Elle développe, depuis plus de quinze années, un univers hybride et bien personnel.
Plutôt discret, il bidouille les sons et malgré son sens inné de la composition, il est aussi exigeant que les artistes les plus notoires.
Ils se rencontrent, (s’)échangent et composent. Chacun exécute un pas de côté. Un compromis finalement naturel. Et la magie opère tout simplement.
Il s’éloigne de son univers de prédilection qui fluctue entre dark electro et drone, afin de recouvrir les chansons de nappes mélodiques et minimalistes. Des chansons à la construction jamais simpliste, mais plutôt complexe.
Elle est plutôt prolifique. Depuis la sortie de « Random Moods » (qui lui vaudra une reconnaissance rapide en Allemagne et en Angleterre), en 2005 et « Géométries Sous Cutanées », en 2018, elle a gravé d’autres elpees, dont « Dermaphrodite » en 2006, « B-Side Life », trois ans plus tard, “Still Grounds For Love” en 2011, sans oublier sa collaboration avec Paul Levis, en 2013, pour « This Quiet Dust » ; et enfin « Atalaye » en 2015.
La puissance poétique de Catherine Watine glisse délicatement sur les ampliations sonores d’Intratextures, pour ne former qu’une unité fonctionnelle : PHÔS. Quelque part entre post-rock et electro-pop, ce projet n’a véritablement de sens qu’à travers ce binôme éphémère.
Une collaboration sincère et équilibrée s’installe. Un premier titre est alors en gestation : « Mensonges des sentiments », préquel d’un premier chapitre qui dessinera une quatrième de couverture oscillant entre le clair-obscur et l’intensité lumineuse d’un voile à peine perceptible.
L’originalité de cet opus procède de la narration d’histoires aux subtilités insoupçonnées, parfois presque militantes, qui s’échafaudent insidieusement, mais progressivement, au fil des dix morceaux de ce long playing...
On est dans l’intime, le profond et l’abyssal, sorte de cristallisation du temps à mille lieues du classicisme couplet/refrain. Plutôt, une déclinaison chantournée pour mieux oraliser des textes cisellement choisis.
La diction, souvent soutenue, parfois incantatoire, laisse transparaître un prisme mêlant, métaphores, irréel et mélancolie joyeusement débridée.
La voix singulière et chaude de Watine ensorcelle. Cette poésie d’un art contemporain calme, apaise, vivifie et constitue une ode à la réflexion et à la méditation. Une poésie de jour qui s’émerveille la nuit pour mieux s’émanciper. L’enveloppe sonore elliptique ondule au gré des compositions ; et sobre, sans être invisible, laisse le propos verbal délicatement substantiel ou substantiellement délicat, c’est selon.
Un disque que l’on aimerait garder égoïstement, sans l’ébruiter ni le divulguer pour prolonger ce doux instant.
Bref, si vous ne deviez écouter qu’un disque dans votre humble existence, ce serait sans doute celui-ci…