Loving You », Stanley débarque sur une scène hexagonale (encore !), sise à 10 mètres de votre serviteur, en se servant d’une sorte de téléphérique. Et il retourne, comme il est venu, sur le podium principal, pour participer au titre final, « Black Diamond ».  

Le quatuor a le bon goût d’accorder un rappel de trois morceaux dont la superbe ballade « Beth », interprétée au piano par le drummer Singer. « Rock and Roll All Nite » clôture définitivement le show de quasi 170 minutes qui sont passées trop vite. Impressionnant pour une tournée d’adieu qui dure quand-même depuis 4 ans ! Celui qui n’a pas assisté ce genre de spectacle en forme de ‘best of’ a raté quelque chose. Celui qui y était sortira du Palais 12, des étoiles plein les yeux et s’en souviendra toute sa vie…

Setlist :  Intro - « Rock and Roll » (Led Zeppelin cover), « Detroit Rock City », « Shout It Out Loud », « Deuce », « War Machine », « Heaven's on Fire », « I Love It Loud » (Gene breathes fire), « Say Yeah », « Cold Gin », « Guitar Solo » (Tommy Thayer), « Lick It Up » (with « Won't Get Fooled Again » ), « Makin' Love », « Calling Dr. Love » (with extended jam by Paul and Tommy), « Psycho Circus », «  Drum Solo », « 100,000 Years » (Partial), « Bass Solo », « God of Thunder » (With spitting blood by Gene), « Love Gun » (Paul on stage B), « I Was Made for Lovin' You » (Paul on stage B), « Black Diamond ».

Rappel : « Beth » (Eric Singer on Piano), « Do You Love Me », « Rock and Roll All Nite », Outro - « God Gave Rock and Roll to You II ».

(Organisation : Greenhouse talent)

 

Mudhoney

Il y a tout un tas d'idiots qui croient à toutes sortes de bêtises…

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En 35 ans de carrière, Mudhoney a publié 13 albums ! Issu de Seattle, la ville de la pluie, le quartet est considéré comme un des pionniers du grunge, mais sous une forme plus proche du punk et du garage rock que du metal, tout en véhiculant des textes politiquement engagés à l’humour féroce. Plastic eternity », son dernier elpee, est paru en avril dernier. Marc Arm, cofondateur, chanteur et compositeur du groupe, qui est aussi le manager du dépôt de l’écurie Sub Pop, s’est plié à l’exercice de l’interview. Agé de 62 ans, il démontre que la musique du band n’a rien perdu de sa plasticité...

« Human Stock Capital », titre qui figure sur ton nouvel LP, me fait penser à un mélange entre le punk de The Damned et le metal de Motörhead...

C'est Dan Peters, le batteur, qui a enregistré cette démo au milieu des années 90, mais il ne nous l'avait jamais soumise auparavant. Au départ, il tentait de composer un morceau de punk rock comme on entendait dans le sud de la Californie, à la fin des seventies ; et on y décèle, en effet, des références à Motörhead et The Damned que tout le monde adore au même titre que les Stooges, au sein de Mudhoney.

Le texte de cette chanson est très critique à l’égard du système libéral, aux USA…

Alors que la covid faisait rage et que tout devait être fermé aux USA, des pressions ont été exercées afin que les abattoirs restent ouverts. La population devait quand même bouffer ! Aux États-Unis, le personnel de ces entreprises est en grande partie composé d'immigrants illégaux, que l'on peut dès lors obliger à effectuer des travaux dangereux pour un salaire ridicule. Et ces ouvriers clandestins bossaient dans un cadre favorable à la promiscuité, comme si c’était une chaîne de montage. A l'époque, l'un des conseillers économiques de Trump a voulu rassurer la population en déclarant à la télévision que le stock de capital humain était toujours opérationnel. Une manière incroyablement insensible et vraiment dégoûtante de parler d'êtres humains, comme s'il s'agissait de machines. Ce qui m'a inspiré les paroles de cette chanson.

Au sein de la scène de Seattle vous avez toujours été le seul band à véhiculer des thèmes politiques...

Oh, je n'en suis pas si sûr ! The Fartz était un groupe politiquement très engagé comme beaucoup de formations punk issues de Seattle…

Nous avons tous, les Nirvana, Alice in Chains, Soundgarden ou Pearl Jam fait nos dents sur la scène punk rock hardcore locale. Mais qui écoute le discours politique d'un gosse de 16 ans ? Certains de mes groupes préférés étaient très politiques, comme les Dead Kennedys et Really Red qui, dans ce domaine, était probablement le plus intelligent de la scène hardcore américaine.

