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Le venin de Judith Hill...

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Enter Shikari - Ancienne ...
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bdrmm

Un final un peu trop expérimental…

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Issu de Hull, au Nord de l’Angleterre, bdrmm se produisait ce mercredi 18 octobre au club du Grand Mix à Tourcoing. Le quatuor réunit les frères Smith, Ryan (chant, guitare, claviers) et Jordan (chant, basse, claviers) ainsi que Joe Vickers (guitare, basse) et Conor Murray (drums). A son actif, de nombreux singles et Eps, mais surtout deux elpees : un éponyme paru en 2020 et « I don’t know », en juin dernier. Le patronyme s’inspire de ‘bedroom’ (Trad : chambre à coucher), alors que la musique navigue quelque part entre post rock et shoegaze. Pas étonnant que la formation ait été choisie par Ride pour assurer sa première partie, lors de sa dernière tournée, et signé chez Rock Action, le label de Mogwai.

Il fait très chaud dans la salle, lorsque bdrmm monte sur l’estrade. Enfin remonte, puisque quelques minutes plus tôt, elle réalisait son soundcheck. Amusant, mais Conor, le batteur, ressemble un peu à Dany Boon, mais en plus jeune. Les musicos sont d’ailleurs très jeunes. Et cette jeunesse est bien représentée au sein de la foule. Derrière le combo, on remarque la présence d’une grande toile, sur laquelle seront projetées, durant tout le set, des images brumeuses, psychédéliques. Quant aux planches, elles sont bien garnies de pédales d’effets de distorsion.

« Alps » ouvre le set. Déjà, la voix de Ryan se révèle à la fois douce, fragile, atmosphérique, mais angoissante. En outre, il commence déjà à manipuler les potentiomètres des effets de pédales. La compo (comme la plupart de celles du concert) monte progressivement en crescendo avant d’atteindre un premier pic d’intensité. Après le très shoegaze « It’s just a bit of blood », le plus connu « Gush » recueille tous les suffrages. « We fall apart » nous offre un véritable duel de grattes. La voix de Jordan et plus puissante. Faut dire que physiquement, il en impose. Pendant « Hidden camera », alors qu’il se déchaîne sur sa guitare, Ryan renverse malencontreusement son clavier. Ce qui ne l’empêche pas d’achever le morceau, en manifestant une même exaltation. Avant de tout remonter, à l’aide de Joe. Plus de peur que de mal, le Korg fonctionne normalement. Le groupe embraie par « Pulling stitches ». Alors que le drummer imprime un tempo binaire, le light show devient aveuglant. A mi-parcours de « Mud », les musiciens s’éclatent littéralement. Ryan se consacre aux claviers au début de « Push/Pull », une compo qui change de rythme à mi-parcours ; moment choisi pour reprendre sa gratte. Les deux sixcordistes conjuguent leurs instruments pendant « Happy », libérant alors des tonalités tintinnabulantes. Des sonorités qui deviennent carillonnantes, tourbillonnantes, sur le quasi-instrumental (Un)happy ». Les deux frangins ont les genoux au sol et font varier les boutons d’effets de pédales. Puis le morceau retrouve un mid tempo, avant que la déferlante ne fasse son retour, dans un univers sonore plus expérimental, tout comme lors du dernier long titre du set, pourtant entamé sur un rythme martial, mais au cours duquel les cordes sont très (trop) souvent triturées, frappées et les boutons à nouveau sollicités. D’ailleurs, totalement déjantés, les deux derniers morceaux se sont un peu trop égarés, au goût de votre serviteur, dans une forme d’impro qui s’est soldée par un bruitisme dévastateur et un peu hasardeux. Dommage, car le reste de la prestation était vraiment de bonne facture…

Setlist

Alps
Be Careful
It's Just a Bit of Blood
Gush
We Fall Apart
Hidden Cinema
Pulling Stitches
Mud
Push/Pull
Happy
(Un)happy
Port

(Organisation : Grand Mix)

The Boxer Rebellion

Une belle soirée qui est passée trop vite…

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La dernière fois que The Boxer Rebellion s’était produit en Belgique, c’était en 2016, au Botanique. Un final mémorable, puisque les fans avaient envahi alors la scène, pendant que le groupe jouait « Dreamers ». Il revient de nouveau dans la capitale de l’Europe, ce samedi 14 octobre, mais à l’Ancienne Belgique. Son dernier elpee, « Ghost Alive », remonte à 2018. Et un single, « Powdered Sugar », vient de sortir, précédant la parution d’un sixième opus qui s’intitulera « Promise ». Le concert est complet depuis un bon bout de temps ; il aurait d’ailleurs pu se dérouler dans la grande salle.

Le line up réunit le chanteur/claviériste/guitariste Nathan Nicholson (NDR : il est originaire du Tennessee, aux States), le second sixcordiste Andrew Smith, le bassiste Adam Harrison et le drummer Piers Hewitt.

Le supporting act est assuré par Richard Walters, un parfait inconnu pour votre serviteur. Et pourtant, ce quadragénaire (NDR : il est issu d’Oxford, mais vit aujourd’hui à Paris) a milité chez Theremin, avant de se lancer dans une carrière solo. Il compte cinq albums à son actif et a relevé du même management que Radiohead. Une première partie qui suscite, donc, la curiosité.

