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Malice K sur les ondes…

Malice K est un artiste né à Olympia, WA, et basé à Brooklyn, dont la palette sonore est composée d'alt 90s et de lyrisme effronté, créant une rare fusion de pop rock indie décalé. Ancien membre du collectif d'artistes Deathproof Inc, il s'est forgé une…

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Baxter Dury

Baxter s party

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Dans la série fils de… Voici que se profile la progéniture d'une célèbre expression paternelle : " Sex & Drugs & Rock & Roll ". Baxter est le fils de Ian, illustre punk poliomyélitique. Pas de mystère sur le sujet. Reste à décliner l'allocution. Sexe ? Indéniablement, le fils à papa est sexy. " Mais là, je ne me suis plus changé depuis trois jours ", annonce-t-il atténué par une chaleur pesante. Nous étions en plein été, au cœur d'un parc bruxellois, forcément royal. Echappé d'une fête de mariage bien arrosée, Baxter a égaré ses bagages. Toujours déguisé en invité de la mariée, le garçon aborde une barbe naissante et essouffle son inimitable accent cockney sous la canicule ambiante. 'Ma chemise est bousillée par les tâches de vin. En plus, elle pue ! Heureusement que l'attaché de presse m'a filé ce superbe t-shirt (NDR : estampillé du sceau de Sons and Daughters).' Sexy mais dépravé. Drugs ? Pour les accrocs, ce sera difficile : la réponse se fait attendre. Rock'n'Roll ? En 2005, " Floor Show ", son deuxième album, propose une acceptation raffinée de la discipline : une quintessence du rock. Bienvenue pour le spectacle.

Difficile de se trimbaler avec une telle consanguinité, non ?

Avec " Floor Show ", je signe mon second album. Il s'agit donc du deuxième tour de piste de cette question. C'est étrange, car au fil des interviews, je me suis rendu compte que ces interrogations relatives à mon passé familial se sont instituées : c'est devenu une tradition ! Je ne décèle pourtant pas d'importance fondamentale à parler de mon père. En fait, c'est très frustrant de recouvrir le même sujet. Ma tête s'habitue à ressasser la même histoire et ces annales en deviennent familières. Mais malgré ça, je comprends que les gens s'interrogent : il est très difficile d'éviter la question, cette curiosité.

Au risque d'enfoncer le clou, dans vos souvenirs d'enfance, quelle était la principale différence entre votre mère et votre père, mis à part l'aspect biologique ?

Evidemment, l'aspect biologique ! (Rires) Mais le vrai contraste entre mes parents se situe certainement au niveau artistique. Ma mère était presque dingue : une artiste, entièrement vouée à la peinture. Mon père, lui, était davantage tourné vers le bruit, la musique. C'est une différence essentielle. Mais ensemble, ils essayaient d'adopter une politique commune. Et cela pouvait fonctionner, car le rythme de vie de ces deux disciplines est finalement assez similaire.

Quelle est, à tes yeux, la principale différence entre " Len Parrot's Memorial Lift " et ton nouvel album ?

Cette fois, j'ai essayé d'évoluer vers un album aux contours plus pop. Je ne sais pas si c'était nécessairement un but en soi. Mais je pense avoir écouté tellement de musique pop que, soudainement, cela ma balancé dans la tranchée. Pourtant, cette pratique m'a toujours effrayé. Quand je composais une chanson résolument pop, je me sentais obligé de la détruire par le son, de la rendre sinistre. A l'origine, je me suis concentré sur l'écriture de véritables 'pop songs'. Au final, cet objectif se retrouve seulement en filigrane de mes chansons. Pour écrire une grande chanson pop, il faut être très malin. Et arriver à écrire une telle chanson n'est pas quelque chose de naturel, c'est une bénédiction ! Je ne connais pas grand monde capable de percer le mystère de la pop. Mais certains peuvent y parvenir, parfois de façon somptueuse.

