Jasper Steverlinck inspiré par Roy Orbison ?

Jasper Steverlinck vient de sortir un nouveau single. Il en parle : ‘« Nashville Tears » est l'une de ces chansons qui m'est venue à moi, instinctivement. Elle a coulé d'un seul jet, comme si la chanson s'était écrite toute seule. Elle évoque un moment très…

logo_musiczine

Le venin de Judith Hill...

Chanteuse, compositrice et multi-instrumentiste, Juidith Hill, sortira son nouvel opus, « Letters From A Black Widow » le 12 avril 2024. Un album taillé en 12 pièces qui présente une histoire fascinante oscillant de la douleur privée à la transcendance…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Search results (1 Items)

Bacon Caravan Creek

Le syndrome du perfectionnisme

Écrit par

Auteur d'un premier album fort intéressant et surtout original (" Behind a wish "), paru à la fin de l'année dernière, Bacon Caravan Creek nous vient de la région de Huy. Et pour enregistrer ce premier opus, le quatuor a reçu le concours de Rudy Coclet à la mise en forme, personnage incontournable en Belgique dont la carte de visite mentionne notamment Sharko, Arno et Mud Flow (NDR : ça rime !). Avant d'accorder leur prestation dans le cadre de l'édition 2005 du " D'Hiver Rock ", Nicolas (le chanteur) et Vincent (le bassiste) nous ont accordé une interview. Un entretien qui devrait permettre de mieux cerner le phénomène B.C.C.

La genèse de B.C.C. remonte à 1999. Julien Dacos et Xavier Schmitz se connaissaient depuis l'école. Ils avaient toujours rêvé de fonder un groupe, mais ils ne trouvaient pas de bassiste. Et puis Julien a rencontré Nicolas Perat dans un Supermarché d'Amay. Ils y travaillaient tous les deux comme jobistes. Ont sympathisé. Et comme Nicolas jouait de la basse, leur premier groupe est né. Ils l'ont alors baptisé Explosion. Parce qu'à l'époque, ils étaient tous fans de John Spencer Blues Explosion. Mais rapidement, ils se sont rendu compte que la corrélation était un peu trop évidente. C'est ainsi qu'ils ont opté pour le patronyme Bacon Caravan Creek. Sans raison apparente. Parce que mis en ensemble, ces trois mots sonnaient bien. En réalité, il s'agirait d'une expression qu'ils ont retenue de l'école, du cours d'anglais. Un cliché relatif aux familles américaines qui se nourrissent aux hamburgers et aux sitcoms. A moins qu'il ne s'agisse de la marque d'une caravane. Ou encore d'une référence aux Simpson. Une chose est sûre, les musiciens du groupe prennent un malin plaisir à laisser planer un doute sur l'origine exacte du patronyme. Nicolas raconte : " En fait, nous l'avions surtout choisi, parce qu'il laissait transparaître des connotations blues et rock. Nous interprétions alors de longs morceaux que Julien agrémentait de soli. Progressivement, nous avons voulu apporter à l'ensemble une touche électronique, parce que nous en éprouvions le besoin. A un tel point, qu'à un certain moment, nous écoutions de moins en moins de blues ou de rock et de plus en plus de musique électronique. J'ai donc décidé de m'acheter une petite machine et de me consacrer aussi au chant. Puis on fait appel à Vincent, qui était guitariste à la base ; mais capable de toucher un peu à tout, il est devenu notre bassiste. Mais Julien ne voyait pas l'évolution du groupe d'un bon œil. Et il se rendait compte que sa vision des choses collait de moins en moins à celle des autres membres du groupe. Et il a préféré s'éclipser. C'est alors que nous avons fait appel à John (NDR : Nederlants, ça ne s'invente pas !), qui jouissait d'une réputation de guitariste assez flatteuse, dans la région de Huy. " Et c'est sous cette forme que le combo va entamer la tournée des festivals d'été (Bear Rock, Nandrin, etc.) Vu les échos favorables recueillis lors de leurs prestations, ils décident de s'inscrire au concours organisé par l'asbl Court-circuit. Et de sélection en sélection, ils atteignent la finale, où ils obtiennent la troisième place, le prix du public et le prix Roland récompensant la meilleure démo. Des résultats qui vont leur permettre de décrocher de plus en plus de concerts (dont le festival de Dour) et de se retrouver sur l'une ou l'autre compilation. Bref, fin 2003 le groupe est tout à fait prêt à attaquer l'enregistrement de leur premier opus. D'autant plus que les quatre étudiants bissent leur année d'étude. Une coïncidence ou une fatalité (NDR : biffer la mention inutile) qui semble les avoir beaucoup aidé dans leur entreprise. Même que si l'un d'entre eux avait réussi, il y aurait eu comme un problème.