La banane aux lèvres, Richard grimpe sur le podium. Cheveux roux comme Ed Shearan, il est coiffé d’une casquette de rappeur ou de basketteur, selon. Il a enfilé une salopette et est chaussé de baskets de marque Converse All Star. Il paraît, au moins, dix ans plus jeune que son âge. Il est armé d’une gratte semi-acoustique. Il possède une belle et suave voix de tête. On se rend bien compte que le gaillard a joué dans des pubs et la rue. Il a bossé en compagnie de Thom Yorke et l’Irlandais Damien Rice. La délicatesse des mots de l’artiste se ressentent dans ses moindres murmures. C’est une sorte de poète. La foule l’écoute attentivement. D’ailleurs, pendant son set, on pourrait entendre une mouche voler. Richard la remercie, à plusieurs reprises, pour le respect de son écoute.

De son récital, on épinglera le morceau d’entrée, le romantique « King Of Leaves » (extrait de l’album « Regret Less », publié en 2012), « Unconditional » et « Awards Night », deux titres au cours desquels sa voix devient atmosphérique, ainsi que la reprise du « Roads » de Portishead. De toute beauté ! Dommage qu’il n’ait pas interprété son dernier single, « Lost in Your Light » …

Setlist : « King Of Leaves », « Unconditional », « After Midnight », « Roads » (Portishead cover), « Awards Night », « Infatuation ».

A 21 heures pile, The Boxer Rebellion débarque. Nathan exécute un discret salut et le concert s’ouvre par le puissant « Step Out of the Car ». On entend la voix du chanteur qui est couverte par l’instrumentation. Il signifie à l’ingé son le souci et demande de régler le volume de son micro. Problème résolu !

Nathan est enrhumé et il le signale, mais ce refroidissement n’aura pas d’influence sur sa voix empreinte de douceur et bercée de mélancolie…

Pendant « Locked in the Basement », les grattes s’emballent. Avant d’attaquer « Love Yourself », le frontman plaisante en signalant que la salle est tellement cosy qu’il a l’impression de se produire dans un salon privé, en showcase. « What the Fuck » libère davantage de puissance que sur l’opus. Une transition idéale pour nous interpréter le nouveau single, « Powdered Sugar », paru il y a à peine deux jours.

A partir de « Caught By The Light » le set grimpe en intensité et le light show est au diapason. Tous les musicos descendent dans la fosse pour nous réserver une version acoustique de « Big Ideas ». Les harmonies sont parfaites. Ce qui se traduit par un grand moment de recueillement a sein du public qui connaît et reprend en chœur les paroles de la chanson.

Hormis le drummer, polyvalents, les musiciens changent régulièrement d’instruments.

Pendant « New York » le guitariste Andrew Smith et le bassiste Adam Harrison rejoignent la drummer sur son estrade exiguë. « Evacuate » et « Semi-Automatic » charment littéralement l’auditoire ; d’ailleurs tout au long de ces deux titres, des applaudissements fusent de partout. « The Gospel of Goro Adachi » est dédié à Richard Walters. A l’issue de ce morceau, le quatuor salue la foule et se retire.

Mais nous aurons droit à un rappel de deux compos. Pour la circonstance, le batteur a enfilé des chaussettes de couleur rouge. « Diamonds » était attendu, mais ne provoque pas d’intrusion sur la scène. Nathan évoque l’interruption dans le parcours du band pendant cinq ans, mais sans rentrer dans les détails. Il promet d’ailleurs, de revenir bientôt. Une belle soirée qui est passée trop vite et surtout une chouette découverte, Richard Walters…

Setlist : « Step Out of the Car », « Spitting Fire », « Let's Disappear », « Love Yourself », « Locked in the Basement », « We Have This Place Surrounded », « Flight », « Semi-Automatic », « Here I Am », « What the Fuck », « Powdered Sugar », « Caught by the Light », « New York », « No Harm », « Big Ideas » (acoustique), « Evacuate », « The Gospel of Goro Adachi » (dedicated to Richard Walters).

Rappel : « Diamonds », « Let It Go ».

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

Soulcrusher 2023 : reportage photos

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Au plus grand bonheur des amateurs de doom/sludge/black metal, le Soulcrusher s'est déroulé, une nouvelle fois, cette année, au Doornroosje.

Pour cette nouvelle édition, le festival s'est doté d'une très appréciée 3ème scène.

Si celle-ci reste de faible capacité, elle a permis de limiter l'engorgement de la Red Stage, mais aussi et surtout de mettre en avant des projets plus intimistes.

Parmi ceux-ci, on notera tout particulièrement la performance de Mütterlein. L'impressionnante voix de Marion Leclercq, installée seule avec ses instruments au centre d'une rangée de faucilles, est parvenue à captiver l'audience. Si ce n'est déjà fait, nous vous invitons fortement à découvrir son dernier album en date, "Bring Down The Flags".

Mais les autres scènes n'ont pas été en reste et ont vu défiler un grand nombre de représentants du genre.

Le premier jour a été ponctué par le set de The Devils Trade, actuellement en tournée avec Alcest. Panzerfaust et Misþyrming ont, sans surprise, asséné des sets brutaux. Les amateurs de stoner se sont réjouis face au concert de Belzebong. Enfin, comment ne pas citer le techno/black metal/indus des Japonais de Violent Magic Orchestra, set le plus déjanté de toute cette édition.

Le dimanche a, quant à lui, été marqué par les sets de GGGOLDDD, portant son nouvel Ep, "PTSD", la douce mélancolie du concert de Fvnerals, mais aussi et surtout par la prestation sans faille de Cult of Luna.

Le reportage photos est disponible ici

Le festival a d'ores et déjà annoncé ses prochaines dates.