Mais comment y parvenir ? Pour toi, que doit apporter une chanson pop au public ?

Elle doit transfigurer un caractère, une émotion personnelle et doit être guidée par des paroles qui créent un sens pour l'auditeur. Ce processus doit se faire sans effort. Le public ne peut le comprendre. Il doit juste tomber amoureux des mots qui sortent de la bouche du chanteur. C'est le pouvoir de la mélodie. La relation entre l'auteur d'une chanson pop et son auditoire ? Ce n'est ni une considération ni une expérience : c'est de la confiance, un accomplissement qui ne nécessite aucun effort. A 18 ans, Bob Dylan écrivait déjà des chansons majestueuses. La naissance d'une chanson pop revêt une dimension magique, presque spirituelle.

Ton album parle de gens étranges, drogués. Tes personnages sont complètement déboussolés. Où vas-tu puiser cette inspiration ?

Dans mon isolement le plus profond. Parfois, l'environnement londonien peut devenir très consistant. Certaines personnes ont un mode de vie tellement fou : les gens prennent des drogues, se demandent où ils sont, qui ils sont. Je crois que toutes les grandes villes européennes consomment des drogues. Mais particulièrement à Londres…

Serais-tu amateur de substances psychotiques ?

Evidemment. Il m'arrive parfois d'en prendre. Mais je ne cherche pas à mettre ma vie en danger. Je trouve cette conception là aberrante !

A l'écoute d'une chanson comme " Cocaine man ", on ne peut s'empêcher d'évoquer leur univers… Est-ce que tu aimes la musique du Velvet Undergound ?

J'aime ce groupe... Le rapprochement entre " Cocaine man " et " I'm Waiting for the Man " est possible. J'adore cette chanson. Mais en écrivant " Cocaine Man ", je n'avais aucune intention de m'en inspirer. En fait, chaque artiste a ses propres influences. Quand il commence à composer, à écrire des chansons, il essaie toujours de reproduire le travail d'un autre. Et ceux qui affirment le contraire sont des menteurs ! Cette chanson du Velvet Underground m'a beaucoup marqué, elle me rend heureux. Alors oui, je suis enchanté que vous rapprochiez une de mes chansons du répertoire du Velvet…

A l'écoute de ton disque, on a la sensation que tes chansons baignent dans une brume épaisse. Toutes les émotions traversent ce brouillard sur la pointe des pieds. Avec du recul, n'as-tu jamais songé à écrire des hymnes rock'n'roll écervelés ?

Ah… En fait, tout le temps ! J'ai toujours envie d'écrire des chansons hyper rock'n'roll. Quand tu composes, tu rêves d'évasion. Pour ma part, je devrai me lancer dans un nouveau 'side project' pour me concentrer davantage sur des chansons fortes, simples. Je pense que " Floor Show " est déjà plus rock'n'roll que " Len Parrot's Memorial Lift ". Derrière chacune de mes chansons, il y a un squelette rock'n'roll. Ensuite, c'est plus délicat, car je dois tout réaliser avec une guitare, une voix, etc. Ce n'est pas forcément évident. Souvent, tu as besoin de confiance, d'une attention extérieure pour te concentrer et réaliser ce type de chansons. Mais j'aimerai pouvoir simplifier les choses, les rendre très directes, composer une œuvre 'urgente'.

Tes chansons orneraient parfaitement l'univers cinématographique d'un film de Sofia Coppola (Virgin Suicides, Lost In Translation). T'intéresses-tu au cinéma ?

J'adore cette atmosphère, j'aimerai beaucoup participer à une telle expérience. Malheureusement, je n'ai pas l'impression d'être suffisamment populaire pour faire ce genre de choses... En fait, je n'attends qu'une seule chose : que quelqu'un vienne frapper à ma porte en me demandant de plancher sur son film !