Mais venons en donc à la confection de cet opus enregistré chez Rudy Coclet, au studio Rising Sun. Le groupe voulait enregistrer un album depuis longtemps, mais cette envie s'est amplifiée à l'issue du Concours-circuit. Nicolas s'explique : " Notre entourage, le public et même des professionnels nous ont aussi poussé à réaliser ce projet. Mais sur un support bien travaillé. Une manière de montrer notre savoir-faire. Pas seulement sur une démo. Sans budget et dans un studio techniquement limité, nous n'aurions jamais pu y parvenir. Heureusement, grâce au prix, nous avons pu disposer d'un budget, minime mais suffisant, pour le concrétiser. " Mais pourquoi Rudy Coclet ? Vincent justifie la décision : " C'est arrivé un peu par chance. Nous connaissions sa carte de visite. Ce qu'il était parvenu à réaliser pour des artistes belges. Et puis c'est le premier à qui on a demandé. Un peu utopiquement. " Nicolas reprend la parole : " Nous avions vraiment flashé sur le deuxième album de Sharko, 'Meeuws2'. L'univers qu'il y développe est exceptionnel. Et on s'est rendu compte que Rudy Coclet ne s'était pas contenté de l'aspect technique, mais qu'il avait aussi mis la main à la pâte. Donc en arrivant en studio, nous savions ce qu'il était capable de faire. Que nous ne nous trouverions pas face à un type qui se contente d'accomplir son job. Point barre. " Vincent confirme : " Nous avions besoin d'un guide et en même temps de quelqu'un qui s'implique ". Et le résultat de ces sessions porte le nom de 'Behind a wish'. Encore que la formation a dû retourner en studio une seconde fois. Parce qu'au départ elle avait l'intention de se limiter à sept morceaux. Et en accord avec l'ingénieur du son, elle y est revenue, un mois plus tard, pour en concocter un supplémentaire. Mais pour le manager, ce format est inhabituel. Ce n'est ni un maxi, ni un album. Aussi, au lieu d'en retirer quatre, ils en ont ajouté deux. (NDR : bonjour la prise de tête !). Dix titres qui baignent au sein d'une certaine ambiance. Et d'ambiance à 'ambient', il n'y a qu'un pas qui méritait d'être franchi. Un avis partagé par Nicolas : " C'est une bonne remarque. Nous voulions que les auditeurs puissent écouter l'album d'une traite. Qu'ils n'aient pas l'envie de privilégier une plage en particulier, parce qu'elle sortirait du lot. " Cependant, pas au point d'épouser une forme conceptuelle. Nicolas confirme : " Absolument ! C'est ce que nous voulions. " Et Vincent en remet une couche : " Il est possible d'écouter chaque chanson individuellement, mais aucune d'entre elle ne se démarque. C'est un ensemble. On n'achète pas le CD pour une seule chanson. " Nicolas embraie : " Le temps passé en studio, nous l'avons consacré à la recherche d'ambiance, plutôt qu'à mettre en exergue une compo qui claque bien ! " Et comme le groupe est perfectionniste, on imagine facilement le somme de boulot qu'il a fallu déployer. Vincent admet : " Nous passons beaucoup trop de temps pour les détails, dont la plupart n'aboutissent jamais à rien. Mais pour cet album, on a réalisé un énorme travail de recherche. Avant et pendant l'enregistrement. Nous avons utilisé de nombreuses pistes. Parfois 50 ! Même si cette quête du détail n'apparaît que par bribes. On ne s'est pas limité à la chanson telle quelle. " On comprend mieux pourquoi les musiciens se remettent constamment en question. Toujours ce syndrome du perfectionnisme ! Nicolas avoue : " Chez nous cette remise en question est permanente. Lors de chaque répétition. Avant un concert, nous exprimons ainsi nos craintes. Après un concert, on fait l'analyse de notre prestation. Et si un set a foiré, nous rectifions le tir de fond en comble. Donc tous les morceaux. Et encore une fois cette méthode rejoint notre besoin de recherche d'ambiance plutôt que de mettre le paquet sur un morceau bien calé. Parce que chez nous, la vision d'une chanson change constamment. Donc à la limite, celle qui véhicule le plus d'émotion est produite sur l'album. Tandis que sur scène, nous fonctionnons à l'émotion du moment, de la semaine, etc. " Et pas facile d'exprimer ses émotions lorsqu'on est introvertis. Nicolas confesse : " Oui, nous le sommes. Tous les quatre. Personnellement, sur scène, je m'accroche à ma planche et j'ai dû mal à la lâcher pour montrer que j'adore jouer en concert. Nous aimons tous nous produire en 'live'. Mais hors de la scène, nous somme très introvertis. " Vincent insiste : " Timides même. Nous éprouvons certaines difficultés à nouer des contacts avec les autres groupes. Et lors d'un set, nous ne sommes pas enclins à inviter les spectateurs à chanter ou à frapper des mains. " Ce qui explique sans doute pourquoi on ressent une certaine angoisse à travers leur musique. Une inquiétude face à l'évolution du monde contemporain. Nicolas précise : " Inconsciemment certainement. Mais ici ce n'est pas voulu. On n'a pas insisté pour que les morceaux soient mélancoliques ou lents. Ils sont nés tout naturellement. Ils sont tout simplement le reflet de notre génération. " Une angoisse que le groupe a en quelque sorte exorcisé en entrant en studio. Nicolas confirme : " Nous avions conscience que c'était la première et la dernière chance de faire un album. Et qu'il ne fallait pas la laisser passer. Que c'était le bon moment pour investir le budget dont on disposait. Donc on y a mis toute la gomme " Un moment d'autant plus idéal que le rock wallon est en plein boom aujourd'hui. On peut même affirmer que des formations comme Girls In Hawaii et Ghinzu ont tracé la voie à suivre. Vincent partage ce point de vue : " Je ne crois pas que nous aurions pu sortir cet album, il y a 5 ou 6 ans. Le contexte est aujourd'hui beaucoup plus favorable, c'est vrai ! "

