Conscients de ne pas toujours avoir apporté le soin nécessaire et indispensable à la finition de ses disques, Flexa Lyndo a fait coup double. D'abord en recrutant pour nouveau membre, Rodolphe Coster. Un musicien qui sait y faire dans le domaine des arrangements. Ensuite en débauchant Tony Goddess, responsable de la mise en forme des trois albums de Papas Fritas, pour produire ce " Little everyday masterplan ". Et il faut reconnaître que les deux personnages ont fait de l'excellent travail, parvenant à raffiner le son sans pour autant dénaturer son identité. En outre, Tony a même apporté un petit coup de guitare et de claviers. Autre invité de marque : Bernard Plouvier. Ses interventions au violon sont redoutables d'efficacité. Et lorsqu'il lui donne des accents grinçants, c'est même au dEus originel qu'on se met à penser. A l'instar de " Pear ", du tribal " Lemp ", d'un " Lovesick UFO " enrobé de chœurs " barryryanesques " ou encore du mini concerto pop pour musique de chambre, " Love forever knows ". Et il faut croire que c'est encore lui qu'on retrouve à la clarinette sur le baroque, psychédélique dans l'esprit d'un Kevin Ayers, " Split our sex ". Mais la formation namuroise ne se contente pas de tirer parti de ses collaborateurs ou de marcher sur les traces de l'ex bande à Rudy Trouvé. Instrumental énigmatique, torturé, " #7 " est traversé d'oscillations électriques circa Blonde Redhead. Contaminé par le country & western, " Your enemies are not your friends " aurait pu figurer au répertoire d'un Tindersticks devenu subitement optimiste ( !?!?). Parsemé d'accords de claviers fluides, feutrés, " Probability " concède des réminiscences au Caravan de David Sinclair. Voire à The Sea and the Cake. Presque prog, nonobstant la présence d'un harmonium, " Happyfeelsad lovesonghymn " incarne la rencontre hypothétique entre dEUS et Pavement. Mais les deux morceaux les plus accrocheurs, les hits en puissance, sont incontestablement " Obi " et " Thank the scene ". Le premier parce que sa pop pure, moelleuse, minimaliste, est parfumée par un vocal diaphane et élégamment saupoudrée d'un piano électrique. Le second, à cause de son refrain à la Bangles et son filet de moog rafraîchissant. Un morceau particulièrement contagieux qui ne dépareillerait pas dans le répertoire d'un Weezer. Une excellente surprise !