Le Times New Viking nous vient du Midwest américain. De Columbus capitale de l’Ohio, en particulier. Réunissant le guitariste Jared Phillips, le batteur Adam Elliott et la claviériste Beth Murphy, ce trio pratique une forme de lo-fi. « Born Again Revisited » constitue leur quatrième elpee (NDR : et le second pour Matador). Il fait suite à l’acclamé « Rip It Off », édité l’an dernier. Marquées par l’esprit du DIY (‘Do It Yourself’) de la fin des années 70, du punk et du rock indépendant des 90s, leurs compositions s’inspireraient de Guided By Voices, Pavement et même des Beatles. C’est ce que les musiciens de T.N.V. racontent. Il est néanmoins difficile de déceler ces références dans leur expression sonore, tant elle est demeurée bruitiste. Très enthousiastes, les membres du combo avaient pourtant promis ‘un son jusqu’à 25% plus propre…’
Certains artistes ou groupes ne rencontreront jamais un succès de masse. Faut dire que parfois, ce n’est pas non plus leur objectif. Sans connaître les motivations réelles de Times New Viking, il est plus que probable que ce soit cet état d’esprit qui dicte leur ligne de conduite. Lo-fi dans le sens le plus strict du terme, leur musique ne s’offre pas d’entrée. L’auditeur doit se faire violence et gratter sous un vernis pas toujours très clair, pour découvrir ses trésors cachés. Pour atteindre la sensibilité profonde de leurs mélodies pop tellement ténues. Après s’être débarrassé du superflu (« I Smell Bubblegum » et « Little Word »), concentrons-nous sur des morceaux qui auraient pu se révéler magnifiques, s’ils avaient bénéficié d’une mise en forme correcte (« Marin Luther King Day », « Move To California » et « City On Drugs »), tout en faisant hurler les puristes. Je me demande d’ailleurs ce qu’une compo comme « No Time, No Hope » serait devenue si elle avait été bien produite, alors que dans son état actuel, elle accroche déjà instantanément. Difficile d’accès, « Born Again Revisited » procure une certaine satisfaction au fur et à mesure de ses écoutes. Mais je déconseille vivement cette aventure sonique aux amateurs de musique formatée. Le rock indie lo-fi gavé au fuzz, ça ne doit pas trop être leur truc. A contrario, les fans de musique défricheuse et sincère devraient apprécier. Et je pense tout particulièrement aux aficionados de Sonic Youth. En outre, je parie que ce groupe excelle sur les planches. Il les retrouve d’ailleurs souvent à la même affiche que Los Campesinos…
On imagine ces jeunes gens répéter dans un garage, dans une banlieue américaine lambda, essayant de conjurer l’ennui de leur petite ville en vomissant des sons parfois à limite de l’audible. Lorsque la musique véhicule une signification existentielle et lorsque les musiciens vivent littéralement cette musique, le mélomane ne peut que s’incliner… Si certains avançaient le concept de ‘Wall of Crap’, en opposition au ‘Wall Of Sound’ de Phil Spector, au sujet de Minus Story, qu’ils écoutent « Born Again Revisited » afin de saisir le sens véritable de la formule !