Il faut reconnaître que depuis 1991, date de la sortie de son premier album, " Lobotomizer ", cette formation norvégienne a fait d'énorme progrès. D'un mélange rudimentaire de formes musicales empruntées au passé, le groupe est parvenu, au fil des albums, à se forger un style remarquable, et surtout très personnel. Toujours influencé par la fin des sixties et la première moitié des seventies, il s'est cependant adapté à la technologie des nineties. Ce qui nous permet d'espérer un nouveau souffle pour la musique dite ‘progressive’, dont l'unique flamme, aurait pu s'éteindre, si Peter Hammill ne s'était pas chargé de la préserver; et ce depuis plus de vingt ans.
" Angels and daemon at play " propose onze morceaux dont l'intensité et la richesse sont assez étonnantes. A premier abord, on a l'impression de retrouver tantôt le krautrock de Can, voire d'Amon Düül, l'ambiant jazz de King Crimson circa Islands, la phase la plus jaunissante du Floyd (" Wish you were here ") ou même le grandiose de Magma. Tout un ensemble de références héritées du passé que l'on retrouve aussi bien dans les climats les plus planants, les plus atmosphériques, les plus intimistes que lorsque la texture prend de l'amplitude ou de la puissance. Mais sans jamais tomber dans le revivalisme. Un véritable tour de force réalisé par Motorpsycho qui parvient à digérer toutes ses influences pour les transformer en pop contemporaine. Tantôt à la manière de Clean, lorsque les chansons se font plus claires, plus mélodiques, tantôt de Wire, lorsqu'elles sont filtrées dans le psychédélisme post industriel. Ou alors et plus fréquemment encore, de Sonic Youth, parce que les sonorités torturées, acides, stridulantes des cordes de guitare décapent littéralement le son...