Formation cosmopolite, Vanishing Twin réunit le bassiste Susumu Mukai, aka Zongamin, mieux connu comme producteur électro/funk, mais également associé au sein du projet Floating Points, le drummer Valentina Magaletti, qui a notamment apporté sa collaboration à Bat For Lashes et Neon Neon de Gruff Rhys, le flûtiste/percussionniste Elliott Arndt, un cinéaste avant-gardiste, le préposé aux machines et synthés Phil MFU (Man From Uranus), un ex-Broadcast, et enfin la chanteuse Cathy Lucas. Soit un Japonais, un Italien, un Britannique, un Français et deux Britanniques. C’est cette dernière qui a choisi le patronyme du band, soit celui d’un syndrome médical qui définit l’absorption d’un ou de plusieurs jumeaux dans l’utérus, pendant la grossesse, par le survivant de ce phénomène. Qu’elle a vécu et dont elle se sent coupable. Quant au titre de l’elpee, « The age of immunology », il s’inspire du titre d’un livre signé par l’anthropologue A. David Napier. Publié en 2003, cet essai tente de démontrer qu’une société qui cherche par tous les moyens de se défendre contre ce qui lui est extérieur court à sa perte.
Atmosphérique, la musique de Vanishing Point évoque tour à tour Broadcast (of course), Stereolab, Can (NDR : morceau d’ouverture, « KRK » nous replonge même dans l’univers du « How much are they ? » du célèbre trio Holger Czukay, Jah Wobble et Jaki Liebezeit, malgré des percus latinos voire tribales), Pram, Sun Ra et même Tuxedomoon. Entre électro, funk, (free) jazz, krautrock, B.O. de film, psychédélisme, avant-pop, library music et cosmic noise, les compos –souvent complexes, parfois enrichies d’arrangements de cordes– nous entraînent au cœur d’un monde vaporeux, mystérieux, anxiogène, propice à la méditation, au cours duquel chaque artiste chante ou déclame une partie de la chanson dans sa langue maternelle (NDR : la version du « Planète sauvage » d’Alain Goraguer est dévolue à Elliott, le Parisien). Cathy se réserve cependant l’essentiel des vocaux, des vocaux placides, célestes ou spectraux. Sur l’une ou l’autre plage, on croise tantôt un violon, une flûte, un cuivre, un piano électrique, une ligne de basse caoutchouteuse ou encore de la guitare, mais tous ces instruments organiques se fondent parfaitement dans un ensemble aussi surprenant que cohérent.