Mustii avant que la fête ne soit finie…

L'auteur, compositeur et acteur Thomas Mustin aka Mustii représentera la Belgique au Concours Eurovision de la chanson avec son nouveau titre « Before The Party's Over », un hymne à la vie, à la fois fragile et puissant. Le titre –comme la vie elle-même– est…

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TORRES perdue dans une salle immense…

TORRES (le nom de scène de l'artiste new-yorkaise Mackenzie Scott) publiera son nouvel elpee, « What an enormous room », ce le 26 janvier 2024. La chanteuse américaine propose également son premier single/vidéo, « Collect ». Parallèlement à cette annonce,…

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dimanche, 25 mars 2018 03:00

Un Wilson peut en cacher un autre...

Quelques semaines après Steven, c'est un autre Wilson, Jonathan, qui se produit à l'Ancienne Belgique. Bien qu'il n'y ait pas de lien de parenté entre les deux musicos, force est de constater qu'ils partagent un intérêt pour la musique des 70’s, et Pink Floyd en particulier. Jonathan a même collaboré aux sessions d’enregistrement du dernier opus de Roger Waters et intégré le 'live band' de ce dernier.

Dès qu'il prend possession des planches de l'AB Club, Jonathan Wilson impressionne par sa stature (il est très grand) et sa dégaine nonchalante, très 'cool'. Jean bleu, t-shirt dépareillé, gilet mauve, longs cheveux et barbe christique lui confèrent un look très 'hippie’, mais pour ce XXIe siècle. Agé de 43 ans, le Californien appartient à cette vague de musiciens néo-psychédéliques 'rétro-futuristes' qui réinventent les musiques 'vintage' en les adaptant à des paramètres plus modernes.

Dès les premières compos, le son oscille entre country/folk, psychédélisme, kraut et prog. C'est un groupe complet qui accompagne Wilson, impliquant batteur, bassiste, guitariste et claviériste. Ce dernier trône derrière un assortiment bien achalandé en synthés légendaires, tels que Mellotron, Crumar et DX7.

La setlist est, essentiellement, puisée au sein du dernier elpee de JW, « Rare Birds » et témoigne de toute l'étendue de son inspiration. On pense bien entendu à Roger Waters, surtout sur « 49 Hairflips », mais également à Bruce Hornsby. Pendant « Over The Midnight », le rythme quasi-robotique de la batterie semi-électronique et les harmonies rappellent le célèbre « That's just the way it is ». Autre référence évidente : War on Drugs. On retrouve ça et là les mêmes rythmes répétitifs et l'inspiration très ‘springsteenienne’, tant du chant que des paroles.

Il ne faut pas oublier que le résident de Laurel Canyon est aussi un excellent guitariste. D’ailleurs, il ne va pas se priver d’extraire de sa vielle Strato des soli à faire baver David Gilmour en personne, comme sur « Dear Friend », par exemple. Lana Del Rey avait posé sa jolie voix sur la version studio de « Living with Myself ». De quoi regretter son absence, sur celle, proposée ce soir, en ‘live’. Au rayon 'gossip', une histoire d'amour serait née entre les deux bellâtres ; mais cet épisode ne nous regarde pas, n'est-ce pas Thierry ?

Revenons au concert, au cours duquel « Desert Raven » déclenche une vague de cris chez un public hypnotisé par la jolie sarabande de tierces interprétée par Wilson et son gratteur. La prestation s’achève en force par l'épique « Valley of the Silver Moon », caractérisé par une dernière et très jolie chevauchée sur la six cordes.

Malheureusement, l'artiste n'accordera pas de rappel alors que deux titres étaient prévus sur la setlist. En cause, la sacro-sainte règle du couvre-feu à 22h30 imposée par l'AB et, indirectement, par les horaires de la SNCB (NDLR : Il suffirait que cette dernière propose une offre suffisante, avant minuit, afin que les provinciaux puissent rentrer chez eux, après le concert). Dommage...

En première partie, Gambles en a étonné plus d'un. Seul à la guitare acoustique, le New-yorkais a improvisé quasi tous ses morceaux 'on the fly', se promenant dans le public et parlant de la tournée, de New York ainsi que des gens qu'il rencontre : assez fun! 