Comme pionniers de la vague de Seattle et donc du grunge, n'avez-vous pas souffert d'un manque de reconnaissance au cours de votre carrière ? 

Non. C'est juste une question de chance, mais nous savions très bien que le genre musical dans lequel nous nous lancions n'était pas le plus commercial. Nous ne pensions pas tenir trois ans... encore moins 35 (rires) !

L'humour est important à vos yeux ?

Essentiel ! Nous pouvons peut-être parvenir à faire rire quelqu'un avec une de nos chansons... Et tant mieux si nous arrivons à le faire réfléchir en plus.

Mais nous n'avons pas pour objectif d'être un groupe de comiques. J'espère que le public trouve parfois nos chansons marrantes, mais je ne souhaite pas qu'il s'imagine que nous sommes seulement une bande de rigolos qui désespère de faire rire...

A Seattle, la municipalité a baptisé une ‘sewage boring machine’ de votre nom... vous n'êtes pourtant pas boring.

Tout dépend du type de musique que vous aimez (rires) !

La ville de Seattle tente de faire participer les citoyens à un projet d'infrastructure en les incitant à choisir, par exemple, un nom pour les différents véhicules de chantier qu'elle achète pour la collectivité. Ayant acquis une foreuse de tunnels d'égouts, les autorités ont organisé un concours pour lui attribuer un nom. Un fan du groupe a lancé une campagne pour inciter les gens à voter pour nous sur les réseaux sociaux... et voilà le résultat (rires) !

Sur « Here Comes Tte Flood », justement, vous parlez de vaches. Un clin d'œil adressé à votre album de référence « My brother The Co », paru en 95 ?

Non, plutôt aux personnes qui aux Etats-Unis, durant la pandémie, ont absorbé du vermifuge pour vache et cheval afin de combattre le virus. Des individus voulaient absolument éviter de se faire vacciner et ont testé des trucs stupides qui les ont vraiment rendus malades. Il y a tout un tas d'idiots qui croient à toutes sortes de bêtises. De cette foutue religion à Qanun, c'est pareil : du déchet (rires) !

Certains tentent désespérément de trouver une explication ou un sens, là où il n'y en a pas...

Quel est le lien entre la musique et la pluie à Seattle, rebaptisée ‘The Rain city’ ?

Je suppose que l'une des corrélations avec la pluie incessante, c'est qu'il faut imaginer des activités à accomplir à l'intérieur. Cependant, si vous grandissez en Californie, il est plus tentant de passer son temps à la plage plutôt que répéter. Vous n'allez tout de même pas vous enfermer dans un sous-sol avec des potes à retravailler sur un morceau alors que vous pourriez être dehors pour surfer, nager ou mieux encore, mater les filles en bikinis (rires) …

Mudhoney : « Plastic eternity », paru le 7 avril 2023

 

 

Arsenal

Bienvenue dans la jungle d’Arsenal !

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C’est le vingt-cinquième concert soldout d’Arsenal à l’Ancienne Belgique. Il y est un peu chez lui et s’y produit à quatre reprises, du 1er au 4 juin 2023. Chacune de ses prestations se transforme systématiquement en grande fête de la danse aux rythmes de son incroyable discographie. Les 2 frontmen, Hendrik Willemyns et John Roan, sont passés maîtres dans la confection de titres fédérateurs. Pour ces quatre sets, baptisés ‘Jungle Hotel’, le hall d’entrée a été transformé en jungle tant visuellement (reproduction d’arbres, lumières) que d’un point de vue sonore (les cris d’oiseaux, l’ambiance), un parcours tout au long duquel on s’y perdrait, presque…

‘Jungle Hotel’ raconte l’histoire d’un homme qui veut quitter sa femme, mais qui, par suite d’une tempête, échoue dans une chambre d’hôtel hantée par des fantômes. Dix ans plus tôt, ‘Dance ! Dance ! Dance !’ traitait déjà des spectres, un ciné-concert basé sur l’album « Furu ».

Le rideau rouge est tiré, fait rare à l’Ancienne Belgique. A 20h30 il s’ouvre et on découvre la scène divisée en trois pour autant d’estrades, mais disposées sur toute la longueur. Pas un seul végétal en vue, mais le sigle de ‘Jungle Hotel’ qui figure à côté d’une sorte de dindon stylisé, sur le côté gauche, deux éléments de couleur blanche. Le line up de base est inchangé, mais pour ces quatre shows, il a été renforcé par quelques invités. Dont Dada Ravalison (Suarez) qui se consacre aux percus et tout particulièrement les djembés ainsi que Edaoto & The Afrogenius Band, quatre percussionnistes africains qui avaient déjà assuré le supporting act d’Arsenal.