A vos agendas : le Soulcrusher nous reviendra le 11 et 12 octobre 2024.

https://www.doornroosje.nl/festival/soulcrusher/

 

 

 

Larkin Poe

Ce blues profond qui vient des States…

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Larkin Poe est une formation drivée par les sœurs Rebecca et Megan Lovell. Originaires de Géorgie, elles se sont établies à Nashville, au Texas. Le patronyme du band est inspiré du nom de leur arrière-arrière-arrière-grand-père, un lointain cousin de l’écrivain Edgar Allan Poe. Le combo s’est formé après la séparation du groupe de bluegrass familial, The Lovell Sisters. Si à l’origine, la formation pratiquait du folk, elle a depuis viré au blues/rock. Chez Larkin Poe, Rebecca (NDR : la brune !) se consacre au chant et à la guitare électrique, et sa sœur, Megan (NDR : la blonde !) à la seconde voix et à une dobro trafiquée, dont elle se sert en position debout, comme une lap steel. Ben Harper y est d’ailleurs accro. Publié en 2022, le dernier elpee s’intitule « Blood Harmony ». Mais un Ep 4 titres, « An Acoustic Companion », est paru début de ce mois d’octobre. Le band se produit pour la quatrième fois en Belgique et votre serviteur assiste à sa prestation pour la troisième. La grande salle de l’AB est blindée.

A 20h45, The Sheepdogs monte sur le podium. Un combo canadien issu de Saskatoon, dans la province du Saskatchewan, actif sur le circuit depuis 20 ans. En 2016, il figurait en tête d’affiche au sein d’un club de l’AB, comble. Ce soir, il assure le supporting act. Enregistré ‘live’, son dernier Ep, « Jam In The Van », est sorti en juin 2023.

Le line up réunit Ewan Currie (lead singer, guitariste et claviériste), son frère Shamus Currie (claviériste, guitariste, seconde voix), Ryan Gullen (basse, backing vocaux), Ricky Paquette (guitariste soliste) et, installé sur une estrade, Sam Corbett (drums). Ils arborent tous une chevelure abondante. Et trois d’entre eux sont coiffés d’un stetson. Cinq énormes rampes de spots montées sur support entourent le combo.

Les gratteurs s’installent en ligne. En arrière-plan, le logo du quintet brille de mille feux. Manifestement, le band a emmené son fan base dans ses bagages. Le light show est particulièrement efficace. Bien qu’issu du pays à la feuille d’érable, le groupe pratique une musique ‘sudiste’. Blues lent, « Bad Lieutenant » se distingue par un duel de guitares qui monte progressivement en intensité, avant d’atteindre son pic en fin de parcours. Gullen est très interactif. Il invite les premiers rangs à applaudir dès le début de « Southern Dreaming », un bon rock aux grattes huileuses et graisseuses, rappelant tour à tour The Allman Brothers, The Eagles ou Thin Lizzy. Mais lorsqu’elles entrent en duel, pendant que les guitaristes prennent la pose, dos à dos, on ne peut s’empêcher de penser à Lynyrd Skynyrd. On se croirait alors revenu au cœur des seventies. Chaude, la voix d’Ewan campe un hybride entre celles de John Fogerty (Creedence Clearwater Revival) et de Randy California (Spirit). Un excellent set de 45 minutes !

A 20h55, les lumières s’éteignent. En arrière-plan, un faisceau lumineux représentant le logo de Larkin Poe, sur fond bleu, est projeté sur un écran géant. Le drummer grimpe sur une plate-forme à l’extrême-gauche et le bassiste se plante à droite, derrière un clavier et devant une contrebasse. Pendant que les baffles diffusent le « White Room » du Cream, les frangines, toutes habillées de blanc, débarquent, à leur tour. La scène est immense, ce qui leur permettra de disposer d’un bel espace pour y déambuler.

« Strike Gold » ouvre le set. Une composition qui donne le ton. Alors que Megan joue, le plus souvent, en slide, Rebecca libère des riffs serrés ou des soli puissants, huileux, graisseux, plutôt longs. Et elle finit religieusement par s’agenouiller. C’est d’ailleurs sur cette structure que repose, en général, le répertoire. Régulièrement, elles se dressent l’une à côté de l’autre ou se font face, les yeux dans les yeux. Sablée, rauque même parfois, la voix de Rebecca semble naviguer aux confins d’illustres chanteuses comme Beth Hart ou Janis Joplin. Megane, elle, épouse les harmonies vocales.

Toute la musique américaine vient du blues profond comme Rebecca aime bien le signaler. Et « Summertime Sunset » en est la parfaite démonstration.

Exclusivement instrumentale, la version plutôt psychédélique du « Jessica » de l’Allman Brothers Band rappelle le ‘flower power’ de la fin des sixties. Megan s’autorise un copieux solo à la slide. Le spectre de feu Duane Allman se met alors à planer…

A l’issue d’une autre reprise, celle du « Preachin' Blues » de Son House, Rebecca plaisante sur le classique du « Georgia On My Mind » de Ray Charles pour introduire « She's A Self Made Man », un blues qui s’enfonce dans le bayou. Elle le dédie aux nombreuses femmes présentes au sein du public.

Le batteur descend de son piédestal en emportant un tambourin. Le bassiste empoigne une contrebasse et on apporte des grattes semi-acoustiques à Rebecca et Megan. Cette dernière la pose devant elle et en joue comme une lap steel. Quatre morceaux sont alors interprétés sous cette forme, dont une cover du « Crocodile Rock » d’Elton John qui s’emballe en fin de parcours, lorsqu’elles reprennent leurs guitares électriques. Ce qui va leur valoir une ovation de 5 bonnes minutes. Elles portent alors un toast en levant leur mug au Sud des States. 