Setlist J. Wilson :

Trafalgar Square
Me
Over the Midnight
Miriam Montague
Dear Friend
There's A Light
Sunset Blvd
Desert Raven
Living with Myself
Loving You
Rare Birds
49 Hairflips
Valley of the Silver Moon

(Organisation : AB)

« Tristesse Contemporaine » : quel merveilleux nom pour un groupe ! Inspiré d'un libre d'Hippolyte Fierens Gevaert intitulé : « La tristesse contemporaine: essai sur les grands courants moraux et intellectuels du XIXe siècle », le nom est délicieusement 'dark', comme l'est d'ailleurs la musique de ce trio à nul autre comparable. Basé à Paris mais résolument cosmopolite, il est composé de Narumi, Japonaise d'origine, Leo, Suédois et Maik, Jamaïquain et ancien résident londonien.
 
L’essence de ce qui fait Tristesse Contemporaine: “deux accords/un minimum d’instruments et un maximum de réverb”. Soit une certaine idée du 'less is more' appliquée à une musique à cheval entre le postpunk, la tech-house et l'indie-rock. Après un premier album en forme de déclaration d’indépendance (“Tristesse Contemporaine”) et un second en lévitation au dessus de la meute (“Stay Golden”), “Stop and Start”, sorti en janvier 2017, est venu clore une trilogie tout en anticipant un nouveau cycle.
 
Six ans après leur dernière visite, Tristesse Contemporaine fouleront les planches de l'Atelier 210 à Bruxelles le 6 avril prochain au cours d'une soirée concert mise sur pied par Goûte Mes Disques et Les Actionnaires. Egalement à l'affiche ce soir-là : Vox Low, la dernière signature du très influent label français Born Bad Records et Radar Men from the Moon, un trio hollandais présenté comme un mix entre CAN, White Hills et The Soft Moon. Voilà qui fait saliver....
 
Tristesse Contemporaine : site  / Soundcloud
Pour écouter « I Didn't Know » : c'est ici.
Vox Low : Bandcamp
RMFTM : Bandcamp
Tickets: voir ici.
Bert Libeert est le batteur du groupe belge bien connu Goose mais est également un compositeur et un producteur accomplis. Avec son projet “B”, il présente aujourd'hui son deuxième EP, qui s'intitule “Black Atlas”.
 
Dans “B”, Bert Libeert est armé de deux synthés et de deux boîtes à rythmes. Il y mélange la brutalité et la spontanéité de la musique live aux sonorité 'clubbing'. C'est un croisement entre l'EBM de Front 242 ou Nitzer Ebb et la fine fleur de la techno 'Old School'.
 
"Black Atlas", s'inspire de l'énergie plus sombre de la vie, positive et négative. Outre les beats sombres et les lignes de basse glaciales, on y entend des samples d'orages météorologiques enregistrés sur le terrain et des orgues d'église: dépaysement garanti!
 
Un des titres de “Black Atlas”, “Dark Waltz” a été dévoilé en avant-première dans l'émission WAVES de Radio Vibration. Pour l'écouter, c'est à 34 minutes, ici.

Pour pré-commander l'EP, c'est ici.

Originaire des Ardennes belges, Mélanie Isaac a posé piano et guitare à Bruxelles il y a dix ans. Elle évolue alors au sein de différentes formations où elle écrit, compose et interprète, et remporte, en 2012, la Biennale de la Chanson Française (Le parcours Francofaune de l’époque) au Cirque Royal.
 
Aujourd’hui, elle annonce un nouvel EP, « L’Inachevée », enregistré entre Manchester et Gand, avec l’aide de James Doviak (Johnny Marr, The Smiths), Reinhard Vanbergen (Das Pop, The Van Jets) et Franck Baya (Françoiz Breut, Saule).
 
