En l’espace de deux ans les sœurs Casady sont devenues les divas acid folk d’un revival qui sent bon le patchouli, et dont les ambassadeurs les plus médiatisés s’appellent Devendra Banhart, Vetiver, Joanna Newsom ou encore Espers. Lors de la sortie de leur premier album gentiment bucolique, « La Maison de Mon Rêve », on découvrait ainsi l’univers paradisiaque de CocoRosie, ces bruits champêtres, ces beats colombophiles, ces couleurs intimistes. Comme thèmes l’enfance et son jardin d’Eden, une certaine idée de l’animisme, des textes cryptiques évoquant la fin de l’innocence et un possible retour aux sources. Pour ce second album, les sœurs Sourire du folk à la Karen Dalton creusent évidemment le même sillon, puisqu’il plaît tant aux amateurs de ritournelles de chambre. On y entend donc le même bric-à-brac de cocoricos et de beatbox lunaire (Spleen au mic), de la harpe, du xylophone, du piano, enregistrés à la lueur rassurante d’une bougie, comme dans une peinture de Vermeer. S’il s’agit bel et bien de folk hippie (cfr Vashti Bunyan, Sandy Denny, Ann Briggs), on y décèle également, en filigrane, l’influence plus urbaine du hip hop à la Tribe Called Quest (le fameux « Daisy Age », tiens, d’où le rapport entre bitume et pâquerettes). Du hippie-hop ? En concert, les deux sœurs n’hésitent d’ailleurs pas à montrer leur passion pour le rap, toutes entourées qu’elles sont de breakdancers et de ‘human beatbox’… Il est certain que ce deuxième album plaira à tous ceux qui étaient tombés sous le charme de « La Maison de Mon Rêve. » Les autres resteront sans doute agacés par ces deux ‘soul sisters’ accoutrées comme des bergères sous amphés, qui miaulent et hululent sans se soucier des canons pop/rap/folk en vigueur… A noter la présence d’Antony (sans ses Johnsons) sur deux titres joliment troussés (« Beautiful Boyz » et « Bisounours »), et l’intervention téléphonique de Devendra Banhart (l’ami, l’amant) sur l’éthéré « Brazlian Sun ». Adorable, à condition d’aimer les animaux, la Castafiore, et de croire en un monde plus beau, enfantin, utopique. Ce serait donc ça, le fameux « Rêve » ?