Enregistré début 2002 en une semaine, lors d'une pause accordée au beau milieu de la tournée australienne destinée à promotionner le précédent opus " No more shall we part ", " Nocturama " constitue le douzième album des Bad Seeds. Un groupe au sein duquel milite toujours les deux guitaristes Blixa Bargeld (Bad Seeds originels et Einsturzende Neubauten) et Mick Harvey, déjà impliqué chez Birhtday Party. Produit par Nick Launey (Kate Bush, Eric Clapton, Silverchair, Talking Heads), ce nouvel elpee souffle le chaud et le froid. Le froid tout d'abord. Parce que sur la moitié des compositions, Cave nous refait le coup du crooner. Parfois on a même l'impression qu'il se prend pour Neil Diamond. Et ce ne sont ni le piano sonore, ni les accès de violon tzigane qui parviennent à changer cette impression de déjà entendu. Seuls les lyrics sauvent, quelque peu, la situation. Des textes venimeux, à l'humour noir, acide et décalé, qui racontent des histoires peuplées de personnages effrayants et bizarres, d'amours déchirés et de morts inquiétantes, des textes reflétant les phobies et les obsessions les plus sombres de l'artiste. Mais dans ce domaine, il est nécessaire de bien comprendre toutes les subtilités de la langue de Shakespeare. Heureusement, Cave se ressaisit au fil de l'album. Pas tellement lors de son duo échangé avec l'ex chanteur des Saints, sur la pop song hymnique et contagieuse " Bring it on ", mais surtout chez le salace et teigneux " Dead man in my bed ". Toutes orgues vrombissantes dehors, les guitares débridées, psychés, il évolue enfin sur un tempo enlevé. Ensuite sur " There is a town ", fragment torturé, hypnotique, mais imprimé sur un mid tempo. Et enfin tout au long du remarquable " Babe I'm on fire ". Une prière hallucinatoire, démoniaque, lugubre, de plus de 15 minutes, découpée en 43 couplets, qui libère un groove épileptique, sulfureux et malsains, comme seuls les Bad Seeds sont capables de se rendre coupable. Pensez à "From her to eternity". Dommage que tout le morceau de plastique de soit pas de cette trempe. Nick Cave aurait-il pris un coup de vieux ?