En préambule, la chanteuse dévoile un tout premier titre extrait de l'EP, « Comme des loups », illustré par un superbe clip réalisé avec François Pirot. De ce nouveau titre, il se dégage un charme sombre, à la fois moderne et désuet. La voix voluptueuse et le physique androgyne de la chanteuse sont comme une invitation à un rêve sensuel. On oscille avec plaisir entre Radiohead, Fishbach, Rover, Véronique Sanson, Barbara et Dominique A. Le son est ample et clair ; il évoque un univers rétro-futuriste, moderne et en même temps délicieusement 'vintage'. De quoi faire saliver les loups affamés que nous sommes, impatients de découvrir les autres chansons du nouvel EP...
 
Pour regarder la vidéo de « Comme Des Loups », c'est ici.
 
Mélanie Isaac sur Facebook et sur Bandcamp.
Trente-sept ans après la mort de Ian Curtis, Joy Division continue de fasciner. Le groupe légendaire de Manchester, créateur d'un postpunk sombre et hypnotique, a à ce point marqué les esprits qu'aujourd'hui encore, nombre de musiciens revendiquent l'héritage de la formation mancunienne.
 
Depuis quelques années, on peut même parler d'un 'revival' des styles musicaux apparus entre 1977 et 1985. Cette nouvelle 'nouvelle vague' est souvent désignée sous le vocable générique de 'wave' et recouvre des projets aussi divers que The Soft Moon, The KVB, Protomartyr, Savages, Idles, Iceage,.. Sans oublier les DJ qui, tels Dave Clarke, The Hacker ou même Amelie Lens, vont rechercher de l'inspiration dans l'EBM d'un Front 242 ou les sons industriels d'un Cabaret Voltaire.
 
Au coeur de cette vague 'wave', l'héritage de Joy Division occupe une place centrale. C'est la raison pour laquelle Pedro Peñas Y Robles a décidé de donner la parole aux fans de la « division de la joie ». Le livre s'intitule « Joy Division : Paroles de Fans » et est publié dans la série « Paroles de Fans » de l'éditeur français Camion Blanc.
 
L'ouvrage rassemble cinquante témoignages de musiciens, DJ et photographes bien connus (The Hacker, Philippe Carly, Samy Birnbach, Christophe Demarthe, Mark Reeder, Yves Royer, Nicolas Ker, Richard 23, Dirk Da Davo, Marc Collin, Usher, Simi Nah, etc.) mais également de fans anonymes.
 
A noter que l'auteur, Pedro Peñas Y Robles, est bien connu sur la scène 'wave', comme étant le patron du label Unknown Pleasures Records (tiens, c'est justement le titre du premier album de Joy Division). Le livre paraîtra le 25 mars chez Camion Blanc. La chronique sera publiée sur votre site favori quelques jours avant le 'release'. 
Pour fêter les 25 ans des Nuits Botanique, l'institution culturelle bruxelloise s'est offert un 'walk of fame', une série de 50 étoiles plaquées sur le sol des serres, qui représentent 50 artistes ou groupes ayant foulé les planches du centre culturel avant de devenir de véritables stars. Parmi eux (ou elles), Muse, Oasis, Front 242, Arno, Pavement, Placebo, Toots Thielemans, etc... Il s'agit d'une 'installation' éphémère avant que les serres ne subissent une rénovation plus que bienvenue vers la fin de l'année.
 
En 2018, le Botanique renouvellera également son management, vu qu'Annie Valentini, bientôt partie pour une retraite bien méritée, cédera son siège à la direction générale. Et son successeur sera, sans surprise aucune, Paul-Henri Wauters, son 'partner in crime' tant à la ville qu'à la 'scène'....
 
Au chapitre programmation, le Bota présente une édition des Nuits placée sous le signe de l'ouverture. Plus de cinquante concerts, dont 11 sont déjà sold-out, seront accordés dans les 5 salles du site. Malheureusement, pour les raisons que l'on connaît, le Cirque Royal n'en fait plus partie cette année. La tête d'affiche, Charlotte Gainsbourg, devra donc se contenter d'un chapiteau agrandi mais peu adapté à sa personnalité fragile et à sa musique intimiste. A vérifier...
 