Baxter, si tout devait s'arrêter à cet instant, quels souvenirs conserverais-tu de ta carrière musicale ?

Je recherche les moments clefs de ma carrière, ce n'est pas simple… D'ailleurs, cette question n'a rien de drôle ! Si ma carrière s'arrêtait là, je ne me vois vraiment pas m'établir, me poser derrière un bureau… Je ferai tout pour que ça change, j'en voudrai davantage : toujours plus.

La pochette du nouvel album est très sexy. Etait-ce un rêve d'habiller ton disque d'une femme nue ?

J'aime cette image. Ce n'était pas dans mes rêves, non ! Je perçois davantage cette pochette comme un message artistique. Elle ne montre rien : elle est très saine. Ici, personne ne peut pointer du doigt une vision pornographique… Ce serait complètement ridicule. C'est simplement une peinture et elle n'a rien de décadent.

Et pourquoi pas une bonne photo porno ?

Et bien… (Rires) J'aime la peinture, la beauté des courbes et tout ce qu'une fresque peut dégager. Ce que je veux dire, c'est que je ne recherchais pas forcément le besoin d'afficher une femme nue sur mon disque. Par contre, je ressentais le besoin de l'illustrer d'une œuvre que je trouve belle. Le but de cette pochette s'est donc d'afficher un beau dessin, une peinture originale. Ni plus ni moins. Derrière cette image, il n'y a rien de provocant. Sérieusement, vous trouvez ça choquant ? Cette peinture, c'est mon choix, je l'assume.

Et les autres décisions artistiques te reviennent-elles ? Le choix des singles, par exemple ?

Déjà pour la pochette, les gens de mon label (Rough Trade) aimaient l'idée, la controverse que ce dessin pouvait drainer. J'ai disposé de toute la latitude nécessaire pour réaliser ce deuxième album. En fait, Rough Trade correspond parfaitement à l'idée que je me fais d'une maison de disque. C'est vraiment là que je veux être. Ces gens sont des professionnels, ils ne cherchent jamais à interférer dans ton travail. Pour le choix du single " Lisa Said ", par exemple, nous en avons discuté et pris une décision de commun accord : rien n'est imposé. " Lisa Said ", une chanson étrange… elle ne me semble pas vraiment achevée. En fait, si je l'apprécie, c'est que je la trouve très frustrante. Le second single du disque sera " Francesca's Party ". J'adore également " Dirty Water ", le titre qui clôture le disque. Mais ce ne sera pas un single. Cette chanson est trop barrée !

Dans une de tes chansons, tu parles des " Young Gods ". Est-ce une référence au groupe, aux prémices de la musique industrielle ?

Franchement, pas du tout ! C'est un titre qui évoque l'homme, seul face à ses responsabilités. Un humain qui appose un regard critique sur sa personne, acceptant de reconnaître qu'il n'est plus aussi jeune qu'il ne le prétend. Ce titre est assez particulier. En fait, cette histoire est autobiographique. Vous savez quand on devient parent, la vie n'est plus du tout la même, l'angle devient tout à fait différent. En grandissant, j'ai continué de traîner mes rêves d'enfants. Mais ces rêves n'existent pas vraiment. En règle générale, je constate que les gens n'acceptent pas le changement, n'acceptent pas de regarder les choses en face. Souvent, ils préfèrent fuir une réalité qui leur échappe. " Young Gods " parle donc du changement, d'une prise de conscience, du sens des responsabilités.

Maintenant que tu as le sens des responsabilités, quels sont tes projets d'avenir ?

Sans déconner, j'aimerai vraiment travailler sur la bande originale d'un film. Et puis, enregistrer un très bon album dans les plus courts délais, ce ne serait pas mal non plus. Peut-être que les mélomanes apprécieront déjà " Floor Show ". Mais je veux vraiment parvenir à créer une musique qui dépasse toutes les espérances, un album meilleur encore. Très rapidement. Je veux accélérer le processus.