Après 5 longues années d'absence, les Cramps nous reviennent avec ce "Fiends of dope island". Vous avez certainement appris que Bryan Gregory, un des membres fondateurs, est décédé en 2001, suite à une pneumonie. Il n'avait que 46 ans. Mais, il est vrai qu'il avait quitté le groupe depuis 1980. Toujours drivés par Lux Interior et Poison Ivy, les Cramps ont encore changé de bassiste. Il s'agit de l'ex Mau Maus et Mr Badwrench, Chopper Franklin. Par contre, le quartet semble avoir trouvé en Drumdini, un drummer stable, puisqu'il figure dans le line up, depuis maintenant plus de 10 ans. Autre changement : le label. C'est presque une habitude. Mais, c'est pour ressusciter 'Vengeance' ; c'est à dire le label qui avait guidé leurs premiers pas. C'est aussi devenu leur propre label. Bref, venons en à cet opus. Un elpee qui porte bien les couleurs des Cramps. On y replonge dans les coins les plus reculés du psyché/rock'n roll primal, animal, tribal. On succombe toujours aux pulsions rythmiques de ce mélange dangereux, marécageux et un peu fou de rockabilly, de surf, de psychédélisme, de punk sixties et d'humour macabre. On y rencontre toujours les fantômes de Dracula, de Frankestein, d'Eddie Cochran et d'Elvis Presley. Oui, oui, vous pouvez mettre dans le même sac. Puis l'une ou l'autre cover d'artistes inconnus. Trois en tout. Dont une ballade mid tempo du standard exotique " Taboo ". L'opus recèle également deux sortilèges incantatoires : " Big black witchchcraft rock " et " Papa satan sang Louis ". Deux blues aussi. Urbain et effrayant, " Color me black " aurait pu être interprété par Nick Cave à l'époque de Bithday Party. Cryptique et délirant, " Dopefiend boogie " démontre bien que le Jon Spencer Blues Explosion est son héritier naturel. Encore qu'on pourrait croire le contraire, à l'écoute de "Dr Fucker M.D. ", tourmenté par un theremin étrange. Et si le déchaîné et survolté, " Wrong way ticket " évolue aux confins du paroxysme, " Fissure of Rolando " renoue avec la sauvagerie mélodique d'un " Human fly ". Avec un peu de promo, il pourrait devenir un hit radiophonique. Dommage d'ailleurs que cet aspect mélodique ne soit pas ici plus souvent mis en évidence. N'empêche avec un disque pareil, on peut à nouveau déterrer la hache de guerre et entamer la danse du scalp autour de la table du salon.