Fidèle à sa mission et à son identité, le Botanique proposera surtout cinq spectacles et créations uniques : une collaboration entre BRNS et Ropoporose, un 'live band' autour de Haring (avec Monolithe Noir et Flipo, le claviériste de Glass Museum), ainsi que 3 expériences impliquant « Musiques Nouvelles ». Emmené par Jean-Paul Dessy, l'ensemble classique montois s'associera, respectivement, avec le rappeur Pitcho, Jean-Luc Fafchamps et Rodolphe Coster. Ce dernier, véritable électro(n) libre de la scène alternative bruxelloise, sera accompagné par Maya Postepski, alias Princess Century (ex-Austra) à la batterie, Method et les Mybalés à la danse. Une collaboration unique prévue dans la Rotonde le 6 mai. A ne pas rater !
 
En plus des concerts déjà annoncés, le Botanique a dévoilé la dernière partie de la programmation des Nuits avec, entre autres, un concert acoustique de Julien Doré en clôture à Bozar, le 6 mai.
 
L'ouverture dans la programmation se traduit par une présence accrue de groupes et d'artistes hi-hop et rap, une évolution confirmée par la prestation d'Eddy de Pretto dans la foulée de la conférence de presse annuelle. Au sein de l'Orangerie, le jeune rappeur français a prouvé qu'il est en quelque sorte le petit frère de Stromae. A (re)voir le 5 mai !
 
Pour consulter le programme des Nuits et pour réserver ses tickets, c'est ici.
mardi, 13 février 2018 02:00

Un trio hors du commun !

Quand l'attachée de presse du Botanique vous confie : ‘Va voir White Wine, c'est un truc pour toi’, il faut y aller les yeux fermés. C'est ce qu'on a fait et franchement, on n'a pas été déçus !

En une heure et demie de concert, le trio basé à Leipzig a balayé un spectre de styles musicaux particulièrement large : du post punk à l'industriel en passant par la no-wave, pour accoucher d'une dark pop expérimentale aussi bizarroïde qu'attachante. Drivée par le chanteur/guitariste américain Joe Haege, cette formation implique également le drummer Christian ‘Kirmes’ Kuhr ainsi que Fritz Brückner, aux claviers, à la basse et au basson. Ces deux derniers sont de nationalité allemande.

Au fil du set, on pense, tour à tour, à Devo, PiL, The Fall, Talking Heads et, parfois, à Muse ou Franz Ferdinand. Joe Haege ressemble d'ailleurs un peu à Alex Kapranos. Une des particularités du groupe vient de la présence d’un basson, un instrument de la famille des bois, très imposant. Joué par Fritz Brückner, il apporte une couleur expérimentale unique à plusieurs titres de White Wine. Mais c'est surtout Joe Haege qui focalise tous les regards. Au tout début du concert, il apparaît, assis contre le mur, en plein milieu de la salle, avant de rejoindre le podium. Une entrée en matière plutôt singulière ! Au cours du show, il quitte à nouveau l'estrade pour se mêler au public en feignant de trébucher. Pendant « Falling from The Same Place », il prend place au milieu de la fosse dans une zone balisée par deux guirlandes lumineuses. Sans oublier le moment au cours duquel il passe la tête à travers le trou d’une affiche en pop-up (voir photo). Son engagement est total et il en vient même à concéder, entre deux chansons, que cette dépense d'énergie est addictive pour lui. 

La setlist est bien entendu articulée autour du second et tout dernier opus de White Wine (NDR : autrefois il portait le patronyme de Vin Blanc/White Wine) : « Killer Brillance », paru l'an dernier sur le label Altin Village & Mine Records. Au passage, Joe Haege n'oubliera pas de remercier ses amis de BRNS, qui, en 2017, ont invité le trio à se produire lors d'un 'home concert' à Bruxelles et au Reflektor de Liège.

Au moment d'évaluer ce concert, force est d'épingler une inventivité et une originalité peu courantes tant au niveau musical que dans la recherche scénographique! Ce qui incite à approfondir la discographie de ce trio décidément hors du commun !