Le set tire à sa fin. Pendant « Bad Spell », qui rend hommage à Screamin' Jay Hawkins, on assiste à un nouveau fantastique duel de guitares. A mi-parcours de l’adaptation du « Wanted Woman » d’AC/DC », le tempo s’emballe et plonge le concert dans une ambiance torride. Et « Bolt Cutters & The Family Name » clôt ce set en force.

On aura droit à « Deep Stays Down », en rappel. Un moment étrange au cours duquel les sœurs sont revenues sans leurs guitares, mais avec deux tambours…

Setlist : « Strike Gold », « Kick The Blues », « Summertime Sunset », « Jessica » (The Allman Brothers Band cover), « Georgia Off My Mind », « Preachin' Blues » (Son House cover), « She's a Self Made Man », « Back Down South », « Blue Ridge Mountains », « Might As Well Be Me » (acoustique), « Southern Comfort » (acoustique), « Crocodile Rock » (Elton John cover) (acoustique), « Holy Ghost Fire » (acoustique), « Bad Spell », « Wanted Woman (AC/DC cover), « Bolt Cutters & The Family Name ».

Rappel : « Deep Stays Down ».

(Organisation : Gracia Live)

 

Festival des Libertés 2023 : dimanche 15 octobre

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C’est toujours au Théâtre National de Bruxelles (sur le Boulevard Jacqmain, à 2 pas de la gare du Nord et la rue Neuve) que se déroule le traditionnel festival des Libertés. Un événement qui pointe ses projecteurs sur des valeurs essentielles de la démocratie : libertés physiques, idéologiques, intellectuelles, religieuses et morales. Son programme propose des séances de cinéma et des documentaires, suivi de débats, des expositions, des performances... et en seconde partie de soirée, des concerts. Compte-rendu des spectacles de Mezerg et Vitalic qui se sont déroulés ce dimanche 15 octobre.

Marc Merzergue (alias Mezerg) ouvre les hostilités. Il a suivi une formation classique au conservatoire de Bordeaux, est remonté vers Paris avant de se proposer des compos techno inspirées de différentes sonorités électro. Une recette qui a fait son succès dans de nombreux festivals européens majeurs (NDR : il a débuté au Sziget, à Budapest). Véritable homme-orchestre, il nous offre ce soir un one-man show très particulier. Une sorte de Rémy Bricka de l’électro. Outre ses synthés, sa prestation se distingue par son utilisation d’un thérémine qu’il met bien en exergue. Le thérémine est cet instrument électro ancestral, dont l’artiste use et abuse pour faire varier la hauteur de la note. Le tout en ne touchant pas cet appareil, mais en faisant varier la distance entre sa main et l'antenne verticale sur son extrémité. Ajoutez-y des caissons de basse que Mezerg fait kicker à l’aide de ses pieds, et vous aurez le tableau du show de cet artiste hors pair, devant nous ce soir. Toutes ses sonorités viennent heureusement casser le rythme répétitif et assez ‘tchack tchack boum’ des morceaux. Par moments, on se croirait à une rave party. D’autant qu’il fait sombre dans la salle et l’éclairage sur l’estrade est assez atomisant. En outre, Mezerg, dont le visage est souvent caché derrière sa longue chevelure, est disposé latéralement au centre du podium, tournant presque le dos à une grande partie du public. On comprend alors beaucoup mieux pourquoi de nombreux spectateurs rejoignent le bar pendant le set (NDR : il n’y en a qu’un seul à l’étage ; et vite saturé, il provoque de longues files, rappelant les pires moments de celui du Botanique). Il faut attendre la fin du set pour voir l’artiste se lever, faire face et saluer le public. C’est à cet instant, qu’on découvre son visage de mousquetaire. Et sa chemise à fleurs. Un style vestimentaire aussi éclectique que sa musique, finalement.

Vitalic nous avait déjà gratifiés d’un tout grand concert, à l’Ancienne Belgique, en mars 2022. Un moment d’autant plus particulier, que non seulement la date avait été postposée plusieurs fois, mais qu’il s’agissait du premier concert après Covid où la foule pouvait s’en donner à cœur joie, sans masque. Et ce soir, l’ambiance est déjà bien fiévreuse, dès les premières notes. Le light show est à nouveau impressionnant. Il faut dire que l’artiste se sert d’architectures et des technologies de pointe (faisceaux lumineux très précis), créant ainsi une scénographie toujours aussi bluffante, constituée de tableaux de lumières. Il semble même avoir inspiré certains ingénieurs des plateaux de TV. Ses compos aussi figurent dans de nombreuses BO de films, spots publicitaires, génériques TV ou de jeux vidéo. Bref, ce pro a acquis une belle notoriété. Et ce soir, on sait qu’il va encore nous balancer du lourd, comme il y parvient régulièrement, dans les grands festivals (NDR : ses passages à Dour entre 2005 et 2017 ont toujours fait recette).

A côté des titres de son dernier double elpee, « Dissidænce » (paru en 2021 et 2022), le Français nous gratifie de tubes plus anciens comme « Poison lips » ou « Second lives » qui ont le don de faire siffler et danser la foule. Même aux balcons des étages, les premiers rangs sont debout, les bras en l’air ! Les morceaux sont à chaque fois revisités, parfois expérimentaux, sans jamais tomber dans le snobinard. La musique de Vitalic a une âme, des mélodies tantôt dépouillées, tantôt densifiées par les beats et les basses, sans jamais chercher à être dans l’air du temps. Une ambiance et un show dont on ne se lasse pas, même après 20 ans d’existence.

