RIVE sous tension…

Entre la nuit et le jour, RIVE propose "Tension", un 4ème extrait de son album "Collision", sous forme de clip. La photographe et réalisatrice Laetitia Bica (prix du ‘Changemaker de l’année 2023’ au Belgian fashion awards) emmène le duo dans la nuit des…

logo_musiczine

Meril Wubslin fait ça… et dans la langue de Molière…

Fondée en 2010 par Christian Garcia-Gaucher (BE/CH) et Valérie Niederoest (CH), Meril Wubslin est une formation belgo-suisse dont la musique est décrite comme lo-fi-folk-sci-fi-psyché-transe. Duo à l’origine, elle est passée à un trio en 2015, à la suite de…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

Enter Shikari - Ancienne ...
mass_hysteria_ab_10

Mr. Big

Tout y était : la puissance, l’intensité, l’attitude, l’énergie et la virtuosité…

Écrit par

L’Ancienne Belgique est configurée en mode Ballroom pour accueillir le supergroupe californien de hard rock, Mr. Big. Sous cette configuration, les places assises et les balcons sont condamnés par une tenture (NDR : de couleur rouge), et la capacité de la salle est réduite à1350 personnes. La formation américaine opère sa tournée d’adieu baptisée ‘Big Finish Tour’.

Il y a plus de trente ans, le band livrait son album emblématique, « Lean Into It », un œuvre qui recelait son méga-hit atypique, « To Be With You », au milieu d'une collection de classiques du hard rock qui constituent la base de son excellente réputation en concert.

Le décès du drummer Pat Torpey, en février 2018, a plongé le groupe dans une période de deuil, une sorte de léthargie hivernale, dont ils se sont réveillés pour accorder un dernier périple. Remplacer Torpey s'est avéré être un défi, car il jouait non seulement de la batterie, mais se chargeait aussi des chœurs. Le band a déniché un replaçant ; en l’occurrence Nick D'Virgilio, ancien batteur de Big Big Train, Tears for Fears et Spock's Beard.

Outre le nouveau préposé aux fûts, le line up implique le guitariste Paul Gilbert (ex-Racer X), le bassiste Billy Sheehan (ex-David Lee Roth, ex-Tony McAlpine) et le chanteur Eric Martin (ex-Eric Martin Band).

Le supporting act est assuré par le guitar hero, Jared James Nichols. Originaire du Wisconsin, ce maestro du blues/rock à la voix très soul est un virtuose de la 6 cordes électrique. Ce géant (NDR : il doit, au moins, mesurer 2 mètres) est soutenu par un bassiste et un batteur qui se sert du kit de la tête d’affiche.

Dès qu’il grimpe sur les planches, Nichols salue le public, puis entame « Easy Come, Easy Go », un morceau particulièrement entraînant qui fait hurler la foule.

Il embraie par, « Down the Drain », une compo plus mélodique, rappelant Soundgarden, mais en plus bluesy. « Hard Wired » s’enfonce dans le grunge, se réservant, cependant, des parties davantage harmonieuses. Non seulement Jared est époustouflant sur sa gratte, mais il se montre très interactif auprès du public. Et il achève sa prestation par « Mississippi Queen », une cover de Mountain… (photos Romain Ballez ici)

Setlist : « Easy Come, Easy Go », « Down the Drain », « Hard Wired », « Threw Me to the Wolves », « Skin 'n Bone », « Good Time Girl », « Mississippi Queen » (Mountain cover)

Pendant que la reprise du « Blitzkrieg Bop » des Ramones s’échappe des haut-parleurs, les membres du quatuor s’installent. Le drummer, Nick D'Virgilio, prend place en retrait, sur une haute estrade. Au-dessus de lui un énorme écran a été accroché, sur lequel le patronyme du groupe est frappé en lettres jaunes et rouges.

« Addicted To That Rush » ouvre les hostilités. C’est un extrait de l’elpee éponyme, paru en 1989. Dur, impitoyablement groovy et serré comme la courroie d'entraînement d'une toute nouvelle moto japonaise, il libère une énergie rock pure. « Take Cover » (« Hey Man » - 1996) semble retrouver une seconde jeunesse. Eric Martin évoque le regretté Pat Torpey et demande à Nick D'Virgilio de jouer à la manière du regretté Pat. Message reçu 5 sur 5 ! D'Virgilio s'avère être un digne remplaçant tant dans la puissance que la sauvagerie de sa frappe des fûts.

Après « Price You Gotta Pay » (« Bump Ahead » - 1993), la formation s’attaque au long playing « Lean Into It », qu’il va dispenser dans son intégralité. Tout au long de « Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song), » Sheehan passe une perceuse sur ses cordes pour les faire vibrer. Ce qui explique d’ailleurs le sous-titre, entre parenthèses, ajouté dans le libellé du morceau. Outre le super riff et une rythmique solide posée sur un tempo enlevé, le duo guitare/basse est impressionnant. Et techniquement les musiciens sont irréprochables. Leurs solos relèvent de la virtuosité. Pendant « Alive And Kickin' » (NDR : non, ce n’est pas une reprise de Simple Minds ; celle du groupe écossais s’intitule « Alive and kicking »), ça rocke, ça swingue et ça groove. Sans oublier les mélodies envoûtantes et les chœurs raffinés.

Sheehan empoigne ensuite une double- basse qu’il ne quittera plus. Au sein de la setlist, la formation intercale quelques reprises intéressantes. Dont le tendre « Wild World » de Cat Stevens, au cours duquel Eric se sert d’une semi-acoustique. Ce sera la seule fois de la soirée.

L’adrénaline remonte ensuite et Paul Gilbert (NDR : très élégant en costume/cravate, on avait parfois l’impression qu’il allait prêcher au coin de la rue) s’autorise un solo plein de références astucieuses, dont une au thème principal du film ‘Rocky’, « Gonna Fly Now », exécute un solo magique avant que Billy Sheehan ne lui emboîte le pas.

Pendant « To Be With You », le moment attendu par l’auditoire, tous les iPhones sont allumés pour immortaliser ce hit planétaire, joué en ‘live’ ! Et le public est aux anges lorsque le quatuor s’attaque aux tubes « Green-Tinted Sixties Mind » et « Just Take My Heart ».

Avant de livrer sa version du « Good Loving » de The Olympics, les musicos échangent leurs instruments : Gilbert siège derrière les fûts, Virgilio s’empare de la guitare, Martin de la basse et Sheeham se consacre au micro.

Le concert s’achève par la reprise énergique du « Baba O'Riley » du Who. Mr. Big porte bien son nom. 120 minutes de show au cours duquel tout y était : la puissance, l’intensité, l’attitude, l’énergie et la virtuosité… (photos Romain Ballez )

Setlist : « Blitzkrieg Bop » (cover Ramones), « Addicted To That Rush », « Take Cover », « Price You Gotta Pay », « Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song) », « Alive And Kickin' », « Green-Tinted Sixties Mind », « CDFF-Lucky This Time » (Jeff Paris cover), « Voodoo Kiss », « Never Say Never », « Just Take My Heart », « My Kinda Woman », « A Little Too Loose », « Road To Ruin », « To Be With You », « Wild World » (Cat Stevens cover), « Guitar Solo », « Colorado Bulldog », « Bass Solo », « Shy Boy » (Talas cover), « 30 Days In The Hole » (Humble Pie cover), « Good Lovin' » (The Olympics cover) (Band swaps instruments), « Baba O'Riley » (The Who cover).

(Organisation Biebob et Live Nation)

 

Lescop

Des arrangements musicaux précis et une mise en scène visuelle efficace…

‘Ça fait longtemps !’, confie d'emblée Lescop au public venu assister à sa prestation, ce soir, au Botanique. En effet, son dernier concert au centre culturel remonte à 2013 ! C’est même à cette date qu’il avait accordé une interview à Musiczine (à lire ou à relire ici).

Pour être précis, le chanteur français visite la capitale de l'Europe pour la 5ème fois. D'abord, en 2012, en première partie de Daniel Darc, dans le cadre des Nuits Botanique et, rebelote quelques mois plus tard, au sein de la Rotonde. Dès 2013, à nouveau, lors des Nuits et enfin, en 2017, au cours du regretté BSF (Brussels Summer Festival).