(Organisation : Botanique)

 

Wolfgang Flür est un des membres légendaires de Kraftwerk, groupe allemand considéré comme pionnier et créateur de la musique électronique. Flür a été le batteur de la formation emblématique, de 1973 à 1987, soit pendant l'âge d'or des génies teutons.

Avant d'entamer l'interview, une petite piqûre de rappel s'impose. Florian Schneider et Ralf Hütter fondent Kraftwerk (traduction : centrale électrique) en 1969, à Düsseldorf. Entre '71 et '73, ils gravent « Kraftwerk », « Kraftwerk 2 » et « Ralf und Florian », des elpees qui proposent une musique avant-gardiste, une forme de krautrock classique, organique, alimentée par des batteries, guitares, etc. Ces long playings rencontrent un succès plutôt mitigé. Militant à cette époque au sein du line up, Michael Rother et Klaus Dinger abandonnent le navire et partent créer Neu !, une autre formation importante dans la genèse de la musique wave, mais face punk et post-punk.

En 1973, poussé par leur producteur, Konrad ‘Conny’ Plank, Kraftwerk se concentre sur la musique électronique basée sur les synthétiseurs et enregistre « Autobahn », le premier morceau 100% electro-pop de l'histoire musicale contemporaine. Le single devient un énorme hit aux Etats-Unis et le duo recrute un batteur/percussionniste, Wolfgang Flür. C'est lui qui développe le premier drum-pad électronique, une invention 100% originale. Le trio part ensuite en tournée, aux States.

Grâce à l'argent d'« Autobahn », Kraftwerk monte ensuite son propre studio, le Kling Klang, laisse tomber Conny Plank et enregistre « Radio-activity », un LP et un 45trs qui font un véritable tabac. Ils permettent au groupe d’acquérir une notoriété certaine à travers toute l'Europe, consacrant ainsi le style dark electro-pop qui sera la source de la new wave popularisée par Depeche Mode, Ultravox, Human League, Gary Numan et plus tard également de la house et de la techno.

Le groupe recrute ensuite un 4ème musicien, Karl Bartos, et publie « Trans-Europa Express » en 1977 et « The Man-Machine » en 1978. En 1981, la nouvelle étape passe par « Computerworld ». Issu de cet opus, le simple « Computer Love » entrera dans l'histoire pour deux raisons : d'abord parce que le riff au synthé a été réutilisé par Coldplay dans son hit « Talk ». Ensuite, car la face 'B', « The Model », se transforme en tube, dès 1982. Cinq ans plus tard, lassé par le despotisme de Hütter et Schneider, Flür quitte le groupe après les sessions de l'album « Electro-City ».

L’album suivant, « The Mix », paru en 1991, compile les hits du band remixés dans le style electro-dance de l'époque. Il faut attendre 2003 pour que Kraftwerk sorte un nouvel LP, « Tour de France Soundtracks », une œuvre qui trahit la nouvelle grande passion de Hütter et de Schneider : le cyclisme. Aujourd'hui, Kraftwerk ne compte plus qu'un membre original, Ralph Hütter, et se concentre surtout sur les concerts ainsi que les performances visuelles et artistiques.

Quant à Wolgang Flür, après 10 ans de divorce avec la musique, il a fondé Yamo dans les années '90, un projet solo qui s’appuyait sur ses compositions personnelle et des collaborations musicales. Aujourd'hui, il se produit sous son propre nom et a gravé « Eloquence », en 2015, un disque au cours duquel il en revient aux fondements de l’electronic-pop d’un Kraftwerk mais en l’élargissant à l'EBM, la house ou la techno, suite à différentes coopérations. « I Was A Robot » est même devenu un hit alternatif (NDR : il a également choisi ce titre pour son livre qu’on vous conseille vivement)…

Wolfgang Flür nous a gentiment consacré plus de 30 minutes d’entretien, lors du festival Winterfest, à Gand. Entrons donc dans le vif du sujet… 

Kraftwerk a évolué d’un krautrock acoustique et organique vers un genre 100% électronique qui l'a rendu célèbre. Est-il exact que Conny Plank, le producteur, a joué un rôle majeur dans ce processus ?