Mais qu'est ce souhaite vraiment le groupe (NDR : par référence au titre de l'elpee " Behind a wish ") ? Nicolas réagit : " Je suis content qu'on me pose cette question. Parce qu'on ne la pose jamais. Or, nous craignons que le public pense que le titre se résume simplement au souhait de sortir un album. Qu'il ne se rende pas compte de son sens véritable. Que la plupart des lyrics de notre disque traitent de l'hypocrisie en général. C'est dans ce sens là qu'il faut le comprendre. Que se cache-t-il derrière la tête de quelqu'un qui vous souhaite de bonnes choses ? De gens qui vous tendent la main ou refusent de vous la tendre ? Des faux amis ? Des réflexions qui entraînent beaucoup de stéréotypes. Et sont également le fruit d'expériences personnelles. Mais je pense que finalement elles reflètent une espèce de vision du monde… " A contrario, en choisissant d'être bookés par l'agence 'Progress in Booking', le groupe pense avoir fait le bon choix. Nicolas s'explique : " Nous avions fait écouter notre musique à beaucoup de monde. C'est un des premiers retours positifs que nous avons reçu. Bernard est venu nous voir et nous parler plusieurs fois, à l'issue de quelques concerts. En disant ce qu'il pensait vraiment. Et puis au fur et à mesure, le courant est passé de mieux en mieux. Nous partagions la même vision des choses. Et puis nous avions peur de recevoir des propositions malhonnêtes… "

Au rayon influences, la plupart des médias citent Notwist et Radiohead. Une question qui méritait bien sûr d'être posée. Vincent prend la parole : " Les 3 ou quatre dernières critiques de l'album parlent de Notwist et d'Elbow. Un de ces articles mentionne même que notre disque a été recopié sur un des premiers elpees de Notwist. " Nicolas se défend : " Nous n'avons rien recopié, nous ne connaissions même pas Notwist. Et lorsque nous l'avons écouté, nous en avons conclu que la coïncidence était vraiment extraordinaire. Le même phénomène s'et produit pour Arab Strap. Lorsqu'on écrit qu'un groupe nous ressemble, nous avons envie de l'écouter, pour en avoir le cœur net. En ce qui concerne Radiohead, c'est tout à fait différent, puisque nous apprécions tous leur culture. " Et Vincent d'ajouter : " Je crois que ce groupe a influencé tellement de monde. Et en influencera encore pendant un certain temps. Il est devenu en quelque sorte intemporel. Maintenant, nous écoutons tous des choses différentes. Et John des musiques plus complexes que nous. Comme Mars Volta, par exemple " La musique de B.C.C. s'est également vue taxée de noisy. Ce qui a bien fait rire les musiciens. Nicolas reprend le crachoir : " Nous ignorons d'où viennent ces bruits ( ?!?!?), mais on n'a pas cherché non plus. On a même repris l'info quelque temps sur notre site, histoire de marcher dans le jeu. Parce qu'on trouvait que cela faisait bien d'être étiquetés 'noisy'. Lorsqu'on fait le bilan, on ne compte plus le nombre de comparaisons dont on a fait l'objet. C'est inimaginable ! Mais c'est bien ainsi. Cela signifie que nous touchons le public de manière différente. " Comme celle qui les a rapprochés de dEUS, par exemple. Pourtant, on ne peut pas dire que la musique du quatuor soit baroque. Nicolas a son avis sur le sujet : " Probablement plus au niveau de la démarche et du concept que de la musique. Plutôt que de faire constamment écouter le résultat de nos expérimentations à d'autres personnes ou à d'autres groupes, nous préférons nous cloîtrer tous les quatre. Nous ne faisons pas partie d'un collectif. D'une maison, d'une ville, d'une région où il existe une scène rock. Nous avons toujours préféré travailler en circuit fermé plutôt que de se fondre dans un ensemble. Et à ce niveau, je comprends mieux la comparaison à dEUS. Mais il est vrai que pour la musique, on est loin du compte… "

(Photo : Olivia Londot)