Ce soir, il revient après un long hiatus, qu'il a mis à profit pour changer d'air après avoir subi les aléas d'un succès un peu trop rapide. Selon ses déclarations, il a apprécié son rôle d’acteur (sa première passion), écrire des scénarios et former un projet 'rock/glam', baptisé Serpent. Cette période lui a aussi permis de changer de maison de disque. Adieu, le label ‘Pop Noire’ de ses amis Johnny Hostile et Jenny Beth et bonjour Labréa Music / Wagram Music / Turenne Music.

Pour rappel, Lescop est le pseudo de Matthieu Peudupin. Lescop, c’est le nom de famille de son arrière-grand-mère bretonne. Ex-chanteur du groupe punk rochelais Asyl, il a développé, en solo, un style de ‘pop française' fortement inspiré des années '80. Une ‘pop noire’ qui a fait mouche dès son premier hit, le lumineux "La Forêt", et son album éponyme, dont la musique célébrait un mariage parfait entre Daho, Taxi Girl et Indochine, tout en empruntant des accents à The Cure, Joy Division et The Velvet Underground.

Ce soir, le retour s’opère dans l'intimité de la salle du Museum, au Botanique. L'artiste vient y présenter son tout nouvel elpee, “Rêve Parti”, réalisé en coopération avec le musicien-producteur Thibault Frisoni (comparse de Bertrand Belin).

Après une courte introduction, le très beau "Elle" ouvre efficacement le concert. Lescop investit les lieux avec classe et discrétion. Pendant "Exotica", un des 3 hits potentiels de sa dernière production, en l’observant, on constate qu’il a mûri : exit, le polo Fred Perry, le jean et les Converse ; il porte un costume foncé et une chemise brune. Derrière son pied de micro, concentré et les yeux fermés, il affiche un air sérieux, presque grave. Quand il bouge, il s'autorise juste quelques élégants déhanchements, légèrement androgynes.

A ses côtés, un tout nouveau 'band', composé d'un batteur, d'un claviériste/guitariste et d'une bassiste qui prend en charge les voix d'appoint mais aussi celles des chanteuses présentes sur le nouvel album : Halo Maud, dans “Femme Papillon” et Izia dans “La Plupart du Temps”. Tout au long de “La Nuit Américaine” et du puissant “Tokyo, La Nuit”, on remarque la précision des arrangements musicaux et l'efficacité de la mise en scène visuelle.

Pendant “Le Vent”, on sent planer une atmosphère Joy Division-esque : le côté hypnotique et solennel évoque le titre “Atmosphere”, des légendaires Mancuniens. Le premier grand frisson de la soirée intervient pourtant un peu plus tard, à la faveur de nouveau hit de Lescop, “Les Garçons”. Le clin d'œil à “Cherchez Le Garçon”, de Taxi Girl, saute aux oreilles et il est impossible de ne pas danser, à tout le moins de se déhancher sur cette composition finement ciselée.

Comme prévu, le final du concert sera consacré aux ‘vieilleries botoxées’, comme l'annonce avec humour Lescop. Tout d'abord, le puissant “Marlène” et ensuite, en apothéose, “La Forêt”. Dès les premières notes, l'ambiance monte de plusieurs crans et, à ce moment, comme d’habitude, Lescop descend du podium pour se mêler au public. A quelques mètres seulement de l'artiste, on se met à danser en remuant la tête, comme ensorcelés par la mélodie envoûtante.

Après des applaudissements nourris, Lescop revient pour le rappel. Visiblement ému, il évoque le courage qu'il faut avoir pour partir, quand les choses ne vont plus bien, comme l'a fait Marlène Dietrich, en quittant Berlin. ‘Dans les couples, c'est la même chose’, ajoute-t-il, ‘il faut pouvoir, à un moment, dire adieu à son 'Rêve Parti'’. Et d'enchaîner sur la chanson titulaire de son dernier opus, suivie d'un tout dernier titre, “Un Rêve”.

Un concert absolument parfait, même si votre serviteur n'a pas eu la chance, cette fois, de prolonger la soirée auprès de l'artiste, comme en 2012. En compagnie de mon amie Valéria, nous nous étions retrouvés à faire la fête avec l'artiste dans ‘Bruxelles, La Nuit’, car, il faut le savoir, Mathieu aime Les-c(h)oppes.... Hum...

Setlist

Elle
Exotica
La femme papillon
David Palmer
Radio
La nuit américaine
Tokyo, la nuit
La plupart du temps
Grenadine
Le vent
Les garçons
Le jeu
Tu peux voir
Marlène
La forêt

Encore

Rêve parti
Un rêve

Organisation : Botanique

Shake Shake Go

En parfaite symbiose…

Écrit par

Si pour le commun des mortels, le 21 mars 2024 coïncide avec le premier jour du printemps, cette date est une peu différente dans l’esprit de votre serviteur, puisqu’il l’a cochée dans son agenda afin d’assister au concert de Shake Shake Go, un groupe d'indie folk aux origines franco-galloises.

Une fois n’est pas coutume, le show ne se déroule pas dans en Belgique, mais outre-Quiévrain, au sein d’un endroit plutôt chaleureux.

Bien que situé dans un quartier très populaire, le Moulins et Wazemmes, la Bulle Café est un endroit, certes atypique, mais qui présente beaucoup de charme et une franche convivialité. Situé dans une ancienne fabrique, l’espace n’est pas très grand ; aussi, on doit pouvoir y accueillir, au bas mot, deux cents personnes. La cour en pavé est parsemée de tables et de chaises ; ce qui permet de s’y délasser au soleil ou prendre l’air entre deux morceaux de musique. Et du soleil, il y en avait ce jeudi, comme par miracle.

Le quartier dans lequel s’inscrit l’édifice brasse une multitude d’ethnies, ce qui rend les choses culturellement intéressantes et surprenantes.

Etymologiquement, la bulle est un espace protégé dans lequel on se sent en sécurité. De même, qu’elle constitue un globule gazeux [bière ?] qui se forme dans une matière [musique ?] en fusion. Bref, chacun sa formule !

La salle est comble. La pyramide des âges et des sexes y est relativement bien représentée. Cocorico, de nombreux Belges ont également fait le déplacement.

Le supporting act est assuré par Xavier Polycarpe. Il se présente seul sur les planches armé d’une sèche et d’un Apple (l’ordi, pas le fruit). Le gaillard (s’)impose à lui seul. Il doit mesurer, au moins 1m90.

Il semble très à l’aide sur scène. Normal, il était l’une des chevilles ouvrières de Gush, quatuor rock responsable de deux albums. Il a aussi participé à de nombreuses tournées internationales et a été nominé aux Victoires de la Musique. Il formera ensuite Macadam Crocodile, une formation aux accents électro-disco.

Les puristes l’ont également vu apparaître sur une célèbre chaîne de télé française, lors d’une émission de télécrochet. Ou encore, s’acquitter des premières parties de Matthieu Chedid ou encore de feu Johnny Hallyday.

Bref, le gaillard jouit d’un sacré curriculum vitae.

Il se produit ce soir en solo en vue d’écimer de ses sons, le parterre lillois. Ses textes empruntent tantôt au français, tantôt à l’anglais.

Ils sont ciselés et empreints d’émotions. Solaire, son sourire illumine et fait vivre en ‘live’, son projet.

Si sa musique baigne plutôt dans un folk cosy, ses chansons peuvent traduire de la contestation, à l’instar de « House is burning », bande originale d’un documentaire consacré à la cause animale.

De temps à autre, il s’interroge sur le temps qui passe, la vie et la mort comme sur ce très joli « Vanish in the Runaway Wind », aux contours chantournés.

Généreux avec son auditoire, il nous réserve un titre de son prochain Ep éponyme, « Minute », un morceau au refrain entêtant. Le public le lui rend bien en reprenant ces paroles sur un ton endiablé.

« Dancing in the Ring » clôture un set bien trop court, mais de bien belle facture.

Grâce à une voix et une attitude digne de Ben Harper, Polycarpe s’est forgé une place de choix dans le cœur des aficionados.

Une belle découverte dans le chef de votre serviteur.

Après une pause de quelques minutes, afin de faire place nette sur l’estrade et permettre aux spectateurs de se rincer les amygdales, une longue intro au synthé retentit.