Le set s’ouvre par une nouvelle compo, la très percussive « A Volta ». John et Hendrik manifestent déjà leur enthousiasme. Et tout particulièrement ce dernier qui mêle judicieusement beats électro et world (africaine, brésilienne, etc.), combinaison hypnotique qui alimente généreusement les morceaux du band, depuis deux à trois ans. Felix Machtelinckx, le chanteur et frontman de Tin Fingers (NDR : il prêtre régulièrement sa plume à la formation) se réserve le micro pour deux titres, « Amelaka Motinga » et « Tigerwoods » et y participe pour « Animal » et « Heavy Heart ». Mais en général, ce sont Léonie et surtout John qui se chargent des leads vocaux. De plus en plus jolie, elle accompagne circonstanciellement Dada aux percus.

La foule est d'humeur à faire la fête, danse ou gigote et reprend en chœur les paroles –en portugais– de « Saudade », un titre jadis chanté par le regretté Mario Vitalino Dos Santos. De quoi se remémorer une époque dorée du band. Paulien Mathues, une des choristes, reprend le flambeau pour deux chansons et met en exergue sa voix puissante, soul, mais un peu sableuse. Tout d’abord « Heavy Heart » ; et puis telle une sirène, « Temul (Lie Low) », rôle qu’elle a brillamment repris à Lydmor.

Plus paisibles, « Sometimes » et « Whale » baignent au sein d’une ambiance feutrée.

Au fil de « Longee », la foule se met à danser. Faut dire que la chorégraphie langoureuse de Leonie l’y incite. Elle chante dans la langue de Luís de Camões, et pourtant l’auditoire reprend à nouveau les paroles en chœur. Elle nous prend à la gorge et enflamme le public tout au long d’« Amplify ». Il est chauffé à blanc et John en profite pour danser et bondir sur le podium pendant « Black Mountain », tout en savourant le moment présent. Le set s’achève par « Melvin ».

Arsenal a le bon goût d’accorder un long rappel. Pour « Afrodisia », l’un des percussionnistes du quatuor africain se réserve le micro et exécute de remarquables danses africaines. Il finit même par nous flanquer le tournis. Malheureusement, il ne parvient pas entraîner la fosse pendant « Bend In The River » et le long « How Come ? ». Mais ce sont les tubes dansants de la bande à Roan qui vont l’embraser, grâce à « Estupendo », « Lovesongs (Propaganda) » et « Lotuk ». Et le show de se terminer par « Stick and Groove », après deux heures de show. La formation est prête pour les festivals d’été…

Setlist : « A Volta », « Amelaka Motinga », « Tigerwoods », « Saudade, Pt. 1 », « Saudade, Pt. 2 », « Amplify », « Animal », « Heavy Heart », « Sometimes », « Whale », « Temul (Lie Low) », « Longee », « Black Mountain (Beautiful Love) », « Melvin ».

Rappel : « Afrodisia », « Bend in the River », « How Come ? », « Estupendo », « Lovesongs (Propaganda) », « Lotuk », « Stick and Groove ».

Pour les photos, c’est ici

(Organisation : Live Nation + Ancienne Belgique)

Clara Ysé

Douce (single)

Écrit par

Clara Ysé, c’est une énergie, un diamant brut qui se taille petit à petit devant nos oreilles émerveillées.

Nous l’avions découverte en 2019, lorsqu’elle a publié son titre « Le monde s’est dédoublé », dont le clip surréaliste, à découvrir ou redécouvrir ici, nous avait déjà marqués.

Son timbre de voix évoque Barbara et véhicule des textes aussi forts que poétiques.

Si sa musique agrège pop-rock, classique (à l’instar de sa magnifique version live à savourer )

) et sonorités Klezmer, ses compos sont interprétées tantôt en français, tantôt en espagnol.

Sa folie douce, sa détermination et son désir de liberté sans frontières reflètent une personnalité bien trempée.

Ses titres mélancoliques et envoûtants nous incitent à voyager dans des univers oniriques.

Baptisé « Douce », son nouveau titre est un hymne féministe qui rappelle « La Grenade » de Clara Luciani, mais en un peu plus sombre et dans un registre plus lyrique.