Mezerg + Vitalic = Sunday Night Fever         

(Organisation : Festival des libertés)

 

Baxter Dury

Celebrate me !

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Début novembre 2002, Baxter Dury accordait son tout premier concert à la Rotonde du Botanique. Près de 21 ans plus tard, et après de fréquents passages dans ce parc urbain bruxellois, il est de retour à l’Orangerie et le concert est archi sold-out.

Ttrruuces ouvre les hostilités. Comme son nom ne l’indique pas, le band s’est formé à Londres, à l’issue d’une rencontre entre le Français Jules Apollinaire et l’Anglaise Natalie Findlay. C’était en 2019. Par la suite, Ben Simon (à la basse) et Connor Burnside (à la batterie) sont venus compléter le line up. Ce dernier est toutefois remplacé par une jeune fille derrière les fûts, ce soir. Bien que tagué comme ‘psychédélique’, dans le communiqué de presse, la formation distille une musique plutôt éclectique, parfois aux relents très (trop) poppy ou parfois enrichie de touches de folk. Et lorsque le violon entre dans la danse, on pense alors à Arcade Fire. On a même droit à du disco kitsch lors d’un mix entre « Funky town » et « Rasputin ». Si le set est assez posé au début, et Jules plutôt relax et discret, Natalie va multiplier les poses sexy, et le finir de façon plus déjantée. Une première partie agréable à suivre, mais pas la découverte de l’année non plus.

Baxter Dury était revenu chez nous aux Lokerse feesten il y a un peu moins de deux mois, en ouverture de Blur. Un show qui avait quelque peu perturbé les fans de la première heure vu son changement de style. Pourtant ce soir, c’est toujours en tenue de dandy british, costume classique et chemise grise, que le natif du Buckinghamshire débarque sur les planches, précédé d’un batteur et d’un guitariste. Bien que leurs interventions s’avèrent particulièrement efficaces, ils resteront en retrait, tout au long de la soirée. A sa droite, sa fidèle et charmante claviériste est toujours au poste. Elle le soutient aux backing vocaux, d’une voix translucide et impeccable, qui contraste toujours avec le chanté/parler du leader.

« So much money » ouvre le bal (NDR : tout comme le dernier opus « I Thought I Was Better Than You », sorti cette année). Avant d’embrayer par deux titres phares de « Happy Soup » (NDR : l’elpee qui l’avait révélé au grand public, en 2011) : « Leak at the disco » et « Isabel ». Parfois Baxter reste figé face à son micro, ne s’autorisant que quelques mimiques, rappelant, quelque part, son paternel Ian (NDR : si vous ne le connaissez pas, on vous invite à découvrir le clip de « I Want to be Straight » ici,

 enregistré le 11 septembre 1979, dans le cadre de l’émission ‘Top of the Pops’, alors qu’il est déguisé en bobby, tout comme ses musicos, les Blockheads ; sachez également que c’est à la mort de son père, début 2000, que Baxter s’est mis à composer).

Mais souvent, ce soir, il abuse d’une gestuelle réminiscente du Tai-chi. Qui finit par irriter. A-t-il passé un séjour trop long en Asie ? Quand il se noue un foulard autour du front, on se remémore Christophe Walken, perdu au sein de la jungle vietnamienne, dans ‘Voyage au bout de l’enfer’. Ses pas de danse semblent hantés voire possédés. Mais il emprunte plutôt une voix rauque et un phrasé à la Sleaford Mods. Les nuances de douceur sont apportées par Madelaine, notamment sur l’un des titres phares de la soirée, « Celebrate me ».

La fin de set souffre d’ailleurs beaucoup moins de monotonie, et tout particulièrement lors d’un « Cocaïne man » au cours duquel Baxter porte un casque lumineux digne de Daft Punk. Il abandonne ses déhanchés pour se rapprocher du public qui l’applaudit et lui permet d’atteindre le sommet de son concert. A un certain moment, on imagine qu’il va se lancer dans un crowdsurfing ; mais après mûre réflexion, il y renonce. Paradoxal, mais pendant le refrain de « Prince of tears » (‘Everybody loves to say goodbye’), le public a envie que ce moment privilégié se prolonge et vire même à la fête. Et c’est ce qui va se produire, au cours d’un ultime rappel électro traduit par le « These Are My Friends », de Fred Again. Les premiers rangs se transforment en véritable dancefloor, et le band partage alors, avec le public, un délire en apothéose.