Les membres de Shake Shake Go grimpent sur le podium, les uns après les autres. D’un pas timide, d’ailleurs. Coiffée d’un chapeau, Poppy Jones apparaît la dernière, mettant ainsi un terme à un suspens de courte durée. Elle est vêtue d’un chemisier rose, plutôt échancré. De quoi ravir le parterre masculin, agglutiné aux premiers rangs, langue pendue face à cette plastique de rêve.

Rapidement, elle laisse tomber son couvre-chef, dévoilant alors un visage angélique. Gageons que derrière l’ange ne se cache un démon.

Alors que SSG était initialement constitué de cinq mousquetaires, aujourd’hui, il se produit en trio, formule qui lui permet une redistribution des rôles tout en créant de nouveaux espaces de liberté.

Pour la petite histoire, lorsque le band se produisait dans la rue et les pubs miteux, un gosse de six ans s’est exclamé en les regardant ‘Shake shake go’ ! Le patronyme venait d’être trouvé.

La suite de l’histoire ressemble à un conte de fée. Jugez plutôt : une première partie de James Blunt assurée en 2014, au Royaume-Uni, puis en France (notamment celle de Rodrigo y Gabriela), un premier single publié en décembre 2014, un premier Ep (éponyme), en mars 2015, un premier album orienté folk, « All in time », début 2016, un second taillé pour le live, en 2018, « Homesick », avant enfin d’accoucher de « Double Vision », un opus nettement plus organique que les précédents.

Aujourd’hui, la nouvelle sensation venue d’outre-Manche tourne dans le cadre d’un périple international. Pas étonnant, lorsqu’on sait que plus de 7 millions de personnes ont écouté « England Skies », son tube incontournable.

Votre serviteur avait pu les découvrir en 2016, dans le cadre du Ronquières Festival. Il s’agissait de sa première date belge. Les choses ont bien changé et les musiciens ont gagné en maturité et en précision.

La jeune femme est accompagnée de ses fidèles serviteurs. Mais également de deux musicos de tournée. Une demoiselle aux ivoires et un préposé aux quatre cordes.

Issu de son dernier long playing, « Red Woman » donne le ton. Une compo acidulée où guitare et basse flirtent allègrement. Poppy prend le train en marche dès les premières notes. Son corps se laisse bercer et entreprend des soubresauts rageux. Elle joue complètement son rôle d’ambassadrice.

La musique de Shake Shake Go baigne au sein d’un univers pop/folk mélodieux, gracile, où se mêlent évasion et bienveillance. Les chansons s’inspirent de la nature, de la vie, des expériences et des gens qui les entourent. La voix candide de Poppy subjugue. Elle est dynamique, puissante, organique, épique et surtout optimiste…

« Come back to me », « Hands Up » ou encore « We are now » s’attardent dans le rétroviseur, puisque ces morceaux sont tirés respectivement de « Homesick » et d’« All in Time ».

Les accords sont posés avec justesse, passion et professionnalisme. Ces jeunes sont entrés dans la cour des grands.

Les riffs de guitare sont dispensés tout en retenue, mais avec rage et puissance. Pas mal pour des jeunes en culotte courte ! Ils s’amusent beaucoup sur scène, sans se prendre la tête. Ce qui frappe, c’est la symbiose qui les unit. Aucune individualité ! Chacun est là pour servir l’autre. Magnifique !

Poppy s’essaie ensuite dans un français qui s’avère… approximatif. Manifestement, elle n’y arrive pas, alors, elle s’excuse. Pour reprendre ensuite le cours de son discours, dans sa langue natale.

Ballade émouvante, le magnifique « England Skies » constitue un des moments forts de cette soirée. Impossible pour la foule de ne pas chanter ce titre à la mélodie imparable, devenu disque de diamant, et qui comptabilise 50 millions de streams.

Shake Shake Go vit pleinement ses compos en ‘live’. Et « Love outside the line » en est certainement la plus belle démonstration. Il faut dire que les compos et les arrangements permettent une ouverture pour ce type de configuration.

Pourtant, paradoxalement, lors des promos ou showcases, le combo propose des versions alternatives acoustiques, dans un exercice qui lui va tout aussi bien. Les titres, ici interprétés, pourraient bien y trouver une place de choix.

Alors que « Blackbird », permet à la voix de Poppy de mettre en avant son côté cristallin et ses nombreuses amplitudes, le concert reprend de plus belle par un « Let Me to The Water » plus incisif et à la rythmique emphatique.

Durant environ une bonne heure, la bande à Poppy a proposé une musique qui déchire les tympans dans un tourbillon de rage, de volupté et de candeur.

Les chansons sont finalement assez simples, mais pas simplistes. A cause de leur construction réfléchie, outre leur positivisme. Elles servent parfois d’exutoire, mais véhiculer des lyrics engagés ne semble apparemment pas être la tasse de thé du band.

Il est temps de mettre un terme à ce qui est resté une surprise de taille.

La fin du set approche. Poppy invite l’auditoire à se diriger vers le merchandising. Outre la vente de disques, elle est aussi venue pour faire connaître ‘Target Ovarian’, une association dont elle est l’égérie. Une cause qui l’affecte, sa mère étant décédée d’un cancer de l’ovaire, il y a environ deux ans.

Les lieux se vident très rapidement, le bar ayant reçu pour consigne de fermer juste après le concert.

L’assistance déserte les lieux ; les souvenirs, eux, restent bien présents.

Photo ©shooting_concerts

Mass Hysteria

Plus que du metal…

Un proverbe raconte qu'il est souvent plus difficile pour un artiste de percer dans son propre pays qu'hors de ses frontières. Ce n'est pas le cas pour Mass Hysteria, un groupe français de métal qui est parvenu à tirer son épingle du jeu au sein de l’Hexagone. Lorsqu’il s’était produit dans le cadre du Main Square Festival, en 2016, il était en haut de l'affiche. Et il est parvenu à créer un immense moshpit jusqu'aux derniers rangs. Programmé sur de grandes arènes en France il est régulièrement invité au Hellfest. Dans un AB Club très bien rempli, la formation a démontré qu’elle était capable d’assurer parfaitement, tous genres confondus, et de satisfaire les jeunes et les moins jeunes.

En supporting act, First Arkangel va dispenser un set constitué d’un méli-mélo chaotique et assourdissant de styles divers. En effet, sa musique oscille constamment entre hardcore et métal. Le band joue très fort des morceaux rapides, mais aussi de manière plutôt monotone. Ce qui ne gêne pas les fans présents, car les bouffées d'adrénaline administrées provoquent un véritable tremblement de terre, entraînant quelques moshpits qui secouent l’AB. Mass Hysteria ne pouvait donc pas rêver d'un meilleur chauffeur de salle… (pour les photos, c’est ici)

Pourtant, à voir les nombreuses personnes présentes au bar lors de ce concert, on se rend compte que la grande majorité d'entre elles se sont uniquement déplacées pour la tête d'affiche de la soirée.

Mass Hysteria aime manifestement la grandiloquence et la théâtralité, si l'on en juge par la configuration de la scène. Tant l’aspect musical que vocal se révèle épique et est abordé de manière particulièrement sophistiquée et variée.

Le band démarre pied au plancher par « Mass veritas », une compo qui exprime la colère. Rien n'est laissé au hasard tout au long de la soirée, semble-t-il. Car le frontman court comme un dératé dans tous les coins du podium, à la recherche de son public. Ce qui donne lieu à de véritables mosh pits et autres circle pits, dont un très grand tout au fond pendant « Chiens de la Cass ». Il n'y a tout simplement pas moyen de s'en sortir, une fois que l'on est monté sur les montagnes russes françaises. Pas le moindre répit, sauf lorsque Mouss Kelai balance quelques boutades amusantes.

Lors du rappel, le combo place la barre encore plus haut. D’ailleurs la fête va s’achever par un feu d'artifice. Cependant, un beau moment va suivre « Furia ». De jeunes enfants sont invités à monter sur les planches, mais les oreilles protégées par des casques adaptés. Le plus jeune est à peine âgé de quatre ans ! Ils sautent et dansent avec le groupe, puis partent se mettre à l'abri, car tout au long du morceau de clôture, « Plus que du metal », le robinet coule à flots, une dernière fois ; ce qui provoque un dernier moshpit. 