Elle clame que la puissance féminine, les forces, les désirs et l’animalité sommeillent en nous. On ressent ce combat entre force et fragilité, sa frustration, ce sang qui bout dans ses veines. C’est un cri de ce que les femmes peuvent encore ressentir face à une masculinité encore imbécile.

‘« Douce parle » de la puissance et de l’irrévérence du désir’ raconte Clara Ysé. ‘C’est une chanson sur les forces qui sommeillent en nous, la beauté des contradictions qui nous creusent, la douceur comme alliée, et la liberté. On dit souvent des femmes qu’elles sont des chiennes quand elles sont jugées trop désirantes. Et si cette animalité secrète était notre plus belle arme pour agrandir le monde ?’

Dans son clip, elle apparaît d’abord accroupie dans une grotte, telle une sorcière des temps modernes, puis au sein d’un endroit magistral, auprès d’un cheval blanc symbolisant ici la liberté et le combat de l'héroïne (NDR : la vidéo est disponible ici)

On a hâte de découvrir son premier album dont la sortie est prévue pour septembre 2023.

Méthode chanson

 

 

Elisabetta Spada

Je repars à zéro…

Écrit par

Née en Italie et révélée en Belgique, Elisabetta Spada a écrit son histoire entre Rome et Bruxelles. C’est sous son pseudo Kiss & Drive qu’elle a remporté le Concours Circuit, en 2010 (NDR : à lire ou relire, l’interview qu’elle avait accordée à Musiczine, quelques jours après cet événement, ici)

. La chanteuse s’est ensuite affirmée sur scène aux côtés d’artistes comme Lianne La Havas, Puggy, Ane Brun ou Sinéad O'Connor. Etablie en Belgique depuis 2005, elle a acquis un réel succès en 2013, année où elle a sorti un Ep 5 titres baptisé « My Mood Changes ». Après avoir pris du recul pendant quelques années, au cours desquelles l’artiste s’est remise en question, elle avance désormais à visage découvert, sous son propre nom. Une façon d'assumer ses intentions et d’emmener ses chansons, un concentré d’authenticité, au plus près de ses émotions. Son nouvel elpee sortira à l’automne 2023. En phase avec sa passion, totalement libérée, l’artiste italo-belge met le cap sur des morceaux qui lui ressemblent : des titres hautement personnels qui raviront les fans de Feist, Adrianne Lenker, Soko ou Florence + the Machine.

L’interview se déroule le 1er avril 2023 à l’issue d’un concert qu’elle a accordé en en compagnie du drummer Franck Baya et du producteur/guitariste Ruggero Catania, dans une brasserie sympa à l’enseigne ‘Café Winok’, sur le territoire de la commune d’Ixelles.

Qu’es-tu devenue depuis plus de 7 ans, après le succès de Kiss And Drive ?

En fait, des événements familiaux sont venus perturber mon existence : la mort de mon père et dans la foulée devoir vider une maison. Mais j’ai aussi dû beaucoup travailler sur mon sentiment de légitimité. Parce que j'avais eu beaucoup de succès, tout en venant d'une autre carrière. Je n'avais jamais étudié la musique. J'étais autodidacte. Donc, je ne me sentais pas en mesure de réaliser un disque. J’ai donc fait un blocage. Il a fallu du temps pour libérer ce processus, en suivant des cours de musique et en explorant des horizons différents, afin de retrouver une nouvelle forme de spontanéité. Dès le départ, j’ai eu trop de pression.

Tu avais quand même pas mal tourné, parfois dans des endroits insolites et assuré quelques premières parties pour Puggy, Liane De Havas, Sinead O’Connor, entre autres…

Oui, gagner le Concours Circuit, en 2010 m'a permis, non seulement de décrocher des concerts, mais aussi de susciter l’intérêt de managers, qui étaient alors dans la salle. Plusieurs d’entre eux m’ont proposé leurs services et encouragé à professionnaliser le projet. Nicolas Renard, le manager de Puggy, m’a permis d’assurer plusieurs supporting acts pour Puggy.

As-tu encore des nouvelles de Nico ?

On s’est entretenu pendant la pandémie. J’avais besoin d’être conseillé, car je recommençais ma carrière sous mon propre nom. Il m'avait indiqué que c’était une très bonne idée, car de l’eau avait coulé sous les ponts et il était plus judicieux de recommencer à zéro en optant pour une nouvelle identité, plus proche de moi, plutôt que de ressortir Kiss And Drive. Après quelques années de silence, outre la pandémie, trop de de temps était passé...