C'est exact. Ralph et Florian travaillaient déjà en sa compagnie avant que je ne les rejoigne. Plank était ingénieur du son pour les groupes américains qui venaient se produire en Allemagne pour les forces armées. J'ai eu l'occasion de parler longuement avec lui et sa femme Christa, y compris après l'aventure Kraftwerk et j'ai appris des choses que je ne savais pas parce que Ralf et Florian ne parlaient jamais ni de Conny Plank ni de son influence. En fait, Plank avait construit son studio dans une ferme en pleine campagne, dans les bois, non loin de Düsseldorf, un très bel endroit, et ses premières productions sont celles de Kraftwerk, et tout particulièrement « Autobahn ». C'est à ce moment-là que j'ai intégré le band et développé un drum-pad électronique en utilisant une petite boîte à rythmes, une drum box automatique incluant des presets valse, bossa nova etc. Kraftwerk ne disposait pas de batteur, parce qu’à l'époque les batteurs jouaient trop fort et trop rock ; en outre, Conny Plank voulait absolument éviter ce côté rock made in USA. Les Américains avaient l'habitude de se moquer des Allemands qui utilisaient des instruments rock et dénigraient cette musique en la qualifiant de ‘krautrock’, de rock ‘choucroute’. Donc, Plank prévenait : ‘Ne jouez pas du rock. Vous ne pourrez jamais égaler les Américains dans cet exercice. Faites votre propre truc.’ Il a donc incité Kraftwerk à réaliser « Autobahn », « Morgenspaziergang », etc. Il a aussi plaidé pour le recours au chant, car auparavant, la musique du groupe était uniquement instrumentale. Et il a insisté pour qu’il soit en allemand plutôt qu'en anglais. Quand j'ai rejoint Kraftwerk, mon jeu minimaliste correspondait parfaitement à ce nouveau style. Un an plus tard, Ralph et Florian ont engagé un autre percussionniste, Karl Bartos, ce qui a donné naissance au quatuor Kraftwerk 'classique'.

Conny Plank a-t-il également influencé l’approche mélodique de Kraftwerk ?

Non, pas au niveau des mélodies mais bien des sons. Plank les proposait pour « Autobahn », notamment en se servant du synthé Moog. Ils imitaient les bruits de l'autoroute, comme celle d’un camion qui passe. Il enregistrait tout sur bande et c'était un peu comme du sampling avant la lettre. Ralf et Florian sélectionnaient les sons et les inséraient dans la composition. C'est alors que j'ai compris le rôle de Plank dans la création de ce premier hit. Dans sa maison, Conny Plank possédait plusieurs disques d'or, remportés pour les productions qu'il avait réalisées. Dans l'histoire, il a été aussi important que Georges Martin, le producteur des Beatles.

Pourtant, Kraftwerk n'a pas continué à travailler avec lui après « Autobahn »...

Ralph et Florian se sont séparés de Conny Plank après « Autobahn » et ils n'ont jamais reconnu ouvertement son importance. Pour « Autobahn », qui a décroché un hit aux USA, il a reçu 5 000 DM ; une somme ridicule. Il n'avait pas signé de contrat ; c'était juste un accord tacite. Et sur le disque, ne figure que la mention : 'Enregistré dans le studio de Conny Plank'. Son travail de production n'était même pas reconnu. Ce mauvais traitement a rendu Conny Plank littéralement malade. C'est ainsi que j'ai découvert la véritable personnalité de Ralph et Florian ; ce qui m’a fortement attristé.

Kraftwerk a-t-il été influencé par Tangerine Dream ? On pourrait le penser vu que les deux formations ont commencé à peu près en même temps à se lancer dans la musique électronique.

Non, je ne crois pas. Nous avons assisté au fameux concert de Tangerine Dream, diffusé par la chaîne WDR. Leur musique était très différente. Ce n’était pas de la pop music, mais plutôt des soundscapes, des B.O. pour films. Perso, je préfère la musique pop qui tient compte de la structure classique couplet/refrain.

Pourquoi « The Model » est-il devenu numéro un en Angleterre ?

