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Natacha Atlas

Transglobal Overground

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Superstitieuse, Natacha Atlas considère que le chiffre trois lui porte bonheur. Trois, c'est également le nombre d'albums solo que cette bruxelloise de naissance et vocaliste de Transglobal Underground a enregistrés à ce jour, "Gedida" étant le petit dernier en date. Certains l'ont donc classé pile entre l'option dance et les mélopées arabisantes qui partageaient "Halim" et "Diaspora", ses deux précédents opus. 

Doit-on comprendre que tu as tourné le dos à l'esprit de tes deux précédents albums qui n'étaient pas des produits réellement commerciaux?

Non, les deux précédents n'étaient pas vraiment commerciaux. Je n'y chantais par exemple ni en français ni en anglais, mais la plupart du temps en arabe. A priori, c'est une démarche qui peut avoir l'air anti-commerciale quand on est signée comme moi sur un label basé en Europe... Sur "Gedida", j'ai enregistré une chanson en français et je chante pour la première fois en anglais, mais toujours dans mon style, avec mon attitude. Bien que le feeling soit resté oriental, le public francophone par exemple pourra y entrer de manière plus immédiate.

Trans, Plant & Page

Comment es-tu perçue par les artistes des pays du Moyen-Orient?

De manière très variée selon les endroits. J'ai ainsi eu l'occasion de me rendre au Liban et je sais donc que j'y suis appréciée. En Jordanie également, même si ma réputation y est bien moindre. En Egypte, par contre, c'est surtout des artistes que je suis connue, et certaines pop-stars comme Hakim connaissent bien mon travail. Ce dernier prépare d'ailleurs en ce moment un album qui rappelle les miens par certains égards, notamment parce qu'il aime ce que je fais. Il a aussi voulu que Tim, de Transglobal, travaille avec lui sur les arrangements des cordes... arabes! 

Arriver à se faire connaître dans un pays comme l'Egypte ou l'identité culturelle est aussi forte, c'est plutôt pas mal...

Puisqu'on parlait de Hakim, je trouve fantastique qu'il s'intéresse à de nouvelles sonorités. C'est quelqu'un qui aime l'aventure. Il sait que la musique égyptienne n'a pas évoluée depuis 20 ou 30 ans. En fait, elle est carrément devenue ennuyeuse! Sauf pour le public local qui est non seulement très difficile à convaincre, mais qui est en plus devenu conservateur et qui souffre toujours de ce complexe de supériorité hérité des années 50 et 60. A l'époque, c'est vrai, la culture musicale égyptienne signifiait réellement quelque chose et était vraiment 'en avance' sur celle des pays voisins. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Ce conservatisme est en partie dû au fait que la liberté d'expression n'y est pas vraiment encouragée, ce qui freine évidemment tout développement artistique.

Que penses-tu de l'intérêt marqué par certains artistes occidentaux pour la musique arabe? Jimmy Page et Robert Plant, par exemple, qui ont emmené Transglobal en tournée?

La plupart du temps, si l'intention de ces artistes est bonne, le résultat n'est pas vraiment heureux. On dirait bien souvent qu'il manque un ingrédient dans leur recette. Bien sûr, tout dépend de qui il s'agit. L'intérêt pour la musique arabe manifesté par Jimmy Page et Robert Plant est réel, bien connu et ne date pas d'hier. Ils la respectent, mais ne viennent pas de cette tradition. Pour bien la comprendre, saisir ses racines, je crois qu'il faut s'y être dévoué pendant de longues années, comme certains très bons joueurs de oud qui ne sont pas arabes. Transglobal Underground l'a fait et la meilleure preuve en est cette collaboration avec Hakim. Et tout cela, sans divorcer de la pop occidentale, ce qui est encore moins évident. Page et Plant sont des rockeurs et ne prétendent pas autre chose. Leur but n'est pas non plus d'intégrer la musique arabe. Sur un titre comme "Most High", ils utilisent des éléments marocains dans une sorte de séquence que j'ai eu l'occasion d'entendre plusieurs fois pendant leur tournée. J'avais un peu de mal à accrocher au départ, mais je m'y suis faite... Aussi parce que ça me rappelait certains titres de Led Zeppelin que ma mère écoutait à quatre heures du matin...

World Family

Tes racines sont très diverses. Tu t'es même un jour décrite comme une 'bande de Gaza humaine'...

Disons que je me sens anglo-arabe, entre l'Orient et l'Europe. Je suis née à Bruxelles, j'ai été à  l'école en Angleterre, et ma famille est originaire de Meknes, au Maroc, d'où elle a essaimé. En Palestine, en Egypte, en Europe, j'ai même un oncle qui vit au Brésil. La Seconde Guerre Mondiale et les années qui ont suivi ont poussé mon grand-père à cacher en quelque sorte ses origines juives sépharades. A l'aube du 21ème siècle, je crois qu'il n'y a plus vraiment de raison de taire ainsi ses origines. Moi, je me sens bien par rapport à elles, d'où mon 'coming out'...

Sur le plan religieux également?

L'héritage familial légué par nos ancêtres inclut trois religions: le judaïsme et l'islam, ainsi que la religion chrétienne du côté de ma mère. J'ai toujours été libre de choisir, parce que mes parents se sont continuellement intéressés à différentes philosophies religieuses. Eux-mêmes se sont essayés à diverses expériences philosophiques. Moi, j'ai choisi d'être musulmane. 

Et tes racines bruxelloises?

Même si je suis née à Bruxelles et si j'y ai passé quelques années, j'éprouve beaucoup moins d'affinités qu'il y a 8 ou 9 ans. Le Bruxelles de l'époque n'existe plus pour moi. Beaucoup d'endroits où j'allais, où je travaillais, ont disparu. Pas mal de mes connaissances sont retournées au Liban ou au Maroc. J'ai juste encore un peu de famille ici, et quelques cousins ou tantes...

Interview parue dans le n°71 du magazine Mofo de mars 1999