Tu prévois de sortir un album ?

Oui, il est prêt, mais je le fignole. Il est nécessaire de déterminer les moments opportuns pour partager les chansons, peu de temps avant de le sortir, sur Spotify, afin d’essayer de figurer dans les playlists. Le processus est quand même lent, mais on ne peut pas aller trop vite, non plus, pour certaines raisons. Et puis un vidéaste est venu filmer une session live au cours de laquelle ont participé les trois musiciens qui m’ont accompagné ce soir. Il faut bien tout mettre en place. On prévoit sa parution après l’été ; j'espère en septembre-octobre. Mais bon je suis impatiente de le voir sortir

« Sister », tu l'avais déjà jouée en ‘live’, dans le passé, il me semble ?

Oui, c'est une chanson qui possède 8 ans d’existence, si pas plus. Je l’avais effectivement déjà interprétée lors des derniers concerts de Kiss And Drive.

Quel est ton processus de création, d'écriture et de composition. Tu te réserves les textes, la musique ou les deux ?

Les deux ! Je réalise les maquettes à la batterie, que j’ai apprise à jouer auprès de Franck. Mais au départ, mon inspiration provient toujours d'une émotion, d'une idée, d'un truc qui vient de l'intérieur. Je ne fais jamais, par exemple, les mélodies sans disposer des paroles. C'est très difficile pour moi parce que je les oublie, tout simplement. Tu vois, je chante ‘la, la, la, la, la’ et deux minutes plus tard, je répète ‘la, la, la, la, la’ et je sais plus ce que j'ai raconté, tandis que si je glisse des mots après la mélodie, ils restent gravés dans ma mémoire, parce qu’ils conservent tout leur sens. Je suis incapable d’écrire une chanson qui ne transmet pas un message ou qui n’a pas de signification. Bien sûr, je peux me m’appuyer sur trois mots qui ont du sens et bosser pendant des semaines sur le reste du morceau. Pour ce disque, on a travaillé à partir de mes compos en guitare/voix en compagnie de Franck et Ruggero que tu as vus, mais également le contrebassiste Nicolas Lancheroti et la violoniste/harpiste Margaret Hermant. Nous sommes partis quatre jours à la campagne pour répéter les morceaux et les soumettre à l’impro. Il n’y a pas à dire, ces musiciens sont doués. Puis on a réécouté, débroussaillé l’ensemble. Et enfin, Ruggero, Franck et moi sommes passés à la production du disque. Nous avons opéré des choix et parfois recommencé certaines prises. Je voulais aussi aborder cette tâche de cette manière afin d’apprendre à gérer, interagir et évoluer dans ce domaine. Cette expérience m’a été très formatrice. Ce qui change d’aller proposer mes maquettes à un producteur qui travaille seul chez lui et va me restituer un produit fini auquel je ne pourrai plus rien changer. J’ai eu la liberté de réaliser ce qui m’inspirait et me plaisait ; aussi, aujourd’hui mes musiciens me prennent au sérieux, parce qu’ils ont eu le loisir d’intervenir, tout en me laissant toujours la possibilité d'ajouter ma patte.

Franck a quand même du vécu !

Effectivement ! Et beaucoup de sensibilité. Je le connais depuis longtemps. Il a écrit pour Sarah Carlier et joué pour des tas d’artistes, dont Chloé Du Trèfle et FùGù Mango...

Apparemment, tu utilises toujours ta ‘loop machine’ ? Enfin, tu t’en es servi notamment lors du soundcheck…

Oui mais je l’utilise beaucoup moins. Avant elle servait aussi pour la voix. Mais elle est très lourde à transporter. Lorsque je me suis entouré de musiciens, c'était pour me permettre d’élargir mon champ d’action. Lors du concert de ce soir, à la suite d’un problème technique, Ruggero n’a pas pu chanter. Son pied de micro a servi à une autre fonction. Mes deux collaborateurs assurent dorénavant les chœurs que je créais auparavant à l’aide de ma loop machine. J’ai alors construit des boucles de guitares pour pousser les arrangements un peu plus loin, vu que nous sommes trois sur scène. En fait, je l’utilise en ‘live’ pour ces effets. En revanche, je ne peux pas faire de la beatbox avec la loop. Il n’y a que la guitare que je loope.

Que devient Raphaël qui participait au projet Kiss And drive ? As-tu encore de ses nouvelles ?