Le titre est paru originalement en 1978 sur « Man-Machine ». Plus tard, en 1981, pour promouvoir « Computer World », Kraftwerk a publié la plage titulaire en ‘simple’ et la compagnie de disque a ajouté « The Model » en face B, quasi par hasard. Et c'est cette ‘flip side’ qui est devenue un énorme hit en 1982, pour finalement culminer au sommet des charts anglais. Le thème de « Computer World » n'était pas destiné aux masses, « The Model » bien. En gros, les paroles disaient : ‘Elle est mannequin et elle est jolie et je veux l'avoir’. C'était presque de la musique ‘Schlager’ (NDR : un terme qui désigne la musique allemande populaire de variétés).

Par contre, « Radio-activity » a surtout marché en France. Pour quelle raison ?

J'ai une théorie pour ce phénomène : c'est parce que la chanson est très mélancolique. Au début, le thème n'était pas la radioactivité mais bien l'activité à la radio, le fait que la musique de Kraftwerk était largement diffusée sur les ondes, aux Etats-Unis. Même dans les coins les plus reculés, les réserves indiennes, les stations passaient « Autobahn ». La musique de « Radio-activity » était très semblable à la chanson française, celle de Charles Aznavour ou de Gilbert Bécaud, qui se distingue par sa mélancolie romantique. Et dans « Radio-activity », cette mélancolie est créée, entre autres, par le Vako Orchestron. Acheté aux USA, ce synthé fonctionnait à l’aide de disques de cellophane et était capable de reproduire des samples de violons, d'orgues, des choeurs de voix humaines, etc. C'était le successeur du célèbre Mellotron. Le Mellotron utilisait des bandes dont le temps d’action était limité. Le Vako Orchestron, par contre, exécutait les sonorités en loop de façon illimitée. Kraftwerk a exploité cet instrument pour les voix humaines, ce qui a communiqué un ton très mélancolique à « Radio-activity ». En outre, la manière dont Ralph Hütter chantait, sans émotion, comme un robot, accentuait le côté triste de l'ensemble.

Cette mélancolie émane sans doute aussi de la musique classique française : Debussy, Ravel, caractérisés par des harmonies en accords mineurs. 

Bien sûr ! La chanson française aborde souvent des thèmes relatifs aux amours déçus ou perdus. Comme dans la chanson « Nathalie... » de Gilbert Becaud. « Radio-activity » baigne dans ce même climat...

L'interview audio est disponible via le podcast de l'émission WAVES (Radio Vibration) ici. 

Remerciements : Wolfgang Flür, Winterfest Radio Vibration, WAVES & Musiczine.net

Photo: Wolfgang Wiggers

dimanche, 28 janvier 2018 02:00

Le sombre hurlement des loups...

Vous ne connaissez pas Wolvennest ? C'est en quelque sorte un ‘super-groupe’, basé à Bruxelles, et constitué de musiciens chevronnés issus de la scène alternative. Ce soir, ils se produisent au sein de la grande salle de l'AB dans le cadre du mini festival ‘The Sound of the Belgian Underground’, organisé par l'Ancienne Belgique en coopération avec Subbacultcha.

Quand on pénètre dans l'antre des loups (« Wolvennest »), vers 19h15, l'atmosphère est déjà bien installée. Un crâne doré placé sur une table diffuse des volutes d'encens et la musique de fond concède des accents psyche, ambient et arabisants. Après une courte introduction prononcée par un des organisateurs, la meute prend possession des planches. Et il y a du beau monde ! Jugez plutôt : honneur aux dames, on retrouve tout d'abord Shazzula, artiste aux multiples talents, ex-Aqua Nebula Oscillator, grande prêtresse des nuits bruxelloises. Elle se consacre, pour la circonstance, au chant, au thérémine et aux effets sonores. Habillée tout de noir, elle arbore sa célèbre mèche sur le front. A droite, Marc DeBacker, coiffé d’un chapeau noir et chaussé de lunettes fumées (NDR : cet ex-Dog Eat Dog, puis 10000 Women Man a monté depuis son projet solo 'dark ambient', Mongolito) se réserve la ‘lead’ guitare. A gauche, les grattes rythmiques sont assurées par un duo infernal : Michel Kirby (Length Of Time, Arkangel, Deviate et La Muerte) et Von Burtle Corvus (Cult Of Erinyes). Sur les planches, le quatuor est soutenu par le bassiste John Marx (Temple Of Nothing) et le batteur Bram.