Mass Hysteria est parvenu, et brillamment, à offrir une réponse française au metal américain, britannique et allemand. Car ce n'est pas une mais plusieurs fois que le toit s'est envolé lors de cette soirée festive. Les bombes énergétiques françaises ont bourdonné abondamment dans nos oreilles, pendant ces deux heures. Jusqu'à ce que l'on rentre chez soi en sueur et un peu sourd, mais avec un large sourire aux lèvres… (pour les photos, c’est )

Setlist :

Mass Veritas // Positif à bloc // Chiens de la casse // Vae soli ! // L'inversion des pôles // Notre complot // L'art des tranchées // Nerf de bœuf // Se brûler sûrement // L'émotif impérieux // Failles // Reprendre mes esprits // Arômes complexes // L'enfer des dieux // Encore sous pression // Tout est poison

Encore :

Tenace // Le triomphe du réel // Contraddiction // Furia // Plus que du métal

(Organisation : Ancienne Belgique)

Dorian Dumont

Classieux, mais aussi expérimental…

Écrit par

Dorian Dumont est né à Montpellier (France), où il y a étudié le piano classique au conservatoire. Il y a décroché, en 2005, la médaille d’or dans les branches ‘piano classique’ et ‘musique de chambre’, avec la mention très bien et les félicitations du jury. S’intéressant de plus en plus au jazz et à la musique improvisée, il part en 2008 pour Bruxelles, ville qu’il ne quittera plus. Après ses études de jazz au Conservatoire Royal de Bruxelles, il y obtient son master en 2013. Musicien curieux de nouvelles sonorités, Dumont cultive l’éclectisme et refuse de se fixer sur un genre, ce qui lui permet d’explorer les multiples facettes de son jeu. Depuis quelques années, il est particulièrement investi dans le groupe ECHT ! formation qui brouille les frontières entre jazz, hip-hop et musique électronique. Dumont participe également à d’autres projets, qui tournent autour des concepts et de la poésie du ‘prodige de la musique électronique’, dont Edges, le projet de Guillaume Vierset montée en compagnie de Jim Black et Anders Christensen, Easy Pieces avec Ben Sauzereau et Hendrik Lasure ou encore le Dario Congedo Trio.

Le pianiste d’Echt ! Dorian Dumont rend ce soir hommage à Richard David James (NDR : un compositeur britannique de musique électronique, né le 18 août 1971 à Limerick, en Irlande), en adaptant sa musique pour le piano solo. Richard D. James est l’un des musiciens les plus intéressants de son temps. Mais son œuvre est aussi opaque qu’intrigante. Apparu au début des années 90 sous le pseudo d’Aphex Twin, il travaille les machines comme Stockhausen a pu le faire dans les années 50, en ajoutant à son travail de studio, la contre-culture rave qui explose alors (techno, jungle, drum n’bass). James s'est lancé au milieu des années 1980 en tant que producteur pionnier de musique ambiante, suivant ainsi les traces de Brian Eno.

Pendant 70 minutes, Dorian va interpréter fidèlement ou improviser sur les morceaux d’Aphex Twin, mais également quelques titres de son second opus, « To the APhEX », paru ce 28 février (en écoute ici). Une certaine forme de ‘release party’ pour 70 privilégiés, pour la première fois assis, dont votre serviteur. L’AB Club est donc comble.

Le maestro débarque et part s’installer derrière un grand piano à queue de couleur noire. Simple, intimiste et oscillant entre ombre et lumière, le light show émane du plafond, mais également du sol, grâce à 6 néons leds dont l’intensité varie lorsque la musique s’emballe. Toute sa famille est présente, y compris son grand-père, à qui il rend hommage. Et pour cause, il a fait le déplacement de Montpellier pour écouter son petit-fils en fan convaincu.

Après les deux premiers morceaux exécutés brillamment, Dorian empoigne un micro et signale qu’il est assez volubile et explique pourquoi il est fasciné par l’œuvre d’Aphex Twin, ses mélodies compliquées, alambiquées même, sa poésie et surtout l’harmonie étrange délivrée par ses mélodies, et enfin la perfection, selon Dorian.

Pas de setlist sur le piano ou aux pieds de l’artiste. Les titres proposés portent des noms bizarres. Jugez plutôt : « "180db_ [130] », « Windowlicker », « Avril 4 Th », « # 3 (Rhubarb) », …

Il nous réserve les compos par série de deux. Régulièrement, en improvisant, il apporte sa touche personnelle et artistique avec beaucoup d’expérimentation et de classe.

Les basses, les batteries et tous les sons d’un groupe sont rassemblés dans les touches du piano pour ne faire qu’un.

En décomposant toutes ces couches électroniques et en les recomposant pour le piano solo, il prouve que la musique d’Aphex Twin est bien plus qu’une apologie des machines. Sa relecture offre un point de vue pertinent et tout personnel sur cette musique qu’il s’approprie de la plus belle des manières, en ouvrant de nouvelles portes.

Toujours curieux de nouvelles sonorités et cultivant l'éclectisme, Dorian Dumont refuse de se fixer sur un genre pour être capable d'exploiter plusieurs facettes de son jeu et ainsi de s'exprimer dans plusieurs domaines d'exploration musicale. Une très bonne soirée hantée par la découverte d’un genre musical auquel on votre serviteur n’est pas habitué, et au cours de laquelle l’auditoire s’est montré attentif, silencieux et surtout mélomane. Cela change.

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

K's Choice

Unplugged !

Écrit par

Après une série de concerts décrétés à guichets fermés tant sur les scènes nationales qu’internationales, Sam Bettens (autrefois dénommée Sarah) et son frangin Gert se sont lancés dans une tournée en formule acoustique pour servir leur meilleur jus d’une carrière de trois décennies, accompagné de leur fidèle compagnon, Tom Lodewyckx.

Si le groupe s’appelait initialement The Choice, et était formé principalement par le binôme, deux groupes américains revendiquaient le patronyme ; ce qui explique pourquoi, il a été changé en K’s Choice.

Le choix se concevra presque naturellement, car le ‘k’ est le nom du personnage principal du roman ‘Le Château’ de Kafka, K n’ayant pas vraiment de liberté de choix dans l’histoire.

La légende dit aussi que le groupe aurait essayé toutes les lettres de l’alphabet avant d’opter pour cette consonne, qui à leurs oreilles, sonnait le mieux.

Afin de célébrer un tel évènement, la formation avait décidé de poser ses valises dans le magnifique Casino d’Ostende, un lieu hautement symbolique reconnu comme monument protégé en 1998.

Le bâtiment compte plusieurs salles multifonctionnelles, comme celle qui a été baptisée ‘Delvaux’, décorée d'une fresque murale du célèbre peintre post-impressionniste, expressionniste puis surréaliste belge, dont la capacité s’élève à 700 visiteurs alors que celle d'honneur peut en accueillir 1 500.

Si aujourd’hui, le combo peut jouir d’un style affirmé, le chemin parcouru est grand depuis la sortie de son premier elpee paru en 1994, « The great subconscious Club », sur lequel figure le single « The Ballad of Lea & Paul » qui a cartonné en Europe. Depuis, la ‘succès story’ ne cesse alors de s’imposer, puisque deux années plus tard seulement, « Not an Addict » inonde les ondes radios. Malgré l’engouement des médias et du public, la formation n’a d’autre option que d’interrompre son aventure de 2002 à 2009, période au cours de laquelle les musicos embrassent une carrière en solo.

Sam et Gert ont également bossé en compagnie de nombreux producteurs notoires (Jean Blaute, Gil Norton, Alain Johannes) et artistes (Anouk, Skin, Milow), ce qui leur a valu une belle brochette de disques d’or et de platine.

Le public, venu en masse, est majoritairement flamand. Il faut dire que les membres fondateurs ont grandi à Anvers. Cocasse, les couples lesbiens sont légion. Ce n’est pas étonnant lorsqu’on sait que Sam, qui vit maintenant en Californie avec sa femme et ses enfants, est aujourd’hui devenu un modèle pour les transgenres qui veulent s’assumer.

Il vient d’ailleurs d’écrire un livre intitulé ‘Ik ben’ (la version anglaise - ‘I’m’ - est également disponible) où il explique, notamment, pourquoi il lui a fallu tant de temps pour découvrir qui il était. De nombreux exemplaires sont d’ailleurs bien présents au stand merchandising.