Pas vraiment. Je sais qu’il a deux enfants et j'espère tout se passe bien pour lui. Il y a un certain temps qu’on ne s’est plus vus, car il habite Jette. Et tu sais, Ixelles et Jette, c'est le jour et la nuit. Non je rigole. Dans le passé nous avons partagé pas mal de bons moments ensemble. Mais comme on n’a plus de projet en commun, on s’est perdus de vue ; mais je pense toujours à lui. Il reste de beaux souvenirs et beaucoup de tendresse. Et parfois dans mes rêves nocturnes, je rêve de lui : ‘Raphi, Raphi’...

Perso, j’avais eu l’occasion de le voir en concert au sein de son groupe à ‘La porte Noire’, pas loin de l’Ancienne Belgique et dans un café près de la Bourse avant qu’il ne collabore avec toi.

Ta musique semble être passée du folk à une pop plus intuitive…

Oui elle me plaît. J'espère en tout cas qu’elle est un peu moins légère. Ou si tu préfères, plus puissante. Car je peux m’appuyer sur mes deux musiciens. Mais je pense que dans un an elle sera encore différente. Dans le set, il y aura peut-être de novelles compos. Grâce à la batterie, tu peux pousser ta voix plus librement.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Ma vie émotionnelle. J'ai beaucoup écouté Camille, Feist, Anne Brun et une compatriote italienne qui s'appelle Élisa. Sa voix est très douce et authentique. Mais j’apprécie également Jeanne Added et Christine & The Queens. Et une toute jeune artiste… qui s’appelle encore comment ? Ah oui, Aloïse Sauvage. Elles ont vraiment toutes une touche très personnelle, unique. Elles sortent leurs tripes et dévoilent leur vulnérabilité. Et j'aime beaucoup cette attitude. Elle me touche beaucoup. J'adore également Adrianne Lenker, la chanteuse, compositrice et guitariste groupe américain Big Thief. Sa voix libère énormément d’émotion et en ‘live’, elle te communique des frissons.

Quel elpees écoutes-tu en particulier, pour l’instant ?  

Je n’écoute pas vraiment d’albums ! Je me crée des playlists, comme un peu tout le monde. J'aime beaucoup aussi écouter de la musique classique ou contemporaine. Mais également une formation qui s’appelle The Colorist Orchestra. Je vais souvent la voir en concert. Et j’avais assisté à son concert quand le groupe s’est produit compagnie d’Emiliana Torrini…

As-tu des concerts ou des festivals à ton agenda ?

Non, rien de prévu. Comme je ne travaille plus avec Nicolas Renard, qui est devenu le manager de Angèle et de Clara Luciani, les perspectives de concerts se sont réduites. Après avoir gagné le Concours Circuit, il m’avait permis de me produire un peu partout. Il faisait un peut tout. Il était même devenu mon attaché de presse. Et comme La Belgique est un petit pays, dès que tu connais les médias, tu n’as plus besoin de 1 000 intermédiaires. Aujourd’hui, je repars à zéro. Et construire une équipe prend du temps. Et je ne l’ai pas encore créée. J’espère que quelqu’un lira cet article dira ‘Moi, moi !’ Merci pour l’interview.

Nile On waX

Un voyage interstellaire et tellurique

Ce soir, l'AB Club accueille des artistes qui possèdent plusieurs cordes à leur arc ! Et pour cause, le violon est omniprésent, grâce à Catherine Graindorge et son groupe Nile On waX mais aussi, Rodolphe Coster, programmé en première partie, qui propose de nombreux arrangements de cordes.

Figure connue de l'underground bruxellois, Rodolphe Coster a sorti, il y a quelques mois, un premier elpee solo qui a fait grand bruit. Gravé par Capitane Records, "High With The People" a été enregistré à New-York dans un studio légendaire et on y retrouve une palette internationale de musiciens exceptionnels. La musique est inclassable. Naviguant quelque part entre no-wave, post-punk, shoegaze, noise, post-rock et avant-garde, elle évoque autant Tuxedomoon, John Maus et Molly Nilsson que Radiohead, Nine Inch Nails et les Pixies. Excusez du peu ! Ce soir, Rodolphe est seul sur scène, pour un set semi-acoustique au cours duquel il revisite les chansons de son album. Certains titres, comme le single “Seagulls Fly on Highways”, sont interprétés de manière dépouillée, à la guitare sèche mais sur d'autres compos, on découvre des arrangements de cordes préenregistrés véritablement époustouflants. Rodolphe le précise : ils ont été élaborés par Atsuko Hatano, l'artiste japonaise qui avait précisément contribué à la confection de l'opus. Mentions particulières également aux superbes “Dolls Her Maps” et “Burglar Blames Shadows”. C'est apparemment en voyant HTRK en concert que Rodolphe a décidé de concevoir cette formule intimiste et minimaliste. Visiblement ému, l'artiste révèle, ce soir, cette fragilité et cette sensibilité à fleur de peau qui le rendent si attachant. Une invitation à acheter son LP et à aller le découvrir en compagnie de son groupe au grand complet le plus vite possible !

