Les Dub Pistols sont emmenés par un duo de punk rockers fans de reggae, de hip hop et d’électro. Mais son troisième album oscille entre le futile et l’essentiel. Pour commencer, le casting est pour le moins prestigieux. Terry Hall (Specials) chantait déjà sur le disque précédent et les MC’s anglais Rodney P et Blade sont venus rejoindre l’équipe. Cette tambouille préparée à base de reggae, d’électro et de rap nous réserve quelques bons moments mais aussi quelques sacrés ratés.
On commencera par cette énième et inutile reprise du « Rapure » de Blondie, chantée par Terry Hall comme s’il avait oublié son chien dans le frigo. Aux rayons vieilleries, on préfère oublier cette autre cover du « Gangsters » des Specials. Elle n’apporte rien de plus que la version originale. Et pas davantage à Terry Hall qui a curieusement décidé de réinterpréter le classique de son groupe alors qu’il refuse même d’évoquer celui de Jeffrey Dammers lors de ses interviews… Passé le pire, on peut parler des bons moments. « You’ll never find » campe un sinueux et sombre reggae caractérisé par un sample du légendaire chanteur jamaïcain John Holt. En outre, il recèle le bon flow ragga de Rodney P. Toujours au rayon reggae, « Running from the thoughts » constitue aussi un des sommets de la plaque, un petit tube qui peut se lover dans l’oreille tout en se révélant très susceptible de secouer les dancefloors. Le reste du disque s’avère d’honnête facture (« Stronger », la relecture du « Peaches » des Stranglers) mais souffre d’un manque sérieux d’unité. En diluant un peu trop le son, il marque une volonté trop claire de plaire à tout le monde. Dommage, car un ancrage majeur dans le reggae aurait rendu l’ensemble plus convaincant.