Un show très varié, très lent à véritablement prendre son envol, mais qui s’est achevé dans une forme de frénésie collective. Baxter Dury s’éloigne, en effet, du côté dandy de ses débuts, mais cette métamorphose n’est finalement pas pour nous déplaire. Un signe distinctif ? L’ovation qu’il a reçue en fin de prestation…

(Organisation : Botanique)

 

KermesZ A L’Est

Octophilia

Écrit par

Actif depuis 2008, KermesZ à l’Est développe un style assez unique mêlant sonorités jazz, salves métalliques et surtout sonorités traditionnelles issues de l’Europe de l’Est (NDR : vu le patronyme, on s’en doute un peu). « Octophilia » constitue son nouvel elpee. Sa musique pourrait parfois être baptisée de version balkanique de La Jungle, duo dont ils sont très proches dans l’esprit et l’énergie. Les –longs– morceaux sont inspirés de morceaux traditionnels originaires d’Azerbaïdjan, de Grèce ou de Roumanie et plus généralement de la région du Caucase ou alors, pour un titre (« Lullysion »), du « Bourgeois Gentilhomme » de Jean-Baptiste Lully, mais enrichi par un texte poétique d’Oliver Chaltin. Réunissant 8 musicos, cette fanfare belge assez unique en son genre est bien entendu au sommet de son art, en ‘live’ vu l’énergie qu’elle y libère ; mais la version studio vaut le détour grâce à ses tourbillons de tuba, saxo et autres trombones à piston…

Calogero

A.M.O.U.R

Écrit par

Il se conjugue au passé, au présent ou au futur. Généralement imparfait, protéiforme, souvent couvert d’aspérités, il règne chez les hommes et les femmes depuis que la terre est terre. Il est partout et nulle part à la fois. Cupide, insidieux ou encore salvateur, il peut se révéler un allié de premier choix, mais peut également détruire, menant même jusqu’à la mort. De quoi s’agit-il ? De l’Amour évidemment, titre du dernier opus de Calogero.

Réalisé dans son propre studio habilement baptisé Ronipiri (référence au nom de ses enfants Romy, Nina, Pio et Rita), on retrouve à la plume de ce neuvième album, ses fidèles compagnons, Paul École, Bruno Guglielmi, Pierre Riess et même Dominique A. Mais pas que puisque quatre des chansons sont signées Marie Poulain, une jeune artiste rencontrée par le fruit du plus grand hasard et avec qui il interprètera « Le hall des départs ».

Alors qu’il y a trois ans, le chanteur produisait « Centre-ville », un disque plaintif dans lequel il s’exprimait (sans trop de conviction) sur la pandémie et de la façon dont il vivait les confinements, Calo exporte aujourd’hui sa propre vision du sentiment amoureux sous un angle nettement plus positif et détaché faisant de l’intime un acte politique dont il se hisse comme un fervent défenseur.

Si le postulat de départ a tout pour plaire, le résultat global est assez décevant. Alors que le chanteur nous avait habitués jadis par la qualité de ses compositions, notamment à travers l’ultra réussi « Les feux d’artifice », l’elpee souffre d’un trop grand éclectisme de styles, parfois carrément même carrément antagonistes, oscillant du funky « Donne », au rock « Cache-cache » en passant par les sonorités des années 80 à travers « La nuit n’est jamais noire », auquel participe Gaëtan Roussel. De quoi donner le tournis !

Hormis quelques trop rares belles chansons comme « Dénouement heureux » ou lors du duo précité, le disque s’enlise dans une suite de titres mielleux, mal torchés et qui manquent de relief pour qu’ils s’inscrivent dans la durée et restent gravés sur l’autel du panthéon.

« A.M.O.U.R » se survole, plutôt qu’il ne s’écoute, alors que la promesse d’un disque réussi se dessinait pourtant, compte tenu du travail de production et de la trame thématique. Mais, le franco-italien a préféré la zone de confort en privilégiant un volet purement commercial et en se servant d’artifices musicaux peu crédibles.

Ainsi, Calogero enfonce le clou lorsqu’il dénonce les chiffres de l’industrie musicale au détriment de l’audace et la création artistique tout au long de « Faire une chanson », alors que lui-même emprunte cette direction…

Caleb Nichols

She is not your shadow

Écrit par

C’est en juin 2022 que Caleb Nichols, le bassiste de Port O’Brien, avait publié « Ramon », un album au cours duquel il racontait ses aventures de figure queer, sur la scène californienne, à travers des personnages de fiction.

Près d’un an plus tard, rien n’a réellement changé. L’homme de lettre, l’activiste et le musicien nous propose son nouvel elpee, « She is not your Shadow », sur lequel il reprend les choses, là où les avaient laissées. Il a cependant abandonné ses personnages de ‘Mean Mr. Mustard’ et sa sœur ‘Polythene Pam’ pour nous en présenter un autre : Chan. Tout au long de cet opus, Nichols lui donne la parole en rédigeant des dialogues qui reflètent ses émotions tout en explorant les questions de genre. Si sa pop-rock-lo-fi se distingue pas ses mélodies efficaces, on regrettera le manque de fluidité entre les morceaux, entrecoupés de dialogues... 

The Stranglers

Karaté, humour noir, corbeaux et rats…

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Bassiste, leader et seul membre originel encore présent au sein des Stranglers, Jean-Jacques Burnel publie son autobiographie sous forme d'interview… qu'il a accordée par ailleurs en… franglais !

C'était le plus jeune, le plus frenchy de la formation anglaise, le plus punk sans doute. De parents normands, Il avait ‘la folie’ (morceau qu'il chantait en français dès 1980 sur l'opus éponyme). Devenu maître karatéka, il descendait dans la foule pour régler le compte des emmerdeurs. Il a donc publié, sous forme de dialogues avec Anthony Boile, déjà auteur d'un ouvrage sur les Stranglers, son autobiographie en douze chapitres : douze morceaux qui évoquent notamment son identité duale franco-britannique, son amour des motos, de la bagarre ou son engagement pro-européen.