Après quelques minutes de pause, c'est au tour de Nile On waX de grimper sur le podium. Le trio implique la violoniste Catherine Graindorge, le bassiste David Christophe et le batteur Elie Rabinovitch. Pour rappel, Catherine jouit d'une réputation internationale, comme en témoignent ses collaborations avec Iggy Pop, John Parish, Nick Cave, Hugo Race et bien d'autres. Après trois albums, des compositions pour la danse et le cinéma, le trio vient présenter un tout nouvel LP, “After Heaven”, paru sur le label allemand Tonzonen Records.

Dès les premières notes d'”Eternity”, on reconnaît le style musical unique de la formation, qui oscille entre post-rock, 'ambient', jazz-rock, psyché et musique de film. Le violon de Catherine Graindorge tisse des volutes sonores, tantôt chatoyantes, tantôt stridentes, pour créer un univers cinématographique totalement hypnotique. Par moments on pense aux productions du label ECM, ou à la musique du film ‘La Dernière Tentation du Christ’ de Peter Gabriel. Dans “More Icon”, un hommage au compositeur italien, l’expression sonore répercute un écho lointain aux envolées d'un Max Richter ou aux harmonies écorchées d'un Warren Ellis.

Si on connaissait toute l'étendue du talent de la violoniste belge, on est tout aussi impressionné par la maestria affichée par les deux autres musiciens. David Christophe utilise sa basse de façon très versatile, lui conférant tour à tour des sonorités d'un synthé, d'une guitare électrique, voire d'un instrument à cordes. Quant à Elie, le compagnon de Catherine, c'est un batteur d'une finesse et d'une justesse remarquables. Il émane de lui une impression de puissance, d'élégance et de sérénité.

Après “Improbable”, un single… improbable, comme l'annonce avec humour David Christophe, le groupe s'autorise un détour par son 3ème album, “Bell Dogs”, pour offrir “Rhapsody” et “Pixelated Dream”. Après des applaudissements nourris du public, nous aurons droit, en rappel, à un magnifique extrait de la bande originale du film “L'Œil Silencieux”, du réalisateur belge Karim Ouelhaj, qui a été composée par le trio.

Le plaisir aura été trop court. Pendant quelques instants, nous avons vécu un voyage interstellaire et tellurique, suspendus hors du temps, la tête dans les étoiles et le corps enraciné dans la terre-mère, au sein d’un espace onirique vibrant et d'une déchirante beauté...

Setlist:
ETERNITY (Intro)
IN HEAVEN
MORE ICON
AUGUST 4
ASCENSION
HUIT (Part 2)
IMPROBABLE
SLOWDOWN
RHAPSODY
PIXELLATED DREAMS 
BELL DOGS
Rappel:
L’ŒIL SILENCIEUX

Pour en savoir davantage sur Catherine Graindorge et Nile On waX, cliquez sur son nom dans le cadre réservé aux informations supplémentaires, ci-dessous. Vous pourrez même écouter et acheter leurs albums et Eps via leur Bandcamp

Pour lire l'interview de Catherine Graindorge, c'est ici  

Crédit Photo : Axel Tihon - Branchés-Culture (Branchesculture.com)

Unter Schwarzer Flagge 2023 : samedi 20 mai

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A Cologne, l’Amphi festival connaîtra sa 17ème édition ces 29 et 30 juillet 2023. Mais en marge, l’orga teutonne affrète le navire MS Rheinergie à 2 reprises, ce samedi 20 mai et le 14 octobre lors d’un mini-festival, sous forme de croisière sur le Rhin. Compte-rendu de cette expérience plutôt originale, qui s’est déroulée une après-midi ensoleillée de mai.