Dès les premières notes de « Partir », extrait de l'excellent premier opus, éponyme, de Wolvennest, on se doute que la musique sera puissante, hypnotique et sombre, ... très sombre. Dans un style qu’on pourrait décrire comme du post-metal psychédélique dont le côté répétitif s’inspire manifestement du 'krautrock'. Articulée autour d'un beat lent et d'un riff à l'orgue irrésistible, la composition s'étend sur plus de 9 minutes. Les guitares dressent un véritable mur du son tandis que Shazzula chatouille son thérémine pour en tirer de maléfiques bruitages.

Tout au long d’« Unreal », elle s'acquitte brillamment des parties vocales exécutées, sur le disque, par Marthynna, la chanteuse de la formation autrichienne Der Blutharsch and The Inifinite Church Of The Leading Hand. Mais c'est lors du troisième titre, « Out of Darkness Deep », en partie écourté, que Shazzula va se réveiller. La féline commence à onduler tout en scandant les mélodies telle une possédée. Il n'en faudra pas plus pour que Marc DeBacker se déchaîne également, arrachant de sa guitare et de sa pédale wah wah des hurlements sataniques, pour le plus grand plaisir d'un public pris au piège dans une sarabande démoniaque. 

Au final, ce casting de rêve s’est rendu coupable d’un concert d'enfer ! Trop court, bien sûr, festival oblige. Autour d'un verre, le groupe nous a confié que leur second LP est quasi prêt. Et la bonne surprise, c'est que cette fois, c'est Shazzula qui assurera les parties vocales. On est impatient de découvrir le résultat ! On savait qu'une louve baptisée Naya s'était introduite en Belgique... mais sous l’impulsion de Wolvennest, on peut s'attendre à l’invasion d’une meute !

Des vidéos 'live' du concert sont disponibles. Celle de « Partir » est ici et d'« Unreal »,

Notons que le mini festival a également permis de découvrir d'autres projets hautement intéressants : Sale Gosse, Afia, Christine Denamur, Vaal, Le77, Obsequies, Crowd Of Chairs (excellent hard post punk!), Air LQD et Golin.

Organisation : AB + Subbacultcha

La troisième édition de D6bels Music Awards se tenait hier soir à Liège dans le Media Rive de la RTBF. Cette année, exit les catégories radio (PureFM, La Première, Classic21) au profit de catégories basées sur les genres musicaux : rock, pop, hip-hop etc. Voici les lauréats :
 
Votes du public :

"Morale 2" de Roméo Elvis x Le Motel - Album de l'année

Noa Moon - Artiste solo féminin

Henri PFR - Artistes solo masculin

Caballero & Jeanjass - Groupe

Delta - Chanson française

Blanche - Pop

Girls in Hawaii - Rock & Alternatif

Henri PFR - Dance & Électro

Roméo Elvis x Le Motel - Hip Hop


Votes des pros :

Blanche - Révélation

Baloji – Concert de l'année

Teme Tan - Musicien

Mélanie De Biasio - Auteur/compositeur

"Your Freedom is the end of me" de Mélanie De Biasio - Clip vidéo

Le public pouvait voter pendant la cérémonie pour le hit de l'année. C'est "Until The End" de Henri PFR qui l'a emporté.

Au vu du palmarès, on note une percée des DJ stars (surtout Henri PFR, qui repart avec 3 Awards) et du hip-hop (Roméo Elvis, Caballero & Jeanjass). Une belle soirée, rehaussée par de remarquables prestation 'live', surtout celles de Loïc Nottet et de The Experimental Tropic Blues Band. 

Une suggestion pour les organisateurs : alléger le programme car 2h30 pour une cérémonie de ce type, c'est vraiment trop long.

Pour revivre la cérémonie : c'est ici.

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