Il est un peu plus de 20 heures lorsque les aficionados, confortablement assis sur les sièges moelleux de couleur rouge vif de ce magnifique endroit, entendent un « Perfect Scar » qui claque comme une ode aux cicatrices du passé, rapidement suivi de « Favorite Adventure (The Wedding Song) ».

La salle offre une acoustique irréprochable. Le jeu de lumière est réduit à sa plus simple expression afin de permettre au mélomane de s’immiscer entièrement dans l’ambiance feutrée du show. Derrière, de grands draps gris foncé renforcent le caractère intimiste de la soirée.

Des regards complices s’échangent entre les musiciens pendant les morceaux et des sourires s’imposent sur leurs visages radieux. Ils sont manifestement contents de se retrouver en terre sainte.

La tonalité de la voix de Sam est quelque peu différente ; oui, mais elle s’est parfaitement adaptée à l’amplitude des morceaux. Elle leur communique même de la chaleur.

Mister Bettens s’interrompt de temps à autre pour raconter l’une ou l’autre anecdote. Mais en néerlandais uniquement. C’est vraiment dommage car il s’exprime parfaitement dans la langue de Shakespeare ; ce qui aurait permis aux allogènes de comprendre les propos et, peut-être, d’interagir. Une chose est certaine, l’auditoire flandrien s’en donne à cœur joie vu les crises de fou-rire.

La tessiture vocale du singer, légèrement éraillée, prend du relief tout au long de « Almost Happy », un titre qui figure sur l’excellent opus éponyme. C’est chaud, passionné, passionnel, voir sensuel et suscite le désir grandissant de boire encore et encore les paroles de Sam et la musique de ses deux acolytes. Le désir en devient émouvant.

Certaines compositions sont soulignées par quelques kicks des plus discrets, alimentés par les panards de Sam ou de Tom, afin d’apporter de la consistance.

« Surrender » marque la fin d’une première partie déjà fort intéressante.

Après une pause de 30 minutes, afin de permettre aux spectateurs de se dégourdir les guiboles et de se désaltérer, les frères Bettens, seuls sur les planches, cette fois, (r)ouvrent les hostilités par un « Shadowman » tout en retenue, mais d’une puissance incommensurable. Une chanson qui, grâce à son refrain imparable, doux et fort, occupe une place de choix depuis le lancement de cette nouvelle tournée.

Soudain, lorsque le ‘Ouhouh ouhouh ouhouh’ retentit, la foule a bien capté : il s’agit bien de l’introduction de la chanson ‘née par accident’ alors que Sarah (à l’époque) était occupée de régler les balances. Aussitôt, tout le monde se met à taper des mains à chacune des croches, car il s’agit de la chanson phare de K’s Choice, « Not a addict », tube rock datant de 1996, qui les a propulsés vers les sommets.

Pour la petite histoire, cette chanson qui traite de l'addiction (la drogue), s’inspire d’un entretien avec un journaliste français atteint du SIDA.

L’univers qui hante le groupe surprend et offre une riche palette de sentiments, tantôt sentimentaux, tantôt atmosphériques. Ceux qu’ils admettent bien vouloir partager le temps d’un soir avant que la vulnérabilité les rattrape insidieusement à travers « Waltz #2 », une reprise d’Elliott Smith. Amusant, chacun prend la place de l’autre. Et si on connaissait les talents de Sam à la gratte, on découvre chez Gert une approche intéressante dans la manière d’aborder la composition et le chant.

Le set prend fin sur « I Will Carry You », un titre qui prouve que K's Choice est fidèle à sa ligne de conduite et à ce qui a fait son succès légitime.

Le groupe ne semble pas encore repu et revient pour un rappel qui s’achève par « Echo Mountain » et « God in My Bed ». Avant de disparaître derrière les rideaux, Sam clame ‘God was in my bed last night’ (Dieu était dans mon lit la nuit dernière). Une hallucination peut-être, mais en tout cas, une bien belle ballade sur fond de nostalgie.

Durant une heure trente, K’s Choice a fait vibrer le public en interprétant un florilège de morceaux qui ont permis au combo de se forger une identité unique.

Reprendre de gros standards de son répertoire en formule acoustique peut s’avérer dangereux. Mais le trio est parvenu à démontrer qu’il avait le talent pour réussir un tel défi. Cependant, cet exercice de style a son revers : il manque de dynamisme.

Dommage également que la setlist ait négligé « Time is a Parasite », un nouveau titre radiophonique aux relents rock, dans une veine identique à « Mr Freeze », issu de « Paradise In Me ».

Mais ne boudons pas notre plaisir, K’s Choice a tout de même offert un concert de bonne facture en proposant une relecture épurée des titres-phares d’une carrière déjà bien remplie…

Setlist :

Perfect Scar - Favorite Adventure (The Wedding Song) - If You're Not Scared - Evelyn - Almost Happy - The Phantom Cowboy - Show Me How It's Done - Butterflies Instead - illicit affairs (Taylor Swift cover) - Surrender - Shadowman - Brother - Not an Addict - waltz #2 (Elliott Smith cover) - Believe -

The Ballad of Lea & Paul - Come Live the Life - 16 - I Will Carry You - Echo Mountain - God in My Bed

Org: Greenhouse Talent (+ Kursaal, Oostende)

Yonaka

Un set raffiné et intense…

Écrit par

Trois noms sont programmés à l’AB Club, ce vendredi 1er mars : Mimi Parks, Noisy et Yonaka. Mais la grande salle, accueille, le même jour, Bizkit Park. Bref, ce soir, il y en a pour tous les goûts. En outre, tout est sold out ! Résultat des courses, c’est la cohue à l’entrée ; et il faut patienter une bonne dizaine de minutes, avant de pouvoir emprunter l’escalier qui conduit à l’étage.

En l'espace d'un seul single, « Run », Yonaka a attiré l'attention des médias anglais, du public et de la toile. La réaction après la sortie de ce premier titre sur Soundcloud a été phénoménale, une compo dont les distorsions regorgent de tension dans les moments de passion lourde pour ensuite redescendre dans une exhalaison de répit électronique. Depuis, il a sorti quelques Eps, dont le dernier, « Welcome To My House », est paru fin juillet 2023, et deux albums, « Don't Wait 'Til Tomorrow », en 2019 et « Seize The Power », en 2021.

Issu de Brighton, la band transforme la pop, le punk et le hip-hop en un hybride de rock alternatif hypnotique avant de le teinter d’emocore revivaliste à coloration eighties.

Pénélope Braune, aka Mimi Banks, ouvre les hostilités, une rappeuse allemande originaire de Bochum. Elle s’intéresse, depuis sa plus tendre jeunesse, aux styles de musique alternatifs tels que le métal, le hip-hop et le punk. On comprend, dès lors mieux, pourquoi cet ADN est bien marqué dans sa musique. Elle a d’ailleurs squatté la scène ‘Jupiler’ de l’édition 2023 du Graspop Metal. Sa discographie recense un long playing, « Deadgirl » (2022), un Ep 7 titres, « Enter The Void » (2019) et son dernier single « FSU », paru en février dernier.

Dissimulant son visage sous une cagoule parsemée de clous, elle débarque revêtue d’un long manteau de cuir noir et chaussée de boots à semelles compensées ; mais elle se débarrasse rapidement de ses attributs quelque peu menaçants. Elle est accompagnée d’un DJ. Derrière sa table, il jongle entre ses platines et différentes machines. Mais les sonorités de son matos couvrent les cris gutturaux de la vocaliste. Belliqueuse, elle va au contact de la foule, micro en avant. Cependant, lorsque ce microphone tombe en panne, elle peste face à la situation.

Non conventionnel et sans concession, son ‘doom trap’ combine indus, hip-hop, metal et électro âpre. Les parties de rap ressemblent très souvent à des cris sauvages empruntés au métal extrême, un peu comme chez les formations de trap metal américain Ghostemane ou XXXTentacion. On ne peut néanmoins lui reprocher son manque d’énergie car elle en regorge ; mais ses compos sont beaucoup trop similaires.