Et il s’agissait d’arriver à l’heure, car les retardataires ne pouvaient plus embarquer à un autre endroit. A 12h pile (NDLR : ah, cette rigueur allemande), le navire quitte en effet les rives du Rhin, à hauteur du Landebrücke 1 de Cologne. La foule (c’est quasi sold out, alors que l’édition d’octobre l’est déjà) s’agglutine sur le desk du 3ème étage, afin de profiter d’une vue panoramique lors de cette croisière qui nous mènera jusque Königswinter, au sud, avant d’opérer un demi-tour.

A peine le temps de déguster une Kölsch que Wisborg brûle les planches de la proue. Il faut dire que le trio se produit fréquemment à Cologne, comme en juillet 2022, lors du précédent Amphi ou en février dernier au club Volta. Il a accru sa popularité en assurant la première partie de Lords of the Lost, lui-même propulsé vers le haut des affiches (comme au prochain Amphi de juillet ou à la prochaine croisière d’octobre) depuis sa participation à l’Eurovision, il y a quelques semaines ; et ce malgré sa place finale de bon dernier (NDR : n’est pas Lordi qui veut).

Mais revenons-en à Wisborg, donc. Se distinguant par un batteur aux allures de Viking, planté en arrière-plan, et un duo constitué d’un guitariste/chanteur et d’un guitariste/claviériste aux looks proches de Brian Moko, mais en plus jeunes et plus chevelus, sa musique oscille entre Gothic-rock (plutôt agréable) et malheureusement un métal destiné également à… l’Eurovision. Quand le band ne se complaît pas dans des mélodies plus paisibles, sur les thèmes de l’amour et la morosité, qui donnent envie de larguer les amarres. L’enthousiasme manifesté par son public déjà conquis, le cadre de la scène, le son et le light show plutôt de bonne facture, et la présence de balcons où il fait bon flâner, incitent votre serviteur à assister à l’intégralité du show. Un set, qui dans ses meilleurs moments, lorgne vers Fields of The Nephilim voire Nosferatu.

L’efficacité allemande est de nouveau au rendez-vous, puisque le laps de temps d’attente entre deux formations est plutôt bref (une bonne demi-heure). Les musicos de Die Krupps déboulent sur les planches tels des pirates s’emparant de notre navire. Il faut dire que le band allemand compte plus de 40 ans d’existence et reste une référence en matière de métal indus. Et ce sont les deux des membres fondateurs, toujours au poste, qui vont donner le tempo. Aux claviers tout d’abord, Ralf Dörper (NDR : connu pour avoir également fondé Propaganda) démarre en trombe en imprimant un rythme effréné à « Ein Blick zurück im Zorn » (NDR : qui ouvre aussi l’excellent elpee, « The machinist of joy », sorti il y a tout juste 10 ans). L’autre membre originel, le chanteur Jürgen Engler, malgré ses 62 balais, continue à bondir sur scène tout en fixant le public dans les yeux. A la guitare, Nils Finkeisen balance ses riffs. Mais l’absence de son acolyte et aîné Marcel Zürcher comme ‘lead guitarist’ est palpable (NDR : il avait déjà déclaré forfait, en août dernier, lors du concert programmé au Casino de Sint-Niklaas pour cause de Covid). Qu’importe finalement, puisque les tubes s’enchainent : « The dawing of doom» (NDR : qui rappelle que Rammstein s’est bien inspiré de ses prédécesseurs), « Schmutzfabrik ». Et en parlant de tubes ou d’industriel, au centre du podium, cette structure de percussions forgée de cylindres métalliques qui semblent tout droit sortis d’une usine désaffectée après avoir été recyclés, est toujours bien présente. Jurgen vient régulièrement les cogner. Comme sur « Der Amboss » et « The Machinist of joy ». Autre temps fort, « Robosapien », repris en chœur par la foule ou le single « To the hilt » (NDR : rappelant son clip vidéo qui avait relancé la carrière du groupe début des 90’s). Une communion de plus d’1h30 entre un public et une formation qui malgré plus de 40 ans de parcours, semble continuer à prendre du plaisir en ‘live’ …

Vers 19h, un souci familial pousse votre serviteur à quitter le navire (au propre comme au figuré), à hauteur de Königswinter. Il ne lui sera donc pas possible d’assister aux prestations de Schattemann ni d’Eisbrecher pourtant très attendues. Mais une session de rattrapage sera toujours possible car ils figurent régulièrement comme têtes d’affiche lors des éditions de l’Amphi…

Wisborg + Die Krupps + Schattenman + Eisbrecher

(Organisation : Amphi festival, Cologne)

 

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