Etabli à Vancouver, au Canada, Dalannah et Owen forment un étrange duo de blues. Dalannah Gail Bowen est afro-canadienne ; mais du sang cherokee coule dans ses veines. Agée de 69 ans, elle chante le blues, le jazz et le gospel depuis plus de 40 ans. Bassiste, Owen Owen jouit d’une expérience aussi longue. La paire a atteint la finale de l'International Blues Challenge de Memphis, en janvier dernier. Elle vient de graver son premier opus, "Been around a while". Mais le plus remarquable procède de son art à faire des prodiges en se limitant à une voix et une basse à sept cordes. Et le résultat est vraiment original. L’elpee recèle onze plages, dont cinq issues de leur plume.
Sans surprise, la basse d'Owen ouvre le bal. Elle est rapidement rejointe par la voix de Dalannah, une voix qui vous flanque des frissons partout. Il est très rare qu’un tel instrument domine un album de blues ; mais sept cordes permettent de s’aventurer davantage dans les aigus. Une très belle entrée en matière. Articulant parfaitement ses mots, Miss Bowen domine le classique "Early in the morning". Très puissante, sa voix est à la fois expressive et harmonieuse. Ce qui n’empêche pas la basse de prendre un nouvel envol, en tirant parti du re-recording. Une partie est jouée suivant les codes de l’instru, mais elle sert de tremplin aux interventions les plus subtiles. On n’a pas le temps de s'ennuyer, car les compositions sont variées. Les quatre cordes prennent un nouveau billet de sortie sur "That ain't it", alors que notre Cherokee maîtrise parfaitement sa voix ; une voix qu’on sent très proche de vous, tout au long de "Blues, Mother of Sin". Si la plupart des plages sont lentes et dépouillées, le rythme n’est pas négligé. A l’instar d’"Already gone", une plage très réussie. "Queen Bee" est une piste empreinte d’une grande mélancolie, presque au bord du désespoir. Un désespoir formulé sous forme de conte sur la reprise du "Inner City blues" de Marvin Gaye ; la voix travaillée, participative accentuant ce sentiment. Sur "Heaven's right here", on a l’impression d’entendre trois basses au même moment. Le couple s’attaque alors à deux canons du blues, le "Come on in my kitchen" de Robert Johnson et le "Walkin' blues" de Son House. Owen y exprime toute sa totale sensibilité sur ses quatre cordes. Et la cover du "Why I sing the blues" de BB King mérite également une attention particulière. Une œuvre vraiment originale !