Setlist : « Klingen & Stitches », « Mad Hoe », « RAD », « Sonic », « BACK OFF », « SAW », « Banshee », « Suicide », « FSU », « Big Ass Chains ».

Après ce déluge de décibels, place à Noisy (?!?!?!). Les musiciens sont issus de Worthing, une petite ville du sud de l'Angleterre, et tentent, tant bien que mal, de se faire une place au soleil en réinventant les sonorités de ses glorieux aînés. Deux albums au compteur : « Fast FWD To Friday (Vol.1) », sorti en 2023, ainsi que « NOISY_Pre’s », en février dernier ; et puis un single, « All Of U », paru fin du même mois. C’est la première fois qu’ils se produisent en Belgique et apparemment, ils ont fêté cet événement en éclusant quelques bières…

Lunettes de soleil et baskets Adidas, ils grimpent sur le podium. Tignasse rousse, Cody Matthews, le chanteur, a emmené un drapeau noir sur lequel figurent les signes cabalistiques, mais en blanc, de la pochette du dernier single. Survolté, avant d’entamer le premier titre, il invite déjà la foule à créer un circle round ; mais elle reste impassible. Le line up implique également un bassiste, un préposé à la guitare et aux synthés, ainsi qu’un drummer, planté en retrait. L’expression sonore puise aussi bien dans la britpop (les mélodies), l’électro (Chase & Status, Prodigy), le punk/garage insulaire (The Streets), la house que le drum&bass ; et le tout est parcouru de sonorités de guitares planantes et saupoudré d'un esprit rock'n'roll juvénile et sincère. La setlist va puiser dans les deux elpees du combo et s’achever par le dernier né, « All Of U ».

En 30 minutes, Noisy va mettre le souk ; surtout grâce au chanteur qui tient littéralement le public en haleine. Il est constamment au contact des premiers rangs. Coups de poing, pouces levés ou demande d’allumer les lumières pour voir combien il est laid ; mais également, à mi-parcours, plongeon dans le round circle, dont il avait reformulé la demande…

Setlist : « Young Dumb, « Green Like « Rude Boy », « Alligator », « I Wish I Was A… », « Put A Record On », « Desire », « All Of U »

Place, enfin, à la tête d’affiche. Un trio réunissant la chanteuse Theresa Jarvis, tout de noir vêtue, le bassiste Alex Crosby et le guitariste George Werbrouck-Edwards. Pour la tournée, le line up est renforcé par un batteur, qui s’installe en retrait.

Il est déjà 21h30 ; et si le concert va au-delà de 22h30, les spectateurs qui ont choisi les transports en commun pour se déplacer (NDR : la SNCB, en particulier) vont manquer la fin du show ou le train qui doit les ramener chez eux. Dilemme !  

Le show s’ouvre par « By the Time You’re Reading This ». Trépidante, Jarvis occupe tout l’espace scénique. Son charisme naturel lui permet d’attirer la sympathie du public.

Outre les morceaux puisés au sein de sa discographie antérieure, la setlist va piocher généreusement dans son dernier Ep. Un nouveau titre, quand même, le single « PREDATOR » !

Tout au long d’« Ordinary », le light show est agressif. Jarvis rappe sur « Hands Off My Money » avant d’attaquer la compo mélancolique qui les a fait connaître, « Panic ». Crosby empoigne une gratte semi-acoustique pour accompagner le tendre « Give Me My Halo ». La foule devient hystérique pendant « Rockstar ». Et « PREDATOR » libère encore plus d’énergie. Les deux gratteurs ne restent pas en place et n’arrêtent pas de se stimuler. Pendant « Seize The Power », deux fans montent sur les planches. Ce titre met en exergue l'évolution du post punk de la formation britannique. Son indie rock ludique est devenu plus électronique, plus dur et plus tranchant.

A bout de 60 minutes de set raffiné et intense, Yonaka prend congé d’un public participatif et ravi de la soirée…

Setlist : « By the Time You’re Reading This », « Greedy », « Punch Bag », « Ordinary », « Creature », « Hands Off My Money », « PANIC », « Lose Our Heads », « Call Me A Saint », « Give Me My Halo », « Welcome To My House », « PREDATOR », « Clique », « Rockstar », « Seize The Power »

(Organisation : Gracia Live)

 

Zara Larsson

La Beyoncé scandinave ?

Écrit par

À l'âge de dix ans, Zara Larsson remportait le concours ‘Got Talent’ dans son pays d'origine, la Suède ; mais personne n'aurait pu prédire que des années plus tard, elle deviendrait l'une des plus grandes pop stars d'Europe. Agée de 26 ans, Larsson est une artiste qui se distingue par son style musical axé sur la pop et l'électro-pop. Ses chansons sont souvent caractérisées par des mélodies énergiques, des rythmes entraînants et des paroles audacieuses. Ses influences variées et sa voix puissante, vibrante et unique lui confèrent une sonorité contemporaine. Décrochant une multitude de disques de platine, elle a généré des milliards de streams (son album « So Good » est devenu deuxième album le plus écouté de tous les temps sur Spotify). Elle se produisait ce dimanche 25 février à l’Ancienne Belgique, pour défendre « Venus », son quatrième elpee, dans le cadre d’une tournée mondiale. Le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par Hänna Yaeger. Née à Vaxholm, également en Suède, elle affiche 26 printemps. Pour l’anecdote, Zara l’avait contactée, par téléphone, deux semaines avant sa tournée, afin d’assurer sa première partie.

Des mèches blondes, des collant roses, des jambières d’hiver jusqu’aux genoux, un body jaune et un chapeau masquant ses boucles, elle déboule sur scène, sourire aux lèvres, et flanquée d’un guitariste ainsi que d’un préposé à la batterie électronique, au MPD et au synthé. Ils vont s’installer dans des niches de forme carrée, surmontées d’un podium qui s’étend sur toute la longueur de la scène, accessible par 2 escaliers latéraux comportant 11 marches. Sur cet échafaudage, en arrière-plan, un grand écran rectangulaire est destiné au défilement de vidéos. Pour la première partie, son nom apparait en lettres lumineuses.

Au cours du set, elle va nous réserver 5 des 6 titres de son Ep, « Jaguar », et deux nouvelles compos, dont « Superfan » qui ouvre le set et « Desert Island ». Elle occupe bien l’espace scénique. Et de bonne facture, son électro/pop dansante transforme la fosse en dancefloor…

Setlist : « Superfan », « Ciao », « Use Your Words », « Jaguar », « Water Pistol », « Desert Island », « Lupins In Blue ».

Place ensuite à Zara Larsson. Quatre danseuses perchées sur la scène supérieure poussent vers le centre 2 demi-boîtes lumineuses et coulissantes qui enveloppent Zara. Elle surgit alors et entame immédiatement « Venus », le titre maître de son dernier long playing. Elle descend les escaliers pendant que ses danseuses lui font une haie d’honneur. Constamment en mouvement, elles vont entourer la star, tout au long du show, en respectant une chorégraphie particulièrement soignée. Une guitariste, une drummeuse et une claviériste sont abrités dans les fameuses cases.

Le spectacle est partagé en deux parties. Lors de l’entracte, elles vont en profiter pour changer de tenue. Lors de la première, Zara avait opté pour un body rose et un short à frou-frous.

Elle embraie par son titre phare de 2017, « I Would Like » (de l’album « So Good »). Le public, dans la fosse, devient carrément hystérique. Elle nous réserve des morceaux moins connus, comme « Escape » et « Look What You've Done », mais en ‘live’ ils prennent la dimension de hits. Bien sûr, ses tubes, elle ne les néglige pas. A l’instar de « Girls Like » et « Words ». Pendant « Girls Like », la sixcordiste quitte son box pour balancer un solo particulièrement envoûtant, face à Miss Larsson.

Lors du deuxième acte, elle revient vêtue d’un body de teinte rouge, alors que ses partenaires ont troqué les pantalons pour des jupes courtes et des convers noires. Et la reprise débute par le « Symphony » de Clean Bandit, dont le clip a cartonné sur la toile. Mais la version est plutôt éthérée et plus calme (NDR : un peu de calme, cela fait un peu de bien !). Et on allait l’oublier, mais tout au long du spectacle, des vidéos sont projetées sur l’écran qui sert de toile de fond, sur l’estrade surélevée. La voix de Zara est parfaite et sa présence sur les planches, incroyable.