Maniant la provocation et l'humour (on peut être maître de karaté et de la provocation, ceinture humour noire) dans le livre comme dans l'interview qui suit, Jean-Jacques Burnel laisse poindre sa rancœur face à la trahison de son binôme Hugh Cornell –le chanteur qui a quitté le groupe voici trente ans, et son amour sincère et indéfectible pour un étrange territoire : la Belgique et les belles personnes qui la peuplent…

Chez les Stranglers, vous ne composiez pas beaucoup de chansons politiques, pourtant vous vous intéressez à la géopolitique, le livre le prouve, notamment à travers ce point de vue visionnaire à l’égard de ce qui se déroule actuellement en Europe…

C'est vrai, je m'intéresse à ce qui se passe dans le monde et je constate que beaucoup de gens ‘are sleepwalking in the fucking disaster’.

Oui, je m’y intéresse parce que je fais partie du monde ; et nous, petites personnes, nous pensons que nous incapables de changer les évènements. Mais pour l'Ukraine, c'était évident : nous avons eu un comportement hypocrite vis à vis de la Crimée, à l'époque. Et la suite le démontre lors de la Coupe du monde de football en Russie que nous n'avons pas boycottée. On a donné la Crimée à ‘Putain’ (sic !) et ensuite, hypocritement, tout le monde est allé jouer la coupe du monde en Russie. Déjà, à ce moment, on aurait dû dire stop. Personne ne l'a fait et le fric a gagné de nouveau, ainsi que la lâcheté.

Pourquoi y a-t-il dès lors proportionnellement peu de textes politiques dans le répertoire des Stranglers ?

Je ne suis pas d'accord. Souvent on a manifesté un engagement politique, ni de gauche ou de droite, mais en observant, à la manière des journalistes. Et puis c'est à l'auditeur d'en tirer ses propres conclusions.

On parlait de la Russie, il y a eu "Curfew" sur l'elpee "Black and White" en 78, qui évoquait une possible invasion de l'Angleterre. "Shah Shah A gogo", juste avant l'arrive de Khomeiny au pouvoir en Iran… il y en a beaucoup en fait. Mais on ne peut pas prendre au sérieux un groupe musical ; nous n'avons pas plus de crédibilité que n'importe qui ou quoi… que ‘Ça plane pour moi’ (rires).

Mais nous avons autant droit à une opinion que quiconque. Mais bon, ce n'est pas publié dans un journal sérieux ; c'est juste les Stranglers… de vieux punks ! (rires)

Cependant, il est judicieux de poser la question, car elle fait ressortir le boulot d'un artiste vivant dans la culture moderne. Il est assez flatteur que vous me la posiez. Merci (rires) !

L'apport des Stranglers a souvent été sous-estimé au sein du mouvement punk, comparativement aux Sex Pistols et aux Clash, vous en parlez dans le livre. En éprouvez-vous de l’amertume ?

Je n'ai pas le temps d'en avoir. De toute façon, ce n'est pas complètement vrai. Shakespeare a dit ‘He who laughs last, laughs longest’.

Et ‘we are laughing the last’, n'est-ce pas (il sourit) ?

Humour noir

Votre musique était déjà plus élaborée, la provocation se produisait sur les planches et en dehors ?

J'espère lire entre vos lignes qu'entre guillemets nous étions plus raffinés que les autres ?

Exact !

Merci !!!!

Vous êtes les hommes en noir, mais surtout humour noir ?

Quel humour (rires) ?

Depuis tout petits, nous avons été biberonnés aux Monty Python et au reste… L'humour britannique est parmi les plus fins et les plus subtils. Ce n'est pas toujours Benny Hill vous savez… (rires)

Ou Mister Bean ?

Qui a d'ailleurs tout pompé chez Monsieur Hulot !

L'humour noir que vous pratiquez est très britannique et finalement pas si courant dans le punk ?

Soyons honnêtes, les Britanniques ont beaucoup d'atouts, d'autodérision, et se foutent de leur propre gueule, ce qui les rend attrayants. Car il n'y a rien de moins attirant que quelqu'un qui se prend très au sérieux ou des gens qui sont imbus d'eux-mêmes.

Ce noir que vous portez sur scène exprime ce côté puritain que vous revendiquez dans le livre, mais, en même temps, le puritanisme c'est le politiquement correct qui nous domine désormais…

Ah non ! La cancel culture, tout ça c'est du bullshit ! Je suis puritain dans le sens cromwellien.

Pensez-vous que l'on accepterait encore aujourd'hui la provocation dont vous faisiez preuve sur les premiers elpees ?

Il y a certainement un morceau, et j'essaie d'ailleurs de convaincre les autres membres du groupe de le rejouer, sur le deuxième album, qui s'intitule "Bring On The Nubiles", dont les paroles sont choquantes au regard d'aujourd'hui.

Je crois qu'il y avait plus de liberté d'expression à une certaine époque que de nos jours…

Ceinture… noire

Vous êtes champion de karaté. Je me demandais, vu vos rapports désormais exécrables, si vous aviez Hugh Cornell en face de vous ; lui casseriez-vous la figure ?

Non ! Ce serait trop facile (rires).

Quand vous avez le niveau de karaté (NDLR : 7ème dan) que j'ai atteint, bien que je ne sois plus de ce niveau, vu mon âge, vous respectez ce que vous avez appris et ce que vous êtes capable de faire.

J'allais dire : ce serait comme si la Russie envahissait un petit pays comme l'Ukraine… (il rit)

C'est un peu David contre Goliath…

Concernant Hugh non, je n'ai pas besoin de lui casser la gueule parce que j'ai perdu tout respect pour lui. D'ailleurs, il s'est cassé la gueule tout seul… (il sourit)

Mais tout au long du livre, on vous sent…

Déçu !

