Au départ la formation suédoise avait envisagé donner une suite à son album “Origin”; mais manifestement, l’inspiration n’était pas au rendez-vous. Dès lors, TSOOL a préféré se lancer dans une nouvelle aventure. Celle d’un double opus. Qui s’intitule « Communion ». D’après la presse spécialisée anglo-saxonne, le second volume de cet opus ne valait pas tripette. C’est donc par esprit de contradiction que je me suis attaqué d’abord à ce deuxième compact-disc.
Et manifestement, il est bien moins décapant que ce dont la discographie du groupe nous avait habitués. Mais beaucoup plus subtil. L’aspect acoustique y est privilégié, même si l’électricité n’est pas complètement absente. Elle est même terriblement vivifiante sur « Reconnecting the dots », un morceau psyché/garage réminiscent des sixtes et puis sur « Saturation wanderers » (NDR : ce titre !), une compo imprimée sur un tempo new wave, mais baignant au sein d’une forme de noisy pétillante. Le reste est néanmoins chargé de multiples nuances. Depuis le baroque (Syd Barrett ?) « Everything beautiful must die » à l’hymnique « The Passover », en passant par le médiéval « The fan who wasn’t there », « Flipside », fruit d’une rencontre hypothétique entre le « Tommy » du Who et « Forever changes » de Love, la ballade uptempo « Lost prophets in vain », dont le sens mélodique peut rappeler Oasis (NDR : encore qu’en y ajoutant des guitares-cornemuse on pourrait alors penser à Big Country), la valse rafraîchissante « Songs of the ocean », caractérisée par de superbes harmonies vocales et de remarquables interventions en picking à la sèche et au banjo et l’instrumental « Digitarian riverbank » dont les digressions psychédéliques acoustiques, parcourues d’un tabla, peuvent rappeler le troisième opus du Led Zeppelin. Ajoutez-y le vaguement oriental « Utopia », dont les vibrations staccato évoquent un certain Stone Roses (NDR : mais sans la house) et un magnifique et tendre « Lifeline », fluidifié par un mellotron, et vous comprendrez que tout le mal qui a pu être écrit sur ce deuxième disque s’apparente à une absence totale d’analyse objective. En fait, c’est vrai, le disque est tellement long, que l’essoufflement annihile le discernement. Pas très pro tout ça !
Venons-en maintenant au premier volume. Plus facile à chroniquer, il s’inscrit dans l’esprit des opus précédents. Le Floyd de Syd Barrett, les Pretty Things (circa « S.F. Sorrow »), les Doors (NDR : surtout pour les claviers ‘manzarekiens’) et même le Primal Scream (NDR : sur le contagieux « Thrill me » et le final brûlant « Distorted child ») alimentent l’intensité psychédélique des compos. Et si la voix d’Ebbot Lundberg peut se montrer rageuse, râpeuse ou sauvage, elle peut se révéler tendre et limpide (NDR : c’est souvent le cas sur le premier cd), se conjuguant même parfois en harmonies éthérées, sinusoïdales voire ‘byrdsiennes’. De ce volume j’épinglerai encore le morceau d’entrée, c’est-à-dire l’extatique « Babel on » (NDR : cordes de guitares croustillantes, claviers chaleureux, basse vrombissante et drums tribaux donnent d’ailleurs le ton au reste de cette plaque), l’énigmatique « Universal stalker », le clin d’œil adressé au Who, et en particulier à son « Pictures of Lily » sur « Pictures of youth », une plage curieusement relevée d’accès de bossa nova et enfin la cover étonnante du « Fly » de Nick Drake. Le tout, vous vous en doutez, mis à la sauce acide chère à The Soundtrack Of Our Lives. Il ne vous reste plus qu’à entrer en « Communion »…