Lors du rappel, sa parure est passée au noir. Elle démarre cet ‘encore’ par « On My Love », partagé sur la toile avec le roi d’Ibiza, David Guetta. Bref, en 75 minutes, Zara Larsson nous a accordé un show coloré et dynamique tout en communiquant de bonnes vibrations et sensations. On comprend mieux pourquoi elle est souvent comparée à la Beyoncé scandinave. Elle sera à l’affiche de l’édition 2024 de Rock Werchter…

Setlist :

Set 1 : « Venus », « I Would Like », « Escape », « Look What You've Done », « Girls Like, Words », « Never Forget You », « Ruin My Life », « The Healing ».

Set 2 : « Symphony » (Clean Bandit cover), « Uncover », « Wow », « None Of These Guys », « Ammunition », « You Love Who You Love », « Ain't My Fault », « End Of Time ».

Rappel : « On My Love » (Zara Larsson × David Guetta cover), « Lush Life », « Can’t Tame Her ».

(Organisation : Live Nation)

Photos Dieter Boone ici

 

Cali

Un show épuré, mais d’une intensité rare…

Écrit par

Entre folklore et fêtes, Mons est une ville historiquement et culturellement riche. Elle s’est d’ailleurs vu octroyer le titre de Capitale Européenne de la Culture, en 2015.

Elle accueillait, en son sublime théâtre, un lieu hautement symbolique au style néo-classique, ce samedi 24 février 2024, un artiste de choix, Cali.

À mi-chemin entre chanson française et rock, Bruno Caliciuri, à l’état-civil, revendique depuis toujours une position d'artiste concerné par les problèmes de société et du monde, sans hésiter à s’investir publiquement.

Véritable touche-à-tout, Cali multiplie ses engagements, tant dans l’univers du théâtre, de la poésie, de la littérature que, bien sûr, de la musique.

Ce soir, il est accompagné de Steve Nieve, brillant musicien, mais surtout claviériste d'Elvis Costello, qui a aussi travaillé et joué pour Morrissey, Paul McCartney, Mick Jagger, David Bowie, Vanessa Paradis, Alain Bashung ainsi que Daniel Darc ; et est resté un grand ami, jusqu’à la fin, de Lou Reed et Laurie Anderson.

Steve et Cali se connaissent bien. Le premier a participé à l’enregistrement de plusieurs albums du second, dont l’hommage à Léo Ferré, « Cali chante Léo Ferré », publié en 2018…

D’une capacité d’environ 500 personnes, la salle est bondée. Ce théâtre ‘à l’italienne’, avec ses balcons et ses murs drapés de velours grenat, est le parfait endroit pour des spectacles intimistes.

C’est sans doute pourquoi il a choisi cet endroit afin de fêter les 20 ans de « L'Amour parfait », son premier opus paru en 2003, mais suivant la formule piano/voix, alors qu’en général, il se produit en compagnie d’un groupe.

Alors qu’il est un peu plus de 20 heures, l’homme de petite taille et son comparse bardé d’un bandonéon, grimpent sur le podium en chantant « Roberta », une compo issue de l’elpee « Menteur ». La toute première claque d’une série puisque plein d’autres déferleront comme un rocher qui déboule sur une route à toute vitesse et que l’on ne peut éviter.

Très inspiré et inspirant, Cali possède en lui de grandes valeurs humaines. Il a ce besoin du contact avec le public. Ni une, ni deux, il prend la main d’une petite fille au premier rang et l’invite à monter sur scène pendant « Sweetie » ou encore s’approche de cette femme enchantée de porter un pull du même coloris que celui du troubadour tout en s’amusant sur « La fin du monde pour dans 10 minutes ». Et si la vie ne tenait qu’en quelques secondes d’une poésie fine ?

Les doigts du pianiste glissent sur les ivoires dans un exercice de style virtuose, nous réservant d’impressionnantes descentes fracassantes de plusieurs gammes. Un concert où il fait aussi bon d’entendre que de voir.

Alors que jusque-là, il était resté très intimiste, il adopte tout à coup un ton plus pêchu, tantôt grâce à l'utilisation d’une boîte à rythmes sur « Menteur » ou encore sautillant de siège en siège en clamant ‘mon amour’...

Puisque l’enjeu est de rendre un hommage à ses débuts, Bruno embraie par « C’est quand le bonheur », avec en toile de fond, un écran géant reproduisant son image et celle de son chat, ravivant l’illustration de la pochette de cet LP.

Un des titres majeurs dans sa carrière qui lui a permis de se faire connaître auprès du grand public.

Une compo miroir, car malgré la reconnaissance, le succès, les rencontres, les critiques positives et le rendu du public, tout reste relatif. La seule, vraie et unique question serait ‘C’est quoi le bonheur’ ? Il ne lui reste plus qu’à affronter les méandres de la vie et à arracher le précieux sésame.

Un bonheur prétendu partagé en tout cas par les quelques centaines de personnes présentes ce soir.

Cali est on ne peut plus heureux de célébrer cet anniversaire avec le public belge qui le lui rend bien depuis le début de sa carrière.

Entre amour désordonné, hasards de l’existence et affres du temps passé, l’artiste se livre joyeusement tout au long de « Elle m’a dit », une compo empreinte de nostalgie, écrite seul dans une petite chambre, lors d’une rupture fracassante. Il n’hésite pas à clamer qu’il ‘s’est fait jeter comme une merde’. De quoi raviver chez certains de vieux souvenirs que l’on pensait définitivement enterrés.

Cet inconditionnel de U2, Simple Minds, The Waterboys ou encore Hubert-Félix Thiéfaine, sait se montrer humble et empathique. Il raconte avoir reçu la demande d’un fan dans sa loge au cours de l’après-midi. Sa mère n’a d’yeux que pour lui et fête son anniversaire ce soir. Quoi de mieux, dès lors, que l’icône de la chanson française lui offre un bouquet de fleurs…

Sans hésitation, Caliciuri s’exécute sur l’éblouissant « Pensons à l’avenir », tandis que Nieve, dans un français approximatif, se charge des vocalises avec une jubilatoire colère qui masque mal l’infinie tristesse et le désespoir de ne pas injurier cet avenir qui semble à nouveau prometteur.

Un moment inoubliable pour les artistes et cette dame dont la joie irradiait sur son visage et le public. Les yeux, d’abord embués, ont ensuite laissé place à des larmes qui se sont mises à couler, inévitablement, sur les joues.

Lorsqu’il ne caresse pas les ivoires, Steve, multi instrumentiste dans l’âme, se consacre au mélodica (un instrument de musique à vent, plus précisément à anches libres) ou encore au xylophone dont il joue en intro sur « Tes désirs font désordre », un morceau aux accents dramaturgiques. Et il est à l’aise sur tous ces instruments.

Bruno fixe tendrement sa propre image projetée en filigrane, contemple le temps passé et revit les moments intenses à travers le rétroviseur de sa vie. Il remercie l’ange qui lui a porté la main sur l’épaule lorsqu’il était petit tout en fixant le ciel, le regard vide, s’interrogeant d’une part sur cette double décennie passée et d’autre part sur la fierté de ses parents maintenant disparus.

Et puis, il passe au « Grand Jour est Arrivé », une comptine fébrile et immensément positive où il est question de prendre le temps de savourer sa séparation sur fond d’humanité et l’auto-flagellation, le tout posé sur drap d’humour léger.

Après ses nombreuses ‘turpitudes’ et voltefaces, le Perpignanais se pose au côté de son musicien et entame paisiblement un « Fais de moi ce que tu veux ». Le public s’émerveille devant la complicité qui s’opère entre les deux compères.

Cali prend ensuite place derrière le piano et, en véritable mélomane, s’approprie instinctivement l’instrument. Steve quant à lui, quitte l’estrade, plonge dans la fosse, armé de son mélodica pour un « Différent », qui ne laisse personne indifférent…

Interprété en mode piano/voix, « Tout va bien » constitue un des moments forts du concert. Un morceau au cours duquel on discerne un peu mieux la face obscure des textes de l’enfant perdu et les cicatrices du temps passé.