Oui, un peu comme si votre amie vous avait quitté…

Oui, et surtout quitté pour une autre fille (il rit) !

Hugh nous a quittés pour devenir une méga star, pour grandir ; cela n'a pas marché. Résultat : il est devenu aigri et amer et me descend chaque fois qu'il peut.

C'est petit et méchant.

De ma part aussi d'ailleurs… d'en parler (il rit) !

Au cours des entretiens repris dans ce livre, vous exprimez votre amour de Bruxelles et de la Belgique ?

Aaah ! C'est un magnifique endroit. D'abord, Bruxelles est une belle ville du point de vue architectural, le côté flamand de l'architecture. Par ailleurs, les Belges sont très conviviaux. Ce n’est pas pareil aux Pays-Bas, notamment. J'ai passé de super bons moments en Belgique. Nous avons enregistré trois albums à Bruxelles, et j'ai même présenté une émission sur radio 21, le jeudi soir, pendant quelques semaines. Gratuitement, car ils ne pouvaient pas me payer. Mais ils me filaient tout de même une bouteille de vin. Bizarrement, l'émission se désintégrait vers la fin… (rires)

C'est un beau pays qui est le mien comme dit Brel, qui possède beaucoup d'atouts et n'est pas très connu. Bon, ce n'est pas un vrai pays, il a été un peu créé par les Anglais.

C'est ‘understated’ ; il y a de beaux villages, on y est bien accueilli et elle est peuplée de très jolies filles. Ce mélange ADN wallon et flamand est un bon mix !

Mais ce que je trouve très rigolo en Belgique c'est la devise : l'union fait la force… C’est une blague !

Et puis, les Belges sont les premiers au monde à avoir prouvé qu'un pays peut bien fonctionner sans gouvernement.

Ne seriez-vous pas un peu belge, puisque vous êtes une sorte d'’homme-tampon’ entre la Grande-Bretagne et la France, dont les parents sont français, mais qui a toujours vécu en Angleterre ?

Oui, je prends ! Si vous essayez de me provoquer, cela ne marchera pas !

N'essayez pas de provoquer un maître provocateur… (il se marre)

Et comme karatéka, vous pourriez vous appeler Jean-Jacques ‘Burnes’ ?

Oui j'ai des couilles énormes (rires) !

C'est vous qui auriez dû écrire "Never mind the bollocks", car vous avez des ‘balls’. Vous descendez dans le public pour casser la gueule à quelqu'un quand il vous emmerde…

(Il chante "My Way de Frank Sinatra")Regrets, I've had a few, but then again, too few to mention…’

Oiseau… noir

La formation a choisi comme symboles le rat et le corbeau –et c’est toujours le cas– deux animaux qui sont mal aimés et pourtant très intelligents, ce qui est aussi le cas des Stranglers…

Je prends cette comparaison comme un compliment.

Le rat est un animal qui s'adapte très aisément, comme les… morpions ! Si une guerre nucléaire se déclenchait demain, en une génération, les rats s'adapteraient.

Le corbeau est-il vraiment mal vu ? Si l'on évoque Hugin et Munin les corbeaux d’Odin dans la mythologie viking, ce sont les plus grands des corvidés, et les plus forts. Ce sont eux qui informent Odin de ce qui se passe dans le monde : ils sont ses yeux. Raison pour laquelle je les ai pris comme symbole.

Cela me touche et fait écho en moi, qui suis d'origine normande.

Qui voyez-vous comme héritier des Stranglers, actuellement ?

Je ne vois pas, pour l’instant, de groupe aussi mélodique, rythmique et brillant… chiant (rires) et très bon sur scène.

Vous reconnaissez, apparemment, l’existence d’extraterrestres. Mais, croyez-vous aux reptiliens ?

C'est plus ou moins la même chose.

Les scientifiques tentent de trouver le chaînon manquant et même le darwinisme ne l'explique pas. Désormais, le gouvernement américain a rouvert une section consacrée aux ovnis, car il s’est produit trop d’événements inexpliqués observés par leurs pilotes d'avion.

Stephen Hawking a prouvé qu'il existait d'autres dimensions. Peut-être vivent-ils en même temps que nous dans une autre dimension. Il existe parfois des ouvertures sur ces autres dimensions, si est branché sur la bonne fréquence.

Par ailleurs, nous sommes une petite planète où il y a de la vie près d'une étoile. Vu les milliards d'étoiles qui peuplent l’univers, mathématiquement, la probabilité qu'il y ait une planète semblable à la nôtre, est grande.

Quelle est l'influence du Japon sur les Stranglers ?

Elle est énorme. D’abord, parce que je suis karatéka depuis 50 ans ; et sous d'autres aspects également.

J'ai produit le band japonais, Lizard, et j'ai joué dans un grand groupe de là-bas, ARB, à une certaine époque (NDLR : en 1984 !). Difficile pour moi de déterminer exactement l'influence, mais elle appartient à ma vie.

"La folie", c'est tout de même une chanson qui raconte l’histoire d’un Japonais qui a dévoré sa fiancée ?

Oui. Issei Sagawa a d'ailleurs accompli une carrière sur le thème du cannibalisme à la télévision japonaise. Cette pratique n'a pas exercé une grande influence sur moi, heureusement (rire sardonique) ; le morceau peut-être… je veux dire, de musique (il rit).

Jean-Jacques Burnel. Strangler In The Light : Conversations avec Anthony Boile (Le Mot et Le Reste)

 

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