Un show épuré, mais d’une intensité rare ! Tout y est parfait. Le spectacle, Cali, son musicien, sa complicité avec le public, le choix des chansons, la richesse des émotions et « L’Amour parfait », chanté tantôt en français, tantôt en anglais, prouvant une fois de plus qu’une amitié sincère et durable lie les deux personnages.

Sous une expression toujours aussi théâtrale, en mode piano/voix, Cali est parvenu à imposer son style en revisitant les chansons d’un album devenu culte et à transformer des épreuves difficiles en épisodes énergiques grâce aux variations ludiques et aux mots d’une force puissante dont seul l’artiste a le secret.

Les uns et les autres s’éclipsent derrière les rideaux, le public haletant d’impatience reste sur sa faim. Il en veut encore et encore…

Les faisceaux des projecteurs déclinent, comme pour faire durer la douleur des spectateurs… lorsque soudain les notes de « Quoi » de Jane Birkin retentissent, comme pour rendre un bel hommage à la femme qui nous a quittés en juillet 2023. Une belle personne aux multiples talents, à la fois actrice et chanteuse. Un moment suspendu et un Cali tout en retenue, mais aux anges.

Il y a plus de deux heures que l’artiste se livre et pourtant il a encore de belles surprises à offrir. A commencer par cette version ultra vitaminée de « 1000 cœurs debout » où, accompagné par Baptiste Lalieu, aka Saule, il va mettre littéralement le feu. Ils se connaissent très bien, et se sont déjà produits ensemble pour « Avant qu’il ne soit trop tard », qui figure sur le dernier album de Saule, « Dare-Dare ».

Des dizaines de fans n’y tenant plus finissent sur la scène afin d’y fêter la joie, le bonheur, l’extase et un onirisme sans fin. Les sourires deviennent rires, les yeux s’écarquillent et alors que l’amour entre les générations s’invite, les différences culturelles et sociales s’estompent également.

Afin de taquiner son ami de toujours, Bruno lance pour défi à son acolyte de chanter du Led Zeppelin. En l’occurrence « Whole lotta love ». Challenge parfaitement relevé sous les cris hilares d’un public qui ne s’attendait pas à pareille surprise, il faut bien l’avouer.

Enfin, Caliciuri, à l’instar de « Pas la guerre », rappelle aux aficionados que derrière le conflit, se cache, au milieu, les enfants.

Concerné par la vie et les problèmes du monde et la bêtise des hommes, le concert de ce soir sera dédié au charismatique militant anticorruption et ennemi numéro un de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, assassiné honteusement alors qu’il n’avait que 47 ans.

Cali retourne définitivement en coulisses, alors que Steve s’enfonce dans la foule pour reprendre « Your Late Night Evening Prostitute » dans sa langue natale avec pour seule arme, son instrument de prédilection, le mélodica.

Cette fantaisie façon ‘Cali 2.0’ aura duré en tout et pour tout pratiquement deux heures trente. L’homme dont la réputation est de mettre le feu partout où il passe n’a pas failli à la règle. Une fois de plus, mais certainement pas une fois de trop.

 

 

 

 

 

Ada Oda

Des tas d’invités en fin de concert…

Écrit par

En réinventant le romantisme transalpin sur fond de guitares sautillantes, Ada Oda s’est imposé comme l’un des meilleurs groupes de scène, en Belgique. Au point de la représenter la Belgique à Euro Sonic, le supermarché de l’industrie musicale qui s’est déroulé à Groningen la semaine dernière.

Le groupe pratique un rock binaire et up-tempo qui combine l'aplomb post-punk des eighties et les grandes envolées mélodiques typiques de la variété italienne (sicilienne ?). Initié en 2020, pendant le premier confinement, par César Laloux (The Tellers, BRNS, Italian Boyfriend), le projet est rapidement rejoint par Victoria Barracato, la fille de Frédéric François… Au crédit del Gruppo, un long playing, « Un Amore Debole », un condensé de chansons émouvantes, interprétées dans la langue de Verdi, balancées avec joie et exaltation. Bref, un excellent remède contre la morosité.

Programmé à l’AB Box, le concert est archicomble.

Le supporting act est assuré par Plush Baby, un duo art pop anversois réunissant Caitlin Talbut (BLUAI, BLOND) et Nicolas Anné (Saving Nico).

Caitlin est vêtue tout de blanc : robe, tee-shirt, chapeau stetson et genouillères de type ‘Convert’. Elle se charge du micro, des machines et synthés. Nicolas a enfilé un costume de teinte verte et est coiffé d’un chapeau de couleur rouge. Il se consacre à la basse, les synthés et le MPD ; parfois, il donne de la voix, à travers un vocoder. Celle de la fille est plutôt sucrée mais énergique ; et c’est particulièrement évident tout au long du single, « Run Run » (le clip, enrichi d’un jeu vidéo, est à voir et à écouter ici

L’indie pop de Plush Baby est à la fois fraîche, cinématographique, contagieuse et empreinte de nostalgie. Mais elle véhicule des textes un peu détraqués qui finalement, forment une sorte de comédie musicale. Très interactif, le tandem va nous réserver deux nouveaux morceaux : « Green Light » et « You And Me ». Le meilleur moment du set ? « Electricity ». Les aficionados des synthétiseurs eighties, de guitares colorées et de punchlines incisives, ont certainement dû apprécier… 

Setlist : « Green Light », « Taxi Driver », « Run Run », « More », « You And Me », « Electricity », « Plush Baby Anthem »

Place ensuite à Ada Oda.

Victoria, la vocaliste, a enfilé un short et une tunique de couleur verte. Elle est tout comme Caitlin, chaussée de genouillères, mais de teinte noire. Coupe mulet, Aurélien Gainetdinoff (Almost Lovers, Yolande Bashing) porte des lunettes orange ! Tout comme César Laloux, il se charge des parties de guitare. Longs cheveux qui lui cachent régulièrement les yeux, Alexandre De Bueger (Alaska Gold Rush, Gros Cœur) se consacre aux drums. Et Clément Marion se charge de la basse.

La formation est venue défendre, mais aussi rôder son premier elpee, « A Amore Dabole » paru en 2022. Car dans un mois, elle débarque aux States pour participer au célèbre festival ‘SXSW’ d’Austin.

Le concert s’ouvre par « Stanca Di Te ». La foule, qui connaît le refrain par chœur, le reprend à l’unisson. Trépidante, Victoria va au contact du public et descend de temps à autre dans la fosse. Sa voix est puissante. « Mi Guarda » est dans la même veine. Tout au long de sur « Si Fermerà », les trois guitares se révèlent addictives et entêtantes, et parfois, les sonorités bifurquent vers le surf.

Sauvage, « Mai Mai Mai » oscille entre post punk et le rock garage. Puis, surprise, le père de Frédéric, le bas en écharpe, monte sur les planches, pour interpréter « La Maschera », en compagnie de sa fille, Victoria. Un beau moment rempli d‘émotion. Une partie du public devient même hystérique. Sur « Figlia », un titre, pour le moins festif, César mène la barque et chante, dans la langue de Verdi…

La banane aux lèvres, les musicos semblent prendre du plaisir sur les planches.  

En fin de show, Marc Pirard, le premier bassiste du combo, rejoint le team, pour attaquer « Domani », alors que Clément a empoigné une six cordes. A cet instant, il y a quatre guitaristes sur le podium ! De quoi nous permettre de savourer une version speedée « Niente Da Offrire » et de l’hypnotique « In Piazza ». Au terme d’un « Avevo Torto » de feu, de nouveaux invités se joignent au groupe pour boucler le set principal. Dont Caitlin, qui a enfilé un jeans et s’est enfoncé in bonnet sur le crâne, pour partager le vocaux sur « Il Caos », mais également Romain Benard (Ropoporose, Primevère) qui s’installe derrière les fûts, réduisant Alexandre à jouer du triangle.

Un set bien réglé de 60 minutes. On attend impatiemment le second opus !

Setlist : « Stanca Di Te », « Mi Guarda », « Bobbio », « Un Amore Debole », « Si Fermerà », « Mai Mai Mai », « La Maschera », « Figlia », « Vino Naturale », « Niente Da Offrire », « In Piazza », « Domani », « Avevo Torto », « Il Caos ».

Rappel : « Gioventù », « Non So Che Cosa Ne Sarà Di Me »

(Organisation : Ancienne Belgique)

Page 1 sur 124